Mathieu Mahéo, secrétaire académique du SNES FSU de Bretagne

  • il y a 12 heures

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00:00Il est 7h46 sur France Bleu Armorique, une minute de silence est organisée ce lundi
00:11dans les collèges et lycées de France en mémoire à Samuel Paty et Dominique Bernard,
00:16professeurs assassinés lors de deux attaques djihadistes.
00:18Que pensez-vous de ce genre d'hommages ? Est-ce important de les faire ? Les enfants sont-ils
00:21préparés à cela ? Dites-nous ce que vous en pensez en nous appelant au 02 99 67 35
00:2735.
00:28On en parle avec notre invité, le secrétaire académique du SNES FSU de Bretagne.
00:32Bonjour Mathieu Mahéo.
00:33Bonjour.
00:34Alors, minutes de silence au lendemain d'un hommage rendu déjà hier à Dominique Bernard
00:39à Arras dans sa ville et alors que dans deux jours, ça fera effectivement quatre ans que
00:42Samuel Paty a été assassiné devant son collège à Conflans-Sainte-Honorine dans
00:47les Yvelines.
00:48Déjà, comment s'organisent ces minutes de silence pour l'académie de Bretagne ?
00:52Eh bien, le choix a été laissé aux équipes de déterminer quelle était la meilleure
00:56manière d'organiser les choses dans les classes avec des temps de recueillement collectif,
01:01avec des prises de parole, des textes qui peuvent être lus.
01:05Et pour nous, c'est une bonne chose que chaque établissement puisse déterminer quelles
01:09sont les meilleures conditions d'organisation.
01:11L'essentiel pour nous, c'est que ce temps puisse avoir lieu parce que c'est vraiment
01:14très, très important d'avoir ce temps d'hommage, de recueillement en mémoire de nos collègues
01:21et de ce qu'ils représentent et de ce pour quoi ils ont été tués parce que ce sont
01:24des collègues qui ont été tués parce qu'ils étaient enseignants.
01:28Et c'est quelque chose qu'il est important de rappeler aux élèves, puisque nos élèves,
01:33depuis dix ans, ont été à différents moments de leur scolarité, de leur âge, confrontés
01:40à ces actes terroristes.
01:42Donc, d'avoir un temps pour revenir un petit peu sur ce qui s'est passé, mettre des mots
01:47aussi à des âges différents.
01:49Ceux qui étaient scolarisés il y a dix ans et qui se retrouvent maintenant au lycée ont
01:53une approche un petit peu différente des choses.
01:56Donc, ce temps d'hommage, ça doit être aussi un temps pédagogique.
02:00Vous parlez d'attentats du Bataclan, de Paris, c'est ça ?
02:03Il y a eu Charlie Hebdo, il y a eu toute une vague d'attentats terroristes depuis une dizaine
02:09d'années.
02:10Mais là, c'est différent parce que, comme vous l'avez dit, ce sont deux enseignants
02:11tués parce qu'ils étaient enseignants.
02:12Exactement.
02:13Dans l'exercice de l'en fonction, pour les enseignants, c'est quelque chose qui les touche
02:18beaucoup plus.
02:19Effectivement, nos pensées vont d'abord vers les familles de nos collègues assassinés,
02:24leurs collègues aussi, leurs élèves.
02:26Il y a quatre ans, Samuel Paty, il y a un an, Dominique Bernard, des enseignants d'histoire
02:31géographie, de lettres, tués parce qu'ils véhiculaient, parce qu'ils transmettaient
02:37les valeurs de la République.
02:38Et ça, c'est quelque chose de… Voilà, un palier qui a été franchi, c'est important
02:42de revenir dessus.
02:43Et pourquoi c'est important que chaque établissement puisse faire comme il le souhaite, cet hommage
02:47exactement, et que ce ne soit pas un hommage identique pour toute la nation ?
02:50Eh bien, il faut s'adapter à l'âge de nos élèves, entre des élèves de sixième
02:55et des élèves de terminale.
