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L'exécutif souhaite rallonger le temps de carence des arrêts-maladies du secteur public et limiter leur rémunération à 90%, au lieu de 100% actuellement.

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00:00La gauche a obtenu plusieurs victoires face au gouvernement ces derniers jours à l'Assemblée
00:04nationale.
00:05Mais qu'en restera-t-il à l'arrivée dans le budget qui sera adopté ?
00:08Le député LFID Bouches-du-Rhône et coordinateur national de la France Insoumise est l'invité
00:13du grand entretien de France Inter ce matin, Manuel Bompard, qui vous, vous pouvez évidemment
00:20comme d'habitude poser toutes vos questions, auditeur de France Inter 0145 24 7000 et sur
00:24l'application mobile de Radio France.
00:26Alors vous n'avez pas pu avec vos collègues députés aller au bout de l'examen de la
00:31partie recette du projet de loi de finances 2025, on va en parler, les débats se sont
00:36arrêtés samedi à minuit avec encore 1500 amendements à examiner, vous devriez reprendre
00:41le 5 novembre et l'on apprend, côté économie, que le gouvernement veut durcir les règles
00:47concernant les arrêts maladie des fonctionnaires.
00:49Trois jours de carence et ensuite indemnisé à 90% et non plus 100% ce qui rapporterait
00:55selon le gouvernement 1 milliard de 100 millions d'euros, qu'est-ce que vous pensez de cette
00:59mesure Manuel Bompard ?
01:00Je trouve qu'elle est scandaleuse, que c'est une manière de pointer du doigt les fonctionnaires
01:03dans notre pays qui si parfois ils sont absents, ils sont malades, c'est parce qu'ils sont
01:09malades, ils ne sont pas absents parce que ça leur fait plaisir d'être absents et
01:13le ministre Casbarian qui est à l'origine de cette mesure, ministre de la fonction publique,
01:18nous dit qu'il s'agit d'harmoniser les règles de trois jours de carence de la même
01:23manière que dans le privé, or ce n'est pas vrai puisque en vérité dans le privé,
01:29dans à peu près 75% des cas, ce sont les entreprises qui prennent en charge ces jours
01:34de carence, ça concerne à peu près les trois quarts des salariés du privé.
01:37Par ailleurs quand on fait ce type de comparaison entre le privé et le public, on omet généralement
01:42de dire que par exemple dans le public les salaires sont plus bas, qu'il y a une partie
01:46plus importante de la rémunération qui est sous forme de primes, là je parle par exemple
01:49sur la question du plafonnement à 90% des indemnités en cas de congé maladie, bref
01:55je trouve que c'est une manière scandaleuse d'essayer de faire des économies en pointant
01:59du doigt les fonctionnaires alors que s'il y a de la souffrance au travail aujourd'hui
02:03dans la fonction publique, il faut lutter contre les raisons de cette souffrance au
02:06travail et pas cibler ceux qui en sont victimes.
02:09Justement comment vous attaqueriez à l'absentéisme dans la fonction publique ? Le ministre dit
02:12que le nombre de jours d'absence a explosé, plus 80% en 10 ans chez les fonctionnaires.
02:18D'abord il faut se poser la question de savoir pourquoi ? Parce qu'il y a eu sans
02:21doute, d'abord il y a plus de souffrance au travail et ça produit des absences et
02:26pourquoi il y a plus de souffrance ? Parce que les conditions de travail dans la fonction
02:29publique se sont très largement dégradées ces dernières années, parce que souvent
02:34on demande à des fonctionnaires de faire le travail de deux fonctionnaires parce qu'il
02:37n'y a pas suffisamment de postes, parce qu'il suffit de regarder dans l'enseignement
02:41par exemple, vous voyez bien que les profs non remplacés se comptent maintenant par
02:46centaines et par milliers, donc vous avez des professeurs qui sont là et qui sont obligés
02:50de courir parce que vous avez des personnels de l'éducation nationale qui ne sont pas
02:53suffisamment nombreux et donc ça ce n'est certainement pas la recette du gouvernement
02:57qui va permettre de répondre à cette problématique.
02:59Dans le budget de M. Barnier, on annonce qu'il va y avoir 4000 enseignants en moins.
03:03Donc si on veut lutter contre ces difficultés-là, il faut renforcer les moyens de la fonction
03:07publique et certainement pas les taper du doigt ou taper sur les doigts de celles et
03:12ceux qui sont absents.
