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Cet épisode de "Complément d'enquête" explore les coulisses de l'école Stanislas, réputée pour son excellence académique. À travers des témoignages d'anciens élèves, de parents et d'experts, la vidéo met en lumière les dérives potentielles d'un système éducatif qui pousse à la performance à tout prix. Elle aborde des sujets tels que la pression exercée sur les élèves, les inégalités d'accès à l'éducation, et les conséquences psychologiques de ce modèle élitiste. Ce documentaire pose des questions importantes sur les valeurs de notre système éducatif et les défis auxquels il est confronté.
Transcription
00:00:00C'est une école qui n'en finit pas de faire parler d'elle.
00:00:03Nous avons scolarisé nos enfants à l'école Stanislas.
00:00:05Tout le monde désormais en a entendu parler.
00:00:07L'établissement Stanislas.
00:00:09Stanislas.
00:00:09Ma fille a été à Stan.
00:00:11Stan est l'école de l'exigence.
00:00:12Stanislas est un symbole.
00:00:14Stanislas, l'un des établissements catholiques les plus réputés de France,
00:00:18accusé d'autoritarisme, de sexisme et d'homophobie.
00:00:21Complément d'enquête ce soir sur les dérives d'une école d'excellence.
00:00:30Bonsoir, l'école Stanislas est située ici, dans l'un des quartiers les plus huppés
00:00:48de la capitale.
00:00:49Elle a vu passer dans ses murs un président de la République, des ministres, des généraux
00:00:54et des patrons de grandes entreprises.
00:00:56Symbole de l'excellence pour les uns, de l'entre-soi pour les autres.
00:01:00Quels sont les secrets de cet établissement parisien fréquenté par les élites ?
00:01:04Stan, c'est un microcosme.
00:01:06Et ce qu'on nous dit à Stan, c'est qu'il n'y a rien en dehors de Stan.
00:01:10Les pratiques de Stan sont-elles conformes à la loi ?
00:01:12Ce soir, d'anciens élèves témoignent.
00:01:14Certains parlent pour la première fois.
00:01:16Ils décrivent un univers où la religion est omniprésente et ils dénoncent un climat
00:01:20emprunt de sexisme et d'homophobie.
00:01:23Un jour où j'étais assise sur les genoux d'une amie, qu'un préfet est venu me voir
00:01:28en me disant que je devais me lever parce qu'en fait, on allait penser que j'étais
00:01:33lesbienne en faisant ça.
00:01:36Et pour eux, c'était une maladie, c'était le diable.
00:01:39Nous avons posé les fauteuils rouges au ministère de l'Intérieur où nous recevrons
00:01:43tout à l'heure Othmane Nassrou, le secrétaire d'État chargé de la citoyenneté et de la
00:01:47lutte contre les discriminations.
00:01:49Ce nouveau visage de la droite défend avec force l'école Stanislas et dénonce une
00:01:54casse de l'excellence.
00:01:56Il nous expliquera pourquoi, selon lui, les critiques adressées contre l'établissement
00:01:59privé sont un combat idéologique de la gauche.
00:02:02Mais d'abord, je vous propose de regarder l'enquête signée Nathalie Sapena, Brice
00:02:06Leborgne, Raphaël Duroselle et Olivier Broutin.
00:02:09Benoît et son père attendent ce moment depuis quatre ans, quatre ans de combat pour
00:02:22que la justice ouvre le procès de cet homme, Olivier Parent.
00:02:28Il était préfet des études au collège Stanislas, un super surveillant chargé d'accompagner
00:02:34les élèves et de faire respecter le règlement.
00:02:39De 2013 à 2018, il aurait fait régner un climat de peur sur les internes des classes
00:02:45prépa dont il avait la charge.
00:02:49On rentre chez soi en regardant les murs, en se demandant si on va se rattraper, s'il
00:02:52va, s'il va débouler dans notre chambre à tout moment, si du jour au lendemain, il
00:02:57va nous faire vivre les pires galères, nous enlever nos clés, nous empêcher de manger.
00:03:01Il a des possibilités infinies pour nous rendre la vie horrible et ça va de confiscation
00:03:07d'un ordi, confiscation d'une carte pour entrer dans sa chambre, etc.
00:03:11Et en fait, c'est une accumulation de petites choses.
00:03:13S'il veut vous prendre la vie, en fait, c'était très, très, très, très sympa.
00:03:18A l'audience, ils sont quatre anciens élèves à oser témoigner à la barre.
00:03:23Ils racontent le harcèlement quotidien, mais aussi des tapes derrière la tête, un coup
00:03:29de cravache sur la cuisse, un plaquage contre un bureau.
00:03:38Face à ces accusations, l'ancien préfet des études considère qu'il n'a fait que son
00:03:44métier. C'est sa ligne de défense dans le prétoire et devant nous.
00:03:52Le but, c'était de faire respecter la règle de tenue, de faire respecter la règle de
00:03:57cheveux, de faire respecter la règle de chaussures.
00:04:00Je ne ferai pas le procès de Stann, je ne défoncerai pas sur Stann par rapport à ce
00:04:05pourquoi nous sommes là. D'accord, vous assumez.
00:04:10Moi, j'ai été embauché pour faire un travail.
00:04:12Je pense que je l'ai fait, je l'ai bien fait.
00:04:16Il ne sait pas que nous le filmons.
00:04:20Je ne comprends pas.
00:04:22Les gens, les gens connaissaient les règles avant de venir à Stann et c'était des bonnes
00:04:27règles. Ça, ce n'est pas, c'est pas le lieu.
00:04:30C'est pas mon problème.
00:04:32La juge n'a pas été convaincue par les arguments d'Olivier Parent et l'a condamnée à un
00:04:39an de prison avec sursis pour violence.
00:04:44Pour les anciens internes, il y a ce jour là, au tribunal, un absent de taille, le
00:04:50collège Stanislas.
00:04:56Pour moi, Stanislas a créé un contexte pervers où ce pervers a pu s'exprimer.
00:05:01Les deux vont ensemble et j'ai demandé de l'aide de la part du corps pédagogique.
00:05:06J'ai demandé de l'aide de la part des directeurs.
00:05:10Ils m'ont dit que c'est eux le problème.
00:05:11Évidemment, c'était moi.
00:05:17L'ancien préfet des études a fait appel du jugement.
00:05:22Quant au collège Stanislas, il condamne des faits en tout point inacceptables et qu'aucun
00:05:29règlement ne pourrait justifier.
00:05:32Depuis deux ans, le voile se lève sur cet établissement d'élite qui a toujours
00:05:41cultivé la discrétion et qu'une ministre a mis sous le feu des projecteurs.
00:05:48Je vais vous dire pourquoi nous avons scolarisé nos enfants à l'école Stanislas.
00:05:54Amélie Houdéa Castera, éphémère ministre de l'Éducation.
00:05:59Mon mari et moi qui avons vu des paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement
00:06:05remplacées. À un moment, on en a eu marre, comme des centaines de milliers de familles
00:06:10qui, à un moment, ont fait un choix d'aller chercher une solution différente.
00:06:14Merci.
00:06:16Quelques mots qui mettent le feu.
00:06:19École privée contre école publique.
00:06:21Stanislas devient un symbole et un slogan pour les profs du public.
00:06:28Sur les plateaux télé, la gauche et la droite s'écharpent.
00:06:36Je ne vais pas la critiquer.
00:06:38Ma fille a été à Stade.
00:06:39La logique de l'entre-soi, la logique des passe-droits, la logique de la sédition bourgeoise,
00:06:45d'une certaine façon, du séparatisme bourgeois dont on ne parle absolument jamais.
00:06:50Exit la ministre en quatre semaines chrono.
00:06:55Stanislas est une cible.
00:06:57Stanislas est un symbole et involontairement, madame Oudéa Castera a rallumé la guerre scolaire.
00:07:06Quelques mois avant, les méthodes de l'établissement ont été épinglées dans un rapport
00:07:11de l'Éducation nationale qui pointe des atteintes à la laïcité.
00:07:17Ce qui m'a dérangée, c'était les confessions obligatoires.
00:07:20Les préfètes passaient dans les rangs et si on n'était pas allé se confesser, au bout d'un moment,
00:07:23elles nous tapaient dans le dos et nous forçaient à aller nous confesser.
00:07:27Le rapport révèle aussi un climat propice à l'homophobie.
00:07:33C'est juste moi qui ai dû me confronter à ça, qui ai dû assimiler les remarques homophobes
00:07:37comme si c'était des vérités parce que personne ne les a contredits autour de moi, en fait.
00:07:41Que se passe-t-il dans cette école privée financée en grande partie par l'argent public ?
00:07:47Autoritarisme, sexisme, homophobie.
00:07:50Qu'en est-il réellement de ces accusations qui ont conduit à l'enquête de l'Éducation nationale ?
00:07:57Dans les beaux quartiers de Paris, juste derrière la Tour Montparnasse.
00:08:08Un matin comme les autres à Stanislas.
00:08:17Avec son directeur qui accueille en personne ses 480 écoliers.
00:08:24Et ses traditions qui plaisent tantôt parons.
00:08:26Comme ce jour de juin, la distribution de bonbons par les élèves de Terminal
00:08:31pour célébrer la fin de leur scolarité.
00:08:36A première vue, aucune trace de la violente polémique
00:08:40qui a secoué l'établissement catholique quelques mois plus tôt.
00:08:44On connaît la réputation de l'école et notre aîné a eu un très bon parcours à Stanislas.
00:08:50On a souhaité que nos autres enfants y aillent également.
00:08:53Au niveau de l'étrégot, au niveau du côté spirituel, c'était aussi très important.
00:09:01Mais en réalité, la plupart des parents sont sur la défensive.
00:09:08Fuyant notre caméra et refusant toute question.
00:09:11Excusez-moi, vous êtes parents d'élèves à Stanislas ?
00:09:13Oui, je suis un point 1, 80 ans, mais pas tout à fait aussi.
00:09:16Vous ne voulez pas nous dire pourquoi vous mettez vos enfants à Stanislas
00:09:18et pourquoi vous avez fait le choix de cet établissement ?
00:09:20D'accord, merci, bonne journée.
00:09:23Une attitude à l'image de celle du directeur de l'époque, Frédéric Gauthier.
00:09:29Zéro confiance, zéro confiance.
00:09:31Si vous pouviez nous lâcher, ce serait bien, disparaissait, merci.
