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L'ancien ministre socialiste, Arnaud Montebourg, était l'invité de BFM Story ce lundi soir sur BFMTV. Il s'est exprimé sur la production de Doliprane, le vote du budget de l'État pour l'année 2025 et ses ambitions politiques pour 2027.

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00:00Bonsoir Arnaud Montebourg, merci d'avoir accepté notre invitation. Bonsoir Gaëtan Mélin, chef du service économie de BFM TV.
00:07Doliprane va devenir américain, est-ce si grave ?
00:12En fait, est-ce que nous sommes capables de continuer à produire le Doliprane dont nous avons besoin ?
00:17C'est une question de souveraineté puisque nous avons été, je le rappelle, en rupture de stock
00:22et les Français ont été privés de Doliprane quand ils en avaient le plus besoin
00:25puisque pendant la crise du Covid, nous avons été en rupture et on a rationné les Français.
00:29D'ailleurs, je rappelle qu'il y a 400 médicaments critiques aujourd'hui
00:33qui sont en menace de rupture de stock ou en rupture de stock.
00:37Il y a aujourd'hui et en 2023, ce sont les statistiques d'une commission d'enquête parlementaire du Sénat
00:43qui a révélé ces informations, 37% des Français l'année dernière ont été exposés à une rupture de médicaments.
00:50C'est-à-dire que vous avez aujourd'hui des opérations qui ne se font pas
00:53parce qu'on n'a pas les médicaments pour endormir les gens, contre la douleur,
00:57bref, un certain nombre de médicaments dans tous les champs, d'ailleurs, de l'action.
01:01– Il ne faut pas rester tamol, tout le monde en produit.
01:04– Nous en avons manqué.
01:06Pourquoi ? Parce que le Doliprane, c'est la marque numéro 1 des Français, 50%,
01:11c'est ce qui est prescrit comme tel et donc nous n'avons pas, par ailleurs,
01:15la matière première, les principes actifs qui sont fabriqués à des milliers de kilomètres en Inde et en Chine.
01:20– Oui, là, ça ne change rien, la vente ne change rien,
01:21les principes actifs sont toujours produits loin de chez nous.
01:24– Non, parce qu'il faut souligner que le gouvernement a fait une chose louable,
01:30une fois n'est pas coutume, on peut le dire quand même.
01:32– En plein Covid.
01:33– Ils ont décidé de construire l'usine avec tous les acteurs du paracétamol français.
01:39Bien sûr, Sanofi, mais également GFK et UPSA,
01:43qui a une usine aussi en France, sur le sol français.
01:46Ils ont décidé de les unir en payant une usine,
01:50bon, elle n'est pas très rentable, ce n'est pas grave,
01:52mais au moins, elle nous permet de disposer des principes actifs.
01:56Les principes actifs, si on les fabrique sur le sol national,
01:59c'est entre 20 et 40% plus cher que le prix d'achat au pays asiatique.
02:03– Donc, il faut se battre pour que les principes actifs des médicaments
02:06que nous consommons soient produits en France,
02:07mais là, concernant le dossier de l'IPRAD, ce n'est pas ça l'enjeu ?
02:11– Si, parce que le risque…
02:13– L'enjeu pour Sanofi dit, moi j'ai besoin d'argent
02:15pour justement rechercher de nouveaux médicaments, de nouvelles molécules,
02:18et donc c'est pour ça que je vends ma filiale au PLA.
02:20Le sujet n'est pas d'interdire à Sanofi de vendre,
02:23c'est à qui va-t-elle vendre et pour quoi faire, ça c'est autre chose.
02:28Sanofi a besoin d'argent parce que Sanofi a dégringolé
02:32dans la recherche développement, dans la marquette,
02:35dans la capitalisation boursière, dans la croyance que cette grande entreprise,
02:40qui était quand même un des numéro 3 mondiaux,
02:43est capable de répondre aux besoins de santé des millions
02:50et même des milliards d'êtres humains sur terre.
02:52– Sanofi n'était pas bien géré ?
02:54– En tout cas, elle a été dans une stratégie de découpage et de défaisance.
02:58Donc il ne s'agit pas d'empêcher Sanofi de vendre, il s'agit de dire,
03:02attention si Sanofi vend, c'est pour quoi faire, à quel prix pour la France,
03:07et est-ce que nous risquons de perdre ce que le gouvernement
03:10a péniblement réussi à faire ?
03:12En clair, un fonds d'investissement américain, lui il fait x3, x4,
03:17il n'en a rien à cirer de la France.
03:18Et on connaît les engagements des Américains
03:21quand ils ont repris les entreprises, ils ont une certaine expérience.