03:13Parce que s'ils sont absents, s'ils sont en congé maladie, c'est parce qu'il y a
03:15de la souffrance au travail tout simplement.
03:17Puisque l'on parle là du volet dépenses du budget qui arrive en commission que vous
03:21allez peut-être devoir examiner dans l'hémicycle, ce qui n'est pas sûr encore, donc dépense
03:28ça veut dire économie.
03:29Quelles économies vous, à gauche, vous proposez ? On va parler du volet recette, vous proposez
03:34beaucoup d'impôts, mais côté économie ?
03:36Non mais d'abord, moi je ne propose pas beaucoup d'impôts, on va en parler en détail.
03:38Je propose une fiscalité plus importante sur une catégorie de la population, c'est-à-dire
03:43les plus riches.
03:44Maintenant, la difficulté elle est que M. Barnier nous dit qu'il faut faire 60 milliards
03:48d'euros d'économie, mais il nous dit d'ores et déjà, avant même le début de la discussion
03:51budgétaire, 40 milliards de ces 60 milliards d'euros d'économie doivent être faits par
03:55la baisse de la dépense publique et donc ça a les conséquences dont on était en train
03:58de parler sur les fonctionnaires, sur les budgets d'un certain nombre de ministères.
04:02Moi je dis que ce ratio-là, 1 tiers dans les nouvelles recettes et 2 tiers dans la baisse
04:08de la dépense, ce ratio n'est pas bon, c'est ça qu'il faut modifier.
04:11Moi je pense qu'au contraire, il faut aller chercher des recettes nouvelles, parce que
04:14si aujourd'hui le pays est dans une situation de déficit telle que celle qu'on connaît,
04:19ça a été dit pas uniquement par moi, même les agences de notation le disent.
04:22C'est parce que depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, l'État s'est assis
04:26sur 60 milliards d'euros de recettes par an.
04:28Ça veut dire que ces 60 milliards d'économie que le gouvernement cherche, dont l'État
04:32a besoin pour revenir, c'est l'objectif, à 5% du déficit l'an prochain, vous pouvez
04:37les faire quasi-exclusivement via des prélèvements de nouvelles taxes, raisonnablement.
04:44Le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, dit « revenons un peu de rationalité ».
04:48Vous dites « rationnellement c'est possible ».
04:50Mais bien sûr que c'est possible.
04:51C'est même pas compliqué du tout.
04:53Je vous donne un exemple.
04:54Dans la discussion du budget la semaine dernière à l'Assemblée nationale, on a fait voter
04:59en faveur d'un amendement qui est ce qu'on appelle la « taxe Zucman sur les milliardaires
05:03». C'est une taxe qui concerne très précisément
05:06147 personnes en France.
05:08Donc contrairement à ce que dit le gouvernement, ça ne touche pas l'ensemble de la population.
05:11Les 147 personnes qui sont à un patrimoine, qui sont milliardaires.
05:15Si vous mettez une taxe de 2% sur la fraction au-delà du milliard de patrimoine, vous rentrez
05:20à peu près 15 milliards d'euros de recettes.
05:22Vous faites 25% de l'effort qui est nécessaire.
05:24Donc oui, bien sûr que c'est possible de faire comme ça.
05:27Parce que sinon quoi ? Parce que les dépenses, la réduction des dépenses dont nous parle
05:31le gouvernement, il faut dire ce que c'est.
05:33C'est moins d'argent pour l'éducation nationale, j'en ai parlé, c'est moins
05:36d'argent dans le ministère des Outre-mer, c'est moins d'argent dans le ministère
05:40de l'écologie aujourd'hui.
05:42Alors que tout le monde sait que nos efforts en matière de transition écologique sont
05:45bien inférieurs à ce qu'il est nécessaire de faire pour faire face à l'urgence climatique.
05:51Sur les Outre-mer, simplement, je précise que le ministre a annoncé hier qu'il ferait
05:55partie des ministères pour lesquels le budget serait sanctuarisé.
05:59Non, il a annoncé, pardonnez-moi de préciser les choses, dans les 5 milliards de nouvelles
06:04économies qu'il a annoncées hier, le budget des Outre-mer ne serait pas concerné par
06:08ces 5 milliards d'économies supplémentaires.
06:10Comme le ministère des armées qui font l'objet de plans plus récents.
06:13Ça c'est vrai.