00:09:36Il a refusé toutes nos demandes d'interview et de tournage.
00:09:42Stanislas se considère comme une citadelle assiégée.
00:09:47Une citadelle qui nous restera interdite.
00:09:53L'établissement n'est pas tout à fait une école privée comme les autres.
00:10:05Ils forment les élites, élites politiques comme le maire de Troyes,
00:10:10François Baroin, ou Jean-Michel Blanquer, qui fut cinq ans ministre de l'éducation.
00:10:17Élites économiques aussi, l'ancien patron d'AXA, Henri de Castres,
00:10:22le milliardaire Francis Bouygues, ou François-Henri Pinault, PDG de Kering.
00:10:31Sans oublier les hauts gradés de l'armée française,
00:10:34comme le général Puga, qui a été chef d'état-major,
00:10:38et le plus illustre des anciens, le général de Gaulle.
00:10:46Léon a passé trois ans à Stanislas, en classe préparatoire aux grandes écoles.
00:10:52De cette époque, il a gardé son calot,
00:10:55reçu lors d'une cérémonie d'intégration à son arrivée.
00:11:00Les bouteilles de champagne, c'est le nombre d'années qu'on a passé à l'internat.
00:11:03Et KS, c'est le nom un peu plus prétentieux de la classe préparatoire littéraire
00:11:10que j'ai faite, qui s'appelle Cagnes scientifiques.
00:11:14Lui, il a dû partir à HEC, lui à l'ENS.
00:11:19L'ESSEC, HEC, l'ENS.
00:11:22Elle, elle a l'ESCP, lui à l'ESSEC, HEC, l'ENS, l'ENS.
00:11:28Que des grandes écoles.
00:11:29Oui, ils ont intégré les meilleures écoles de leur filière,
00:11:32ce qui correspondait par cours d'artiste.
00:11:35Léon, lui, a réussi le concours de normal sup.
00:11:38Il est aujourd'hui haut fonctionnaire et préfère rester anonyme.
00:11:43La réussite de sa classe est loin d'être une exception.
00:11:47Stanislas, année après année,
00:11:50culmine au sommet des classements des meilleurs prépas de France.
00:11:57Stan, c'est aussi 100% de réussite au bac et cette année,
00:12:0197,7% de mentions très bien et bien.
00:12:06Il y a un enseignement qui est délivré, qui est excellent,
00:12:08qui est très formateur, auquel je dois beaucoup.
00:12:13Le succès de Stanislas,
00:12:15aucun enseignant en exercice n'a eu l'autorisation de nous en parler.
00:12:19On appelle continuité uniforme.
00:12:22La relation suivante, quelle que soit Epsilon, il existe Delta.
00:12:26Seul ce professeur de maths à la retraite depuis plusieurs années
00:12:30a accepté de nous rencontrer.
00:12:33Ceci entraîne que Fdx plus Fdx' est plus petit que Epsilon.
00:12:37Voilà, est-ce que vous avez compris ?
00:12:39Henri Lemberg fut, pendant 34 ans,
00:12:42l'un des rouages de l'excellence de Stanislas.
00:12:45C'est un fervent défenseur de l'établissement.
00:12:49Stan, on l'est là pour apprendre, pour donner le meilleur de soi-même.
00:12:54On ne réussit que par le travail et quand on a 18 ans,
00:12:57ce n'est pas vraiment le travail qui est le plus important.
00:13:00Donc, il faut être sévère pour obtenir tout ça d'un jeune.
00:13:05La méthode Stan, c'est aussi offrir pour un jeune
00:13:08pour en moyenne 2400 euros de frais de scolarité par an,
00:13:13les meilleures conditions de travail de la maternelle aux classes préparatoires.
00:13:19Mon prépa habite au cœur de Paris, dans les quartiers chargés d'histoire
00:13:22que sont Montparnasse et Saint-Germain-des-Prés.
00:13:24Ils n'ont que quelques pas à faire pour aller de leur chambre
00:13:26à leur salle de cours ou au cinéma.
00:13:31Cet environnement éducatif a séduit les parents de Cécile.
00:13:38Je suis là.
00:13:41Mes parents étaient bourgeois, catholiques, un peu de droite,
00:13:45donc pas tout à fait le milieu de Stan, mais pas trop loin non plus.
00:13:48Ils ont adhéré à ce projet-là.
00:13:50Ils se sont dit, tant qu'à faire, pourquoi pas un établissement d'excellence pour nos filles ?
00:13:53Et donc, on s'est retrouvés à Stanislas comme ça.
00:13:57Après une sixième dans un collège public,
00:13:59Cécile et sa sœur découvrent des classes non mixtes et un tout autre univers.
00:14:05Aucun prof absent, un enseignement de très grande qualité,
00:14:08les professeurs très intéressants, très pédagogues, qui prenaient le temps.
00:14:11Aucun élève perturbateur.
00:14:12C'était aussi même simplement les infrastructures, des bâtiments énormes,
00:14:17très bien entretenus, beaucoup de place, des gymnases, des piscines,
00:14:20des cours, des salles de permanence.
00:14:24Différence de moyens et de niveau d'éducation qui faisait rêver.
00:14:28Mais derrière la vitrine exceptionnelle,
00:14:30il y a une sélection sociale drastique.
00:14:33À l'entrée, qui fait de Stanislas l'un des lycées les plus favorisés de France.
00:14:38Pour la déterminer, nous avons croisé deux indices
00:14:41publiés par le ministère de l'Éducation.
00:14:45D'abord, l'IPS, l'indice de position sociale.
00:14:50Plus il est élevé, plus les élèves sont d'un milieu social privilégié.
00:14:56Ensuite, l'indice d'hétérogénéité sociale.
00:14:59Plus il est bas, moins il y a de mixité sociale dans un lycée.
00:15:06Avec ces deux indices, nous avons positionné Stanislas
00:15:10parmi tous les lycées de France.
00:15:13Les lycées privés, en orange, ceux du public, en bleu.
00:15:20Nous avons montré le résultat de notre travail à Julien Grenet,
00:15:24un économiste spécialisé en économie.
00:15:28Un économiste spécialiste des inégalités scolaires.
00:15:35On voit deux choses dans ce graphique.
00:15:38Les établissements privés ont une composition sociale
00:15:41beaucoup plus favorisée que les établissements publics.
00:15:44C'est parce qu'ils sont plus bas, c'est ça ?
00:15:46Ils sont plus bas et plus à droite.
00:15:48Il y a moins de mixité, une plus forte proportion
00:15:50d'élèves d'origine sociale très favorisées.
00:15:52Et dans cet ensemble, Stanislas se distingue
00:15:55par sa composition sociale extrêmement favorisée
00:15:59puisque son IPS est proche de 150,
00:16:01donc un des plus élevés de France.
00:16:03Selon des chiffres confidentiels du ministère,
00:16:06il y a 1 % de boursiers à Stanislas.
00:16:09Au collège, sur les 1 300 élèves, il y en a moins de 10
00:16:13qui sont enfants d'ouvriers ou de personnes sans activité professionnelle.
00:16:16Dans les collèges publics, c'est 24 % des élèves
00:16:19qui sont dans cette situation à Paris.
00:16:21C'est ça, le problème, à mon sens,
00:16:23concernant cet établissement et bien d'autres en France.
00:16:26Étant donné le déterminisme social de la réussite à l'école,
00:16:29ils savent que la manière la plus simple
00:16:32de truster les meilleures places des palmarès du bac, par exemple,
00:16:37c'est simplement de sélectionner des élèves de milieux sociaux favorisés
00:16:41qui vont très bien réussir à l'école, d'ailleurs, où qu'ils aillent.
00:16:44Il n'y a pas que la sélection à l'entrée qui pose question.
00:16:48Dès la 6e, les élèves doivent s'astreindre
00:16:51à de très longues journées de travail.
00:16:53Le rythme intensif, c'est l'un des souvenirs marquants
00:16:57que garde Cécile de ces trois années à Stanislas.
00:17:00Il y avait une pression énorme mise sur les élèves au collège.
00:17:03Dès ces années-là, on demande aux élèves
00:17:06de faire trois heures par jour de travail personnel
00:17:09en plus de la journée d'école, qui n'est pas particulièrement courte.
00:17:12L'enseignement d'excellence, moi, personnellement,
00:17:15j'en tire beaucoup de choses positives
00:17:18parce que ça m'a pris une rigueur dans mon travail à l'heure actuelle,
00:17:21dans les études que je fais, ça me sert beaucoup.
00:17:22Mais c'était quand même une pression, je trouve,
00:17:25trop dure pour une jeune fille au collège.
00:17:27À l'issue de la 3e, faute de résultats scolaires suffisants,
00:17:32elle ne sera pas gardée par Stanislas,
00:17:35comme un tiers des élèves.
00:17:39Madame, Monsieur, vous trouverez dans ce même pli
00:17:42le bulletin du 2e trimestre de votre enfant.
00:17:44Vous avez pu constater, je suppose sans surprise,
00:17:46que le bilan n'est pas satisfaisant.
00:17:48Aussi, je vous précise qu'à la différence des autres élèves,
00:17:50nous ne vous avons pas envoyé de fiche de réinscription
00:17:51à la rentrée de septembre 2014.
00:17:54Ce renvoi, Hugo l'a redouté
00:17:57pendant les cinq années de sa scolarité.
00:17:59Tous les ans, il passe de justesse,
00:18:02mortifié par des appréciations peu élogieuses.
00:18:07Trimestre insuffisant.
00:18:10Des résultats très faibles.
00:18:12C'est un mauvais trimestre.
00:18:16Stan, c'est un microcosme.
00:18:19Et ce qu'on nous dit à Stan,
00:18:20c'est qu'il n'y a rien en dehors de Stan.
00:18:23Les parents croient ça. C'est pas juste les élèves.
00:18:25Et donc, en tant qu'élève qui n'allait pas être pris à Stan,
00:18:28bah oui, j'étais très, très triste.
00:18:30Je pensais que j'allais perdre tous mes amis.
00:18:32Puis on se dit, je vais être perdu,
00:18:34je vais pas avoir une bonne scolarité, etc.,
00:18:36ce qui est absolument faux.
00:18:38Quand je me suis fait renvoyer de Stan,
00:18:40un membre de la direction m'a expliqué que j'aurais pas d'avenir.
00:18:42Il m'a dit, je sais pas ce que vous allez faire.
