Manuel Valls, ancien ministre de l'Intérieur et ancien Premier ministre socialiste, était l’invité du Face-à-Face sur BFMTV et RMC ce mercredi 16 octobre. Il a notamment été interrogé sur la politique migratoire de la France, le conflit israélo-palestinien ou encore sur l'Aide médicale d'État.
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00:00BFM TV, face à face. Apolline de Malherbe.
00:09Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Manuel Valls.
00:13Bonjour Apolline de Malherbe.
00:14Merci de répondre à mes questions ce matin dans ce studio.
00:16Vous êtes ancien ministre de l'Intérieur, ancien Premier ministre.
00:19Bien sûr, de nombreuses questions à vous poser à l'aube de l'examen du budget,
00:23la question aussi du rôle du Rassemblement National, cette bataille autour d'Oliprane
00:28et puis les propos d'Emmanuel Macron sur la création d'Israël.
00:31Mais je voudrais qu'on commence avec la façon dont Bruno Retailleau veut revoir les lois immigration
00:37et notamment, notamment votre circulaire, la circulaire Valls.
00:41On pensait honnêtement que Manuel Valls vous faisiez partie des anciens premiers ministres
00:45ou ministres de l'Intérieur, peut-être les plus fermes sur ces questions-là.
00:48Quand on écoute Bruno Retailleau, au contraire, vous seriez un des plus laxistes
00:51ou en tout cas votre circulaire aurait fait rentrer beaucoup plus de monde qu'il ne le souhaite.
00:55Moi, j'essaie d'analyser, de comprendre les déclarations de Bruno Retailleau.
01:00J'imagine, et de ce point de vue-là, je le soutiens,
01:03il cherche à répondre à une attente très forte des Français.
01:07Je me suis déjà exprimé, y compris à votre micro, il y a quelques mois,
01:11sur ce sujet, celui de l'immigration, qu'il faut davantage maîtriser.
01:15Il faut une forme de rupture avec les politiques d'immigration
01:19qui ont été menées depuis plusieurs décennies.
01:21Donc vous soutenez la suppression de votre circulaire, la circulaire Valls ?
01:25Nous avons besoin d'une politique intelligente, souple,
01:30qui donne la main au préfet pour régler des problèmes
01:33qui, parfois, la loi ne peut pas régler.
01:36Je m'explique, la circulaire Valls, qui porte donc mon nom
01:39et qui date du 28 novembre 2012 et qui a duré donc 12 ans,
01:45visait à régler des problèmes insolubles, des non-expulsables,
01:50ni régularisables de travailleurs dans un certain nombre de secteurs
01:54clés pour notre pays, la restauration, le nettoyage,
01:58bref, là où nous avons ces salariés qui travaillaient déjà en France
02:01depuis un certain nombre d'années, et le cas aussi de familles
02:04et notamment d'enfants présents, par exemple, depuis déjà 3 ans
02:07sur notre sol, et des enfants scolarisés depuis 3 ans sur notre sol.
02:11Ces principes-là, qui sont des principes à la fois humains, réalistes,
02:16doivent, d'une manière ou d'une autre, être gérés.
02:19Autant, je crois qu'il faut être d'une très grande fermeté
02:22par rapport à l'immigration irrégulière.
02:25Il faut une politique très ferme aussi, à nos frontières,
02:28comme aux frontières de l'Europe.
02:30Nous n'avons pas besoin, sans doute dans beaucoup de secteurs,
02:33d'une nouvelle immigration, et si nous en avons besoin,
02:35il faudra des quotas, par secteur, par métier,
02:38et donc là, il faut réformer la Constitution,
02:41sur tous ces sujets, mais sur la circulaire,
02:44ou les principes de la circulaire, on peut toujours faire évoluer
02:47tel ou tel point, mais sur la circulaire elle-même,
02:50les principes, ils devront, d'une manière ou d'une autre,
02:53être respectés et appliqués.
