Sanofi cède une part de sa filiale Opella à un fonds américain, tout en permettant à l'État d'entrer au capital à hauteur de 2%. Avec des engagements de maintien des emplois et d'investissements de la part de l'entreprise américaine, l'État aura aussi une position privilégiée pour garantir une production de paracétamol en France. Les explications avec l'éditorialiste BFM Business, Pierre Kupferman.
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00:00Bonjour Pierre. Le Doliprane c'est fait, c'est certain, va passer sous contrôle américain et pour essayer d'éteindre en quelque sorte la polémique,
00:06le groupe français Sanofi et le repreneur ont accepté de laisser entrer l'État au capital.
00:12Oui, l'accord signé avec le gouvernement prévoit que l'État deviendra, parce que c'est encore quelques temps pour que ça se fasse,
00:21un actionnaire très minoritaire d'Opela. Opela, je vous répète que c'est le nom de cette filiale de Sanofi qui produit et commercialise,
00:28entre autres, le Doliprane. Et donc vous avez ce fonds américain qui va en prendre le contrôle, Sanofi va lui céder 50% du capital
00:36et puis cette banque publique qu'on connaît, qui s'appelle BPI France, qui va en détenir près de 2%, tout ça moyennant 100 à 150 millions d'euros d'investissement,
00:47puisqu'il s'agit finalement d'un investissement.
00:49Bon, entre 1 et 2% avec une part aussi faible, l'État pourra vraiment quelque chose ?
00:54C'est vrai que c'est symbolique, mais c'est vrai aussi que ça va permettre à l'État d'avoir une sorte de position privilégiée pour veiller à ce que les engagements
01:04pris par ce repreneur soient respectés. C'est quoi les engagements ? Maintenir le siège d'Opela en France, maintenir l'emploi et la pérennité des sites français,
01:13il y en a deux sur le plan industriel, de réaliser au moins 70 millions d'euros d'investissement toujours en France et sur les cinq prochaines années.
01:22Et puis, c'est peut-être ça le plus important d'ailleurs, garantir aux fournisseurs et aux sous-traitants français qu'Opela va continuer à travailler avec eux.
01:30Pourquoi c'est important ? Parce que le véritable enjeu de souveraineté, c'est pas tant de produire le Doliprane, c'est le paracétamol, c'est-à-dire le principe actif du Doliprane.
01:43Et il se trouve que là, vous avez un fournisseur historique de Sanofi, parce que c'est pas Sanofi qui le produit, qui a pris la décision, aidée là aussi par l'État,
01:52d'investir lourdement pour produire ce principe actif dans une nouvelle usine en Isère.
01:59Bon, si les engagements ne sont pas tenus, on a quoi, l'État a quoi comme mesure de rétorsion en quelque sorte ?
02:04Alors écoutez, cet accord, il prévoit des sanctions en cas de non-respect de tous ces engagements qui sont pris.
02:11Si l'un des deux sites français est fermé d'ici à 2030, il y a jusqu'à 40 millions d'euros à payer à l'État.
02:17Si le groupe procède à des licenciements économiques contraints, 100 000 euros par emploi supprimé, pénalité.
02:25Si l'obligation de s'approvisionner en France n'est pas respectée, 100 millions d'euros à payer, toujours à l'État.
02:31C'est pas rien, même si évidemment dans l'absolu, ça n'empêcherait pas ce fonds américain de passer out si le juge est nécessaire.
02:40Mais maintenant je regarde ce qu'affirment ces dirigeants.
02:45Alors, ces sanctions, a priori, elles n'ont pas vocation à être appliquées. Pourquoi ?
02:49Parce qu'ils disent vouloir créer un champion français mondial de la santé grand public
02:56et soutenir les activités françaises d'Opelia, notamment ses sites de production stratégique, sa R&D et son développement à l'international.
03:05Donc, on verra. Disons qu'ils ne se projettent pas comme souhaitant sortir de la France du tout.
03:14On verra bien. Merci beaucoup Pierre pour cet éclairage.