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Lucile Quillet, journaliste, conférencière et autrice de "Le prix à payer : pourquoi le couple hétéro appauvrit les femmes et nuit à l'amour ?", est l'invitée éco de franceinfo.

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00:00Bonsoir à toutes et à tous, quel est le prix à payer, le prix du couple hétéro
00:08quand on est une femme ? Bonsoir Lucile Kiyé, invité Echo de France Info ce soir, journaliste
00:12autrice conférencière, c'est la question à laquelle vous tentez de répondre dans
00:16une bande dessinée publiée ces jours-ci, le prix à payer, pourquoi le couple hétéro
00:21appauvrit les femmes et nuit à l'amour ? Est-ce que c'est facile à quantifier, à
00:25mesurer financièrement le prix payé par les femmes au sein du couple ?
00:29Oui et non, c'est-à-dire qu'en fait il suffit de regarder dans son propre quotidien,
00:33dans ce qu'on connaît autour de nous, après c'est souvent des coûts invisibles et impensés
00:37donc il faut faire une grande remise en question on va dire pour voir tous les coûts invisibles
00:41qu'il y a, donc ça va de la charge esthétique, la contraception, les dépenses en lingerie,
00:45en manuel de psycho, en séance chez le sexothérapeute par exemple, au coût du travail domestique,
00:51des ajustements de carrière, de la répartition du budget aussi et des dépenses au sein d'un
00:55mari, il y a plein de sous-calculs à faire donc l'addition est longue.
00:59Et donc effectivement on va voir point par point, il y a d'abord tout ce à quoi elles
01:03renoncent les femmes professionnellement pour leur conjoint et pour leur famille et ça
01:07c'est extrêmement important.
01:08C'est extrêmement important, il faut savoir que 40% des femmes modifient leur activité
01:12professionnelle à l'arrivée d'un enfant, voilà donc c'est vraiment un big bang on
01:17va dire, souvent on a des problèmes de garde d'enfants, il y a un parent sur cinq qui
01:23est obligé de garder son enfant lui-même et c'est souvent une femme, c'est un travail
01:30qui est mal rémunéré, qui est très mal reconnu, parce que le congé parental c'est
01:34400 euros uniquement, il faut savoir que si on voulait par principe proposer des places
01:40en crèche à chaque enfant, il faudrait en créer 600 000 de plus.
01:43Donc le travail des femmes d'ajustement, de variable d'ajustement pour garder les
01:47enfants, pour s'occuper de la famille aussi, en général la famille ce n'est pas que
01:50les enfants, c'est aussi les personnes âgées, la grande majorité des aidants en France
01:54sont des femmes.
01:55Tout ce travail-là, il est fait gratuitement, par amour, parce que les femmes se disent
01:59que la mission dans leur vie, ce qui va faire que leur vie est réussie, c'est de prendre
02:04soin des autres et de gagner l'amour des autres et pour ça elles oublient leurs propres
02:07intérêts économiques.
02:08Et ça a un coût, vous appelez ça le coût d'opportunité, donc les tâches ménagères,
02:13la garde d'enfants.
02:14Vous écrivez le problème quand on parle d'argent, c'est qu'on ne parle que de
02:17celui qui existe, celui qu'on dépense et pas de celui que les femmes ne toucheront
02:21jamais à cause du temps dédié à la famille.
02:24On est en 2024, Lucie, il n'y a pas d'évolution sur ce point ?
02:29Non, il n'y a pas trop d'évolution parce qu'on est encore un peu empêtrés dans
02:32des stéréotypes où une femme qui met entre parenthèses son activité professionnelle,
02:37c'est une femme qui a de la chance parce qu'elle n'a pas à travailler, elle est
02:40un peu entretenue par son mari et voilà, elle est à la maison toute la journée.
02:44Donc vraiment, ce coût d'opportunité, il est un pensé.
02:46Ce qu'on ne voit pas, c'est que sur le long terme, en termes de cotisations chômage,
02:50de cotisations retraite, pour leur propre épargne, pour leur propre patrimoine individuel,
02:54c'est du sacrifice.
02:55On devrait plutôt dire et se rendre compte que les hommes n'auraient jamais les carrières
03:00et l'argent qu'ils ont sans le travail gratuit et invisible des femmes.