03:23– Encore il y a des garanties, Gaëtane Mélin, exigées par le gouvernement
03:28et obtenues semble-t-il.
03:29– Effectivement, il y a un certain nombre de garanties qui ont été obtenues
03:32avant que Sanofi entre en négociation exclusive avec CIDI-ENA,
03:36des garanties qui portent sur le développement industriel,
03:40des garanties sur le fait qu'il y aura des compensations financières
03:45si par exemple CIDI-ENA a décidé de céder l'un ou l'autre des deux sites
03:50que vous évoquiez tout à l'heure.
03:52– Le site de Lisieux et le site de Compiègne.
03:53– Voilà, on rappelle c'est 1700 emplois en France sur 11 000 emplois dans le monde
03:58et puis bien évidemment s'il y a des licenciements,
04:00là aussi un geste très fort de la part de CIDI-ENA,
04:03eh bien ça sera une indemnisation de 100 000 euros par salarié.
04:07Mais Ernaud Mondebourg, juste une petite question.
04:08– Ça devrait vous rassurer ça.
04:10– Écoutez, je vais vous dire, j'ai déjà fait ça dans l'affaire Alstom.
04:14– Exactement.
04:15– Quand on a perdu l'arbitrage, on m'a dit tu acceptes, j'étais contre.
04:20Moi je voulais qu'on bloque la vente, j'étais au gouvernement.
04:22– Et vous aviez obtenu des garanties.
04:23– Et j'ai été battu à l'arbitrage dans le salon Verlésier par François Hollande
04:26qui a pris la décision de vendre Alstom aux Américains.
04:29Il faut le savoir, il faut le rappeler.
04:31Donc à partir de ce moment-là, je lui ai dit,
04:32donnez-moi les moyens de faire une négociation
04:35dans l'intérêt du territoire et de la France.
04:39Et j'ai donc imposé 50 000 euros en cas de licenciement,
04:43d'amende par licenciement, mais sur la base de la promesse
04:48que Général Electric avait faite de créer des emplois à Belfort,
04:531 000 emplois, il y a eu zéro, ils ont payé l'amende.
04:56– Ne vous inquiétez pas, ils la payent là-haut.
04:57– Vous m'en faites payer les amendes mais ils ne garantissent pas l'emploi.
04:59– Ils payent les amendes parce que ça ne les gêne pas
05:02de se faire prendre dans le radar, c'est pas grave, ils ont les moyens,
05:05ils préfèreront.
05:06– Donc on va se faire avoir là, sérieusement, là, une fois de plus ?
05:08– C'est le problème des Américains, et vous savez les Américains,
05:11c'est intéressant de voir ce qu'ils font eux.
05:13Eux, tous les ans, ils bloquent une dizaine d'investissements étrangers
05:18et notamment français sur le sol américain.
05:20– Vous vouliez que…
05:21– Donc il faut leur accorder, excusez-moi, le minimum de réciproque.
05:25– Vous vouliez que la France, que le gouvernement français
05:28s'oppose, interdise cette vente ?
05:30– C'était possible ça ?
05:31– Je n'ai pas dit ça, interdisent ces ventes, non,
05:34mais bloquent la vente aux Américains, pourquoi ?
05:38Parce que la vente aux Américains ne nous donne aucune garantie.
05:41– Mais là, il faut vendre à qui alors ?
05:42– Il y avait d'autres propositions sur la table,
05:47déjà on aurait pu se donner du temps, faire monter les enchères,
05:51mais ce n'a pas été le cas.
05:52– Pourquoi votre avis ?
05:55Parce qu'on cède trop facilement aux demandes de Sanofi ?
05:58– Je pense qu'il y a un petit problème de conflit d'intérêts au sein de Sanofi.
06:04Exemple.
06:05– Expliquez-nous ça.
06:06– La patronne, la patronne d'Opéra, Madame Julie Van Ongeval,
06:11la presse a révélé deux sources,
06:13donc quand il y a deux sources, ça veut dire que c'est vrai,
06:15selon la presse, n'est-ce pas Madame Mélenchon ?
06:17Deux sources ont révélé qu'elle avait un management package
06:20de 200 millions d'euros pour vendre aux Américains,
06:23alors que PRI n'avait donné que 50 millions.
06:2550 millions, c'est déjà beaucoup, mais 200 millions ?
06:28Donc nous avons la patronne d'Opéra qui va toucher le pactole
06:32pour vendre aux Américains.
06:34Excusez-moi, il y a un petit problème.
06:35Deuxièmement, qui est le patron de Sanofi ?
06:37– Monsieur Oudéa.
06:38– Frédéric Oudéa.
06:39– Mais vous avez vu ce qu'il a fait de la Société Générale ?