06:14Par contre, il y a déjà eu des coupes cette année et il y a déjà des coupes qui étaient
06:18prévues avant ces nouvelles 5 milliards, pardonnez-moi du niveau peut-être un petit
06:21peu trop de précision, qui impactent ces différents ministères, y compris le ministère
06:26de la Justice, contrairement d'ailleurs à ce que dit le ministre.
06:29Bref, tout ça pour vous dire, je pense que l'effort, il faut le mettre dans l'augmentation
06:33des recettes de l'État et certainement pas dans la baisse de dépenses qui vont impacter
06:37les services publics et qui donc en dernier lieu vont impacter les Françaises et les
06:40Français.
06:41Mais c'est vrai que vous avez fait passer plusieurs amendements, de nombreux amendements,
06:44en particulier pour taxer davantage les plus riches et les grandes entreprises.
06:49Ce sont des victoires que vous avez obtenues sur le gouvernement dans l'hémicycle, portées
06:54donc en partie et en grande partie par le nouveau front populaire.
06:58Est-ce que ces victoires sont autre chose que symbolique ? Puisqu'à l'arrivée,
07:02le Sénat va détricoter ce que vous avez fait et le gouvernement peut passer au 49.3
07:05le texte de son choix ?
07:07Écoutez, ça c'est de la responsabilité du gouvernement, moi avec mes collègues députés
07:11du nouveau front populaire et de la France Insoumise, nous avons été élus pour faire
07:14notre travail.
07:15Et faire notre travail c'est essayer de modifier en profondeur ce budget pour que ça ne soit
07:19pas un budget de matraquage social comme le gouvernement s'apprête à le faire, puisque
07:24j'ai parlé des réductions dans les dépenses, mais il est aussi envisagé dans le gouvernement
07:30de M.Barnier, une augmentation des taxes sur l'électricité par exemple, une désindexation
07:35des pensions de retraite pendant les 6 premiers mois de l'année, et moi je lutte contre
07:39ça.
07:40Et pour lutter contre ça, parce que je suis cohérent, je fais des propositions alternatives
07:44de recettes, dont celles que j'ai évoquées.
07:46Maintenant oui, le gouvernement peut faire un 49.3 à la fin, s'il fait un 49.3 à la
07:49fin, que les choses soient claires, nous nous déposerons une motion de censure pour le
07:52faire tomber.
07:53Et sur le matraquage social, le gouvernement répond, matraquage fiscal, boucherie, tyrannie
07:58fiscale, 40 milliards supplémentaires via vos amendements, encore une fois, est-ce bien
08:06raisonnable ?
08:07Le gouvernement est malhonnête dans cette discussion depuis le début, parce qu'il
08:09essaye de faire croire que les mesures que nous proposons sont des mesures qui viseraient
08:14les françaises et les français dans leur globalité, et c'est totalement faux.
08:17Aucun des amendements que nous avons déposés s'attaque, ou mettraient à contribution
08:22davantage, les 90 ou 95% des français les plus pauvres, au contraire.
08:27La porte-parole du gouvernement dans le Parisien aujourd'hui en France ce week-end prend trois
08:31exemples, la taxe sur les ventes de résidences principales, la surtaxe sur l'assurance-vie
08:36et la hausse des droits de succession, est-ce que ça c'est s'attaquer aux ultra-riches ?
08:40Non mais ça on peut en parler si vous voulez, mais prenons l'exemple de la hausse des droits
08:45de succession, en l'occurrence vous avez en France aujourd'hui seulement 20% des français
08:50qui ont le plus de patrimoine qui payent des droits de succession, et à aucun moment
08:53nous avons proposé d'impacter ceux qui n'en payent pas par exemple.
08:57Par ailleurs cet amendement n'a pas été voté en l'occurrence, puisqu'il a été rejeté.
09:00Mais si on prend dans la discussion les amendements qui ont été approuvés, adoptés par une
09:06majorité de députés à l'Assemblée Nationale, c'est la taxe Zucman sur les milliardaires
09:10dont j'ai parlé tout à l'heure qui touche 147 personnes, c'est une surtaxe sur les
09:15dividendes, c'est la pérennisation de la contribution exceptionnelle que le gouvernement
09:20a prévu de mettre en place, ce qu'il a appelé une contribution exceptionnelle sur les plus
09:24riches, en disant que globalement ils ne payent pas suffisamment d'impôts parce qu'ils bénéficient
09:29de dispositifs d'optimisation ou d'exonération fiscale, donc il faut mettre un taux minimum
09:33d'impôts.