02:57Voilà, les pratiques pédagogiques, la manière d'aborder les choses avec les élèves doivent
03:02être différentes en fonction des configurations des établissements, de la manière dont les
03:07choses sont abordées, des collègues aussi qui ont les élèves au moment où c'est fait.
03:13Pour nous, ce type-là d'hommage, pour qu'il soit utile, doit être laissé à la main des
03:19équipes.
03:20Et les équipes sont préparées, justement ? Il y a des enseignants qui se sentent moins
03:23prêts, moins légitimes à faire ce genre d'hommage, ou il y a une unité, finalement,
03:28dans la…
03:29Il y a une unité dans le sens où, vraiment, tout le monde mesure que c'est l'école
03:32qui a été attaquée pour ce qu'elle représente.
03:36Et ça, il y a une très, très forte cohésion des équipes, la volonté de faire corps qui
03:42se manifeste, avec, évidemment, entre des enseignants d'histoire-géographie, de lettres
03:47ou d'autres disciplines qui sont un petit peu plus éloignées de ces questions-là,
03:51des différences d'approche.
03:52Mais l'essentiel, c'est qu'il puisse y avoir un dialogue et que les choses soient
03:56menées collectivement.
03:57Est-ce que vous diriez, Mathieu Maého, vous qui êtes secrétaire académique du CNESF
03:59et Sud-Bretagne, qu'il y a de la peur, aujourd'hui, chez certains enseignants, d'exercer ce métier ?
04:04En Bretagne, on ne ressent pas du tout cette peur.
04:08Évidemment qu'il y a des menaces sur les écoles que chacun mesure.
04:14On sait aussi que, de toute façon, les écoles et les établissements ne seront jamais des bunkers.
04:19C'est quelque chose qui, malheureusement...
04:21La sécurité a tout de même été renforcée, ou vous ne diriez pas assez ?
04:25C'est impossible de renforcer davantage la sécurité.
04:29On ne peut pas empêcher quelqu'un qui est déterminé de mener un acte terroriste.
04:35Samuel Paty, il a été tué à l'extérieur de l'établissement, à proximité.
04:39Il y a des choses qui sont faites, mais c'est un problème qui traverse l'ensemble de la société.
04:46La lutte, elle se fait par cette approche, cette explication de la laïcité et cette défense de la laïcité en France.
04:53Défendre les valeurs de l'école.
04:55La difficulté, c'est qu'on est de plus en plus isolé pour ça et qu'au-delà des mots,
05:01des grandes déclarations des uns et des autres à des occasions comme celle-ci,
05:06l'école est un petit peu livrée à elle-même avec des suppressions de postes encore de plus en plus importantes.
05:13Vous parlez des 4000 qui ont été annoncées la semaine dernière par le nouveau gouvernement ?
05:16On a une dégradation continue, on demande de plus en plus de choses à l'école avec de moins en moins de moyens.
05:21Sans parler, effectivement, des exemples ou des mauvais exemples qui sont donnés.
05:25Comment est-ce qu'on peut, à l'école, défendre les valeurs de la République ?
05:30Liberté, égalité, fraternité, quand à côté de ça, le président de la République ne respecte pas les résultats des élections,
05:34quand le ministre de l'Intérieur relativise l'état de droit, quand on met en place des réformes qui trient les élèves.
05:42Ce décalage entre les grands discours, les grandes valeurs qu'on essaye de porter et la pratique politique est quelque chose de dramatique.
05:50Merci beaucoup Mathieu Maého d'avoir été l'invité de France Blanc-Armorique ce matin,
05:54vous êtes secrétaire académique du SNES-FSU de Bretagne,
05:56avec donc aujourd'hui cette minute de silence organisée dans les collèges et les lycées de toute la France,
06:01en mémoire à Samuel Paty et Dominique Bernard, ces deux professeurs assassinés lors d'attaques djihadistes.

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