Trafic de drogue: la prise de parole de Bruno Retailleau en intégralité

  • il y a 14 heures
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, s'est rendu ce mardi soir à la Direction départementale de la police judiciaire à Nanterre.

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Transcription
00:00Priorité au direct, le ministre de l'Intérieur à Nanterre avec la police judiciaire et les saisies de drogue.
00:05Pour ces sacs de résine de cannabis, il y en a une tonne. C'est un travail nuit et jour. C'est un travail le week-end.
00:15Et c'est aussi un courage qui est absolument incroyable. Donc je suis venu ici, à la direction départementale de la police judiciaire,
00:24pour saluer et les enquêteurs et la BRI. Ils ont fait un travail extraordinaire. Donc la première chose, c'est qu'il faut être au contact des hommes et des femmes,
00:33leur exprimer notre reconnaissance, notre gratitude, parce qu'il n'y a rien d'évident. Quand on réalise une telle saisie, vous n'imaginez pas l'ingéniosité,
00:42vous n'imaginez pas le courage, vous n'imaginez pas le travail qu'il a fallu derrière. Ensuite, moi je considère qu'aujourd'hui en France, il est minuit moins de quart.
00:51Je considère que le narco-banditisme doit être désormais envisagé comme une cause pour un combat qui est national. Parce que c'est une cause racine de l'hyper-violence,
01:05on le voit parfaitement. Parce que ça peut menacer nos institutions jusqu'à notre souveraineté dans certaines parties du territoire, avec une corruption qui peut s'étendre.
01:15Et moi, je ne veux pas que demain, notre pays, la France, soit sur la voie de la cartélisation. Donc il va falloir réagir. Et réagir de façon très, très déterminée, sur deux plans.
01:30Je veux m'adresser aux consommateurs. Parce que trop souvent, on dit voilà, on fume, etc., c'est du rétractif. Moi, ce que je veux dire, c'est qu'un joint, il a le goût du sang,
01:42il a le goût des larmes. Parce que derrière le joint, la coke ou d'autres drogues, il y a des réseaux, il y a des mafieux, il y a des gens qui profitent d'autres êtres humains,
01:55qui s'engraissent, qui font des fortunes, qui commanditent des crimes, des assassinats de la pire des façons. S'il y a une offre, c'est parce qu'il y a une demande.
02:08Il faut responsabiliser les consommateurs. Et ça, c'est un discours de vérité que je veux tenir. La deuxième chose, c'est que je pense que si on fait du narcobanditisme
02:21une grande cause pour un grand combat, je l'ai comparé tout à l'heure en m'adressant aux enquêteurs, en m'adressant à la Bairie, à ce qui s'est passé pour le terrorisme.
02:32On est en 2015. La France s'est frappée. Et à l'époque, on est démuni. On n'a pas de parquet national spécialisé, le PNAT. On a des services de renseignement
02:44qui ne sont pas vraiment coordonnés. Laurent Nunez a connu cela. Et on va prendre le taureau par les cordes. On va avoir une vraie stratégie. On va avoir un arsenal
02:55des outils législatifs qu'on va forger au fil des ans et on va obtenir des résultats. Je le disais tout à l'heure, trois attentats déjoués pour les Jeux olympiques.
03:05Je ne veux pas dire que demain, ça ne peut pas arriver parce que c'est un combat qui est toujours renouvelé, qui est toujours à recommencer. Mais on a su se réarmer contre le terrorisme.
03:15Ce qu'on a fait contre le terrorisme, il va falloir que dans les 10 ou les 20 prochaines années, on le fasse pour le narco-banditisme avec la même détermination dans l'action,
03:27avec la même constance dans la durée et avec des outils, avec un arsenal législatif qui va nous permettre de doter les forces de sécurité, les enquêteurs d'outils qui leur permettront
03:40de contrer ces fortunes, ces réseaux qui sont en train d'infiltrer profondément un certain nombre de nos territoires.
03:50Ce que vous nous dites, c'est que l'arsenal législatif actuel n'est pas suffisant pour lutter contre le narcotrafic et qu'il faudra donc une nouvelle loi ?
04:00Si il n'y avait qu'une loi, ce serait facile. Je parle d'une volonté politique, d'un courage politique et je parle d'une stratégie qui sera globale.
04:10Bien sûr, il faut un arsenal. J'avais diligenté, lorsque j'étais patron du groupe au Sénat, une commission d'enquête. Elle a fait une trentaine de propositions.
04:18Elles peuvent être améliorées. C'était une commission transversale. Le président était un sénateur socialiste, le rapporteur, un sénateur, les Républicains.
04:28Donc on voit bien, même lorsqu'on a une assemblée nationale un peu archipélisée, qu'on peut regrouper les bonnes volontés.
04:36Mais moi, je pense, bien sûr, il y a des propositions sur la table. Je pense qu'il faut voir ce qui s'est passé, par exemple, aux États-Unis ou en Italie.
04:45Il faut frapper au portefeuille. Il faut saisir des biens. Al Capone est tombé, je vous le rappelle, sur une enquête fiscale. Il faut aussi donner un cadre pour les indicateurs.