09:34Bon, nous nous avons dit mais si vous le faites de manière provisoire, parce que vous considérez
09:38qu'ils ne payent pas suffisamment d'impôts par rapport à ce qu'ils devraient payer
09:41normalement, pourquoi vous le faites de manière provisoire et pas de manière permanente ? Donc
09:44nous avons fait un amendement pour le rendre permanent, cet amendement a été voté.
09:48Donc vous voyez, ce sont des mesures de bon sens, la justice fiscale, elle ne peut pas
09:52être provisoire, si vraiment c'est une mesure de justice fiscale, elle doit être permanente.
09:56Je pense que le gouvernement est très malhonnête dans son argumentation et la vérité c'est
10:00que le budget qui va impacter les Françaises et les Français dans leur ensemble, c'est
10:05pas le budget que nous proposons, le contre-budget que nous proposons, c'est le budget que
10:08Michel Barnier a mis sur la table.
10:10Parce que quand vous augmentez les tarifs de l'électricité, ça, ça concerne tous
10:12les Français.
10:13Quand vous désintexez les pensions de retraite, ça concerne tous les retraités, en particulier
10:17les 2 millions de retraités pauvres dans ce pays.
10:19On va parler des retraites, mais vous parlez de contre-budget, vous n'avez pas justement
10:22proposé de contre-budget de manière unie, à gauche, pour la fin de 2022 ?
10:29Non, non, pardonnez-moi de vous le dire, au début de cette discussion budgétaire,
10:32nous avons fait 10 propositions communes de l'ensemble du nouveau Front Populat, de
10:36nouvelles recettes, dont certaines de ces propositions ont été ensuite déposées
10:41par les différents groupes sous forme d'amendements communs, identiques, et ces amendements pour
10:45certains d'entre eux ont été votés.
10:46Donc nous avons bien fait des propositions communes.
10:49Donc il n'y a pas de problème d'unité à gauche, on a vu par exemple, je crois,
10:52juste un exemple.
10:53Je vous en prie.
10:54Mais c'est vrai que cette assemblée est inédite.
10:56Dans le débat pour alourdir le malus écologique sur les véhicules essence et diesel, vous
11:01les insoumis, avec les écologistes, vous avez voté avec les macronistes pour alourdir
11:06ce malus, alors que vos alliés communistes et socialistes ont voté avec le RN et LR
11:12pour faire sauter cette mesure.
11:13Alors, d'abord, que les choses soient claires, dire que nous avons fait des propositions
11:19communes de nouvelles recettes ne veut pas dire qu'on est d'accord sur tous les sujets.
11:22Donc il peut y arriver, il peut arriver que sur certains sujets, nous ne soyons pas exactement
11:25sur la même position.
11:27Maintenant, s'il y a un camp qui est divisé quand même, je veux le dire, dans cette discussion
11:31budgétaire, c'est ce qu'on appelle le bloc central.
11:34Le bloc central qui a étalé pendant toute la semaine ces divisions entre ceux qui pensent
11:39qu'il faut une contribution sur les plus riches, ceux qui pensent qu'il ne la faut
11:41pas, ceux qui pensent qu'il faut qu'elle soit permanente, ceux qui pensent qu'il faut
11:44qu'elle soit provisoire.
11:45Et surtout, ce qui m'a frappé dans cette discussion budgétaire, c'est la démobilisation
11:49totale d'un camp, le camp gouvernemental.
11:52Comment vous expliquez cet absentéisme justement, puisqu'on parle d'absentéisme, des députés
11:58du socle gouvernemental ?
11:59C'est tout à fait hallucinant.
12:00Peut-être que M.
12:01Kasbarian, avant de s'en prendre à l'absentéisme des fonctionnaires, devrait se poser la question
12:04de l'absentéisme de ses propres députés.
12:05Parce que dans toute la discussion budgétaire, il y avait entre 10 et 20% des députés macronistes
12:09qui étaient présents.
12:11C'est quand même assez stupéfiant.
12:12Nous, les insoumis, nous étions toujours autour de 70% de présence.
12:15Que tout le monde ne puisse pas être là tout le temps, il faut le comprendre, c'est
12:17une discussion qui dure une semaine, il y a des contraintes en circonscription, mais
12:2010 à 15% de députés présents pour défendre le budget du gouvernement, c'est tout simplement
12:26scandaleux.
