Marc Touati : «Je me demandais si le NFP n’avait pas participé à l’élaboration du budget»

  • il y a 10 heures
Moins de fonctionnaires, plus d'impôts pour les grandes entreprises et les plus riches : le gouvernement français a drastiquement freiné les dépenses tout en renouant avec les hausses d'impôts dans son projet de budget pour 2025 qui vise à assainir les finances publiques, dans un climat politique très instable. Après la publication de ce projet, l’économiste Marc Touati s’est demandé «si le NFP n’avait pas participé à l’élaboration du budget».

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Transcription
00:00Non, moi je me demandais si le NFP n'avait pas participé à l'élaboration du budget,
00:04si vous voulez.
00:05Ah oui, à ce point-là ?
00:06On augmente les impôts.
00:07Bah oui, on augmente les impôts, les dépenses publiques ne baissent pas.
00:10Attention parce que…
00:11Ah bah si, il y a quand même des coups de rabot.
00:13500 millions pour le ministère de la Justice, 4000 postes d'enseignants en moins, 2200
00:18fonctionnaires en moins en 2025, déficit de la Sécu prévu à 16 milliards.
00:22Non mais c'est ça l'erreur justement, c'est des petits coups de rabot, c'est
00:25du saupoudrage.
00:26Donc il faut repenser complètement la dépense publique.
00:28Le problème aujourd'hui, il est là, il est très clair, vous avez 32% de la dépense
00:33publique, ce sont des dépenses de fonctionnement.
00:35Donc c'est pas simplement ici les salles d'épreuves ou autre, c'est globalement
00:39l'ensemble, notamment du millefeuille administratif, qu'il faut réduire.
00:43Et là, ce sont des « mesurettes » qui d'ailleurs ne fonctionneront pas.
00:47Je vous donne un exemple, dans ces 100 pages-là, par exemple, il nous dit que la charge d'intérêt
00:53de la dette, c'est à peu près 50 milliards d'euros, alors que ça va être au moins
00:56entre 60 et 70 milliards d'euros.
00:58Vous vous rendez compte ?
00:59Donc quand il nous annonce la réduction du déficit public, je me retrouve exactement
01:03dans les mêmes termes quasiment que ce qu'avait fait M. Le Maire l'année dernière et l'année
01:08d'avant.
01:09Lui aussi avait annoncé la même chose, et ce n'est pas crédible.
01:10Je pense que notre déficit public, malheureusement, va atteindre, peut-être se rapprocher des
01:157% dès cette année par rapport à notre PIB, 200 milliards d'euros, et ça sera
01:19à peu près la même chose l'année prochaine.
01:21Quand on nous dit par exemple, on veut augmenter, oui ça c'est du bé-à-bas, c'est du bon
01:24sens, c'est même pas de l'économie, c'est du bon sens.
01:26On vous dit, tiens, on va augmenter l'impôt sur les sociétés, les grandes sociétés
01:29soi-disant, et à ce moment-là, on va récupérer tant.
01:32C'est quoi l'impôt sur les sociétés ?
01:33C'est l'impôt sur les profits.
01:35Sauf que si, évidemment, l'année prochaine, on n'aura pas les mêmes profits que cette
01:38année, il y aura beaucoup moins de profits.
01:40Donc vous pouvez augmenter à 50% si vous voulez, 50% x 0, ça fait 0.
01:45Donc il y aura beaucoup d'entreprises qui malheureusement ne feront peut-être même
01:48pas de profit du tout, et donc ça ne fonctionnera pas.
01:50Idem sur, on va récupérer 1 milliard sur les très riches.
01:53Bon, s'ils sont toujours là, parce qu'ils peuvent partir entre-temps, mais surtout,
01:571 milliard, c'est quoi 1 milliard ?
01:59On a 200 milliards d'euros de déficit public cette année.
02:03Donc ce n'est pas sérieux.
02:05On essaie de résoudre un problème global par le petit bout de la lorniette.
02:09Donc, je le dis, je suis très déçu, et je pense que très honnêtement, ça ne suffira
02:13pas pour rassurer les investisseurs, pour rassurer les Français.
02:18Et ce qui est un chiffre très important qui est d'ailleurs dans le projet de loi de
02:20finance, c'est que l'État annonce qu'il va émettre 300 milliards d'euros de nouvelles
02:25dettes.
02:26Il va dire, il va demander aux investisseurs l'année prochaine, prêtez-nous 300 milliards
02:30d'euros, avec des taux d'intérêt qui sont en train d'augmenter.
02:32Donc on est extrêmement dépendant, notamment des investisseurs étrangers.
02:35Aujourd'hui, 54% de notre dette est détenue par des investisseurs étrangers.
02:40Donc s'ils ne viennent pas, alors là, c'est le fait pernicieux.
02:43Les taux d'intérêt vont augmenter, ça va casser l'activité économique, donc il y
02:46aura une hausse du chômage, il y aura moins de croissance, plus de déficit, donc plus
02:49de dettes aux étaux d'intérêt.
02:51Vous voyez, c'est le cercle pernicieux.
02:52Et pour l'instant, je suis désolé, moi je m'attendais à un électrochoc.
02:55Il n'y a aucun électrochoc.

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