04:56Est-ce que vous pensez un seul moment que, sans indicateurs, on pourrait avoir l'efficacité de nos enquêteurs, de nos policiers, de nos gendarmes ?
05:04Évidemment que non. Il faut avoir un statut du repenti. Donc il y a tous ces outils législatifs qu'il va falloir forger.
05:11Ce n'est pas seulement le ministre de l'Intérieur qui peut le faire. Et j'en ai déjà parlé avec Didier Migaud.
05:16Ça doit être un travail sous la responsabilité du Premier ministre, Michel Barnier, qui est, je pense, conscient des efforts qu'il va nous falloir produire.
05:25Mais il doit y avoir pas seulement un changement de degré dans notre action, mais de nature. Fondamentalement, on en est là.
05:34Quel regard vous portez sur les opérations PlaceNet, la stratégie de pilonnage des points de deal qui était portée par votre prédécesseur ?
05:43Je pense qu'il a eu raison de le faire et qu'un certain nombre d'opérations PlaceNet ont eu du succès.
05:50On est en train d'évaluer. Ça fait à peu près un an que les premières ont été déployées. Mais je pense que ça a été des actions qui ont été des actions déterminantes.
05:58On voit bien, d'ailleurs, dans les premiers retours que l'on a, c'est que ces actions, elles sont d'autant plus efficaces qu'elles sont parfaitement coordonnées,
06:05notamment pour la judiciarisation avec la justice, mais aussi avec des services fiscaux, avec les douanes. Donc ce sont des actions qui sont pas uniquement des actions
06:14de nos services d'ordre, des forces de sécurité intérieure. Elles doivent être coordonnées. Mais bien évidemment, on va en retirer l'expérience.
06:24S'il faut bouger, s'il faut améliorer, on le fera. Mais je pense qu'elles sont légitimes.
06:31Concernant l'immigration, vous souhaitez vous inspirer du modèle italien quid des personnes débutées, par exemple, du droit d'asile. Est-ce que vous pouvez revenir là-dessus ?
06:39Non. D'abord, je veux vous dire une chose. J'étais avec mes collègues, jeudi, à un conseil européen consacré à l'immigration, où il y avait autour d'une grande table,
06:51comme on peut les imaginer, c'était au Luxembourg, il y avait 27 ministres de l'Intérieur. Et on sait, chacun d'entre nous, on s'est exprimé.
07:00Je défie quiconque à l'expression des ministres de l'Intérieur. Je défie quiconque de me dire si le ministre de l'Intérieur qui s'exprimait appartenait à un gouvernement
07:10de droite ou de gauche, conservateur ou social-démocrate. Ce que je veux dire par là, c'est que nous, on a en France, souvent dans le microcosme, un débat franco-français.
07:21Mais au niveau européen, on est tous alignés. Il y a un très grand consensus, parce que les peuples, le peuple français, mais aussi les peuples européens,
07:29nous demandent de reprendre le contrôle, un contrôle qui nous a échappés. Sur l'Italie, bien sûr, il faut s'inspirer. Par exemple, l'Italie a obtenu des résultats,
07:41moins 64% de flux irréguliers. Et c'est pas l'Italie toute seule qui l'a obtenu. C'est grâce à des accords que l'Union européenne avait passés avec la Tunisie et avec l'Egypte.
07:52Ce que l'Union européenne a fait avec ces deux pays-là, pourquoi est-ce que la France, on ne le ferait pas avec d'autres pays, bien entendu ? On va voir ce que...
08:00Parce que pour l'instant, c'est une opération qui débute, l'opération qui consiste à prendre des migrants en mer pour les transférer en Albanie.
08:08Nous, on a aujourd'hui, notamment sur les demandeurs d'asile, on a une règle constitutionnelle qui date d'ailleurs de 1946 et qui nous dit, voilà,
08:18il faut examiner les demandes d'asile sur le sol français. Donc on ne peut pas vraiment tout copier. Mais je pense qu'on peut s'inspirer des meilleures pratiques.
08:27Et moi, je suis très heureux, parce que c'était ma première union. On a fait plusieurs demandes, dont une demande qui est pour nous importante.
08:35La directive retour qui a été votée en 2008, bien, retenez que la directive retour, elle empêche les retours. Et donc, il faut la réviser.
08:43On était tous d'accord. Et curieusement, et je m'en félicite, Mme van der Leyen, hier, quelques jours après notre réunion, quelques jours après que les ministres de l'Intérieur
08:52aient dit qu'il faut impérativement qu'on change la règle européenne, Mme van der Leyen a pris sa plume et elle a envoyé à tous les chefs d'État, les 27 chefs d'État,
09:01une lettre pour dire on va adopter une nouvelle législation et enfin, on va pouvoir plus facilement éloigner ceux qui n'ont pas à être sur le territoire français.
09:11C'est ça qu'il faut faire. Mais il faut, là encore, agir avec une très forte résolution et ne pas craindre, évidemment, les polémiques qui peuvent y avoir par ailleurs.
09:22Ce que je veux vous dire, c'est que ce que nous proposons ici, le débat qui existe aujourd'hui en France, il est porté par tous les ministres de l'Intérieur au niveau européen.

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