02:55Il y a deux aspects, c'est-à-dire qu'il y a un aspect
02:57qui est l'automaticité de ces questions-là,
02:59dont vous dites aujourd'hui qu'il faut que les préfets
03:01puissent juger davantage au cas par cas,
03:03mais vous alertez, si je comprends bien malgré tout,
03:05sur une part d'humanité qu'il ne faudrait pas perdre
03:11en rejetant cette circulaire.
03:13C'est la question effectivement des parents d'enfants scolarisés
03:15depuis au moins trois ans, qui peuvent donc justifier aussi
03:17d'une installation durable en France,
03:19c'est la question des jeunes majeurs qui à 18 ans
03:21tombaient dans une forme de clandestinité
03:24ou de situation irrégulière,
03:26et c'est à eux que votre circulaire s'adressait précisément.
03:28Et ces principes-là doivent être maintenus,
03:30parce qu'il faut du réalisme, sinon on va se retrouver
03:33avec des salariés, des jeunes, des gamins,
03:37qui seront dans une situation de non-droit,
03:39ni régularisable, ni expulsable.
03:41Ça s'appelle une régularisation à titre exceptionnel.
03:44Voilà, et moi je n'avais pas voulu,
03:46ça renvoie à quelques années déjà en arrière,
03:49je n'avais pas voulu comme ministre de l'Intérieur
03:51une grande loi sur l'immigration,
03:53parce que je sentais bien, notamment à gauche,
03:55dans la majorité présidentielle de François Hollande,
03:58les divisions, les débats sur un sujet
04:01où nous n'étions pas très préparés.
04:02Donc j'ai voulu une circulaire réaliste,
04:04qui règle un certain nombre de problèmes concrets,
04:07des cas concrets.
04:08Et tout ministre de l'Intérieur, tout gouvernement,
04:11tout préfet sur le terrain,
04:13est amené ou sont amenés à traiter de ces questions.
04:16Après, il y a l'ensemble de la politique d'immigration...
04:18Cette question aujourd'hui, elle a l'air de prendre
04:20beaucoup de place, malgré tout.
04:22D'abord parce qu'effectivement,
04:24c'est des questions qui sont traitées en France,
04:26et des questions qui vont être traitées aussi en Europe,
04:28puisque c'est au menu du Conseil européen
04:30de jeudi et de vendredi, qui sera réuni à Bruxelles,
04:32avec la question du renforcement, je cite,
04:35du retour des clandestins dans leur pays d'origine.
04:37Michel Barnier et Bruno Retailleau
04:39se rendront à Menton, à la frontière avec l'Italie,
04:42vendredi, vraisemblablement avec cette question
04:45d'un renforcement des contrôles aux frontières.
04:47Lorsque vous regardez ce que fait l'Allemagne,
04:50ce que fait le Danemark, ce que font aussi
04:52nos voisins britanniques,
04:54sur le renforcement des contrôles aux frontières,
04:56est-ce que vous estimez que la France
04:58devrait peut-être aussi aller dans ce sens-là,
05:00dans ce que fait l'Allemagne, dans ce que fait le Danemark ?
05:02Oui, bien évidemment. Le débat sur la circulaire,
05:05c'est un point, mais qu'il n'est pas essentiel.
05:08Il est important, il est un peu symbolique,
05:11mais d'une certaine manière, ce qui était essentiel,
05:13c'est ce que vous venez de dire.
05:15C'est-à-dire, quelle politique d'immigration
05:17pour la France et pour l'Europe ?
05:19Et les deux sont essentiels, il faut les combiner ensemble,
05:22puisqu'il faut à la fois protéger nos frontières nationales,
05:25et surtout les frontières de l'Union européenne.
05:28Il y a un mouvement aujourd'hui en Europe,
05:30vous avez cité des pays dirigés par des sociodémocrates.
05:33Oui, ce sont des pays qui sont dirigés par la gauche.
05:35La Grande-Bretagne, le Danemark,
05:37depuis déjà un certain nombre d'années,
05:39plus récemment l'Allemagne, l'Italie aussi,
05:41dirigée par Madame Mélanie, de la droite populiste.