06:42Il a bousillé le Crédit du Nord,
06:44regardé son action en 15 ans de gouvernance de Société Générale.
06:49La Société Générale, il en a fait la banque malade de l'Europe.
06:53Et d'ailleurs, tout le monde est en train de se dire,
06:56la prochaine qu'on va racheter, ça va être celle-là.
06:58Et donc, Monsieur Oudéa, pourquoi voulez-vous
07:00qu'ils fassent différemment de Sanofi ?
07:02Donc moi, je pense que le gouvernement a dû exprimer
07:04une défiance vis-à-vis de cette gouvernance-là,
07:07à la fois à la tête d'Opéra, d'Opéra, à la fois à la tête de Sanofi.
07:11Et de dire, et ce n'est pas parce que l'État casse sa tirée
07:14sur 150 millions d'investissements,
07:16c'est ce qu'a mis la BPI dans le capital…
07:17– On va en parler, on va écouter Antoine Armand, le ministre de l'Économie.
07:19– C'est quand même beaucoup.
07:20Non mais, le gouvernement, le ministre de l'Économie,
07:23il a fait ce qu'il a pu, avec, dans un cadre qu'il était…
07:26– Alors, vous savez quoi, on va l'écouter.
07:27On va écouter ce que dit Antoine Armand,
07:30qui effectivement assure que la Banque de l'État, la fameuse BPI,
07:33va entrer au capital d'Opéra.
07:37– Au capital d'Opéra, via BPI France, de l'État.
07:41L'État sera présent, via BPI France, dans cette stratégie industrielle
07:47et sanitaire, pour être pleinement informé,
07:49pour être pleinement associé aux futures décisions de l'entreprise,
07:54car vous avez devant vous deux ministres qui n'ont aucune forme de naïveté.
07:59– Voilà, pas de naïveté, dit le ministre Armand.
08:01– Non mais moi, j'aime beaucoup ce langage,
08:02je pense que c'est bien, ce qu'il essaie de faire.
08:06Je ne suis pas sûr que ça marche, c'est ça mon sujet.
08:08En fait, quand vous avez 2%, avec 150 millions, c'est beaucoup,
08:11parce qu'avec 150 millions, c'est beaucoup d'argent
08:13dans les petites boîtes que vous ne mettez pas.
08:14Mais admettons, c'est une…
08:16Moi, je ne suis pas contre que l'État entre dans le capital des entreprises,
08:20je pense qu'il faut sortir, rentrer, il faut…
08:23– Pour le paresser ta mère, c'est vraiment…
08:25– Je l'ai fait dans Peugeot, et c'est ce qui a permis de remonter Peugeot,
08:29de faire Stellantis, de reprendre Opel, et de prendre le contrôle de Chrysler et Fiat.
08:36Franchement, je ne suis pas vraiment du tout opposé, bien au contraire.
08:40Mais franchement, est-ce qu'ils ont un droit de veto ?
08:42Avec 2%, je ne crois pas.
08:44Si Sanofi et le Fonds américain s'unissent, ça fait 98% contre eux.
08:49Bon, donc déjà, à quoi ça sert ?
08:51S'il y a un droit de veto, je suis d'accord.
08:53Deuxièmement, le sujet, c'est…
08:57Est-ce que les gens d'Oliprane vont maintenir ce qui a été fait sur la relocalisation ?
09:05Il y a les garanties.
09:06Si ces garanties ne sont pas respectées, qu'est-ce qui se passe ?
09:08C'est là les sanctions financières.
09:09– C'est l'indemnité financière.
09:10– On met 100 000 euros par licenciement.
09:14Mais ce n'est pas le problème du licenciement, même si c'est grave.
09:16C'est, s'ils se retirent du montage que l'État a fait,
09:19ça veut dire patatras sur la souveraineté sanitaire
09:22et la reconstitution des produits.
09:24– Donc il n'y a pas de garantie à 100%.
09:26– Eh bien, il y a dans la loi une taxe de 10%,
09:30une amende qu'il est possible pour le gouvernement d'infliger
09:33à hauteur de 10% du chiffre d'affaires,
09:36s'il n'y a pas respect des engagements.
09:37Est-ce que cette amende est prévue ?
09:39Parce que ça, ça fera mal, ça fera très mal pour les Américains.
09:42– Au-delà du problème…
09:43– Je pose cette question directement sur votre antenne
09:45au ministre de l'économie, à qui j'adresse estime
09:48pour les efforts qu'il a accomplis,
09:50mais qui risque d'être insuffisant à l'usage du temps.
