Jean-Claude Brialy raconte Catherine Deneuve

  • il y a 2 heures



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Transcription
00:00Catherine Deneuve a été élevée dans une famille de comédiens.
00:16Sa mère, Renée Simonneau, a été pensionnaire au théâtre de l'Odéon et son père, Maurice
00:23Dorléac, jouait au théâtre et au cinéma.
00:25Il faisait aussi beaucoup de doublages.
00:27Mais en famille, on vivait comme dans n'importe quelle famille nombreuse.
00:31D'abord, mon père partait le matin et rentrait le soir tard.
00:33Catherine Deneuve.
00:34Et d'autant plus tard qu'il jouait au théâtre.
00:36Et moi, je vivais beaucoup plus avec mes soeurs à l'école et avec ma mère comme
00:39finalement d'autres enfants.
00:41Beaucoup d'enfants.
00:41Qui a vraiment connu son père étant enfant ?
00:44Peu d'enfants, sauf celles qui ont la chance d'avoir un père écrivain ou peintre.
00:48Il y a peu d'hommes quand même qui rentrent tôt le soir à la maison.
00:51Et moi, ma vie, c'était plutôt l'école, mes soeurs.
00:54Et du fait qu'on était nombreuses, on était très bavardes.
00:57On se disputait beaucoup.
00:59On faisait énormément de choses.
00:59On n'était pas coupés, mais ça se passait à côté.
01:02Catherine est née en 1943, au mois d'octobre, sous le signe de la balance.
01:07Moi, j'ai connu Catherine alors qu'elle était encore toute petite.
01:11Elle s'appelait Catherine Dorléac.
01:13Deneuve, c'est le nom de jeune fille de sa mère.
01:16Et elle vivait avec ses trois soeurs à Paris, Danielle, Françoise et Sylvie.
01:22Un peu comme les quatre filles du Docteur March.
01:24Oui, c'est ce qu'on disait toujours à mon père.
01:26Il était ravi parce qu'il n'aimait que les femmes.
01:28Il disait qu'il n'aurait pas su quoi faire avec un garçon.
01:30Il était ravi d'être dans une famille de cinq femmes.
01:32Je tournais avec un moyen-métrage avant mon premier film.
01:35Pierre Granier de Fer.
01:37J'avais engagé Françoise Dorléac, qui à l'époque faisait juste du doublage avec son père.
01:42Et il était d'accord, à condition de la chercher le matin, la reporter le soir.
01:47Reporter, ce n'est pas très joli comme mot, mais enfin, la ramener le soir.
01:51Évidemment, tous les matins, je la réveillais plus ou moins.
01:54Et je réveillais avec une petite fille de 10, 11 ans.
01:57Je ne sais pas quelle différence d'âge elle avait, qui était déjà plus blande.
02:01Puis qui était 4, 1.
02:03Moi, quand je l'ai vue pour la première fois, elle était une jeune fille.
02:05Jean-Paul Rapneau.
02:07Et je dois dire qu'elle était un petit peu dans l'ombre de sa soeur.
02:11C'est-à-dire que sa soeur lui faisait de l'ombre, plutôt.
02:14Il y avait une telle force chez Françoise Dorléac
02:22qu'on remarquait moins, bien qu'elle fût si belle,
02:27mais on remarquait moins la personnalité qui semblait plus effacée de Catherine.
02:35Donc, à l'époque, je pensais qu'elle était timide.
02:38Peut-être qu'elle l'était.
02:39D'ailleurs, je pense qu'elle l'est encore.
02:41C'est aussi une des choses qui font que je l'aime beaucoup.
02:43Moi, je suis frappé de ça.
02:45C'est une personne qui a fait des progrès.
02:50C'est-à-dire qu'elle a acquis une connaissance des choses,
02:56d'une part dans son métier, mais aussi...
02:59Elle est très cultivée.
03:01Elle connaît beaucoup de choses et elle en connaît de plus en plus.
03:03Et les sujets qui l'intéressent, elle les connaît à fond.
03:07Elle ne reste pas à la surface.
03:11Ce n'est pas quelqu'un de superficiel du tout.
03:13François Truffaut a dit quelque chose de charmant à propos de Catherine Deneuve.
03:17Il disait, elle parle vite parce que dans sa famille, ils étaient nombreux
03:21et il fallait s'imposer quand on avait quelque chose à dire.
03:24C'est vrai. Je suis sûre que c'est vrai.
03:26C'est la même chose chez moi aujourd'hui. C'est pareil.
03:28Les amis qui nous voient à table chez moi parler sont sidérés.
03:31On se coupe la parole tout le temps.
03:33Mais c'est incroyable. Vous ne vous écoutez jamais.
03:35Vous vous coupez la parole tout le temps. Et c'est vrai.
03:42Catherine Deneuve a toujours gardé ce goût pour la vie de famille
03:46et a, par exemple, attaché beaucoup d'importance à l'éducation de ses deux enfants,
03:50Christian Vadim, qui est aujourd'hui acteur, et sa fille Chiara, Charlotte,
03:55dont le père est bien sûr Marcello Mastroianni.
03:58Avant tout, avant le cinéma, avant la télévision, avant la télévision,
04:04avant la télévision, avant la télévision, avant la télévision,
04:08avant tout, avant le cinéma, avant les robes, avant les voyages,
04:14avant tout ça, avant la star, il y a les enfants.
04:17C'est vrai que Catherine Deneuve est une mère exemplaire.
04:20Et pour moi, la famille, c'est ma famille proche,
04:22donc mes soeurs et les gens de ma famille réelle.
04:24Et puis, c'est ma famille d'amis.
04:27Et c'est vrai que c'est bien 50% de mon temps,
04:29parce que plus ça va, plus je trouve que c'est le temps qui nous manque.
04:34Et donc, je trouve qu'on ne voit jamais assez ses amis.