05:44Mais donc, vous voyez bien qu'il y a une nécessité d'un changement.
05:47Je vais vous prendre un exemple.
05:49Il y a aujourd'hui un nouveau Lampedusa en Europe.
05:51Ce sont les Canaries, avec des milliers de migrants,
05:55qui traversent l'Atlantique,
05:57des côtes marocaines ou mauritaniennes,
05:59ou sénégalaises, vers les Canaries.
06:01Plusieurs milliers, plusieurs dizaines de milliers,
06:04ces derniers mois, sont arrivés aux Canaries.
06:06Ces personnes-là sont ensuite amenées sur la péninsule ibérique,
06:11en Espagne, et beaucoup d'entre eux ensuite remontent vers le Nord.
06:14Beaucoup sont francophones.
06:16Donc on voit bien que...
06:17C'est un problème espagnol ou c'est un problème européen ?
06:19C'est un problème espagnol, c'est un problème européen.
06:21Et tant que l'Europe n'a pas aussi un projet,
06:24une vision sur le continent de demain qu'est l'Afrique,
06:27qui va doubler sa population,
06:29un pays comme le Nigeria va passer à 400 millions d'habitants d'ici 2050,
06:35donc pratiquement plus que la totalité de la population de l'Union européenne,
06:39nous voyons bien qu'il faut des mesures à la fois nationales et européennes.
06:44Mais ça veut dire quoi ?
06:45Ça veut dire des aides au développement supérieur ?
06:47Des aides au développement,
06:49des conditions aussi posées à cette aide au développement,
06:52des accords avec ces pays ?
06:54L'Italie a passé un certain nombre d'accords,
06:56notamment avec la Libye et la Tunisie,
06:59pour accueillir aussi des réfugiés ou des migrants clandestins avec l'Albanie.
07:03Donc il faut le moins d'idéologie possible,
07:06il faut beaucoup de réalisme,
07:07il faut répondre à cette question essentielle.
07:10Avons-nous besoin davantage d'immigration dans notre pays ?
07:14Aujourd'hui, je ne le pense pas.
07:16Quelle est la priorité ?
07:17C'est l'intégration et l'assimilation de ceux qui sont sur notre sol.
07:21Faut-il être plus ferme sur nos frontières intérieures et extérieures ?
07:24Oui.
07:25Donc sur ces politiques-là,
07:26ce que je demande déjà depuis un an,
07:28notamment au moment du débat sur l'immigration,
07:31la dernière loi immigration qui ne date que de janvier 2024,
07:34c'est qu'on soit capable de créer les conditions d'une union nationale,
07:38qu'on ne réponde pas seulement à la demande du Rassemblement national,
07:42mais que Bruno Retailleau soit capable de bâtir intelligemment,
07:46avec le Sénat et l'Assemblée nationale,
07:48et avec tous les groupes,
07:49une politique qui...
07:50Tous les groupes ? Vous pensez ?
07:51Le maximum de groupes...
07:52Parce que pour l'instant, c'est en effet surtout,
07:54on le voit bien, vis-à-vis du RN.
07:56Oui, mais il risque peut-être de ne pas avoir de majorité.
07:58Alors donc, ça veut bien dire que sur la base de ce qui se fait en Europe,
08:02sur le pacte de migration qui a été adopté il y a quelques mois,
08:05les uns et les autres, sans démagogie,
08:08au nom de l'intérêt général,
08:09soient capables de converger sur ce sujet-là qui nous oblige.
08:12Un changement massif, radical,
08:15en matière de politique d'immigration d'un côté,
08:17mais aussi d'assimilation et d'intégration de notre pays.
08:20Pour moi, c'est la priorité.
08:22Manuel Valls, vous avez évoqué le cas de l'Italie.
08:24Il y a eu cet accord passé avec l'Albanie.
08:27Ce matin, le premier migrant qui souhaite se rendre en Italie
08:31est arrivé en Albanie,
08:33puisque c'est cette logique du pays tiers,
08:35comme le dit l'Italie,
08:36faire traiter les dossiers,
08:38non plus sur le sol italien,
08:39mais en amont, en Albanie.