03:04Mais c'est particulièrement vrai au moment du divorce, c'est pour moi un des chapitres
03:08les plus éloquents.
03:09La garde d'enfants est encore très majoritairement donnée aux femmes qui sont à la tête de
03:1384% des familles monoparentales, le risque de tomber dans la pauvreté est de 79% pour
03:20les femmes qui ont la charge des enfants, quand le gain de niveau de vie est de 12%
03:24pour un père avec trois enfants qui n'a pas la garde.
03:27Exactement, on voit qu'en fait, il y a vraiment un double standard à la séparation.
03:30Une femme qui a la garde des enfants, elle a vraiment un risque de tomber dans la pauvreté.
03:35Moi, c'est un peu ce que j'appelle le syndrome Mary Poppins, c'est-à-dire qu'on va demander
03:38à la femme de sortir des merveilles de son sac à main, d'accomplir des miracles, de
03:43faire beaucoup avec très peu.
03:44C'est celle qui a le moins de revenus.
03:46Il faut savoir quand même qu'on parle beaucoup des inégalités de salaire, mais au sein
03:49des couples en France, l'écart de revenu est de 42%.
03:52Donc évidemment, à la séparation, c'est lever de rideau sur les inégalités.
03:56Donc la femme qui a le moins de revenus, qui a le moins de ressources, doit faire le plus
03:59avec la garde des enfants, exclusive dans l'immense majorité des cas, là où le père
04:03lui retrouve du niveau de vie et la pension alimentaire, où très souvent, encore une
04:06fois, on est dans un stéréotype de « le père se saigne pour donner la pension alimentaire
04:12aux enfants ». Pendant longtemps, c'était en moyenne 170 euros par mois par enfant.
04:16C'est rien du tout.
04:17C'est absolument rien du tout.
04:18Et justement, est-ce que c'est pour ça ? Est-ce que c'est parce qu'il y a énormément
04:21de choses que les femmes ne savent pas, que vous êtes passée par la bande dessinée plutôt
04:27que par un essai ? D'abord, vous avez fait un essai il y a quelques années.
04:30Le prix à payer, il est sorti en essai en 2021.
04:33Là, on a fait du coup ce travail avec l'illustratrice Tiffany Cooper de faire une bande dessinée,
04:39à la fois pour aborder les sujets des inégalités hommes-femmes au sein du couple, tous ces
04:44sacrifices qu'on fait aussi par amour, mais sous un prisme plus drôle, plus humoristique
04:49pour vulgariser justement ce propos-là et élargir, on va dire, la prise de conscience.
04:54C'est aussi une bande dessinée qui a été pensée pour être lue par hommes et femmes.
04:59Plutôt pour les femmes, c'est une sorte de guide de survie, même si c'est extrêmement
05:05humoristique.
05:06Je pense qu'on ouvre plein de fenêtres.
05:07Il faut vraiment ouvrir les consciences sur plein de sujets, dire aux femmes que ces
05:11sujets-là sont légitimes, qu'il n'y a pas de honte à parler d'argent et au contraire,
05:15quand on aime, on compte.
05:16Parce qu'on a envie de protéger l'autre, on n'a pas envie de le léser.
05:20En cas d'accident, c'est important de parler aussi de qui, à quoi, comment est-ce qu'on
05:23est protégé.
05:24Moi, je suis partie d'une génération où il y a plein de couples qui ne sont pas mariés.
05:27Ils pensent qu'ils sont protégés, alors qu'en fait, en France, on est dans un fonctionnement
05:31où le mariage est encore un régime très protecteur.
05:34On n'a pas toujours conscience de ces sujets-là.
05:36Le but, c'est d'aborder le maximum de ces sujets.
05:38Après, nous, on se dit que les femmes vont l'acheter, les hommes vont le lire en cachette
05:43et aussi avoir un éveil à ce sujet-là.
05:46Ils vont apprendre énormément de choses.
05:48Merci beaucoup Lucie, qui est autrice avec Tiffany Cooper de la BD « Le prix à payer »
05:54aux éditions Le Duc, les liens qui libèrent.
05:56Vous étiez l'invité Echo de France Info ce soir.

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