04:37Et qu'on a toujours un sentiment, quand on est très attaché aux gens,
04:41qu'on ne les verra jamais assez.
04:43On n'aimera jamais assez les gens et on ne leur dira jamais assez.
04:46C'est vrai qu'on est tous irremplaçables,
04:49mais quand on a eu malheureusement le chagrin de perdre des gens auxquels on tient énormément,
04:53c'est vrai qu'après, on est extrêmement, je trouve,
04:56attentifs à la présence des gens qu'on a envie de voir.
05:08Catherine et Françoise, en commun, elles adorent les animaux.
05:12Ça, c'est vraiment une passion.
05:14Jusqu'à la révolte, quand on les fait souffrir.
05:17Surtout Françoise, elle était comme Brigitte Bardot.
05:20Si on touchait une fourmi ou une libellule,
05:23elle poussait des hurlements et il fallait la laisser vivre.
05:26Il fallait l'emmener chez le docteur Klein,
05:28comme s'ils en pouvaient emmener une libellule chez le docteur Klein.
05:31J'avais une souris apprivoisée qui était adorable.
05:33Et c'est vrai, elle venait quand on l'appelait.
05:35C'était à moi, ça, c'était une petite souris à moi,
05:37qui s'appelait Bunny, qui était tout à fait...
05:39C'est pour ça que j'adore les rongeurs, j'adore tous les rongeurs.
05:41Même les rats, oui, j'adore les souris.
05:43Et cette petite souris, malheureusement,
05:45elle était toujours dans une boîte ouverte avec moi,
05:47elle n'avait pas une cage fermée.
05:49Et puis un jour, on a pris...
05:50En vérité, ce n'était pas un autre chat,
05:51c'était le chat d'une amie qu'on avait gardé pour les vacances.
05:53Elle ne s'est pas méfiée, elle est sortie comme d'habitude.
05:55Il l'a bouffée.
05:56Le chat lui a coupé la tête.
05:58J'ai retrouvé le corps et la tête de l'autre côté le lendemain matin,
06:00c'était énorme.
06:01Vous allez avoir un chagrin fou.
06:02Ah oui, fou, parce que c'est une petite souris que j'ai eue pendant deux ans
06:04et qu'un jour ma mère avait ranimée.
06:06C'est vrai qu'on l'avait retrouvée raide de froid,
06:07je ne sais pas pourquoi, ce qu'elle avait été faite ou où elle avait été.
06:09Et ma mère l'avait ranimée, ça c'est vrai.
06:11Non mais c'est vrai que ça fait un peu saugrenu,
06:12on a l'impression qu'on vivait comme des...
06:13Mais c'est vrai que c'est une anecdote,
06:15donc je me souviens, cette petite souris, parce que...
06:17Ta mère qui fait un massage cardiaque à la semaine.
06:18C'est-à-dire qu'elle devait être simplement endormie, raide,
06:20elle avait pris un coup de froid très sérieux.
06:23Et ma mère l'a massée, elle l'a ranimée, oui.
06:25Catherine, c'est aussi une femme qui aime la nature,
06:27les plantes et le jardinage.
06:29Je ne crois pas que j'ai vraiment la main verte,
06:31mais en tous les cas, les plantes ont beaucoup de reconnaissance envers moi
06:33parce que j'aime beaucoup nettoyer les jardins.
06:35Tu leur parles ?
06:36Tu fais toi-même ça.
06:37Je me parle toute seule, ce qui est déjà pas mal.
06:39Je les touche beaucoup.
06:40Oui, elles sont contentes.
06:41Et puis je les libère, je taille, je coupe,
06:44enfin je les mutile, des fois il faut bien dire les choses comme elles sont,
06:47mais enfin bon, c'est ma brusquerie.
06:49Son amour des maisons, son amour des jardins, de la nature,
06:53elle fait ça à fond.
06:55Jean-Paul Rapneau.
06:57Elle aime la beauté, elle est entourée par des choses très belles
07:01et elle a un goût dans ses choix sans faille.
07:07C'est aussi une des choses qui me font l'aimer,
07:09c'est que pour moi, elle est française.
07:13Elle est française.
07:15Elle ne pourrait pas être d'un autre pays.
07:19Alors française, ça veut dire quoi ?
07:22Ça veut dire qu'elle pourrait être une héroïne classique
07:29de tous les grands romans français.
07:32Moi je peux l'imaginer en Madame de Rénal dans Le Rouge et le Noir,
07:36en Madame de Morceau dans Le Lys dans la Vallée,
07:39en Yvonne de Galet dans Le Grand Môle.
07:42Pour moi, elle se rattache à ça, à une tradition française.
08:10Les vrais débuts de Catherine Deneuve au cinéma ont eu lieu en 1960.
08:15Elle avait 17 ans, le film s'appelait Les Portes d'Octaque
08:18et il manquait une jeune fille pour la distribution,
08:21le rôle de la sœur de l'actrice principale, Françoise d'Orléac.
08:24En fait, on a demandé à Catherine, simplement, de jouer
08:27le rôle de Catherine Deneuve.
08:29Elle avait 17 ans, le film s'appelait Les Portes d'Octaque
08:32et il manquait une jeune fille pour la distribution,
08:35le rôle de la sœur de l'actrice principale, Françoise d'Orléac.
08:38Elle voulait simplement de jouer la sœur de sa sœur.
08:41Je n'étais pas emballée et puis, il se trouve que j'ai fait des essais
08:44pour un autre film pendant le tournage.
08:46On m'a demandé de faire des essais pour un film avec Mel Ferrer
08:49et j'ai fait le film et puis après, voilà.
08:51C'est le film qui a été mis par Jacques Demy, qui a écrit les paroles.
08:54À la même époque, un événement important a bouleversé la famille d'Orléac.
08:57Catherine quitte sa famille,
08:59ce qui était extravagant pour l'époque.
09:02Elle vit avec un homme, elle est toute jeune.