08:41Est-ce que c'est pour vous un modèle
08:44dont la France pourrait s'inspirer ?
08:46Il faut regarder l'ensemble des possibilités qui existent.
08:50Je crois qu'il ne faut pas de tabou.
08:51Et nous-mêmes, nous avons d'ailleurs des relations
08:53évidemment privilégiées avec les pays francophones,
08:56avec les pays de l'ancien empire colonial,
08:59avec les pays d'Afrique de l'Ouest,
09:01comme avec les pays du Maghreb.
09:03Par exemple, je crois qu'il faut,
09:05comme l'avait proposé Edouard Philippe il y a déjà quelques mois,
09:08j'ai eu l'occasion de m'exprimer là-dessus,
09:09remettre en cause un certain nombre d'accords,
09:11dont celui de 1968 avec l'Algérie.
09:15Donc il faut une politique d'ensemble.
09:16Ce que je demande, pitié,
09:18c'est qu'on n'amuse pas la galerie,
09:20c'est qu'on ne se focalise pas sur tel ou tel point,
09:23mais qu'on soit capable de bâtir une politique d'ensemble
09:26qui soit intelligente, comprise par les Français,
09:29et surtout, je pense notamment reconduite à la frontière,
09:32efficace.
09:33Parce qu'au fond, c'est ça ce que nous demandent nos compatriotes,
09:35c'est de l'efficacité.
09:37Sur la question de l'efficacité,
09:38le nouveau ministre de l'Intérieur évoque aussi
09:41la nécessité d'une nouvelle loi immigration,
09:44quelques mois seulement après la précédente,
09:46avec notamment un objectif,
09:48permettre d'augmenter la durée de détention
09:50en centre de rétention administratif.
09:52Y êtes-vous favorable ?
09:54Cela ne me pose pas de problème,
09:55cela existe déjà dans d'autres pays.
09:58Je précise, les chiffres en effet,
09:59en France aujourd'hui c'est 90 jours,
10:01en Allemagne c'est 210 jours,
10:03et l'Europe autorise à aller jusqu'à 500 jours.
10:06Donc nous sommes dans le cadre européen,
10:08dans le cadre de ce qu'on appelle l'État droit.
10:10Donc on peut parfaitement mener ce type de politique.
10:13Encore une fois, au nom de l'efficacité,
10:15pas seulement pour répondre à l'émotion légitime
10:19suite au meurtre effrayant de Philippines,
10:22qui n'est pas lié à la durée de rétention,
10:24comme vous le savez,
10:25mais à une erreur incontestable administrative.
10:28C'est très important de le préciser ici,
10:30puisqu'effectivement une certaine confusion
10:31a été amenée au départ.
10:33Oui, le laisser passer pour repartir,
10:36pour pouvoir faire repartir
10:38le meurtrier présumé de Philippines au Maroc
10:41n'a été reçu qu'après qu'il ait été sorti
10:44du centre de rétention administratif,
10:46mais ce n'était pas en cause la durée de rétention.
10:49Mais en revanche, le questionnaire,
10:51la question envoyée au Maroc,
10:52n'avait pas été envoyée par le bon service.
10:54Bref, un dysfonctionnement des services de l'État
10:56et non pas une question de durée de détention.
10:59Une question aussi sur l'AME,
11:01voilà aussi ce qui pourrait être
11:03dans cette nouvelle loi immigration,
11:05l'aide médicale d'État,
11:06qui pourrait être transformée
11:07en aide médicale d'urgence.
11:09Est-ce que ça répondrait aux principes d'humanité
11:11dont vous parliez ?
11:12C'est un problème d'abord de santé publique.
11:14J'ai étudié encore ces derniers mois ce sujet.
11:18Il y a un rapport qui avait été demandé
11:20par Élisabeth Borne sur ce sujet-là,
11:22qui avait compris qu'il fallait garder l'AME.