00:18:44Le parcours d'Hugo prouve le contraire.
00:18:46Il termine aujourd'hui ses études à Normale Sup.
00:18:51Quant aux élèves qui restent à Stan,
00:18:54ils sont nombreux à nourrir un sentiment de supériorité.
00:18:59Entre nous, à Stan,
00:19:02les lycées où les élèves pas pris à la fin de la 3e allée,
00:19:05on les appelait les poubelles de Stan.
00:19:07C'est un peu terrible de dire ça, hein.
00:19:09Vraiment, rétrospectivement, j'ai honte
00:19:11d'avoir une fois employé cette expression.
00:19:13Quand Juny arrive à Stanislas en seconde,
00:19:16cette excellente élève découvre un monde de tradition.
00:19:21Je me suis dit que je pouvais dessiner moi quand j'étais à Stan.
00:19:28J'ai mis le polo de Stan.
00:19:30Fallait le porter pendant les grandes occasions,
00:19:32comme les messes ou la lecture de notes.
00:19:35La lecture de notes par le directeur.
00:19:38Cela fait deux siècles que ce rituel existe
00:19:42et en fait trembler plus d'un.
00:19:46Ça a duré une heure.
00:19:47On devait tous, toute la classe, venir dans la salle de classe
00:19:51en portant notre polo de Stan
00:19:53et surtout en étant bien propres.
00:19:56Quand ils arrivaient, on se levait tous.
00:19:58Ensuite, on s'asseyait sans un silence complet.
00:20:00C'était très martial.
00:20:01Ils nous appelaient un à un.
00:20:03On devait se mettre debout.
00:20:05Et ensuite, devant toute la classe,
00:20:07ils nous disaient les commentaires du conseil de classe.
00:20:10Si on a très bien réussi, ils nous félicitent devant toute la classe.
00:20:13Et la tradition est qu'on applaudisse les élèves.
00:20:16Et par contre, si on a vraiment raté,
00:20:21ça peut être très violent psychologiquement
00:20:24parce qu'il y a tout le monde qui va entendre.
00:20:26C'est une forme d'humiliation publique.
00:20:28J'ai déjà vu des personnes, surtout des filles,
00:20:32quand elles étaient debout, qu'elles se faisaient défoncer
00:20:35et qu'ensuite, elles se réassayaient, elles pleuraient.
00:20:37Mais elles pleuraient dans une indifférence totale
00:20:40au sens où on aurait bien aimé les réconforter,
00:20:43mais on devait rester immobile,
00:20:44continuer à écouter ce que disait le directeur pendant une heure.
00:20:48Cette tradition, qui existe depuis la création de l'établissement,
00:20:53est l'une des fiertés de Stanislas,
00:20:55défendue et revendiquée par l'école.
00:20:59C'est une belle tradition quand elle est bien faite.
00:21:02C'est mettre à l'honneur des élèves qui progressent.
00:21:05C'est motiver les élèves qui ont du mal.
00:21:07Il n'y a pas d'humiliation, en tout cas quelque chose de stressant.
00:21:11Ce membre de l'équipe enseignante de Stanislas
00:21:14ne sait pas que nous l'enregistrons.
00:21:16Nous faisons lire ses propos.
00:21:19Moi, on m'a parlé d'élèves qui pleuraient, de...
00:21:23Alors ça, sincèrement, des élèves qui sont sensibles,
00:21:26peut-être qu'ils gèrent mal ce moment un peu stressant,
00:21:29mais de la même façon, j'ai vu des élèves en cours,
00:21:31elles font en exposer, l'élève est très timide
00:21:34et juste de se lever en classe, elle perd un peu ses moyens.
00:21:37Il n'y a aucune intention, vraiment,
00:21:39aucune intention d'humilier, d'abaisser,
00:21:42de stresser encore plus.
00:21:45Nous, il nous justifiait la lecture de notes
00:21:48en disant que c'était super,
00:21:50ça nous mettait dans un rapport d'émulation, notamment,
00:21:53mais honnêtement, c'est pas pédagogique
00:21:58quand ça prend la forme d'une potentielle humiliation publique
00:22:02et d'un potentiel stress, quoi,
00:22:04si on est affiché devant tout le monde.
00:22:06Donc il n'y a pas qu'une raison pédagogique derrière ceci,
00:22:08à mon avis, il y avait encore une fois l'enjeu
00:22:11de contrôler l'élève, quoi.
00:22:15Contrôler l'élève.
00:22:17Nous avons retrouvé ce qu'écrit aux familles
00:22:19l'ancien directeur Frédéric Gauthier
00:22:22dans l'écho de Stan, le journal interne.
00:22:29Être docile, c'est être enseignable.
00:22:34Cette vertu de docilité
00:22:36dit quelque chose du caractère propre de Stanislas
00:22:40et explique principalement la fécondité du travail de nos élèves
00:22:44pour leur réussite.
00:22:47Vertu de la docilité, culte de l'excellence,
00:22:51Stanislas fait-il preuve d'autoritarisme vis-à-vis des élèves ?
00:22:57Quatre inspecteurs de l'Education nationale
00:23:00ont passé deux mois dans l'établissement
00:23:03et mené 94 entretiens.
00:23:06Voici ce qu'ils écrivent dans leur rapport.
00:23:09Un exercice de l'autorité qui répond à une attente
00:23:13mais s'avère aussi source de tensions.
00:23:19Au ministère,
00:23:21Caroline Pascal a supervisé le travail des inspecteurs.
00:23:25C'est la première fois qu'elle s'exprime sur ce sujet
00:23:28face à une caméra.
00:23:31C'est un établissement exigeant,
00:23:34c'est un établissement rigoureux,
00:23:37c'est un établissement
00:23:45qui applique ou suit
00:23:49des principes de l'Église
00:23:52de manière un peu intransigeante, si je puis dire.
00:23:55Tout ça dans une communauté très cohérente.
00:23:59C'est-à-dire que,
00:24:01de ce qu'il est ressorti de l'ensemble des télémoniages
00:24:04que nous avons recueillis,
00:24:06les élèves sont en majorité contents
00:24:09de l'enseignement qu'ils reçoivent
00:24:11et les parents adhèrent.
00:24:16Au-delà de la réussite scolaire,
00:24:19de nombreux parents recherchent aussi
00:24:21un environnement spirituel.
00:24:36À Stanislas, la référence à la foi catholique,
00:24:39à l'expérience chrétienne,
00:24:41fonde et féconde cette dimension du don
00:24:44que nous célébrons dans l'Eucharistie.
00:24:46Comme institution catholique,
00:24:48nous relions dans un même acte
00:24:50instruction, éducation et évangélisation.
00:24:54Chaque jour,
00:24:56Stan propose aux élèves pratiquants
00:24:58trois messes,
00:25:00le matin à 8h, à midi et le soir.
00:25:03Et le samedi,
00:25:04c'est confession,
00:25:06version Stanislas.
00:25:10Ce qui m'a dérangée,
00:25:12c'était les confessions obligatoires.
00:25:14On allait à la chapelle Notre-Dame-sous-Terre,
00:25:17qui est une espèce de chapelle
00:25:19au sous-sol de Stanislas.
00:25:21Et on était deux ou trois classes
00:25:23à attendre sur les bancs.
00:25:25Il y avait quelques prêtres qui étaient là
00:25:27et on pouvait aller se confesser.
00:25:29Et en fait, les préfètes passaient dans les rangs
00:25:31et si on n'était pas allés se confesser,
00:25:32normalement, elles nous tapaient dans le dos
00:25:34et elles nous forçaient à aller nous confesser.
00:25:36Et en fait, je sais que j'y suis allée
00:25:38parce que je ne voulais pas me faire gronder,
00:25:40mais je disais n'importe quoi aux prêtres.
00:25:42Ce n'étaient pas des vraies confessions,
00:25:44ça ne peut pas être des vraies confessions
00:25:46quand c'est forcé.
00:25:48On nous donnait des petites feuilles
00:25:50pour nous aider à trouver des péchés
00:25:52qu'on aurait pu commettre.
00:25:54Et dans cette petite feuille,
00:25:56il y avait, je me souviens très bien la phrase,
00:25:58j'ai participé ou été à l'origine
00:26:00d'un avortement.
00:26:02La loi de l'éducation nationale
00:26:04relève que la catéchèse,
00:26:06l'enseignement de la parole du Christ,
00:26:08est obligatoire
00:26:10et que cela n'est pas conforme à la loi de Bray.
00:26:13Cette loi de 1959
00:26:16définit les obligations d'une école privée
00:26:18sous contrat avec l'État
00:26:20et garantit le respect
00:26:22de la liberté de conscience des élèves.
00:26:25La loi de Bray, dans son premier article,
00:26:28impose que l'éducation religieuse
00:26:32soit facultative.
00:26:34Et que ce que nous avons pu noter à Stannes,
00:26:37c'est que ce n'était pas le cas.
00:26:39C'est-à-dire que l'éducation religieuse
00:26:41était obligatoire,
00:26:43que les parents s'y engageaient
00:26:45à l'inscription de l'élève.
00:26:47Donc là-dessus, nous avons été très clairs
00:26:49en disant que c'était contraire à la loi de Bray
00:26:51et au contrat d'association
00:26:53et que l'établissement devait se mettre en règle
00:26:55avec le contrat.
00:26:58Depuis, l'établissement nous assure
00:27:00avoir précisé et affiné
00:27:03la distinction entre les cours de culture chrétienne,
00:27:06obligatoires,
00:27:08et les heures de catéchèse,
00:27:10facultatives.
00:27:14Dans la vie de Stanislas,
00:27:16les prêtres sont omniprésents,
00:27:18à la disposition des élèves jour et nuit.
00:27:21Trois abbés en soutane logent sur place.
00:27:27Bernadette Sauvaget connaît bien certains
00:27:28des aumôniers qui sont passés par l'établissement.
00:27:31Cette journaliste du quotidien Libération
00:27:34enquête depuis des années
00:27:36sur l'essor des réseaux catholiques traditionnalistes.
00:27:40L'abbé Seguin,
00:27:42qui fait partie de la garde rapprochée
00:27:44de Vincent Bolloré,
00:27:46était présent aux 200 ans
00:27:49de la famille Bolloré.
00:27:51C'était en très grande pompe
00:27:53près de Quimper.
00:27:59Il y a trois prêtres à l'entrée
00:28:01de la chapelle du Cœur des Votes,
00:28:03dont Guillaume Seguin.