09:06Ses parents n'étaient pas des bourgeois, mais elle a décidé de vivre à part avec son fiancé, son homme, c'était Vadim.
09:15Tu es partie de chez moi, oui ?
09:16C'est formidable parce que tu aimais ta famille.
09:19J'aime toujours ma famille, mais c'est vrai que je suis partie de chez moi et que ça a été assez difficile.
09:23Alors que Françoise n'a jamais quitté sa famille.
09:25Ah non, ça n'a jamais, oui.
09:26On pense que c'est Françoise qui était plus extravagante, qui avait l'impression d'être une femme plus libre, plus moderne.
09:34Et c'est Catherine qui...
09:36C'est moi qui suis partie, oui.
09:37Tu es moins le mouton noir.
09:38Non, ça prouve le caractère que tu as.
09:40Oui, en tous les cas, ça prouve que oui, oui, sans ne pas parler, finalement, il y a des choses qu'on ne savait pas sur moi.
09:45Mais oui, et en même temps, il y a quand même 15 ou 20 ans, c'était une chose...
09:50Ah oui, moi, c'était un petit drame dans ma famille.
09:53C'était un drame, parce qu'aujourd'hui, les filles, elles vivent...
09:55Parce que j'étais mineure, déjà, donc c'était quand même assez grave.
09:58Qu'en plus, c'était un homme qui était plus âgé que moi, qui était mariée et divorcée deux fois, qui avait un enfant.
10:04Donc, évidemment que pour des parents, ça, je comprends bien que moi, je me rends bien compte.
10:08Aujourd'hui, mon fils, bien qu'il soit majeur, me présenterait aussi les choses sous une façon similaire.
10:15C'est vrai que je ne serais pas un balai en tant que mère.
10:17Ça, je comprends très bien aujourd'hui.
10:19Avec Roger Vadim, Catherine Deneuve continue ses premiers pas d'actrice.
10:23Ils tournent ensemble Vices et la Vertu.
10:26Puis, sous la direction de Claude Chabrol, elle fait une apparition dans un film qui s'appelle Les plus grandes escroqueries du monde.
10:32Oui, enfin, là, j'ai tourné quelques jours pour lui rendre un service, parce qu'il voulait absolument une femme enceinte dans le film.
10:37Et Stéphane Audran, qui était sa femme, était enceinte, mais a eu le malheur d'accoucher huit jours plus tôt que prévu.
10:44Il voulait une femme vraiment enceinte, enceinte de huit mois et quelques semaines.
10:48Et toi, tu étais enceinte de Christian.
10:49Et moi, j'étais enceinte de mon fils, et il n'était absolument pas prévu que je tourne à ce moment-là.
10:53Bien évidemment, j'étais enceinte de huit mois et demi aussi.
10:56Et j'ai remplacé Stéphane, qui a accouché de 15 jours trop tôt pour lui dans le film.
11:00J'ai tourné deux jours.
11:01En juin 1963, Catherine a 20 ans.
11:04Elle accouche d'un petit garçon, Christian.
11:07Oui, enfin, il était assez laid, il faut le dire.
11:09Il s'est bien rattrapé depuis, il était assez laid.
11:12Ah, quand il est né, il n'était pas joli ?
11:13Oh non, vraiment.
11:14Ah bon ?
11:15Tu pensais à autre chose, alors ?
11:17Non, non, c'est pas ça.
11:18Mais il était vraiment, il était très maigre et très, très grand.
11:21C'était bizarre, franchement, je ne m'attendais pas vraiment à ça.
11:23Ah bon, alors tu as été un petit peu déçue quand il est arrivé ?
11:25J'ai eu un petit choc quand même.
11:27Il paraît qu'on a souvent un petit choc, de toute façon, après la naissance d'un premier enfant.
11:46Un bonheur n'arrive jamais seul.
11:47La même année que la naissance de Christian, Jacques Demy demande à Catherine Deneuve
11:52d'être son interprète dans la comédie musicale Les Parapluies de Cherbourg.
11:57C'est un beau souvenir pour Catherine.
11:59C'est un beau souvenir et ça a été vraiment un film très important.
12:02C'est vraiment un film clé pour moi.
12:03Qui a déclenché tout.
12:04Oui, vraiment, tout.
12:05Prix de Palme d'Oracan, prix de Luc, tu as eu un grand prix à l'Académie du cinéma.
12:11Et ça a été un film très important.
12:14Oui, très important.
12:15Et puis c'est vrai que c'est un film qui a voyagé beaucoup, avec lequel j'ai beaucoup voyagé,
12:19avec Jacques Demy, que j'aimais beaucoup.
12:22Et le fait d'aller comme ça à l'étranger, de le présenter, ça nous a beaucoup rapprochés.
12:26Ce qui fait qu'on a refait d'autres films après ensemble.
12:29Et c'est vrai qu'il a été important parce que, indépendamment de la réussite du film
12:33et du succès du film, c'est vrai que j'ai eu une révélation en faisant ce film avec lui.
12:37C'est-à-dire que lui, en tant que metteur en scène, m'a vraiment appris et dit des choses.
12:41Oui, d'une certaine façon, oui.
12:42Donné confiance et puis appris des choses qui m'ont été révélées que je n'avais jamais vues.
12:47C'est comme si j'avais été un peu endormie avant.
12:50Des choses que je ne voyais pas.
12:52Peut-être simplement parce qu'il a pris la peine de me les dire ou de vouloir...
12:55De te révéler.
12:56Oui.
12:57Comme les princes dans les contes.
12:58Tout à fait.
12:59Moi, je vois ça comme ça.
13:00En plus, c'est un film musical.
13:01Je vois ça comme un conte de fées, oui.
13:13Il y a toujours eu des filles dans la famille
13:24Une heure, si maman ne dort pas
13:28Oh là, qu'est-ce que je vais entendre
13:31Je devrais me maquiller, tu ne trouves pas
13:35Non, tu es très jolie comme ça
13:39Un peu ici
13:41Où ça ?