12:27Quand je l'explique, je pense que ce bloc central n'existe pas, qu'il n'a aucune
12:30cohérence politique, que ça a été seulement un artifice pour empêcher le nouveau Front
12:35populaire d'arriver au pouvoir.
12:36Et c'est ça ce qui apparaît sous les yeux ces derniers jours.
12:39Justement, dans cette assemblée inédite, est-ce que vous ne vous dites pas, compte
12:42tenu du manque d'unité des alliances qui composent cette assemblée, qu'il y avait
12:47un autre chemin vers plus de compromis pour faire adopter un budget qui aurait été plus
12:54représentatif des différentes sensibilités ?
12:56Mais ça, c'est de la responsabilité du gouvernement.
12:58Écoutez, quand le gouvernement arrive dans la discussion et dit « il y a une chose qui
13:02ne changera pas, quelle que soit la discussion parlementaire, c'est que deux tiers de l'effort,
13:06ça sera dans la baisse des dépenses, et un tiers de l'effort, ça sera dans des nouvelles recettes. »
13:10À partir du moment où le gouvernement dit « ça, dans tous les cas, ça ne bougera pas »,
13:13alors il n'y a pas de compromis possible.
13:14Parce que s'il voulait vraiment chercher un compromis, il dirait « je laisse aux parlementaires
13:19choisir ce qui est de l'ordre de nouvelles recettes et ce qui est de l'ordre de la baisse
13:23des dépenses ».
13:24Le gouvernement ne veut pas discuter, on voit bien qu'il a une stratégie de laisser pourrir
13:27la discussion.
13:28Vous savez, la moitié des amendements qui ont été déposés dans cette discussion l'ont
13:31été par des soutiens du gouvernement.
13:32Donc c'est quand même bien la preuve que le gouvernement a l'intention de gagner
13:35du temps, pour à la fin, sans doute utiliser les délais constitutionnels pour nous mettre
13:40au pied du mur d'accepter ce budget.
13:41Nous ne le ferons pas, c'est clair, sauf s'il est tellement transformé qu'il correspond
13:46à un budget, qui est un budget juste, mais qui n'est pas le cas aujourd'hui.
13:49On va parler des retraites, Manuel Bompard, qui reviennent en débat à l'Assemblée,
13:53mais d'abord une question pour vous de Claude, au Standard de France Inter.
13:56Bonjour Claude.
13:57Oui, bonjour.
13:58Bonjour.
13:59Bonjour.
14:00Je voulais poser une question toute simple à Monsieur Bompard.
14:02Monsieur Bompard, qui est pour l'égalité des Français et contre tous les privilèges,
14:06comment peut-il accepter que des gens malades aient trois jours de carence et d'autres
14:10seulement un jour ? C'est totalement injuste, expliquez-moi pourquoi, qu'est-ce que vous
14:15en pensez de ça ?
14:16On revient donc sur le projet du gouvernement de durcir les règles pour l'assurance maladie
14:19des fonctionnaires.
14:20Bonjour, merci pour la question, je suis d'accord avec vous sur le fait que c'est une inégalité
14:26qui n'est pas acceptable, mais moi je vous pose une question, pourquoi quand il y a une
14:29inégalité on devrait la régler en s'alignant par le bas sur les mesures qui sont les plus
14:34défavorables pour les salariés ? Moi je n'ai pas de problème à ce qu'on réduise la durée
14:38des trois jours de carence dans le privé à un jour comme c'est le cas dans le public
14:42aujourd'hui, ça c'est la première chose que je veux vous dire, et la deuxième c'est
14:46que comme j'ai essayé de l'expliquer tout à l'heure, en vérité dans le privé ces
14:49trois jours de carence, dans 75% des cas, ils ne sont pas en vigueur parce que ce sont les
14:55fonds de prévoyance des entreprises qui le prennent en charge.
14:58En fait s'il y a une inégalité aujourd'hui, malheureusement elle frappe davantage les
15:03fonctionnaires que les salariés du privé.
15:05Mais oui, pas de problème pour essayer d'uniformiser les conditions de travail entre le privé
15:09et le public, mais alors faisons-le sur la base de ce qui est le plus favorable pour
15:12les salariés et pas toujours sur la base de ce qui est le plus défavorable pour eux.
15:15Et il y a énormément de questions au Standard de France Inter sur cette question des jours
15:21de carence et de l'indemnisation des agents de la fonction publique.