11:25Après, on peut restreindre le panier des soins,
11:27le rendre le plus efficace possible,
11:29que personne ne profite de ce dispositif.
11:32Mais tous les médecins le disent.
11:34Et d'ailleurs, le vrai problème,
11:35c'est que si on voulait un changement,
11:36un chambardement dans ce domaine-là,
11:39les médecins n'appliqueraient pas cette loi,
11:41se retrouveraient face à des cas.
11:42Ils sont obligés de soigner.
11:44Nous risquerions d'ailleurs, par ailleurs,
11:45d'avoir un certain nombre de problèmes,
11:47d'épidémies, de contagions,
11:49si ces personnes-là n'étaient pas soignées.
11:51Donc il ne faut pas supprimer l'AME ?
11:53Il ne faut pas supprimer l'AME.
11:54Je crois que l'idéologie dans ce domaine-là
11:57est dangereuse.
11:58L'efficacité est la seule voie possible.
12:00Parce que j'ai été ministre de l'Intérieur
12:02et Premier ministre,
12:03parce que j'ai été maire d'Evry pendant des années,
12:05parce que j'ai vu aussi les dégâts
12:07d'une immigration illégale,
12:10d'une immigration non contrôlée,
12:11une forme d'échec aussi
12:13de notre modèle d'assimilation et d'intégration.
12:16J'attends et j'espère
12:17beaucoup de responsabilité
12:19de la part de tous les acteurs politiques
12:20sur ce sujet comme sur d'autres,
12:22nous y reviendrons,
12:23parce qu'au fond, il en va d'une certaine idée
12:25de ce qu'est la cohésion de notre pays,
12:27de nos débats publics,
12:29de nos querelles permanentes.
12:31Si sur ce sujet-là,
12:32je ne suis pas naïf,
12:33nous pouvions créer les conditions
12:35d'une unité nationale
12:36pour qu'enfin on puisse,
12:37non seulement légiférer,
12:39mais faire évoluer notre Constitution,
12:40car beaucoup de ces sujets
12:42que nous avons traités
12:43nécessitent des évolutions constitutionnelles,
12:45alors chacun aura fait preuve,
12:47je crois, d'une certaine hauteur de vue.
12:49En 2015, vous aviez prononcé ce mot
12:51« apartheid ».
12:53« Apartheid » en France,
12:54est-ce que vous estimez aujourd'hui
12:56que ce mot est toujours juste ?
12:58Oui, j'avais parlé d'un apartheid territorial,
13:00social, ethnique et religieux.
13:03Oui, je crois que nous avons,
13:04au cours de ces dernières décennies,
13:06entassé les mêmes populations
13:08venant souvent des mêmes régions,
13:10les plus pauvres d'Afrique,
13:12dans des régions déjà,
13:13ou dans des villes
13:14où on a des quartiers en grande difficulté,
13:16parce qu'il n'y a pas de politique
13:17du peuplement, de l'habitat
13:19et du logement
13:20capables d'organiser précisément
13:22ce peuplement sur notre pays.
13:24Et en tout cas, nous voyons bien
13:25qu'il faut stopper les flux d'immigration
13:27qui viennent toujours des mêmes régions,
13:29qui vont vers les mêmes origines,
13:31dans les mêmes quartiers,
13:32et qui font imploser ces quartiers
13:34malgré tous les efforts
13:36que font les maires en matière d'investissement.
13:38Donc, un plus grand partage,
13:41en quelque sorte, du territoire.
13:43Un mot ?
13:45Vous savez, Apolline de Malherme,
13:46parce qu'il y a ce genre de débat.
13:48Moi, je pense que l'immigration
13:49est une chance pour notre pays.
13:51Vous diriez que l'immigration
13:52est une chance ?
13:54Évidemment, vous faites référence
13:55à la phrase de Bruno Retailleau
13:56qui dit que ça n'est plus une chance
13:57pour notre pays.
13:59Pour moi, ce pays a été une chance.
14:02Je suis né à Barcelone,
14:03j'ai été naturalisé français en 1982
14:06et ce pays m'a tout donné.