13:42
13:50Nous vendrons des parapluies
13:54Et puis non, pas des parapluies
13:57Nous vendrons le magasin
13:59Nous achèterons une station service
14:03Pour quoi ? Quelle idée ?
14:05Toute blanche, avec un bureau
14:09Tu verras
14:10Tu sentiras l'essence toute la journée
14:13Quel bonheur
14:16Nous serons très heureux
14:19Et nous resterons amoureux
14:31Mon amour, mon amour
14:33Tu n'as rien dit à ta mère
14:35Pas encore
14:36Pourquoi tu es lâche ?
14:40Il ne faut pas que tu te fâches
14:43Mais je sais ce qu'elle me répondra
14:47Quoi ?
14:48Ma petite fille, tu es folle
14:50Est-ce qu'on pense au mariage à ton âge ?
14:54Ma petite fille, tu es folle
14:55Est-ce qu'on pense au mariage à 16 ans, 17 ans, amoureuse ?
14:59Catherine Deneuve a fait trois films avec Jacques Demy et Michel Legrand
15:03Les Parapluies de Cherbourg, qui a été un succès mondial
15:06Les Demoiselles de Rochefort
15:08Elle partageait la vedette avec sa sœur, Françoise Orléac
15:11Et il y avait aussi Gene Kelly et Jacques Perrin
15:15Et puis Poda, en 1970, où il était entre Jean Marais et Delphine Chérig
15:20Nous sommes deux sœurs jumelles
15:22Mis sous le signe des jumeaux
15:24Mis face à l'ami, ré
15:26Ré mis face à l'sol, sol, ré, do
15:28Toutes deux demoiselles
15:30Ayant eu des amants très tôt
15:32Mis face à l'ami, ré
15:34Ré mis face à l'sol, sol, ré, do
15:36Nous fûmes toutes deux élevées par maman
15:40Qui, pour nous, se priva travail availlamment
15:44Elle voulait de nous faire des érudites
15:48Et pour cela vendit
15:50Toute sa vie des frites
15:52Nous sommes toutes deux nées de pères inconnus
15:56Cela ne se voit pas, mais quand nous sommes nues
16:00Nous avons toutes deux des reins assez fous
16:04Là, un grain de beauté
16:06Qu'il avait sur la joue
16:08Nous sommes deux sœurs jumelles
16:10Mis sous le signe des jumeaux
16:12Mis face à l'ami, ré
16:14Ré mis face à l'sol, sol, ré, do
16:16Et mon mari tournelle
16:18Les calembours et les bonbons
16:20Mis face à l'ami, ré
16:22Ré mis face à l'sol, sol, ré, do
16:24Nous sommes toutes deux joyeuses et ingénues
16:28Attendant de l'amour, c'est qu'il est convenu
16:33Au sauvage passion
16:35Nous sommes toutes deux prêtes à perdre raison
16:39Nous avons toutes deux une âme délicate
16:43Artiste passionnée, musicienne, acrobate
16:47Cherchant un homme beau
16:51Bref, un homme idéal
16:53Avec ou sans défaut
16:54Nous sommes deux sœurs jumelles
16:56Nées sous le signe des jumeaux
16:58Mis face à l'ami, ré
17:00Ré mis face à l'sol, sol, ré, do
17:02Du plomb dans la cervelle
17:04De la fantaisie à gogo
17:06Mis face à l'ami, ré
17:08Ré mis face à l'sol, sol, ré, do
17:11Je n'enseignerai pas toujours l'art de l'arpège
17:15J'ai vécu jusqu'ici de leçons de solfège
17:19Mais j'en ai jusque-là, la province m'ennuie
17:23Je veux vivre à présent de mon art à Paris
17:27Je n'enseignerai pas toute ma vie la danse
17:31À Paris, moi aussi, je tenterai ma chance
17:35Pourquoi passer autant à enseigner des pas
17:39Alors que j'ai envie d'aller à l'opéra
17:42Nous sommes deux sœurs jumelles
17:44Nées sous le signe des jumeaux
17:46Mis face à l'ami, ré
17:48Ré mis face à l'sol, sol, ré, do
17:50De coeur qu'attrape une aile
17:52A embarquer à l'égretto
17:54Mis face à l'ami, ré
17:56Ré mis face à l'sol, sol, ré, do
18:27Jouant du violoncel
18:31De la trompette ou du banjo
18:33Aimant la ritournelle
18:35Les calembours et les bombeaux
18:37Du blanc dans la cervelle
18:39De la fantaisie à bon goût
18:41Nous sommes sœurs jumelles
18:43Nées sous le signe des jumeaux
18:45C'est-à-dire que moi j'ai connu
18:47Je l'avais rencontré comme ça avant
18:50On se saluait mais j'avais jamais travaillé avec elle
18:55Jean Carmé
18:57Je la connaissais peu dans la vie
18:59Je l'avais rencontrée au restaurant comme ça
19:02Puis j'avais beaucoup d'amis qui me parlaient d'elle
19:08Puis je l'ai rencontrée uniquement comme ça
19:11Sur le plateau de la Reine Blanche
19:14Puis j'ai parlé un peu avec elle
19:17Avant de commencer comme ça
19:19Et puis j'ai remarqué qu'au-delà de sa discrétion
19:23Elle a une discrétion assez étonnante
19:25Mais elle a une grande curiosité
19:27Quelque chose qui se...
19:29Une espèce de jubilation
19:32C'est une chose qui m'enchante
19:35Et puis une santé
19:38Il y avait quelque chose de très...