15:25Un autre gros morceau, Manuel Bompard, auquel vous allez vous attaquer à partir d'aujourd'hui
15:29avec vos collègues députés, c'est le budget de la Sécurité Sociale.
15:33Dans ce cadre, le gouvernement prévoit de reporter de six mois de janvier à juillet
15:372025 la révalorisation des pensions de retraite pour dégager 4 milliards d'euros d'économie.
15:43Vous espérez faire tomber cette mesure ? Vous avez bon espoir ? Elle était tombée en commission ?
15:47Oui bien sûr, il faut rejeter cette mesure, c'est une mesure qui est juste inacceptable.
15:52Comprenez bien, ça a été évalué en moyenne pour les retraités à moins de 300 euros
15:56de revenus pour l'année prochaine et c'est une mesure qui concerne l'ensemble des retraités
16:01et qui concerne en particulier, je le disais tout à l'heure, les 2 millions de retraités
16:05en France qui vivent sous le seuil de pauvreté.
16:07Comment vous pouvez expliquer que le gouvernement refuse de mettre à contribution les 147 milliardaires
16:13de ce pays qui ont vu leur patrimoine doubler depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir
16:17mais sont prêts à prendre plusieurs centaines d'euros à des retraités qui vivent sous
16:21le seuil de pauvreté ? C'est juste inacceptable, comment on peut expliquer que ça c'est une
16:24mesure de justice ? Ce n'est pas du tout une mesure de justice.
16:26Donc nous, nous avons l'intention effectivement de faire tomber cette mesure tout simplement.
16:30Mais alors vous qui prônez toujours l'abrogation de la réforme des retraites, si cette réforme
16:36était abrogée, la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse citée par le journal Les Echos
16:41dit que cette abrogation coûterait près de 3 milliards et demi d'euros dès l'année
16:44prochaine et près de 16 milliards en 2032, comment vous résorbez ce déficit ?
16:49Écoutez, on a organisé lundi dernier à l'Assemblée Nationale, avec l'ensemble
16:52des organisations syndicales et patronales d'ailleurs, une conférence de financement.
16:56Et il suffit d'écouter les discussions qui ont eu lieu ce jour-là pour montrer qu'il
17:01existe beaucoup de manières de pouvoir financer un retour à l'âge de départ à la retraite
17:05à 62 ans comme une première étape.
17:07Moi je suis pour aller plus loin, je suis pour revenir à l'âge de départ à la retraite
17:10à 60 ans, c'était dans le programme du nouveau Front Populaire.
17:13Je vous donne juste un exemple, mais si vous soumettez par exemple à cotisation les dividendes
17:19versés aux actionnaires qui aujourd'hui sont exonérés de cotisation, vous rentrez
17:22dans les caisses de retraite à peu près 15 milliards d'euros.
17:25Si vous faites une surcotisation, ce qu'on avait proposé sur les revenus au-delà de
17:294000 euros net par mois, vous pouvez rentrer des milliards d'euros supplémentaires dans
17:36la caisse du régime de retraite.
17:37Si vous avez des mesures contraignantes pour l'égalité salariale entre les hommes et
17:41les femmes, parce que si vous augmentez les salaires des femmes pour les mettre au même
17:44niveau que les salaires des hommes, vous allez générer des cotisations supplémentaires
17:48qui vont permettre de faire rentrer dans les caisses de retraite de quoi financer très
17:51largement le retour à l'âge de départ à la retraite à 62 ans.
17:54Tout ça, c'est une question de choix politique.
17:56Nous, le choix politique que nous proposons, c'est de dire que quand on a travaillé toute
18:00sa vie, quand on arrive à 60 ans, qu'on est fatigué, qu'on est épuisé, on n'est pas
18:03obligé de partir à la retraite.
18:05Je sais qu'on me dit parfois qu'il y a des gens qui veulent pouvoir continuer à travailler.
18:07Personne ne dit qu'ils ne peuvent pas continuer à travailler.
18:09On dit que ceux qui sont dans une situation qui fait qu'ils doivent partir à la retraite
18:13doivent pouvoir le faire.
18:14Est-ce que vous allez voter si le texte du RN qui propose cette abrogation revient dans
18:20l'hémicycle peut-être jeudi lors de ce qu'on appelle la niche parlementaire du RN ?
18:25Si ce texte revient, est-ce que vous voterez avec Marine Le Pen et ses troupes ?