00:28:09L'abbé de Metz, lui,
00:28:11il est prêtre en diocèse de Paris.
00:28:13L'abbé de Metz est connu
00:28:15pour être dans une association
00:28:17qui s'appelle Au cœur des hommes.
00:28:19C'est une association qui a un discours
00:28:21très masculiniste,
00:28:23de revirilisation,
00:28:25retrouver le sens de la masculinité,
00:28:26c'est la paternité.
00:28:28L'abbé Laurent,
00:28:30qui est lui-même un ancien militant
00:28:32de l'action française,
00:28:34un proche des milieux royalistes,
00:28:36et qui a fait de son église
00:28:38un point de ralliement
00:28:40de l'extrême droite catholique.
00:28:44On est là dans un catholicisme
00:28:46qui est un catholicisme identitaire,
00:28:48ultraconservateur,
00:28:50qui développe un certain nombre
00:28:52d'idées fortes,
00:28:54c'est-à-dire une forme
00:28:56d'anarchisme,
00:28:58les racines chrétiennes,
00:29:00un discours très anti-LGBT,
00:29:02le retour d'une fierté catholique
00:29:05qui veut être influent
00:29:07au cœur de la société,
00:29:09être influent au cœur des élites.
00:29:14Ce catholicisme ultraconservateur
00:29:16aurait imprégné l'éducation
00:29:18à la vie sexuelle
00:29:20dispensée à Stanislas.
00:29:23Pendant des années,
00:29:24ses cours ont été confiés
00:29:26à une conférencière,
00:29:28Inès de Franclieu.
00:29:31Cette mère de 9 enfants
00:29:33est à la tête de l'association
00:29:35Comme je t'aime,
00:29:37qui intervient dans plus de 160 écoles
00:29:39exclusivement catholiques.
00:29:42Pendant une dizaine d'années
00:29:44et jusqu'en 2022,
00:29:46l'établissement lui a confié
00:29:48ses classes de collégienne.
00:29:50Moi je pense que je mesurais pas forcément
00:29:52à quel point c'était grave
00:29:54parce que j'étais très jeune.
00:29:56Cécile a assisté
00:29:58au cours d'éducation sexuelle
00:30:00d'Inès de Franclieu.
00:30:02Déjà moi je me souviens
00:30:04la première séance,
00:30:06quand j'étais en 5ème,
00:30:08elle est arrivée dans la classe,
00:30:10elle a fait sur le tableau
00:30:12une frise chronologique
00:30:14de 28 jours
00:30:16et elle a mis
00:30:18la période des règles,
00:30:20la période de l'ovulation,
00:30:22donc déjà elle s'est posée
00:30:24des libertés avec la science.
00:30:26Lors d'un week-end scout,
00:30:28elle surprend une conversation
00:30:30entre des collégiennes de Stanislas.
00:30:32Je les ai entendues
00:30:34dire des choses,
00:30:36en fait j'ai reconnu le discours
00:30:38d'éducation sexuelle de Stanislas,
00:30:40c'est-à-dire que par exemple
00:30:42elle disait que les garçons
00:30:44ont une pulsion de vie
00:30:46plus forte que les filles
00:30:48et que donc c'est aux jeunes femmes
00:30:50de faire attention à comment elles s'habillent
00:30:52et comment elles se comportent
00:30:54et c'est ce qu'elle a enseigné à Stanislas
00:30:56mais le terme pulsion de vie
00:30:58c'est non seulement Stanislas
00:31:00mais c'est Inès Defranlieu,
00:31:02l'intervenante qui faisait
00:31:04l'éducation sexuelle pour les jeunes filles
00:31:06à Stanislas quand moi j'y étais.
00:31:08Alors nous avons la chance
00:31:10comme conférencière d'avoir Madame Defranlieu
00:31:12qui vient à Stan depuis plus d'une dizaine d'années.
00:31:14Le visage fait de moi
00:31:16une personne unique.
00:31:18Cet enregistrement,
00:31:20Cécile est allée le faire discrètement
00:31:22lors d'une séance
00:31:24et elle entend ce qu'elle avait entendu
00:31:26quand elle avait 12 ans
00:31:28mot pour mot.
00:31:30D'abord sur les filles.
00:31:42Ensuite sur les garçons.
00:31:55Ça nous explique très bien pourquoi
00:31:57les garçons ont une pulsion de vie
00:31:59positive, forte,
00:32:02sans doute un peu plus forte
00:32:04que celle de la femme.
00:32:06Ça pour moi c'est gravissime
00:32:08parce que non seulement
00:32:10ça culpabilise énormément
00:32:12les femmes et les jeunes filles,
00:32:14ça implique que si un jour
00:32:16elles sont victimes d'une agression
00:32:18elles pourront s'en prendre qu'à elles-mêmes,
00:32:20elles vont se remettre en question elles,
00:32:22elles vont se demander en quoi
00:32:24et elles vont forcément aller chercher
00:32:26l'aide dont elles ont besoin.
00:32:28Et peut-être même pire que ça,
00:32:30ça suggère que les hommes ont tous les droits.
00:32:32Elles parlent pas de méthode de contraception
00:32:34à part la contraception naturelle, etc.
00:32:36Pourquoi ? Parce que Mme de Franclieu
00:32:38incite les jeunes filles
00:32:40à suivre le même chemin qu'elle
00:32:42qui est avoir des rapports sexuels
00:32:44uniquement dans le cadre du mariage
00:32:46et dans le but de fonder une famille.
00:32:48Les interventions d'Inès de Franclieu
00:32:50respectent-elles les exigences
00:32:52de l'éducation nationale ?
00:32:54Les directives en matière
00:32:56d'éducation sexuelle
00:32:58sont sans ambiguïté.
00:33:01Prévention des risques,
00:33:03lutte contre les comportements
00:33:05homophobes, sexistes
00:33:07et promotion de l'égalité
00:33:09entre les femmes et les hommes.
00:33:11C'est quand même curieux
00:33:13d'avoir une intervenante régulière
00:33:16qui prône la chasteté avant le mariage,
00:33:19qui demande aux filles de se couvrir
00:33:21pour ne pas être des tentations
00:33:22pour les garçons.
00:33:24Dès lors que c'est fait
00:33:26en respectant la liberté de conscience
00:33:28des élèves et des enseignants d'une part
00:33:30et sans enfreindre la loi, bien entendu,
00:33:33et les valeurs de la République
00:33:35que nous sommes tous censés partager,
00:33:38après ça ne nous regarde pas.
00:33:40Nous, nous ne pouvons pas intervenir
00:33:42si ce n'est pour alerter
00:33:44sur le fait que ça doit être
00:33:46conforme aux valeurs de la République
00:33:48et à la loi.
00:33:50Et là, c'était conforme ?
00:33:52C'est-à-dire que si on n'avait pas
00:33:54demandé attention, en l'occurrence
00:33:56comme nous sommes venus,
00:33:58ces conférences n'avaient plus lieu.
00:34:00Mais pour quelles raisons
00:34:02Inès de Franclieu n'intervient-elle plus
00:34:04à Stanislas ?
00:34:06Nous allons la rencontrer en Alsace
00:34:08où elle donne une conférence
00:34:10à la demande d'un prêtre
00:34:12dans une salle polyvalente.
00:34:14Quelques dizaines de paroissiens
00:34:16l'écoutent religieusement.
00:34:18La pulsion de l'ami,
00:34:20c'est une pulsion sexuelle.
00:34:22La pulsion sexuelle,
00:34:24c'est une pulsion de l'ami.
00:34:26Le thème de ce soir-là,
00:34:28comment parler de sexualité
00:34:30à ses enfants ?
00:34:33Nous l'interrogeons
00:34:35avec une caméra cachée.
00:34:39Madame de Franclieu, bonjour.
00:34:41Mon nom est Nathalie Sapéna,
00:34:43je suis journaliste à France 2.
00:34:45Je voulais vraiment vous parler
00:34:47Mais non.
00:34:49Je voulais vous demander
00:34:51pourquoi vous n'étiez plus à Stanislas.
00:34:53Mais je n'ai pas besoin de vous répondre, madame.
00:34:55Je n'ai rien à vous dire.
00:34:57Est-ce que c'est parce que...
00:34:59Je n'ai rien à vous dire, madame.
00:35:01Je connais votre émission.
00:35:03Je vous remercie.
00:35:05L'établissement non plus
00:35:07ne nous a pas répondu
00:35:09sur les raisons de son départ.
00:35:12Une autre accusation
00:35:14a fait vaciller la citadelle Stanislas.
00:35:18Un article de Mediapart,
00:35:20publié en juin 2022,
00:35:22dénonce de nombreuses dérives homophobes
00:35:25dans l'établissement.
00:35:27C'est ce qui va déclencher
00:35:29l'enquête de l'Education nationale.
00:35:32Dans leur rapport,
00:35:34les inspecteurs constatent un climat
00:35:36propice au rejet de l'homosexualité.
00:35:38Pourtant,
00:35:40il ne relève qu'un seul fait avéré d'homophobie
00:35:42justifiant un signalement au parquet.
00:35:44Rien d'autre.
00:35:45Tous ceux qui voulaient parler
00:35:47à l'inspection générale pouvaient le faire.
00:35:49Dans l'ensemble de ces témoignages,
00:35:51nous n'avons extrait
00:35:53aucun élément caractérisé
00:35:55qui permettait de dire
00:35:57que l'établissement avait un comportement
00:35:59homophobe, sexiste ou autoritaire.
00:36:01Nous n'avons eu aucun témoignage d'élèves
00:36:03nous disant qu'ils avaient été
00:36:05eux-mêmes stigmatisés
00:36:07ou victimes d'homophobie.
00:36:10Nous avons eu des témoignages d'élèves
00:36:12qui disaient qu'ils connaissaient
00:36:13des élèves qui dans l'établissement
00:36:15étaient homosexuels
00:36:17et qui ne s'en plaignaient pas.
00:36:19Je pense qu'elle n'a pas lu les témoignages.
00:36:21Je pensais qu'en disant
00:36:23que j'entendais des injures
00:36:25contre les homosexuels
00:36:27à longueur de journée,
00:36:29ça aurait suffi à montrer le climat homophobe.
00:36:32Nous l'appellerons Pauline.
00:36:34C'est la première fois
00:36:36que cette ancienne élève
00:36:38accepte de parler à la presse,
00:36:40mais sous couvert d'anonymat.