19:41De très sain qui se dégageait d'elle quand je parlais
19:44Je me suis dit ça va être là le théra d'entente
19:47Et puis ça a été extrêmement facile
19:50Sans après
19:52Sans définir avant les scènes ce qu'on allait faire
19:55Et ça j'aime beaucoup ça
19:58Parce que trop avoir une prise
20:01C'est se priver du plaisir, de la surprise
20:04Surprendre le public après des années de carrière
20:07C'est une question qui se pose toujours Catherine Deneuve
20:10C'est vrai que quand on est entré comme elle
20:13Dans la légende d'une star
20:16On la compare à Greta Garbo
20:19Alors évidemment les réalisateurs
20:22Les producteurs ont tendance à la sublimer
20:25L'idéaliser
20:28Et Catherine heureusement nous surprend souvent
20:31Parce qu'elle peut jouer une femme très belle
20:34Avec une grande histoire d'amour
20:37Mais elle a su nous prouver qu'elle pouvait jouer la comédie avec Rapneau
20:40Et qu'elle pouvait être une femme comme tout le monde
20:43Dans cette reine blanche
20:46Donc ce qui est important pour elle
20:49C'est d'essayer d'enlever cette étiquette qui lui colle à la photo
20:52Et là je pense que le film qu'elle fait avec Régis Varnier
20:55Va réconcilier à la fois le public qui l'aime
20:58Parce qu'elle est belle
21:01Et parce qu'elle peut être émouvante et touchante
21:04J'aime bien surprendre parce que je trouve que c'est très difficile
21:07Quand on fait des films comme moi depuis si longtemps
21:10Et je pense que pour continuer à travailler avec des gens
21:13Le but vraiment c'est de surprendre
21:16Il y a son émotion qui venait, qui me surprenait toujours
21:19Je ne la trouvais jamais exactement
21:22A l'endroit où j'attendais cette émotion
21:25C'était toujours très imprévu
21:28Et ça entretient la fraîcheur
21:31Et puis c'est quand même un sentiment délectable
21:34De parler à de très beaux yeux
21:37Et d'avoir sur ces beaux yeux
21:40Le momentanément du pouvoir
21:43Dans la comédie et par l'imaginaire
22:10Je ne savais pas que tu m'aimais
22:13En êtes-vous certain désormais ?
22:16Il aura suffi d'un anodin
22:19Il aura fallu qu'on nous jette un sort
22:22Mais qu'allons-nous faire de tant de bonheur ?
22:25Le montrer ou bien le dire ?
22:28Je ne savais pas que tu m'aimais
22:31En êtes-vous certain désormais ?
22:34Il aura suffi d'un anodin
22:37Le montrer ou bien le taire ?
23:12Nos amours resteront légendaires
23:16Et nous vivrons longtemps après la vie
23:20Mais qu'allons-nous faire de tout cet amour ?
23:24Le montrer ou bien le taire ?
23:30Nous ferons ce qui est interdit
23:35Nous irons ensemble à la buvette
23:40Nous fumerons la pipe en cachette
23:45Nous nous gaverons de pâtisserie
23:49Mais qu'allons-nous faire de tout ce plaisir ?
23:53Il y en a tant sur Terre
24:10Il y en a tant sur Terre
24:41Nous ferons ce qui est interdit
24:46Nous irons ensemble à la buvette
24:51Nous fumerons la pipe en cachette
24:55Nous nous gaverons de pâtisserie
25:11Mais qu'allons-nous faire de tout ce plaisir ?
25:17Il y en a tant sur Terre
25:23Nous ferons bien sûr des tas d'enfants
25:29Nous vivrons ensemble à la buvette
25:35Nous ferons bien sûr des tas d'enfants
25:41Nous vivrons ensemble un conte de fées charmant
25:58Catherine est la star numéro 1 des français.
26:01Les sondages et les couvertures de magazine en témoignent
26:04mais cela ne lui donne pas plus d'assurance.
26:07J'ai beaucoup plus le trac que quand j'ai commencé.
26:10Tu sens les responsabilités ?
26:13Oui, les responsabilités.
26:15Le fait que les gens vous connaissent sans attendre quelque chose
26:18et qu'il faut quand même surprendre.
26:20Et qu'en plus on peut les décevoir.
26:22Donc le trac augmente toujours avec le temps.
26:25C'était très simple.
26:27La façon dont on a travaillé c'était très simple.
26:29Jean Carmé
26:32On ne faisait pas de plan.
26:34Avant on ne disait pas que ça allait se passer comme ça.
26:36On se trouvait en face.
26:38On a tourné des scènes très longues, des grands plans-séquences
26:40qu'on a toujours réussi avec un minimum de prise.
26:44J'ai toujours eu des surprises.
26:47Elle m'a embarqué dans sa sensibilité, dans son imagination
26:52au-delà de ce que j'attendais toujours.
26:56Je trouve que c'est une palette très importante.
27:00Il n'y a qu'à voir ce qu'elle a fait.
27:02On y pense toujours comme quelqu'un d'une grande beauté.
27:07C'est ce qu'elle est réellement.
27:14Elle a des moyens énormes.
27:16Pour moi ce qui l'a caractérisé c'est la vitesse.
27:18Jean-Paul Rapneau
27:20Déjà la vitesse physique.
27:22Dans les deux films que j'ai fait avec elle,
27:24elle avait à courir beaucoup.
27:26Surtout dans Le Sauvage d'ailleurs.
27:28Elle était toujours poursuivie,
27:30notamment par Yves Montand.
27:32Et sur 100 mètres, elle bat à n'importe qui.
27:35Elle a une vitesse, une pointe d'accélération extraordinaire.
27:40Elle a un démarrage extraordinaire.
27:43Elle posait un problème aux machinistes
27:45qui devaient la suivre en travelling.
27:47Elle était plus rapide que tout le monde.
27:49On devait lui demander de ralentir.
27:51Mais ça lui ressemble, cette vitesse-là.
27:58C'est ce qu'elle est.
28:16Catherine prend rarement position publiquement pour des causes,
28:19sauf s'il s'agit de causes humanitaires
28:22ou concernant les droits de l'homme.
28:24Elle s'est engagée pour le Chili,
28:27le droit à l'avortement en France
28:29et pour l'Afrique.