18:28Écoutez, le plus probable aujourd'hui, et ce qui est quasi certain, c'est que le texte
18:33ne revienne pas à l'identique puisque le texte a été examiné en commission mercredi
18:37dernier et qu'en commission mercredi dernier, tellement il a été écrit avec les pieds,
18:41tellement le RN est une bande d'incapables, y compris sur ce sujet, ce texte a été complètement
18:46vidé de sa substance.
18:47Moi, je vous dis, le RN est une escroquerie sur le sujet.
18:51Quand vous prenez les positions du RN sur les retraites, je les ai notées quand même
18:54parce que c'est difficile de suivre.
18:56Le RN défendait l'âge de départ à la retraite à 65 ans en 2007, ils sont revenus
19:01à l'âge de départ à la retraite à 60 ans en 2012, puis 62 ans en 2022, puis 64
19:05ans en 2024 pendant la campagne des élections législatives parce que M.
19:09Macron était là, disait non, non, ce n'est plus la priorité d'abroger la réforme
19:11des retraites.
19:12En quelque sorte, l'âge de départ à la retraite pour le RN, c'est comme au loto,
19:15vous ne savez pas en fonction de l'année, vous ne savez pas sur quel jour ou quelle
19:18durée ça va tomber.
19:19Donc moi, je dis, il n'est pas question de leur donner un point, de leur donner une
19:23quelconque crédibilité sur le sujet.
19:24Est-ce que c'est juste une façon justement de ne pas leur accorder une victoire et de
19:29pouvoir revendiquer effectivement cette crédibilité sur le sujet ?
19:33Est-ce que vous avez lu la proposition du RN sur ce sujet ? Je l'ai fait.
19:37Par exemple, lisez l'exposé des motifs de la proposition de loi d'abrogation de
19:41la réforme des retraites du RN.
19:42Il est marqué, en ce qui concerne le financement, en quelque sorte, nous ne présentons pas
19:47de plan de financement précis parce que tout ça doit s'envisager de manière globale
19:51une fois que Marine Le Pen sera arrivée au pouvoir.
19:53Vous trouvez ça sérieux franchement de faire une proposition d'abrogation de la réforme
19:57des retraites en 2024 dans laquelle vous dites on ne la finance pas, on la financera en 2027
20:01en espérant, c'est ce qu'ils disent, que Marine Le Pen arrive au pouvoir.
20:04Mais moi, je n'ai pas envie que Marine Le Pen arrive au pouvoir.
20:06Je me bats contre Marine Le Pen.
20:07Donc comment comptez-vous obtenir cette abrogation puisque les amendements que vous allez introduire
20:12dans le débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale risquent d'être
20:17retoqués pour irrecevabilité financière ?
20:20Alors, vous avez raison.
20:21Il y a quand même des amendements qui sont des amendements, ce qu'on appelle des amendements
20:25d'appel qu'on a déposés dans le cadre du projet de loi de finance de la Sécurité
20:28Sociale qui vont être examinés cette semaine et j'espère qu'ils soient votés.
20:30Mais surtout, il y a la niche parlementaire du groupe de la France Insoumise qui va avoir
20:34lieu le 28 novembre prochain, c'est dans quelques semaines, et à cette occasion-là,
20:38le nouveau Front Populaire va proposer une proposition de loi d'abrogation de la réforme
20:43des retraites, de retour à l'âge de départ à la retraite à 62 ans.
20:45Et là, vous accepterez les voix du RN le cas échéant ?
20:47Non mais moi, je n'ai pas à les accepter ou pas les accepter.
20:49Je souhaite qu'une majorité de députés votent et je souhaite que cette proposition
20:53de loi puisse être approuvée.
20:55Ensuite, c'est ça aussi qui est important de le dire, contrairement d'ailleurs à la
20:58proposition complètement fantasque du Rassemblement National, c'est que nous avons déjà la garantie
21:03que cette proposition de loi soit ensuite intégrée dans une niche parlementaire au
21:06Sénat, le groupe communiste a donné son accord, ça sera au mois de janvier, et ça
21:10pourra revenir ensuite à l'Assemblée Nationale dans une niche parlementaire du groupe écologiste
21:14au mois de mars à l'Assemblée.
21:15Donc il y a déjà un parcours législatif qui est prêt pour effectivement tenter d'abroger
21:19cette réforme des retraites.
21:20Bonjour Laurent.
21:21Oui bonjour, merci de prendre ma question.
21:24Une question pour Manuel Bompard.
21:25Oui, en fait, c'est pour tous les députés.