00:36:44Un jour, j'étais assise
00:36:46sur les genoux d'une amie
00:36:48quand un préfet est venu me voir
00:36:50en me disant que je devais me lever
00:36:52parce qu'en fait,
00:36:54on allait penser que j'étais lesbienne
00:36:56en faisant ça.
00:36:58Et pour eux, c'était une maladie,
00:37:00c'était le diable.
00:37:02Ils disaient que c'était contre nature.
00:37:05Cette scène se serait déroulée en 2022
00:37:08alors qu'elle est en première.
00:37:10Selon elle, cette année-là,
00:37:11elle subit de la part d'un préfet
00:37:13de nombreuses remarques
00:37:15à caractère homophobe
00:37:17sur son comportement
00:37:19et sa façon de s'habiller.
00:37:22C'est le pull de la discorde ?
00:37:24C'est celui qui m'a valu
00:37:26d'être accusée de militantisme LGBT.
00:37:29Voilà.
00:37:31Pour lequel j'ai reçu beaucoup de blâme
00:37:33et on a voulu que j'arrête de le porter.
00:37:35On me disait que ça ressemblait
00:37:37à l'arc-en-ciel
00:37:39qui est le drapeau
00:37:41de la communauté LGBT.
00:37:43Cependant, il ne ressemble pas du tout.
00:37:45On voit déjà des touches de gris.
00:37:47On m'a dit que ça pouvait offenser
00:37:49certains de mes camarades
00:37:51parce que ça ressemblait
00:37:53à un drapeau LGBT
00:37:55et que ce n'était pas dans leur valeur.
00:37:57De son récit,
00:37:59les inspecteurs de l'Education nationale
00:38:01n'ont retenu que le conflit
00:38:03entre Pauline et le préfet,
00:38:05mais pas l'homophobie qu'elle dénonce.
00:38:08Pourtant, au cours de notre enquête,
00:38:09nous avons recueilli
00:38:11une dizaine de témoignages
00:38:13d'anciens élèves homosexuels
00:38:15qui racontent tous la même chose.
00:38:18À la cantine,
00:38:20les élèves disaient tout le temps
00:38:22les gays nous font chier,
00:38:24les homos nous dégoûtent.
00:38:27Un jour où je pleurais
00:38:29dans le bureau d'un surveillant,
00:38:31il a essayé de me consoler
00:38:33en disant qu'il avait des amis gays
00:38:35qui vivent aujourd'hui avec une femme.
00:38:37Un jour,
00:38:39un censeur directeur m'a parlé
00:38:41des thérapies de conversion.
00:38:43J'ai souvent eu des idées suicidaires.
00:38:48Le soir,
00:38:50je priais pour être digne de Stanislas.
00:38:52Je me disais,
00:38:54je peux réussir à ne pas être homosexuel.
00:38:56On nous le répétait au catéchisme
00:38:58dans les conférences.
00:39:00Oui, on peut aller contre sa sexualité.
00:39:07Pauline,
00:39:09après neuf ans passés dans l'école,
00:39:11a été renvoyée brutalement,
00:39:13malgré les éloges de ses professeurs
00:39:15et le prix d'excellence
00:39:17qu'elle venait d'obtenir.
00:39:22Au mois de juin,
00:39:24quand les cours étaient finis,
00:39:26avant le bac de français,
00:39:28mes parents ont été convoqués,
00:39:30sans que je le sache,
00:39:32par le directeur.
00:39:34On leur a dit en face
00:39:36qu'on n'est pas à l'esprit de Stanislas,
00:39:38que j'avais été toxique
00:39:40envers mes camarades.
00:39:42J'ai été juste expulsée
00:39:44du jour au lendemain,
00:39:46alors que
00:39:48jamais il n'y avait eu
00:39:50de retour de professeur
00:39:52qui aurait pu être négatif.
00:39:54Il n'y a jamais eu
00:39:56de procédure de discipline.
00:39:58Ça a été un choc immense.
00:40:01Avec son avocat,
00:40:03Pauline vient de porter plainte
00:40:04contre trois responsables de Stanislas
00:40:06pour discrimination.
00:40:10Cette plainte
00:40:12n'aurait même pas dû exister
00:40:14si les pouvoirs publics
00:40:16avaient pris leur responsabilité
00:40:18en décidant eux-mêmes
00:40:20d'avoir des conclusions,
00:40:22des demandes de sanctions
00:40:24et une demande d'enquête pénale.
00:40:26La direction de l'établissement,
00:40:28elle,
00:40:30récuse totalement et fermement
00:40:32les accusations de discrimination
00:40:35et de discrimination.
00:40:37Dans l'histoire récente de Stanislas,
00:40:39un homme a marqué l'institution
00:40:41de son empreinte.
00:40:43L'ancien directeur,
00:40:45Daniel Chapelier.
00:40:52Bonsoir, madame.
00:40:54Un homme charismatique,
00:40:56très respecté.
00:40:58Monsieur le directeur du 161,
00:41:00monsieur le chef de l'établissement,
00:41:02vous avez une place réservée
00:41:04pour la B2S.
00:41:06Daniel Chapelier
00:41:08est filmé ce jour-là
00:41:10dans la cour de Stanislas
00:41:12en juin 2015
00:41:14lors de sa soirée de départ.
00:41:16Ces images sont inédites.
00:41:18L'événement rassemble
00:41:20toute la communauté catholique.
00:41:22L'évêque de Paris
00:41:24a fait le déplacement.
00:41:26Les hiérarques du diocèse également.
00:41:31Enseignants,
00:41:32parents d'élèves,
00:41:34tous sont venus rendre hommage
00:41:36à cette grande figure
00:41:38de l'enseignement catholique
00:41:40qui a régné sur Stanislas
00:41:42pendant 13 ans.
00:41:44Chers maîtres, chers éducateurs,
00:41:46soyez fiers de vous.
00:41:48En cette fin d'année,
00:41:50votre œuvre fut belle.
00:41:52Daniel Chapelier
00:41:54aurait fait de Stanislas
00:41:56l'un des meilleurs établissements de France.
00:41:58Un tremplin vers les plus grandes écoles.
00:42:00Pour moi, c'était un excellent directeur.
00:42:03Il connaissait tous les élèves,
00:42:05les 3000 élèves de l'époque
00:42:07par leur prénom,
00:42:09les petits, les moyens, les grands,
00:42:11les présents,
00:42:13présents à tous les conseils de classe.
00:42:15Monsieur Chapelier a toujours insisté
00:42:17sur l'excellence,
00:42:19sur les résultats,
00:42:21sur l'excellence du travail
00:42:23tout en mettant l'accent aussi
00:42:25sur le développement de l'élève.
00:42:27En 2012,
00:42:29il se transforme en chef de croisade
00:42:31contre le mariage homosexuel.
00:42:33La meilleure façon de se marier,
00:42:35c'est toujours la nôtre.
00:42:37Depuis des milliers d'années,
00:42:39c'est pas prêt de changer.
00:42:43C'est l'époque de la manif pour tous.
00:42:46Pendant un an,
00:42:48des centaines de milliers
00:42:50de catholiques conservateurs
00:42:52défilent dans la rue
00:42:54pour refuser la loi Taubira
00:42:56qui ouvre le mariage
00:42:58au nom de Taubira !
00:43:00Au nom de Taubira !
00:43:02Au nom de Taubira !
00:43:04Au nom de Taubira !
00:43:06Au nom de Taubira !
00:43:08Daniel Chapelier
00:43:10jette son établissement
00:43:12dans la bataille.
00:43:14Il envoie une lettre
00:43:16à tous les parents d'élèves
00:43:18pour défendre
00:43:20le bel équilibre
00:43:22qu'apportent une famille
00:43:24avec un père et une mère.
00:43:25Il a dénaturé le mariage
00:43:27et a manifesté.
00:43:30C'était en 2012-2013,
00:43:32j'avais 14-15 ans.
00:43:34Toute ma classe allait manifester.
00:43:36Ils essayaient de me traîner là-bas.
00:43:38La moitié de ma classe avait des bracelets
00:43:40au nom de l'autobirace
00:43:42ou des bracelets en papa et maman.
00:43:44Il n'y a pas mieux pour un enfant.
00:43:46Les profs nous en parlaient beaucoup.
00:43:48On a eu une conférence de l'année de maître
00:43:50sur l'incompatibilité du programme de François Hollande
00:43:53avec l'évangile et des valeurs catholiques.
00:43:55Les préfets arrangeaient les élèves
00:43:57qui voulaient partir plus tôt
00:43:59pour aller à la manifestation.
00:44:01Il y avait des stickers
00:44:03de la manif pour tous sur les sacs.
00:44:05Je me rappelle de réflexion
00:44:07de la part de personnes
00:44:09que je pensais être mes amies
00:44:11qui disaient
00:44:13si on accepte le mariage
00:44:15entre homosexuels,
00:44:17pourquoi on n'accepterait pas
00:44:19le mariage entre chiens
00:44:21ou entre chats
00:44:23ou entre animaux ?
00:44:25Bien au contraire.
00:44:28Il y avait des petits travers
00:44:30sur la longueur des cheveux
00:44:32ou la longueur de la barbe.
00:44:34Le fait de ne pas avoir
00:44:36des jeans à trous
00:44:38ou des sweats à capuche
00:44:40fait partie de ces règles
00:44:42que M. Chapelier avait édictées
00:44:44et que je trouvais tout à fait normales.
00:44:47Mais les obsessions de Daniel Chapelier
00:44:50ne se limitent pas aux coupes de cheveux
00:44:52et aux vêtements.
00:44:53Dans son bureau,
00:44:55il soumet les collégiens
00:44:57à d'étranges interrogatoires.
00:44:5913 ans après,
00:45:01Hugo en garde un souvenir très précis.
00:45:03Il me dit
00:45:05est-ce que tu vas sur des sites pornographiques ?
00:45:07Ce à quoi je réponds non.
00:45:09Et il me dit tu es sûr ?
00:45:11Et là je me souviens vraiment très bien
00:45:13de son regard doutant de moi,
00:45:15son regard investigateur.
00:45:17Je répète plusieurs fois non, non.
00:45:19Il me dit t'es jamais allé
00:45:21sur un site pornographique ? Non.
00:45:23Il se masturbe.
00:45:25Il me dit ça ne t'est jamais arrivé ?