28:31Il y a des choses que je ne veux pas utiliser.
28:33Je ne veux pas faire des appels
28:35ou faire des choses politiques.
28:37Mais c'est vrai que je veux bien être utilisée moi
28:39en tant que personnage public pour des manifestations.
28:41Là, c'est un petit peu plus difficile
28:43parce que jusqu'à présent, j'avais toujours accepté des choses
28:45comme Amnesty, qui est une chose qui est très importante pour moi,
28:48pour des choses humanitaires.
28:50Et c'est vrai que pour moi, l'Afrique, ça reste quand même
28:52dans cet esprit-là, c'est ma prise de position
28:54et dans ce but-là.
28:56Je préférerais que ça reste une chose humanitaire
28:58et en tous les cas,
29:00qu'il ne soit pas utilisé
29:02ou je n'ai pas besoin d'utiliser des relations
29:04que je n'ai pas vraiment d'ailleurs
29:06de relations politiques
29:08parce que je ne veux pas prendre partie,
29:10me trouver obligée ensuite
29:12de participer, de dire oui.
29:14D'appartenir à un certain pouvoir, quel qu'il soit.
29:16Je ne veux pas demander des choses qu'après, je ne pourrais pas refuser.
29:18Je ne veux pas demander à des gens et qu'après, je ne pourrais pas refuser certaines choses.
29:20Je ne veux pas devoir de choses dans ce domaine.
29:22Tu veux rester une femme libre.
29:24Face à la presse,
29:26Catherine Deneuve a souvent une attitude réservée.
29:28On lui a décerné
29:30quelquefois, elle-même, le prix citron.
29:32Je trouve qu'on a le droit de poser toutes les questions
29:34mais les acteurs ont le droit de ne pas se soumettre
29:36à toutes les réponses.
29:38Et puis, c'est vrai que je trouve
29:40que souvent, il y a une familiarité
29:42qui ne me plaît pas du tout. Moi, j'aime beaucoup les rapports.
29:44J'aime beaucoup l'intimité d'un rapport.
29:46J'aime beaucoup la chaleur d'un rapport qui peut s'instaurer
29:48avec... ça m'est arrivé
29:50même avec des journalistes, d'avoir
29:52un rapport tout à fait vrai, tout à fait
29:54juste.
29:56Mais ce n'est pas systématique. Je ne suis pas systématiquement
29:58parce qu'il est journaliste
30:00bien ou à l'aise avec quelqu'un.
30:02C'est comme une personne pour moi.
30:04Donc, si je ne me sens pas à l'aise ou si je n'ai pas confiance
30:06en quelqu'un, je peux me fermer complètement.
30:08Un moment important dans les souvenirs
30:10cinématographiques de Catherine Deneuve,
30:12elle tourne la vie de château
30:14avec Jean-Paul Rapneau.
30:16Je cherchais
30:18une héroïne dynamique
30:20et en mouvement
30:22perpétuel.
30:24Jean-Paul Rapneau.
30:26C'est un film qui brille
30:28et qui brille.
30:30C'est un film qui brille.
30:32C'est un film qui brille.
30:34C'est un film qui brille.
30:36C'est un film qui bouge
30:38sans cesse et le personnage
30:40féminin est sans cesse
30:42en mouvement.
30:44Je dois dire que dans un premier temps,
30:46j'avais pensé à Francesca Zorleac,
30:48la sœur de Catherine,
30:50qui était une personne extraordinaire.
30:52Et puis,
30:54pour d'obscures raisons,
30:56elle n'a pas pu faire le film.
30:58À ce moment-là, on m'a dit
31:00« Pourquoi ne prendriez-vous pas sa sœur ? »
31:02J'avais de sa sœur
31:04l'image d'une personne
31:06beaucoup plus calme
31:08apparemment que Françoise.
31:10Je me demandais
31:12si elle pourrait avoir
31:14la fougue et le dynamisme nécessaires.
31:16Elle n'avait
31:18à l'époque pratiquement
31:20que les parapluies de Cherbourg
31:22où elle chantait, mais ça n'était pas sa voix.
31:24Je me posais mille questions.
31:26En réalité, il y avait
31:28un turbo dans cette femme.
31:30Quand je l'ai lancée
31:32dans cette comédie
31:34qui était « La Vie de Château »,
31:36elle a été extraordinaire.
31:38Elle s'est révélée
31:40d'un entrain,
31:42d'une vivacité
31:44qu'on ne devinait pas
31:46sous la personne placide
31:48qu'elle semblait être.
31:50« La Vie de Château » obtient le prix Louis Deluc
31:52et Catherine conserve
31:54de très bons souvenirs de Marie Marquès
31:56qui était une actrice à la personnalité
31:58un peu fantasque.
32:00Quelle femme étonnante !
32:02On tournait dans un château à Gambay,
32:04dans des loges aménagées très simplement
32:06puisque ce n'était pas du tout habité.
32:08On était dans les combles du château
32:10où on avait des petits radiateurs électriques,
32:12une table en formigas, c'était vraiment le strict minimum.
32:14Je la reverrais toujours.
32:16Elle avait une chaise longue,
32:18elle ne venait jamais déjeuner avec nous sous la tente
32:20où mangeait toute l'équipe.
32:22Elle ouvrait un paquet,
32:24elle prenait du champagne et du saumon fumé
32:26toute seule dans sa loge, dignement.
32:28Ça m'avait toujours frappée
32:30parce que dans ce décor absolument incroyable,
32:32désertique et froid,
32:34elle était là en train de manger son saumon fumé
32:36comme une star.
32:38C'était un personnage merveilleux.
32:40J'adore ce genre d'actrice.
32:42Le milieu des années 60
32:44va être un mélange de rencontres heureuses
32:46et d'événements douloureux.
32:48En 1965,
32:50elle se marie avec le grand photographe anglais
32:52David Bailey.