21:27Je suis effaré par la course à la création d'impôts alors qu'on sait où est l'argent.
21:31On supprime directement les services de communication des collectivités territoriales, régions,
21:36métropoles, départements.
21:37On va faire d'énormément d'économies, on aura beaucoup plus d'argent pour le reste
21:41et c'est que de la propagande.
21:42Manuel Bompard, bon, Laurent a une dent contre les services de communication, il y a sans
21:48doute des économies à faire.
21:49La question que vous pose Laurent, c'est pourquoi autant d'impôts et quasiment aucune
21:56économie ?
21:57Attendez, bon, je veux dire, moi je ne suis pas contre l'idée qu'ils fassent faire
22:02des économies.
22:03Je dis juste que cette manière de faire croire qu'on va faire des économies qui vont être
22:07un dolor pour les Françaises et les Français, je trouve ça scandaleux.
22:10Maintenant, par exemple, je vous donne un exemple, le crédit impôt recherche, c'est
22:14une dépense, c'est la première dépense fiscale de l'État aujourd'hui.
22:17Bon, ça coûte beaucoup d'argent et ça coûte beaucoup d'argent, parfois c'est
22:22justifié parce que ça permet effectivement de subventionner et d'aider la recherche
22:26et le développement.
22:27Et ça, personne ne peut être contre.
22:28Mais on sait, et des études ont été faites sur le sujet, que dans une grande partie des
22:31cas, c'est absorbé par des grands groupes pour faire tout sauf de la recherche et le
22:34développement.
22:35Là, par exemple, il y a des économies à faire, donc moi je ne dis pas qu'on ne peut
22:38faire aucune économie.
22:39Mais essayer de dire que c'est une mesure juste d'aller s'en prendre aux retraités,
22:44d'augmenter les tarifs de l'électricité, de supprimer encore des postes de fonctionnaire
22:47dans l'éducation nationale et que ça va améliorer la vie des Françaises et des Français,
22:51je trouve que c'est tout simplement malhonnête.
22:53Une question pour terminer, Emmanuel Bompard, sur la visite d'État d'Emmanuel Macron
22:57au Maroc à partir d'aujourd'hui.
22:58Est-ce que vous vous réjouissez de ce réchauffement après des années de bruit diplomatique ?
23:03Oui, bien évidemment.
23:05Vous savez, moi je pense que…
23:06Quitte à s'éloigner de l'Algérie ?
23:07Non mais justement, moi écoutez, je pense que la responsabilité de la France, de la
23:12diplomatie française, c'est de nouer des nouvelles formes de partenariats d'accord
23:18avec les pays du pourtour méditerranéen.
23:20D'arrêter de considérer en quelque sorte ce qui se passe de l'autre côté de la
23:24Méditerranée comme quelque chose qu'on doit mettre à distance.
23:27Et donc moi, je souhaite qu'on ait des relations diplomatiques qui soient avancées
23:30avec le Maroc, mais aussi avec l'Algérie, mais aussi avec la Tunisie, avec tous les
23:33pays du pourtour méditerranéen.
23:35Et qu'on soit pas seulement dans une approche, là j'ai entendu ce que disait M.
23:38Retailleau, comptable, de visa, etc.
23:41Il est du voyage pour négocier effectivement la question des visas et des obligations de
23:46quitter le territoire français qui sont très peu exécutées parce que, notamment,
23:50les pays, le Maroc entre autres, n'acceptent pas leurs ressortissants qui se sont expulsés.
23:58Mais écoutez, justement, pourquoi y a-t-il eu une crise diplomatique ? C'est vous
24:01qui l'avez dit.
24:02Parce que le gouvernement précédent avait pris la décision de diviser par deux le nombre
24:06de visas qui ont été accordés, ça n'a pas du tout fonctionné, ça n'a produit
24:09aucun effet.
24:10Et ils ont été obligés de revenir sur cette mesure un an plus tard.
24:12Moi, je dis qu'il faut sortir de cette vision, de ce rapport-là, au pays du pourtour
24:16méditerranéen et construire d'autres formes de coopérations, des coopérations
24:19culturelles, des coopérations économiques, des coopérations universitaires.
24:22C'est notre richesse, la mer Méditerranée.
24:24Ce qui se passe autour de la mer Méditerranée, il faut lui donner une dynamique positive
24:28et la France, elle devrait être à l'initiative de cette dynamique positive plutôt que de
24:32voir ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée comme un danger.

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