00:45:27Je dis non.
00:45:29Je trouve ça dégoûtant, ça me dégoûte.
00:45:31Je prends un air dégoûté.
00:45:33Et à ce moment-là, j'ai peur.
00:45:35Parce que j'ai peur de lui.
00:45:37Parce que j'ai 12 ans
00:45:39et qu'en face de moi,
00:45:41j'ai un homme de 60 ans
00:45:43qui est hyper présent dans nos vies,
00:45:45qui connaît tout de notre scolarité,
00:45:47de notre comportement.
00:45:49On sait très bien que la masturbation,
00:45:51la sexualité,
00:45:53c'est un problème.
00:45:55À l'époque,
00:45:57ces questionnements intrusifs
00:45:59sont connus des élèves
00:46:01et de certaines familles.
00:46:03Mais les parents d'Hugo
00:46:05n'osent pas en parler au directeur.
00:46:07Eux ça les scandalise,
00:46:09ils trouvent ça honteux,
00:46:11ils trouvent pas ça normal.
00:46:13Et en même temps,
00:46:15ils savent très bien que parler à ce moment-là,
00:46:17critiquer ça,
00:46:19s'élever contre la direction de Stan,
00:46:21contre Daniel Chapelier,
00:46:23ça va être repris l'année d'après.
00:46:25Donc c'est impossible de parler en fait.
00:46:30En février 2021,
00:46:32dans un autre établissement parisien
00:46:34à Saint-Jean-de-Passy,
00:46:36Daniel Chapelier,
00:46:38lors d'un de ses entretiens,
00:46:40aurait agressé sexuellement
00:46:42un collégien de 14 ans.
00:46:44Pour la première fois
00:46:46dans le bureau de son avocate,
00:46:48le père du jeune plaignant
00:46:50accepte de raconter la scène.
00:46:51Et il lui pose
00:46:53ces questions de plus en plus intimes
00:46:55en faisant peser à la fois
00:46:57l'autorité du directeur d'école
00:46:59et en même temps,
00:47:01en étant dans un cercle d'intimité
00:47:03qui est très proche.
00:47:06Il fait allusion à sa verge,
00:47:08c'est le mot qu'il utilisait.
00:47:12Il met sa main
00:47:14à l'intérieur de son pantalon,
00:47:16il la décrit,
00:47:18et à ce moment-là,
00:47:22il lui propose
00:47:24d'aller plus loin,
00:47:26d'attouchement,
00:47:28il lui demande
00:47:30de lui pratiquer une fellation.
00:47:34Après, mon fils se ressaisit
00:47:37et part de la pièce.
00:47:42L'enfant et sa famille
00:47:44portent immédiatement plainte.
00:47:45Daniel Chapelier,
00:47:47après 48 heures de garde à vue,
00:47:49est mis en examen
00:47:51pour agression sexuelle.
00:47:53Nous l'avons contacté,
00:47:55il nous a répondu par mail.
00:47:57Je suis victime d'un plaignant
00:47:59qui a menti au moment où il a su
00:48:01qu'il ne serait pas gardé
00:48:03par l'établissement,
00:48:05car il était très mauvais élève.
00:48:08Après sa mise en examen,
00:48:10Daniel Chapelier
00:48:12reçoit des centaines de lettres
00:48:13de soutien de Saint-Jean de Passy
00:48:15comme de Stanislas.
00:48:17La famille de l'enfant,
00:48:19elle, se retrouve isolée.
00:48:22Il n'y a pas de soutien
00:48:24dans ce type d'épreuve.
00:48:26C'était un peu la surprise.
00:48:28Donc on a reçu
00:48:30zéro coup de téléphone
00:48:32ou mot de soutien,
00:48:34parce qu'il n'y en a pas beaucoup.
00:48:36En revanche,
00:48:38j'ai reçu à 10 personnes
00:48:40des coups de téléphone
00:48:41ou de parents indignés
00:48:43qui s'estimaient
00:48:45qu'on faisait du temps
00:48:47à l'institution.
00:48:51Trois ans et demi
00:48:53après la mise en examen
00:48:55de Daniel Chapelier,
00:48:57l'affaire est toujours
00:48:59en cours d'instruction.
00:49:01À Stanislas,
00:49:03une autre affaire
00:49:05à caractère sexuel
00:49:07a éclaté au grand jour
00:49:09grâce à la détermination
00:49:11de l'enfant.
00:49:14Pendant l'été 2020,
00:49:16ils mettent la main
00:49:18sur un jugement d'épruudome
00:49:20qui concerne
00:49:22leur ancien préfet,
00:49:24Olivier Parent.
00:49:26Monsieur Parent
00:49:28consultait des images
00:49:30de jeunes adolescents
00:49:32du même âge
00:49:34que les élèves de l'internat.
00:49:36Monsieur Parent
00:49:38a procédé à 1 402
00:49:39sur des sites pornographiques
00:49:41à caractère juvénile
00:49:43et pendant les heures de travail.
00:49:46Olivier Parent a été licencié
00:49:48pour faute grave
00:49:50dès que l'établissement s'en est aperçu
00:49:52en octobre 2018.
00:49:55Mais à l'époque,
00:49:57ni les familles,
00:49:59ni les élèves,
00:50:01ni les enseignants
00:50:03n'ont été informés
00:50:05du motif de ce renvoi.
00:50:09On était très choqués
00:50:11de se dire que ça a pu se passer
00:50:13sans qu'on ait été mis au courant
00:50:15et qu'on avait vécu un an
00:50:17sous la coupe de ce préfet
00:50:19qui avait la clé de nos chambres.
00:50:21Un sentiment que j'ai eu tout de suite,
00:50:23c'est qu'on a été mis en danger.
00:50:25On n'a pas jugé bon ensuite
00:50:27de savoir si j'allais bien.
00:50:29C'était quelqu'un qui
00:50:31prenait énormément de photos
00:50:33et des photos de tout le monde
00:50:35et qui, j'en suis certain,
00:50:37gardait ses photos.
00:50:39Et s'il avait fait circuler
00:50:41des photos globalement des élèves.
00:50:45L'ancien préfet aurait-il
00:50:47commis des agressions sexuelles
00:50:49quand il était à Stanislas ?
00:50:51C'est la question que se posent
00:50:53Benoît et Léon.
00:50:55Ils vont alors demander à l'établissement
00:50:57de révéler la raison du licenciement
00:50:59d'Olivier Paron
00:51:01et de mettre en place
00:51:03une cellule d'écoute
00:51:05pour les éventuelles victimes.
00:51:07À trois reprises,
00:51:09l'ancien directeur Frédéric Gauthier
00:51:11se heurte
00:51:13à une fin de non recevoir.
00:51:15Moi, je commence à me méfier avec vous.
00:51:18Nous n'avons pas l'air d'accord.
00:51:20Le fait que Stan a failli ou n'a pas failli
00:51:22défendrait sur le fait
00:51:24que nous n'avons pas COVID.
00:51:26Nous nous sommes procurés
00:51:28l'enregistrement de l'un de ces rendez-vous.
00:51:30Les anciens élèves
00:51:32menacent d'informer la presse.
00:51:34Vous voulez communiquer largement
00:51:36avec potentiellement
00:51:37un risque pour Stan
00:51:39d'atteinte à sa réputation,
00:51:41à son image.
00:51:43Je ne sais pas ce que vous direz,
00:51:45mais si vous dites
00:51:47il y avait un prédateur sexuel à Stan,
00:51:49ça va nous mettre en tension.
00:51:51Vous en prenez le risque.
00:51:54Les deux lanceurs d'alerte
00:51:56contactent alors le journal Le Monde
00:51:59qui révèle toute l'histoire.
00:52:02L'établissement finit par ouvrir
00:52:04une cellule d'écoute
00:52:05en janvier 2021,
00:52:07plus de deux ans
00:52:09après le licenciement.
00:52:16Quant à Olivier Paron,
00:52:19il a depuis été mis en examen
00:52:21pour le viol d'un élève
00:52:23dans un autre établissement
00:52:25avant son passage à Stanislas.
00:52:27Un viol qu'il n'y avoir commis.
00:52:36Après toutes les révélations sur Stanislas
00:52:39en février dernier,
00:52:41la mairie de Paris
00:52:43décide de frapper un grand coup.
00:52:46Elle suspend la subvention annuelle
00:52:48de l'établissement
00:52:50près de 1,4 million d'euros.
00:52:57Nous avons considéré
00:52:59que les fonds publics
00:53:01ne pouvaient
00:53:02continuer à financer
00:53:04un établissement
00:53:06avec des manquements
00:53:08aussi graves.
00:53:11La mesure est exceptionnelle
00:53:13car cette subvention
00:53:15est obligatoire.
00:53:17Mais à la grande surprise
00:53:19du maire adjoint chargé
00:53:21de l'éducation,
00:53:23Stanislas ne réagit pas.
00:53:25Si le prix à payer,
00:53:27c'est de ne plus avoir
00:53:29une subvention de la ville de Paris,
00:53:30c'est de payer ce prix
00:53:32pour étouffer l'affaire,
00:53:34faire oublier
00:53:36le rapport de l'inspection générale
00:53:38et surtout,
00:53:40ce qui est le plus condamnable,
00:53:42continuer sans rien changer.
00:53:45Si Stanislas fait le dos rond
00:53:47au conseil de Paris
00:53:49lors du vote de la décision,
00:53:51ses soutiens politiques
00:53:53montent au créneau.
00:53:55Pour des milliers d'anciens élèves
00:53:57dont j'ai l'honneur de faire partie,
00:53:58Stan est l'école,
00:54:00et oui, Stan est l'école
00:54:02de l'exigence.
00:54:04Nous vous demandons donc
00:54:06le versement de la subvention
00:54:08que l'établissement a droit
00:54:10de recevoir.
00:54:12Pour l'élu parisien,
00:54:14la polémique a le mérite
00:54:16de mettre au jour
00:54:18une anomalie de la loi Debré.
00:54:20Nous sommes contraints
00:54:22de financer
00:54:24sans aucune contrepartie.
00:54:26Nous sommes aveugles
00:54:28de pouvoir contrôler
00:54:30l'utilisation qui est faite
00:54:32des fonds publics que nous versons.
00:54:35Le financement public
00:54:37des écoles privées
00:54:39échappe-t-il au contrôle des autorités ?