14:08Et en même temps, je sais tout l'apport
14:10de tous les enfants de l'immigration
14:12depuis des générations.
14:13Pour notre pays, on ne va pas prendre
14:14les exemples que nous avons tous en tête.
14:17Mais, cette chance qu'il faut conserver,
14:20elle ne peut marcher qu'à une seule condition,
14:22que l'immigration soit maîtrisée,
14:24que le peuplement soit bien réparti.
14:26Et donc, c'est pour cela qu'il faut,
14:28dans ces domaines-là,
14:29des changements massifs.
14:31Manuel Valls, nous sommes aujourd'hui
14:32quatre ans, jour pour jour,
14:34après la mort de Samuel Paty.
14:36Il y a eu cet hommage qui a été rendu
14:37à la fois d'ailleurs à la mémoire
14:39de Samuel Paty et de Dominique Bernard.
14:41On a appris hier que cette minute de silence
14:44avait été honnêtement très peu perturbée
14:46dans les collèges et les lycées de France.
14:48On aura eu une vue d'ensemble
14:49un peu plus précise.
14:50Mais, au moment où l'on se parle,
14:52ce ne sont que 78 atteintes
14:54à cette minute de silence
14:56qui auraient été recensées.
14:58Est-ce que ça veut dire
14:59qu'aujourd'hui, il y a un apaisement
15:01sur ces questions-là ?
15:02Est-ce que vous estimez
15:04que cette remise en cause de la laïcité,
15:06elle commence peut-être
15:07à être derrière nous ?
15:08Je crois qu'il y a surtout
15:09un immense attachement
15:11de nos compatriotes
15:12qui ont été marqués évidemment
15:14par les assassinats de Samuel Paty
15:15et de Dominique Bernard.
15:17Un immense attachement
15:18à la République, à la laïcité,
15:20à l'école.
15:21C'est incontestable.
15:22C'est pour ça qu'il faut soutenir,
15:23aider les enseignants
15:25face à ces atteintes à la laïcité.
15:27Mais ne soyons pas naïfs là non plus.
15:29L'islamisme qui est pour moi
15:31la livre.
15:32La sœur de Samuel Paty
15:33dit rien n'a changé.
15:35Et si elle le dit,
15:36il faut l'écouter.
15:37Sa parole est puissante et forte.
15:39Elle publie en effet un livre
15:41aujourd'hui sur ce sujet-là.
15:44L'islamisme nous mène une guerre
15:46de longue durée.
15:48Parlerons peut-être du Proche-Orient
15:50en première ligne, Israël.
15:51Mais chez nous, depuis des années,
15:53les attentats évidemment
15:55de 2015 et 2016,
15:56les assassinats,
15:58les mises en cause de la laïcité,
16:00la stratégie notamment des frères musulmans
16:02qui est une stratégie de long terme.
16:04Et ils ont choisi l'Europe,
16:05là où il y a ces communautés
16:07immigrées de confession
16:09ou de culture arabo-musulmane
16:11pour les séparer du reste des populations.
16:13Partout !
16:14En Grande-Bretagne,
16:15en France,
16:16en Allemagne,
16:17en Belgique,
16:18aux Pays-Bas,
16:19dans les pays du Nord de l'Europe.
16:20Il y a cette stratégie.
16:21Donc c'est une bataille
16:22qui ne fait que commencer.
16:23On peut se réjouir
16:24de la résistance des Français,
16:26de l'école,
16:27face à ces atteintes à la laïcité.
16:29Mais ne soyons pas naïfs,
16:30c'est une guerre que nous mène l'islamisme.
16:32Soit par des attentats,
16:34soit par un antrisme
16:35dans les associations,
16:36dans le mouvement sportif,
16:38dans les médias,
16:39dans l'université.
16:40Nous voyons bien sur le débat
16:42autour du Proche-Orient.
16:43Donc il ne faut pas être naïf,
16:44il ne faut pas baisser la garde.