32:54La nuit suivante,
32:56le film de Louise Bunuel,
32:58un film qu'elle a accepté de faire sans même avoir lu le scénario,
33:00le film Elion d'Or à Venise.
33:02C'est vrai que ça reste un très grand souvenir,
33:04Belle Jour,
33:06et un grand souvenir assez douloureux quand même.
33:08Ça a été un tournage assez difficile.
33:10Autant sur Tristana ça a été formidable,
33:12autant Belle Jour ça a été plus difficile,
33:14c'était des rapports tendus,
33:16mais c'est vrai que le film était difficile quand même.
33:18Je crois que c'est sans doute le film qui m'a le plus,
33:20moi pas personnellement,
33:22mais dans ma case,
33:24je crois que c'est le film qui m'a le plus.
33:26Je crois que c'est le film qui m'a le plus.
33:32Mais le 26 juin 1967,
33:34reste un grand drame dans sa vie.
33:36Sa sœur,
33:38Françoise d'Orléac,
33:40se tue dans un accident de voiture.
33:54Lorsque Catherine Deneuve
33:56tourne son premier film en anglais,
33:58Mayerling,
34:00mettant en scène
34:02son premier film
34:04en anglais,
34:06se trouve dans
34:08une situation
34:10très difficile.
34:12C'est un moment
34:14très difficile
34:16pour Catherine Deneuve.
34:18C'est un moment très difficile
34:20pour Catherine Deneuve
34:22pour Catherine Deneuve
34:24pour Catherine Deneuve
34:26pour Catherine Deneuve
34:28pour Catherine Deneuve
34:30pour Catherine Deneuve
34:32pour Catherine Deneuve
34:34pour Catherine Deneuve
34:36pour Catherine Deneuve
34:38pour Catherine Deneuve
34:40pour Catherine Deneuve
34:42pour Catherine Deneuve
34:44pour Catherine Deneuve
34:46pour Catherine Deneuve
34:48pour Catherine Deneuve
34:50pour Catherine Deneuve
34:52pour Catherine Deneuve
34:54pour Catherine Deneuve
34:56pour Catherine Deneuve
34:58pour Catherine Deneuve
35:00pour Catherine Deneuve
35:02pour Catherine Deneuve
35:04pour Catherine Deneuve
35:06pour Catherine Deneuve
35:08pour Catherine Deneuve
35:10pour Catherine Deneuve
35:12pour Catherine Deneuve
35:14pour Catherine Deneuve
35:16pour Catherine Deneuve
35:18pour Catherine Deneuve
35:20pour Catherine Deneuve
35:22pour Catherine Deneuve
35:24pour Catherine Deneuve
35:26pour Catherine Deneuve
35:28pour Catherine Deneuve
35:30pour Catherine Deneuve
35:32pour Catherine Deneuve
35:34pour Catherine Deneuve
35:36pour Catherine Deneuve
35:38pour Catherine Deneuve
35:40pour Catherine Deneuve
35:42pour Catherine Deneuve
35:44pour Catherine Deneuve
35:46pour Catherine Deneuve
35:48pour Catherine Deneuve
35:54En 1971
35:56les Américains consacrent Catherine Deneuve
35:58la plus belle femme du monde
36:00ben écoute, franchement
36:02je me suis regardée différemment dans la classe
36:04Encore une fois
36:06Quand je suis dans une famille nombreuse
36:08j'ai toujours entend de dire ça quand j'étais petite
36:10Il ne faut pas croire trop
36:12les gens qui vous font des compliments
36:14quand même de ma faillite de me laisser monter trop haut si j'avais...
36:18On t'aurait ramené à...
36:19Ah oui, à la réalité, à la dure réalité.
36:21Puis de toute façon, ce n'est pas tellement dans ma nature.
36:23C'est vrai que ça fait plaisir,
36:25mais on ne s'aperçoit pas que c'est souvent assez lourd à porter.
36:28En 1975, Catherine retrouve Jean-Paul Rapneau
36:32pour tourner Le Sauvage avec Yves Montand.
36:45En 1980, c'est Le Dernier Métro qui est un énorme succès.
36:49César d'interprétation de la meilleure actrice
36:52et François Truffaut a compté beaucoup dans la vie de Catherine Deneuve.
36:56Il m'a appris beaucoup de choses.
36:58Parce que François, d'abord, c'est quelqu'un qui aime beaucoup expliquer.
37:01Il aimait beaucoup raconter.
37:03Et il aimait beaucoup comprendre.
37:06Oui, et puis il aimait bien expliquer aux acteurs.
37:08Autant sur le tournage, il n'aimait pas...
37:10Oui, il écrivait des lettres.
37:11Il écrivait avant.
37:12Il pouvait même écrire pendant les tournages.
37:14Et après, même.
37:15Et puis, c'est vrai, c'était une façon de se voir comme ça,
37:18avant et en dehors du tournage,
37:19permet de se dire moins de choses sur le tournage.
37:23Il avait des rapports tout à fait privilégiés avec les acteurs, je trouve, en général.
37:27C'est un animateur en scène qui aimait le mieux les femmes.
37:30Ah oui, les femmes et les femmes au cinéma, surtout.
37:32Les actrices.
37:33Oui.
37:34Parce que...
37:35D'ailleurs, je suis souvent frappée quand je lis les interviews des actrices américaines,
37:39c'est presque toujours le nom de François Truffaut qui revient dans ma tête.
37:41Avec qui voudriez-vous tourner ?
37:42Ah oui, François Truffaut, oui.
37:44C'est un regret aujourd'hui.
37:45Je l'ai lu encore récemment,
37:47Catherine Turner qui disait
37:48« Je regrette, j'aurais aimé tourner avec François Truffaut. »
37:50C'est vrai que c'est quelqu'un qui aimait beaucoup les femmes.