00:54:41Cette question,
00:54:43deux députés, l'un Renaissance
00:54:45et l'autre LFI,
00:54:47l'ont mise sur la table
00:54:49dans un rapport en avril dernier.
00:54:51C'est plutôt sur la manière
00:54:53dont l'argent est dépensé
00:54:55sur le contrôle
00:54:56et le pilotage de l'Etat
00:54:58que nous avons souhaité insister.
00:55:00Ils ont aussi cherché
00:55:02à évaluer la dépense d'argent public
00:55:04consacrée aux écoles privées.
00:55:06Celle-ci doit se situer
00:55:08probablement entre 10 et 12 milliards d'euros.
00:55:10Il y a, je crois,
00:55:12peu de dépenses publiques
00:55:14qui sont à ce point aussi mal mesurées.
00:55:17Nous avons tenté
00:55:19de faire ce calcul pour Stanislas.
00:55:211,4 million d'euros
00:55:23versés par la mairie,
00:55:251,3 million
00:55:27par la région.
00:55:29Mais pour l'enveloppe de l'Etat,
00:55:31notamment le salaire des enseignants,
00:55:33nous ne pouvons faire qu'une estimation.
00:55:35Chaque année, ce montant s'élèverait
00:55:37à plus de 9 millions d'euros.
00:55:41Au total,
00:55:43Stanislas bénéficierait
00:55:45de plus de 12 millions d'euros par an
00:55:47de financement public.
00:55:49En contrepartie,
00:55:51l'établissement s'est engagé
00:55:52à respecter la laïcité,
00:55:54les programmes
00:55:56et l'accueil de tous les enfants
00:55:58sans discrimination sociale.
00:56:00Ce sont les termes
00:56:02du contrat d'association avec l'Etat.
00:56:04Moi, je pense que le contrat
00:56:06d'association avec Stanislas
00:56:08doit être rompu.
00:56:10Je le pense parce que cet établissement
00:56:12littéralement piétine
00:56:14ses obligations contractuelles,
00:56:16il piétine la loi Debré
00:56:18et dans Paris-Cyaconstance,
00:56:20je pense que les pouvoirs publics
00:56:22n'ont pas de responsabilité.
00:56:24Une mesure radicale
00:56:26que le rapport des inspecteurs
00:56:28de l'Education nationale
00:56:30n'envisage pas.
00:56:32Le bazooka qui consisterait
00:56:34à supprimer le contrat d'association,
00:56:36on ne le sort pas à la première alerte.
00:56:38Donc l'alerte a été faite,
00:56:40on a demandé à l'établissement
00:56:42de se mettre en conformité
00:56:44avec le contrat d'association.
00:56:46S'il se met en conformité
00:56:48avec le contrat d'association,
00:56:50les choses se passeront très bien.
00:56:52La direction nous assure avoir mis en œuvre
00:56:54depuis la rentrée scolaire
00:56:56toutes les recommandations des inspecteurs,
00:56:58notamment sur l'éducation sexuelle
00:57:01et la place de la religion.
00:57:05En 65 ans de loi Debré,
00:57:07selon le rapport des deux parlementaires,
00:57:09il n'y a quasiment jamais eu
00:57:11de rupture de contrat
00:57:13entre un établissement privé
00:57:15et l'État.
00:57:19Et nous sommes de retour avec vous,
00:57:20Haughtman Nassrault, bonsoir.
00:57:22Alors vous êtes secrétaire d'État
00:57:24chargée de la citoyenneté
00:57:26et de la lutte contre les discriminations,
00:57:28vous êtes un proche de Bruno Retailleau,
00:57:30l'actuel ministre de l'Intérieur,
00:57:32et vous défendez avec force
00:57:34l'école Stanislas.
00:57:36J'ai envie de vous demander,
00:57:38est-ce que Stan, c'est l'un de vos combats ?
00:57:40Mon combat, c'est que chacun de nos jeunes,
00:57:42chacun de nos enfants puissent réussir.
00:57:44Quelle que soit son origine,
00:57:46quel que soit son territoire,
00:57:48quel que soit le choix de sa famille
00:57:50ou dans l'enseignement privé,
00:57:52sous contrat en l'occurrence.
00:57:54Et pourquoi vous défendez avec une telle force
00:57:56Stanislas face aux critiques
00:57:58de cet établissement ?
00:58:00Je crois que c'est important
00:58:02qu'on respecte le libre choix des familles
00:58:04et je veux vous rappeler simplement
00:58:06que dans notre pays,
00:58:08il y a une famille sur deux
00:58:10qui à un moment ou à un autre
00:58:12a eu un enfant scolarisé
00:58:14dans l'enseignement privé.
00:58:16Il faut respecter cela
00:58:18parce qu'on a besoin aujourd'hui
00:58:20qu'on respecte le libre choix des familles
00:58:22et qu'on regarde un petit peu vos mots.
00:58:24Vous parlez d'une casse de l'excellence,
00:58:26un combat idéologique
00:58:28confinant à la guerre scolaire.
00:58:30Est-ce que pour vous, aujourd'hui,
00:58:32critiquer Stanislas,
00:58:34c'est forcément être dans un combat idéologique ?
00:58:36Ce que je note,
00:58:38c'est qu'il y a des élus,
00:58:40et c'est un débat politique
00:58:42que l'on peut avoir,
00:58:44qui sont défavorables au contrat d'association
00:58:46ou à l'enseignement privé sous contrat,
00:58:48bien au-delà de la polémique
00:58:50de notre reportage.
00:58:52Et donc, il y a des élus,
00:58:54des hommes et des femmes politiques dans ce pays
00:58:56qui pensent qu'il faut revenir
00:58:58sur cette liberté d'enseignement.
00:59:00C'est forcément politique, d'après vous,
00:59:02il n'y a pas des faits qui aujourd'hui,
00:59:04où vous ne vous dites pas
00:59:06c'est normal de critiquer Stanislas,
00:59:08c'est normal d'être choqué de certaines choses
00:59:10qui se passent dans cet établissement ?
00:59:12Je veux être très clair.
00:59:14Il n'y a aucune place dans notre pays
00:59:16pour l'homophobie,
00:59:18pour le harcèlement.
00:59:20Il n'y a pas de place pour critiquer Stanislas.
00:59:22Public ou privé, malheureusement,
00:59:24ce sont des choses qui arrivent
00:59:26dans bien des établissements.
00:59:28Et là où il y a des fautes individuelles,
00:59:30elles doivent être sanctionnées.
00:59:32Effectivement, à Stanislas,
00:59:34un climat homophobe a été dénoncé.
00:59:36Les inspecteurs de l'éducation nationale
00:59:38ont fait un signalement au parquet
00:59:40parce qu'un père de famille
00:59:42qui donnait des cours de catéchisme
00:59:44disait à ses élèves, je cite,
00:59:46l'homosexualité est un péché,
00:59:48une maladie qui vient du fait
00:59:50qu'il n'est pas acceptable
00:59:52dans une école censée former
00:59:54les élites de la République.
00:59:56Mais des propos comme ceux que vous avez cités
00:59:58ne sont pas acceptables
01:00:00et d'ailleurs ne sont pas acceptés.
01:00:02Ce père de famille a donné des cours
01:00:04pendant trois ans quand même.
01:00:06Plusieurs parents avaient alerté.
01:00:08Comment on fait pour éviter ce genre de propos ?
01:00:10D'abord, je vous indique que ces propos
01:00:12ont fait l'objet d'un signalement
01:00:14des inspecteurs qui ont mené ce rapport
01:00:16et ces propos, évidemment,
01:00:18ont vocation à être poursuivis
01:00:20et donc, naturellement,
01:00:22ces propos ont fait l'objet aujourd'hui
01:00:24d'une procédure pénale.
01:00:26Mais je note aussi que l'établissement
01:00:28avait écarté cet intervenant bénévole
01:00:30et donc c'est important que, naturellement,
01:00:32ce type de propos n'ait pas leur place.
01:00:34Ces propos n'ont jamais leur place
01:00:36dans l'enceinte scolaire
01:00:38ni d'ailleurs dans l'ensemble de notre société.
01:00:40L'homophobie existe aujourd'hui.
01:00:42Est-ce qu'elle n'est pas systémique à Stanislas ?
01:00:44Alors elle existe dans bien des établissements
01:00:46malheureusement, en milieu scolaire
01:00:48et ça peut prendre la forme d'agressions,
01:00:50qui peut-être nous entendent ce soir
01:00:52doivent se sentir écoutées.
01:00:54Il faut qu'elle, même si c'est parfois difficile,
01:00:56il faut qu'elle prenne la parole.
01:00:58Il faut qu'elle porte plainte.
01:01:00Les inspecteurs ont prouvé que Stanislas
01:01:02enfreignait la loi,
01:01:04ne respectait pas la loi sur un point,
01:01:06c'est sur l'enseignement religieux.
01:01:08À Stanislas, il est obligatoire,
01:01:10or la loi impose qu'il soit facultatif.
01:01:12Vous, vous vous présentez
01:01:14comme un défenseur de la laïcité,
01:01:16vous en pensez quoi ?
01:01:18Là-dessus, le principe est très clair
01:01:20c'est qu'il y a des choses
01:01:22qui valoront autant de fois qu'il le faut.
01:01:24En aucun cas, dans le cadre
01:01:26d'un contrat d'association,
01:01:28les cours d'enseignement religieux
01:01:30ne peuvent être obligatoires.
01:01:32Il l'était à Stan pourtant ?
01:01:34Il me semble que ce point
01:01:36qui a été soulevé par les inspecteurs
01:01:38a été depuis levé par l'établissement
01:01:40qui a clarifié la situation.
01:01:42Mais pour être bien clair,
01:01:44qu'est-ce qui se passe ?
01:01:46Il y a une école privée
01:01:48qui reçoit de l'argent public,
01:01:50et c'est extrêmement clairement
01:01:52qu'on a un principe dans notre pays
01:01:54qui est qu'il puisse y avoir
01:01:56des établissements
01:01:58avec des projets pédagogiques différents
01:02:00à condition qu'ils se conforment
01:02:02à un socle commun de valeurs et de compétences
01:02:04qui n'est pas négociable,
01:02:06puisque c'est la question que vous me posez.
01:02:08Mais en fait on a l'impression
01:02:10que finalement c'est soit tout ou rien,
01:02:12c'est soit on rompt le contrat d'association
01:02:14mais il n'y a pas de sanction intermédiaire.