16:46La défense de la République
16:47et de la laïcité,
16:48c'est le combat de ma vie.
16:49Il faut poursuivre cette bataille
16:51parce qu'elle est essentielle
16:52pour notre pays.
16:53Elle est, comme on dit,
16:54identitaire,
16:55civilisationnelle,
16:56culturelle,
16:57peu importe le mot.
16:58Mais la laïcité de la République,
16:59c'est l'essence même de la France.
17:00Donc ne soyons pas naïfs.
17:01Mais de vous-même,
17:02Manuel Valls,
17:03vous faites une sorte,
17:04vous dites,
17:05on va parler d'Israël.
17:06Est-ce que ça veut dire
17:07que c'est le même combat,
17:08que c'est le même ennemi,
17:09que c'est la même problématique ?
17:10Et finalement, au fond,
17:11vous-même,
17:12vous faites un lien
17:13entre ce qui se passe là-bas
17:14et ce qui se passe ici.
17:15C'est le même combat.
17:16Mais évidemment que c'est
17:17le même combat.
17:18Si Israël tombe,
17:19Israël qui est en première ligne
17:20face à l'islamisme
17:21dans sa version
17:22la plus effrayante.
17:23Évidemment,
17:24tous en tête,
17:25la mémoire,
17:26les attentats,
17:27les attaques,
17:28pardon,
17:29du 7 octobre 2024.
17:30Beaucoup de Français,
17:31en voyant ce qui s'est passé
17:32là-bas,
17:33ont comparé
17:34ce qui s'est passé,
17:35par exemple,
17:36dans cette fête
17:37dans le désert du Néguev,
17:38au Bataclan,
17:39au terrasse de Paris.
17:40Donc oui,
17:41c'est l'islamisme
17:42du Hamas,
17:43du Hezbollah.
17:44Derrière le Hamas,
17:45il y a
17:46les frères musulmans.
17:47Derrière le Hezbollah,
17:48il y a l'Iran.
17:49Oui,
17:50Israël est en première ligne.
17:51Donc si Israël tombe,
17:52nous tombons.
17:53Et nous devons soutenir
17:54de ce point de vue là
17:55un pays allié,
17:56un pays ami,
17:57un pays démocratique
17:58qui porte les mêmes valeurs
17:59que nous.
18:00Vous avez en tête,
18:01j'imagine bien sûr,
18:02les propos
18:03qui ont été rapportés
18:04d'Emmanuel Macron
18:05lors du Conseil des ministres
18:06d'hier,
18:07rapportés par un certain
18:08nombre de participants
18:09qui n'ont d'ailleurs
18:10pas été démentis
18:11par l'Elysée.
18:12Monsieur Netanyahou
18:13ne doit pas oublier,
18:14aurait dit Emmanuel Macron,
18:15que son pays
18:16a été créé
18:17par une décision
18:18de l'ONU.
18:19Sous-entendu,
18:20sous-entendu,
18:21il a été créé,
18:22il peut être décréé.
18:23Et puis surtout,
18:24il faut respecter
18:25donc ceux
18:26qui l'ont créé.
18:27Quel point de vue
18:28vous avez sur cette phrase
18:29d'Emmanuel Macron,
18:30cette déclaration
18:31d'Emmanuel Macron ?
18:32Je ne sais pas
18:33si Emmanuel Macron
18:34a véritablement
18:35tenu ses propos.
18:36Il ne l'a pas démenti
18:37en tout cas,
18:38l'Elysée ne l'a pas démenti.
18:39Ils ont été rapportés
18:40et n'ont pas été démentis.
18:41Emmanuel Macron,
18:42en tout cas,
18:43depuis le 7 octobre dernier,
18:44commet des erreurs,
18:45des fautes
18:46politiques,
18:47historiques,
18:48stratégiques,
18:49qui non seulement
18:50éthiques,
18:51éthiques,
18:52qui non seulement
18:53l'affaiblissent,
18:54mais qui affaiblissent
18:55la parole de la France,
18:56la France
18:57dans le monde
18:58et dans cette région.
