Sanofi cède une part de sa filiale Opella à un fonds américain, tout en permettant à l'État d'entrer au capital à hauteur de 2%. Avec des engagements de maintien des emplois et d'investissements de la part de l'entreprise américaine, l'État aura aussi une position privilégiée pour garantir une production de paracétamol en France.
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00:00On apprend ce soir que la grève est reconduite sur un site à Lisieux et qu'elle est suspendue à Compiègne.
00:06Du coup, quel est l'état d'esprit ce soir ?
00:09L'état d'esprit, c'est toujours le même. C'est-à-dire que les salariés aujourd'hui, ils n'ont aucune garantie.
00:14Ils ne savent pas vraiment vers quoi ils vont demain. Et très clairement, ils expriment une colère.
00:20Alors effectivement, de façon différente entre Compiègne et Lisieux.
00:23Mais en tout cas, la colère, elle est là parce qu'être vendu comme c'est fait là,
00:29c'est difficilement compréhensible et acceptable. Donc clairement, on est toujours sur de l'inquiétude et plus que de l'inquiétude.
00:38Aujourd'hui, la vente d'Opéla concerne tous les sites aujourd'hui de Sanofi qui sont liés au Doliprane et au Paracetamol, c'est-à-dire 15-16 sites, c'est ça ?
00:56En fait, la vente d'Opéla, ça concerne en réalité deux sites en France, trois avec le siège, mais aussi des sites à l'étranger.
01:04Et en tout, c'est 1 700 salariés en France et 13 000 dans le monde.
01:07Et d'ailleurs, M. Brunet, je voulais juste vous signaler que Doliprane, c'est qu'une des spécialités d'Opéla. Il y en a 130 chez Opéla.
01:14Donc, on focalise beaucoup sur le Doliprane, mais en réalité, on est en train de vendre 130 spécialités.
01:19Donc, ce n'est pas aussi évident de dire que tout est substituable et que tout peut être fait par une autre société.
01:25— Alors, c'est plutôt des médicaments sans ordonnance, l'alisopahine, etc., c'est plutôt des médicaments comme ça qui ne sont pas des médicaments vendus sur ordonnance ?
01:40— C'est ce qu'on appelle la santé grand public. Donc oui, effectivement, c'est des médicaments dits sans ordonnance, en France en tout cas.
01:45Mais par contre, il y a des tas d'endroits dans le monde où il n'y a pas d'ordonnance sur ces médicaments depuis très longtemps.
01:50Ça ne veut pas dire qu'ils sont pour autant inutiles ou qu'ils n'ont aucune utilité dans la santé. — Oui, oui, bien sûr.
01:54Donc en fait, on cherche toujours à nous faire dire que finalement, Opéra, ce serait une espèce de seconde zone de la santé. Mais non, c'est au cœur de la santé des Français.
02:04— Fabien Mallet, que pensez-vous de l'attitude du gouvernement français dans cette affaire ?
02:10Est-ce que vous avez l'impression qu'il est à la hauteur, qu'il vous défend ou qu'il en fait trop pour pas grand-chose ?
02:16— Je vais vous donner la position de la CGT, comme ça, vous l'aurez. En fait, pour nous, le gouvernement, il est venu faire service après-vente de Sanofi.
02:22C'est-à-dire que comme il fallait faire passer la pilule – pardon pour l'expression –, il est venu nous expliquer qu'eux, finalement,
02:28en prenant 2 % dans la future entité, ils pouvaient garantir. Mais en fait, ils peuvent rien garantir en prenant 2 %.
02:35Et en fait, ça ne sert qu'à passer cette vente et épauler Sanofi. Mais Sanofi, c'est aussi l'entreprise qui a touché plus d'un milliard
02:43de crédits impôts recherche depuis 10 ans. C'est aussi l'entreprise qui est aidée systématiquement quand elle monte une unité en Europe.
02:50Donc en réalité, Sanofi, c'est une entreprise qui est gavée d'argent public mais qui peut se permettre d'aller faire des profits en revendant Opéra.
02:58Et c'est peut-être là qu'il faudrait se poser la question de la souveraineté, comme vous disiez, mais surtout de l'utilisation de l'argent public vis-à-vis de Sanofi.
03:04— Jean-Yves Leborgne. — M. Malay, on comprend votre souci. Quand je dis « votre souci », c'est ceux des salariés d'Opéra.
03:13Mais vous savez sans doute qu'une pénalité de 100 000 € par emploi supprimé a été prévue dans les accords. Ça n'est pas de nature à vous rassurer, ça ?
03:24— C'est intéressant de vous entendre dire l'inverse de ce que vous avez dit il y a 2 minutes. Vous soulignez vous-même que c'était pas grand-chose. Donc vous voyez...
03:32— Ça n'est pas grand-chose. Vous avez raison. Ça n'est pas grand-chose par rapport à la valeur des échanges qui sont faits. Mais enfin tout de même,
03:42100 000 € à chaque fois, ça peut quand même faire arrêter un peu le mouvement. — En un mot, M. Malay, s'il vous plaît.
03:48— Alors attendez, attendez, attendez. Je voudrais répondre à ça. Opéra, aujourd'hui, c'est 1,2 milliard de bénéfices. Je parle pas de chiffre d'affaires.
03:54Je parle de bénéfices. Donc quand on parle de 100 000 € par emploi, ils seront largement payés la première année des bénéfices. Donc non, c'est pas une garantie.
04:01Et ça ne garantit pas du tout l'emploi.