Marc Touati : «En France, on ne veut pas baisser la dépense publique, on ne pense qu’à augmenter les impôts»

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L’économiste, Marc Touati, parle de la dette française : «En France, on ne veut pas baisser la dépense publique, on ne pense qu’à augmenter les impôts».

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00:00Je dirais que c'est quand même choquant.
00:01Moi, ce qui m'avait choqué également, c'est quand le président a dit
00:04la vraie vie, c'est les Jeux olympiques.
00:06Donc non, c'est exactement l'inverse.
00:08C'est-à-dire que c'est le drame aujourd'hui.
00:10Je pense que c'est presque du mépris par rapport aux Français.
00:12Ils sont très nombreux, malheureusement, qui souffrent.
00:14On a vu la semaine dernière des records de défaillance d'entreprises
00:17en France, donc d'entreprises qui déposent le bilan,
00:19ce qui veut dire qu'évidemment, derrière, il y aura du chômage,
00:21il y aura de la misère sociale, l'inflation qui continue,
00:24donc les prix qui continuent d'augmenter.
00:26On est à quasiment 18% de hausse depuis janvier 2021.
00:29On dit oui, l'inflation baisse, mais enfin, les prix continuent d'augmenter.
00:31Ça, c'est du quotidien.
00:32On nous avait promis une baisse des prix alimentaires.
00:34Pas du tout. Ça continue de flamber.
00:35On est à plus de 22% de hausse depuis 2021.
00:38Donc moi, je préférais effectivement notre président.
00:41Déjà, il n'a pas de premier ministre et pas de gouvernement.
00:44C'est-à-dire qu'on se préoccupe de cela.
00:46Alors en plus, évidemment, il y a un danger, c'est-à-dire le budget.
00:51Le budget.
00:51Il y a eu une échéance.
00:52Pardon ?
00:53Il y a eu une échéance là-dedans.
00:54Il y a plusieurs échéances.
00:55Alors, le budget 2025, on devait présenter le 1er mardi du mois d'octobre.
00:59Donc là, on est début septembre.
01:00Rien n'est fait, a priori.
01:02Le 20 septembre, on doit remettre à la Commission européenne
01:06une proposition pour réduire notre déficit.
01:08C'est qu'on est sur une procédure de déficit excessif.
01:10Alors, ce n'est pas pour Bruxelles.
01:11On ne doit pas faire plaisir à Bruxelles.
01:13C'est pour nos enfants, parce que globalement, s'il y a plus de déficit,
01:16il y a plus de dettes demain.
01:17Et ce qui est dramatique, c'est qu'hier, monsieur le maire nous a dit
01:20« Je suis désolé, j'ai découvert que le déficit public était plus élevé que prévu. »
01:24Ça, c'est quand même assez incroyable.
01:25Moi, ça fait huit mois que je l'annonce.
01:26Je ne suis pas devin.
01:27On le voyait très bien, sauf que...
01:29Faites attention, vous allez peut-être finir dans le prochain gouvernement à Bercy, oui.
01:33On va faire attention, mais je crois qu'on ne me laissera pas faire,
01:36parce que c'est tout le problème.
01:37En France, on ne veut pas baisser la dépense publique.
01:39On ne pense qu'à augmenter les impôts, ce qui, évidemment, serait un drame,
01:42puisque nous sommes numéro un du monde des impôts.
01:44Il n'y a jamais eu autant de pression fiscale en France.
01:46Donc, si on s'amuse encore à augmenter les impôts, ça sera particulièrement dangereux.
01:49Et donc, là aussi, un point important, c'est que ce qui est dangereux,
01:53c'est que le déficit public aujourd'hui est devenu incontrôlable.
01:56Même le ministre de l'Économie, il est surpris parce qu'il augmente.
01:59Ça, c'est incroyable, mais on nous annonce que ça va encore augmenter,
02:01pas seulement en 2024, mais aussi en 2025, en 2026.
02:04Pourquoi ?
02:04Parce que malheureusement, vous savez, beaucoup d'économistes disaient
02:07« La dette publique, ça ne coûte rien. »
02:08Un mensonge éhonté.
02:10La dette publique nous coûte énormément chaque année,
02:13juste pour les intérêts de la dette.
02:15Je ne parle même pas de rembourser le capital pour les générations à venir,
02:18mais juste les intérêts de la dette, ça nous coûte 54 milliards d'euros l'année dernière.
02:22Cette année, autour des 60 milliards.
02:24L'an prochain, 75 milliards.
02:26Les intérêts, on va résumer pour les téléspectateurs et les auditeurs,
02:29globalement, c'est de l'argent qu'on prend, qu'on brûle.
02:32Tout le monde comprend ça.
02:34Quand on s'endette, il y a des intérêts, on rembourse les intérêts.
02:37Donc là, sur cinq ans, ça va dépasser, tenez-vous bien, les 300 milliards d'euros.
02:42Par contre, ce qu'on fait avec 300 milliards, ce n'est pas sérieux.
02:45Et donc, quand on dit que cette dette publique ne coûte rien,
02:46et ça, c'est la politique de ces dernières années, malheureusement.
02:50On a continué d'augmenter cette dette, même après le Covid, ça a continué, évidemment.
02:53Et aujourd'hui, on doit payer la facture.
02:55Et c'est ça qui est très dangereux, parce que malheureusement,
02:58si jamais on n'a pas de gouvernement, ou du moins un gouvernement sérieux,
03:01ou si on a une instabilité politique qui dure,
03:03eh bien, comme notre dette publique est à 50 % détenue par des investisseurs,
03:07notamment étrangers, les taux d'intérêt vont augmenter.
03:10Et ça, ça nous concerne tous, que tous les taux d'intérêt de nos crédits vont augmenter.
03:13Ça veut dire moins d'investissements, moins de consommation,
03:16voire une récession économique, donc du chômage qui augmente.
03:19Donc là aussi, évidemment, on est tous concernés.
03:20Et alors, le risque suprême, c'est que malheureusement,
03:23on nous augmente encore les impôts, et notamment les impôts sur l'épargne.
03:27Parce que c'est ce qui reste, il n'y a plus que ça qui reste aujourd'hui.
03:29On lui dit, il y a un peu d'épargne, on va ponctionner dedans.
03:31Et ça, tenez-vous bien, ce n'est pas les super riches qui vont payer,
03:34ils sont déjà parmi eux.

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