18:59C'est comme s'il avait donné
19:00à travers cette déclaration
19:01que vous avez rappelée,
19:02rappelé,
19:03un bail
19:04temporaire
19:05à Israël
19:06sous réserve
19:07de bonne conduite,
19:08oubliant
19:09les conditions
19:10même
19:11de la création
19:12d'Israël,
19:13de l'histoire
19:14du sionisme,
19:15les conséquences
19:16évidemment
19:17de la Shoah
19:18pendant la deuxième
19:19guerre mondiale.
19:20Il ne comprend rien
19:21à ce qu'est
19:22Israël
19:23et à ce qu'est
19:24la sensibilité
19:25notamment depuis un an
19:26du monde juif,
19:27mais aussi
19:28de nos compatriotes.
19:29Il pétrit
19:30de contradictions
19:31en permanence.
19:32Je ne l'ai jamais
19:33dit avec autant
19:34de colère
19:35et de force,
19:36mais je pense
19:37que le moment
19:38est venu,
19:39surtout après
19:40ces déclarations.
19:41Il y a un an,
19:42il appelait
19:43une coalition internationale
19:44contre le Hamas
19:45et là,
19:46par une forme
19:47d'équidistance
19:48entre l'Hezbollah
19:49et Israël,
19:50il donne le sentiment
19:51de créer
19:52une coalition internationale
19:53contre Israël.
19:54Donc,
19:55perdons
19:56nos valeurs,
19:57ce lien
19:58avec Israël,
19:59nos visions
20:00stratégiques.
20:01Mais il a peur
20:02Emmanuel Macron.
20:03Si je vous écoute,
20:04il a peur de quoi ?
20:05Pourquoi il dit ça ?
20:06Il dit ça par rapport
20:07à ce qui se passe là-bas ?
20:08Il dit ça par rapport
20:09à ce qui se passe ici ?
20:10J'ai parlé d'erreur,
20:11mais il commence quand même
20:12à y avoir une forme
20:13de ligne
20:14entre
20:15les raisons
20:16pour lesquelles
20:17il a décliné
20:18sa présence
20:19lors de la fameuse
20:20marche contre l'antisémitisme
20:21le 12 novembre
20:22de l'année dernière,
20:23en disant
20:24qu'il ne voulait pas
20:25diviser les Français.
20:26On ne divise jamais
20:27Apolline de Malherbe
20:28sur l'antisémitisme.
20:29Ses réactions
20:30déséquilibrées
20:31sur
20:32le Liban
20:33ou ses dernières déclarations
20:34sur l'arrêt
20:35de vente d'armes,
20:36même si la France
20:37ne vend pas d'armes
20:38à Israël,
20:39sur l'arrêt
20:40de vente d'armes,
20:41comme s'il s'agissait
20:42aujourd'hui,
20:43alors qu'Israël est engagé
20:44sur plusieurs fronts,
20:45que demain l'Iran
20:46peut avoir la bombe atomique,
20:47comme si aujourd'hui
20:48il s'agissait
20:49de désarmer un allié.
20:50Non,
20:51ça ne va pas du tout.
20:52Il faut qu'il arrête.
20:53Il faut qu'il rectifie.
20:54Il nous représente.
20:55C'est le chef de l'État
20:56sur un sujet majeur.
20:57Nous voulons de le rappeler.
20:58Manuel Valls,
20:59ancien Premier ministre,
21:00ancien ministre de l'Intérieur,
21:01merci à vous
21:02et je précise
21:03pour que les choses soient complètes
21:04que, certes,
21:05les propos d'Emmanuel Macron
21:06n'ont pas été démentis,
21:07mais que
21:08le ministre
21:09des Affaires étrangères,
21:10M. Barreau,
21:11a précisé
21:12que ses propos
21:13s'inscrivaient, je cite,
21:14dans un propos général
21:16sur la façon dont Israël
21:18et les autres pays
21:19devaient respecter,
21:20dit-il,
21:21la charte des Nations Unies.
21:22Merci, Manuel Valls.