Xerfi Canal a reçu Philippe Silberzahn, professeur de stratégie et entrepreneuriat à l'emlyon Business School, pour parler des nouvelles technologies.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00 Bonjour Philippe Silberzahn, professeur de stratégie et entrepreneurie à UMNion Business
00:14 School. Philippesilberzahn.com, c'est votre blog où vous publiez chaque semaine, disponible en
00:20 podcast, en français, en anglais, etc. Un texte qui nous éclaire avec vraiment enfin le regard
00:25 du professeur de management sur les sujets de société. Philippe Silberzahn, quelle leçon
00:32 on peut tirer de l'histoire de l'innovation ? Plus exactement, on peut en tirer une première,
00:36 c'est que finalement le succès d'une innovation ne va pas dépendre des capacités techniques.
00:41 Oui alors ça c'est très contre intuitif. Quand on parle d'innovation technologique,
00:47 on pense toujours que ce qui gagne c'est la meilleure technologie. Et donc on va juger
00:51 une nouvelle technologie sur sa performance. Sauf qu'on oublie que la plupart des technologies,
00:56 comme elles sont émergentes, elles sont rarement au point immédiatement. En termes de performance,
01:01 elles n'atteignent pas immédiatement leur niveau de performance puisque c'est quelque chose qui va
01:06 être révolutif au cours du temps. Pour prendre un exemple tout bête, la traduction automatique,
01:11 c'est quelque chose qui existe sur internet avec Google traduction depuis 2006 à peu près. Ceux
01:18 qui l'ont utilisé savaient qu'à l'époque c'était mieux que rien. C'était quand même pas terrible.
01:22 Voilà quand on avait traduit, il y avait beaucoup de travail derrière, ce qui pour nous francophones
01:26 évidemment était un peu problématique. On arrivait à produire un texte anglais compréhensible mais
01:30 c'était quand même très loin d'un texte vraiment anglophone. Et puis ça s'est amélioré au cours du
01:36 temps. Donc si vous êtes un interprète ou un traducteur, vous regardez Google Translate en
01:40 2006, c'est pas sérieux. Ça n'atteint pas et de loin ce que vous pouvez faire en tant qu'interprète
01:46 traducteur. Sauf que ça s'améliore. Et ça s'améliore au point qu'aujourd'hui, on peut avoir
01:53 de la traduction qui peut-être n'atteindra toujours pas l'excellence que peut avoir une interprète,
01:58 une interprète traducteur, traductrice. Sauf qu'on va avoir quelque chose qui s'appelle suffisant,
02:04 c'est-à-dire pour quelqu'un comme moi qui par exemple ne peut pas se payer la dépense d'un
02:09 traducteur professionnel, le niveau aujourd'hui est très largement suffisant. Et donc on a tendance
02:14 à critiquer une technologie au début en disant "oui mais ses performances sont un peu moyennes",
02:20 alors on rit un peu de ses performances, de ses contresens sur la traduction, etc. En oubliant que
02:26 toutes les technos ont commencé de cette façon-là et puis qu'elles s'améliorent. Et que si elles
02:30 n'égalent pas forcément ce que parfois peut faire le meilleur des humains, pour ceux qui n'ont pas
02:35 accès à cette expertise humaine, au bout d'un moment le job est largement fait. Et c'est là
02:42 qu'on rentre dans des parties disruptives, elle est disponible pour tout un chacun. On rappellera
02:48 que le mp3 par exemple n'était pas en plus la meilleure technologie, mais ça on en reparlera,
02:52 absolument, la meilleure technologie c'est pourtant celle qui s'est imposée. C'est compliqué
02:55 l'innovation, c'est complexe même. Merci Philippe Sylvardin. Merci Jean-Philippe.
02:59 Merci Philippe.
03:01 [Musique]