01:02:16Là Stanislas a enfreint la loi,
01:02:18l'enseignement religieux était obligatoire
01:02:20et c'est ça le normal.
01:02:22Alors il y aura une suite,
01:02:24il y aura d'autres contrôles s'il le faut
01:02:26et naturellement quand il y a un premier contrôle
01:02:28il y a des alertes qui sont établies,
01:02:30des préconisations qui sont formulées
01:02:32et l'établissement doit s'y conformer.
01:02:34Il y a quelques mois il y a un rapport parlementaire
01:02:36qui a été fait sur le financement
01:02:38des établissements privés en France
01:02:40et les députés parlent d'un système opaque,
01:02:42hors de contrôle
01:02:44et je voudrais qu'on regarde ensemble
01:02:46une phrase qui interroge,
01:02:48qui pose question,
01:02:50il y a 5 contrôles par an
01:02:52pour 7500 établissements,
01:02:54la fréquence de contrôle d'un établissement privé
01:02:56est d'une fois tous les 1500 ans.
01:02:59Une fois tous les 1500 ans.
01:03:01Ce n'est pas beaucoup,
01:03:03c'est moins qu'on puisse dire.
01:03:05Je ne sais pas la source de ce chiffre.
01:03:07C'est un rapport parlementaire
01:03:09qui a été fait par des députés
01:03:11sur le financement des établissements privés.
01:03:13Oui notamment le député Paul Vannier
01:03:15qui est un député insoumis
01:03:17à qui j'ai signé ce débat.
01:03:18C'est un député du Parti Renaissance.
01:03:20Pourquoi il y a si peu de contrôles
01:03:22une fois tous les 1500 ans ?
01:03:24Pourquoi l'État ne contrôle pas plus
01:03:26la façon dont l'argent public
01:03:28est utilisé dans nos écoles privées ?
01:03:30Ces contrôles qui se font aujourd'hui
01:03:32par les inspecteurs
01:03:34relèvent de l'éducation nationale
01:03:36et ce n'est pas dans ma compétence
01:03:38de vous répondre,
01:03:40mais la réalité c'est que les contrôles
01:03:42se font à plusieurs niveaux.
01:03:44Il n'y a pas que les contrôles de l'inspection.
01:03:46Par contre ce que je peux vous dire
01:03:48c'est qu'il y avait un contrôle.
01:03:50C'était le premier contrôle en 200 ans.
01:03:52C'est normal qu'une école
01:03:54reçoive des millions d'euros de l'État
01:03:56et que finalement on ne regarde pas
01:03:58comment cet argent est utilisé.
01:04:00Peut-être les systèmes ne sont pas imparfaits.
01:04:02Peut-être que la promesse républicaine
01:04:04pour laquelle je me bats
01:04:06au nom du gouvernement
01:04:08elle est imparfaite.
01:04:10Il y a encore du chemin à faire.
01:04:12Mais il faut le dire aussi très clairement
01:04:14opposer les écoles entre elles n'apporte rien.
01:04:16Il ne s'agit pas d'opposer les écoles
01:04:18il s'agit d'établir comment l'argent public
01:04:20est utilisé.
01:04:22Ça n'a rien d'extraordinaire.
01:04:24Mais on a l'impression que pour la question
01:04:26des établissements privés
01:04:28est-ce que c'est un manque de volonté politique ?
01:04:30Est-ce que c'est un manque de moyens ?
01:04:32Peut-être qu'il n'y a pas assez d'inspecteurs
01:04:34pour aller faire ces contrôles ?
01:04:36Alors je peux vous dire que la volonté politique
01:04:38elle est là et elle consiste à vouloir faire en sorte
01:04:40que toutes nos écoles, j'ai bien dit
01:04:42toutes nos écoles soient des sanctuaires
01:04:44et que nos enfants soient préservés
01:04:46d'un certain nombre de menaces
01:04:48je veux réaffirmer devant vous
01:04:50la volonté de ce gouvernement d'y veiller
01:04:52au maximum de nos moyens
01:04:54et nous utiliserons tous les leviers que nous pouvons
01:04:56pour préserver encore une fois notre jeunesse
01:04:58d'un certain nombre de dérives.
01:05:00Ça c'est important.
01:05:02Alors justement j'aimerais partager avec vous
01:05:04une expérience qu'on a faite au cours de notre enquête.
01:05:06On a voulu montrer des images
01:05:08de Stanislas à des élèves
01:05:10d'un lycée de Seine-Saint-Denis.
01:05:12J'aimerais qu'on les écoute.
01:05:14Nous sommes attentifs à la qualité de la vie
01:05:16des élèves et des adultes à Strasbourg.
01:05:19Deux tableaux en plus.
01:05:21Nous on n'en a qu'un.
01:05:23Nos projecteurs ne fonctionnent pas.
01:05:25Nos antilles ne fonctionnent pas.
01:05:27Les tables des professeurs sont cassées en deux.
01:05:29Ils ont des chaises quand même.
01:05:31Nous on n'a pas de chaises.
01:05:33On reste debout.
01:05:35Il n'y en a pas assez parce qu'elles sont toutes cassées.
01:05:37Être enseignant d'EPS à Stanislas
01:05:39c'est la chance d'avoir deux bassins de piscine
01:05:41de 25 mètres, sept gymnases.
01:05:43Pourquoi mettre de l'argent dans Stanislas
01:05:45alors qu'ils en ont déjà
01:05:46et qu'on ne pourrait pas en mettre ici ?
01:05:48L'égalité des chances, elle n'est pas là.
01:05:50Pour bien vous préciser,
01:05:52on a montré des images de la vidéo promotionnelle
01:05:54de l'établissement Stanislas.
01:05:56La jeune femme en dernier dit
01:05:58l'égalité des chances, elle n'est pas là.
01:06:01Qu'est-ce que vous avez envie de lui dire ?
01:06:03Que l'égalité des chances, elle doit être partout.
01:06:05En tout cas, elle ressent que ce n'est pas le cas.
01:06:07Il ne faut pas laisser croire
01:06:09que cet argent est pris
01:06:11au lycée public, aux établissements publics
01:06:13pour le donner aux établissements privés.
01:06:14C'est faux.
01:06:16Est-ce que vous comprenez par exemple
01:06:18que ces élèves qui n'ont pas de rideau aux fenêtres,
01:06:20pas des chaises qui ne soient pas cassées
01:06:22se disent dans d'autres lycées
01:06:24on a sept gymnases et deux piscines ?
01:06:26Est-ce que là on n'est pas sur une école à deux vitesses ?
01:06:29Moi j'aimerais évidemment
01:06:31que toutes nos écoles soient à la même vitesse.
01:06:33Ça ne veut pas dire
01:06:35fasse la même chose ou le même projet pédagogique.
01:06:37Ma mission c'est de faire en sorte
01:06:39que cette égalité des chances
01:06:41soit une réalité pour un maximum de nos concitoyens.
01:06:42Mais comment faire ?
01:06:44Il y a beaucoup à faire.
01:06:46Nous sommes dans un pays où on a des bourses.
01:06:48Tous les pays ne font pas ça.
01:06:50À Stanislas il y a 1% de boursiers.
01:06:521%.
01:06:54Mais écoutez, ça ce n'est pas un argument.
01:06:56Le vrai argument pour moi encore une fois
01:06:58c'est comment on fait
01:07:00pour que chacun de nos jeunes réussissent.
01:07:02Mais est-ce qu'un des problèmes aussi
01:07:04ce n'est pas le respect de la mixité sociale ?
01:07:06La loi impose aux écoles
01:07:08d'accueillir tout le monde.
01:07:10Sauf qu'on voit à Stan
01:07:12que certains établissements privés
01:07:14n'est pas du tout respecté.
01:07:16Comment on règle ce problème ?
01:07:18La première fracture sociale
01:07:20elle est d'abord territoriale.
01:07:22Vous avez des établissements publics
01:07:24dans lesquels il y a peu de mixité sociale
01:07:26parce qu'ils sont dans des quartiers
01:07:28qui sont privilégiés.
01:07:30Et moi mon défi c'est de faire en sorte
01:07:32bien sûr qu'il y ait de la mixité sociale
01:07:34y compris dans des quartiers populaires
01:07:36où il faut qu'on puisse croiser des gens
01:07:38avec des horizons différents.
01:07:40Comment on fait typiquement
01:07:42il y a un chemin à faire
01:07:44mais on n'y arrivera pas par l'égalitarisme.
01:07:46On n'y arrivera pas en expliquant
01:07:48qu'il faut faire la même chose partout.
01:07:50Mais il y a des propositions qui ont été faites
01:07:52notamment par les députés
01:07:54qui ont fait ce rapport parlementaire
01:07:56qui proposent de sanctionner
01:07:58les établissements privés
01:08:00qui ne respectent pas la mixité sociale
01:08:02et de conditionner finalement
01:08:04le financement public s'ils ne le respectent pas.
01:08:06C'est une bonne proposition ça ?
01:08:08La solution c'est d'aller faire réussir
01:08:10ceux qui aujourd'hui n'ont pas cette chance.
01:08:12C'est un chemin de réussite
01:08:14pour ceux qui n'ont pas la même chance.
01:08:16C'est ça notre défi.
01:08:18Et je vous le dis, il ne faut pas confondre
01:08:20l'égalité qui consiste à donner une chance à chacun
01:08:22et j'y suis attaché, à faire en sorte
01:08:24que les droits de chacun soient respectés
01:08:26et l'égalitarisme qui consiste à vouloir
01:08:28que tout le monde soit dans le même établissement.
01:08:30Ça c'est contraire à la liberté d'enseignement
01:08:32et c'est contraire à la liberté scolaire.
01:08:34C'est ça le principe que je veux défendre
01:08:36et c'est de cela dont nous avons besoin.
01:08:38Merci beaucoup Haughtman Nascot.
01:08:40Merci à vous.
01:08:42Bonne soirée.
01:08:44Ce soir à la rédaction en chef c'était Emmanuel Gagné,
01:08:46Séverine Lebrun, Laura Aguirre de Carcer,
01:08:48Julien Paul-Simon à la préparation des plateaux,
01:08:50Charlotte Christ à la réalisation.
01:08:52Tout de suite c'est Nous les Européens
01:08:54présenté par Eléonore Gay.
01:08:56Excellente fin de soirée à tous sur France 2.
01:09:12Sous-titrage Société Radio-Canada

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