37:52François Truffaut a dit de Catherine
37:54« On pourrait la comparer à un vase dans lequel on pourrait mettre toutes les fleurs. »
37:59Oui, ça veut dire que je suis quelqu'un de tout à fait disponible
38:01et qu'il suffit de me donner le bon...
38:05Je crois qu'il veut dire par là que j'étais assez...
38:09Comment dire...
38:11Influençable, ce n'est pas le mot.
38:13Mais selon les circonstances et les gens avec qui je travaillais,
38:19je pouvais être très différente sans être vraiment différente.
38:22Je ne suis pas quelqu'un qui fait finalement tellement de rôles de composition.
38:27Je ne suis pas quelqu'un qui me transforme réellement.
38:29C'est intérieur.
38:31Oui.
38:32C'est intérieur.
38:33Mais en même temps, le fait que je ne me transforme pas tellement
38:36fait que les gens, peut-être, peuvent rêver davantage sur des choses,
38:40ou en tous les cas imaginer des choses.
38:42Je ne impose pas tellement de choses aux spectateurs, je crois.
38:44Mais c'est quelqu'un d'extrêmement discret, mais de...
38:48Jean Carmé.
38:49Mais j'aime assez sa discrétion,
38:51parce que derrière ses discrétions, il y a une espèce de curiosité,
38:55puis un regard d'humour.
38:59Il y a de l'humour.
39:01Il y a une espèce de goguenardisme.
39:03Ce n'est pas une actrice qui a un accent.
39:08Ce n'est pas une actrice qui a un milieu.
39:11J'ai l'impression que dans l'esprit des gens, par son succès,
39:14par l'impression de sa beauté qu'elle donne,
39:19ça la condamne à une image.
39:22Ça la condamne.
39:25Je n'ai pas voulu me laisser condamner à cette image-là.
39:27J'ai trouvé...
39:31Je pense que j'ai...
39:34Elle m'a fait travailler l'imagination, vous voyez ce que je veux dire.
39:58Bien qu'elle joue le rôle d'une directrice de théâtre dans le dernier Métro,
40:02Catherine ne fera jamais de théâtre parce qu'elle aura trop peur.
40:05Mais je ne désespère pas, parce que Michel Morgan a attendu 30 ans.
40:08Donc on attendra quelques années avant que Catherine ait moins peur
40:11et qu'elle puisse venir nous réjouir sur une scène.
40:14Ce n'est pas que je n'ai pas envie, parce que quand je vais au théâtre
40:16et que je vois un beau spectacle, comme lorsque j'étais voir
40:18Nicole Garcia et Jacques Weber, par exemple, dans Deux Sœurs Balancéaires,
40:22c'est vrai que je dis que c'est merveilleux.
40:24Pas seulement le succès, mais la performance de deux acteurs comme ça,
40:28c'est formidable.
40:29Mais en même temps, je sais qu'il suffit de m'imaginer cinq minutes
40:32arrivant au théâtre.
40:33Ce n'est même pas d'être sur scène.
40:34C'est avant toute la journée que je ne pourrais plus vivre.
40:37Tous les moments avant et après.
40:39L'angoisse.
40:40Ah oui.
40:41La peur.
40:42Parce que plus ça va, plus j'ai peur.
40:43Et je vois bien quand c'est à la télévision
40:45ou quand je dois faire des interventions comme ça en direct,
40:48c'est effrayant.
40:49Effrayant.
40:50Il ne faut pas trop que j'en parle d'ailleurs,
40:51parce que ça va être encore plus difficile.
40:53Je pensais que c'était moi par rapport à une idée que je me faisais.
40:56Puis j'ai su un jour qu'on m'a dit que Sophie Desmarais
40:58avait dit qu'elle avait beaucoup souffert du tracle
41:00et qu'elle a fait quand même énormément de théâtre.
41:02Jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'elle arrête de faire du théâtre,
41:05elle en a toujours souffert.
41:06Le choix de Catherine se fait à partir des personnages.
41:08Elle aime les auteurs.
41:10Oui, j'aime bien parce que c'est vrai que les histoires
41:12qui m'intéressent le plus sont des histoires
41:14où j'ai l'impression quand même que mes télanscènes
41:16sont particulièrement attachées.
41:18Les films qui m'intéressent sont les films
41:20où il y a des personnages.
41:23Où les personnages sont vraiment suivis de près.
41:27Et qui ne sont pas seulement filmés comme des éléments d'une histoire,
41:30mais qu'ils sont filmés comme des gens.
41:32Il faut que ce soit charnel pour moi le cinéma.
41:34Il faut que ce soit palpitant.
41:53Je sais qu'il fait mal à la nuit
41:59Comme moi, ma chérie
42:02Tu n'es qu'un fumeur de gitane
42:07Je vois tes volutes bleues
42:13Me faire parfois venir les larmes aux yeux
42:20Tu es mon maître après Dieu
42:23Dieu est un fumeur de navane
42:28C'est lui-même qui m'a dit
42:34Que la fumée envoie au paradis
42:40Je le sais, ma chérie
42:43Tu n'es qu'un fumeur de gitane
42:48Sans elle, tu es malheureux
42:54Aux clairs de la lune, ouvre les yeux
43:00Pour l'amour de Dieu
43:03Tu es un fumeur de navane
43:08Tout près de toi, loin de lui
43:14J'aimerais te garder toute ma vie
43:20Comprends-moi, ma chérie
43:23Tu n'es qu'un fumeur de gitane
43:29Et la dernière, je veux
43:34L'avoir briller au fond de mes yeux
43:40Aime-moi, nom de Dieu
44:02Dieu est un fumeur de navane
44:08Tout près de toi, loin de lui
44:14J'aimerais te garder toute ma vie
44:20Comprends-moi, ma chérie
44:23Tu n'es qu'un fumeur de gitane
44:28Et la dernière, je veux
44:34L'avoir briller au fond de mes yeux
44:40Aime-moi, nom de Dieu
45:04Aime-moi, nom de Dieu

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