09:53– Vous parliez tout à l'heure de souveraineté sanitaire,
09:55mais il n'en reste pas moins que Sanofi va récupérer
09:587 milliards d'euros grâce à cette opération,
10:00ce qui va lui permettre de développer de nouvelles molécules,
10:03de nouveaux principes actifs pour les maladies rares
10:09et autres, c'est quand même important, vous l'avez souligné.
10:12– Écoutez, moi j'ai connu Sanofi il y a 10 ans,
10:14ils licenciaient tous les laboratoires de recherche développement en France,
10:17investissaient tout leur cash aux États-Unis.
10:20– À Boston.
10:21– Donc vous n'avez pas confiance ?
10:23– Je n'ai absolument pas confiance en ces dirigeants.
10:26Ils ont détruit cette boîte à force de découper en morceaux,
10:30de vendre, etc.
10:31Donc pour l'instant, excusez-moi, je serai le ministre de l'économie,
10:35je ne le ferai pas comme ça, je le ferai beaucoup plus durement
10:38et en faisant monter les enchères et puis en nettoyant un peu cette gouvernance,
10:41qui franchement n'est pas très sérieuse, elle est très cupide, très cupide.
10:46– Justement, vous dites, si j'avais été ministre de l'économie,
10:50il a le dossier Sanofi, de l'IPRAD, mais il a aussi le dossier des finances publiques
10:55qui ne sont pas en bonne santé, nos finances publiques.
10:58Si vous étiez ministre, pour les sauver,
11:01vous décideriez d'augmenter les impôts ou de baisser les dépenses ?
11:04– Bon, écoutez, normalement…
11:07– J'en appelle à votre expérience.
11:08– Non mais d'abord, ce n'est pas le ministre de l'économie qui fait ça,
11:11c'est le ministre des finances, déjà, premièrement.
11:14– C'est le ministre de l'économie qui l'avait annoncé.
11:16– C'est normal, parce qu'il est aussi ministre des finances
11:18et il a le ministre du budget sous ses instructions.
11:22Moi, je crois que le choix entre les impôts et les dépenses,
11:27on fait toujours les deux, quoi qu'il arrive, toujours.
11:29La question c'est quel dosage ?
11:31Vous avez un dosage initial qui a été proposé par le gouvernement,
11:34vous avez des dosages aléatoires qui évoluent au fil du vote en commission,
11:41puis maintenant en séance, puis à la fin, qu'est-ce qui va rester, on ne sait pas.
11:44Donc, d'une certaine manière, je vais vous dire,
11:46on a besoin de faire les deux et de ne pas déstabiliser la croissance,
11:50rassurer les marchés et en même temps,
11:52ne pas créer les conditions de la perte d'attractivité du territoire.
11:55– Mais comment on a cramé la caisse parce que vous avez été au pouvoir ?
11:58Est-ce que vous avez participé à ça ?
11:59C'est-à-dire qu'on nous dit que ça fait maintenant des décennies qu'on dépense trop,
12:04qu'on vit au-dessus de nos moyens.
12:05– La question c'est…
12:06– Quand vous étiez au pouvoir avec François Hollande,
12:07est-ce que vous avez aussi cramé la caisse ?
12:08– La question c'est, en face des dépenses, est-ce qu'il y a des recettes ?
12:12C'est l'écart entre les deux, qu'on fait le déficit.
12:15– Bien sûr.
12:16– Alors, à l'époque, François Hollande, il y a eu un matraquage fiscal.
12:19C'est-à-dire qu'en fait, on a mis…
12:20– Au début de son quinquennat.
12:21– Parce qu'il s'agissait de rétablir les comptes publics
12:24à la demande de la Commission européenne, comme aujourd'hui.
12:26Ça a été fait et ça a mis François Hollande en situation
12:30de ne pas pouvoir se représenter, sa majorité a explosé.
12:33Moi-même, j'ai dénoncé l'austérité fiscale et budgétaire
12:37qui pesait sur les classes moyennes et les classes populaires
12:40et j'ai quitté le gouvernement dans les conditions tumultueuses que vous connaissez.
12:46– On se souvient de la cuvette.
12:47Et donc, en fait, la question, c'est qu'on ne peut pas imposer aujourd'hui
12:54une cure d'austérité, que ce soit par les impôts ou par la baisse des dépenses,
12:58parce que ça risquerait d'affaiblir l'activité économique.
13:02Donc, il faut faire les choses en douceur, en souplesse.
13:05– Contrer l'activité.
13:06– En douceur et en souplesse et éviter les grands coups de matraque,
13:12dans tous les sens.
13:13Donc ça, c'est la difficulté du gouvernement de Michel Barnier.
13:17On peut lui accorder notre estime, parce qu'il fait quelque chose de très difficile
13:21dans un contexte impossible.
13:23– Alors justement, la situation économique de la France aujourd'hui
13:26vous inquiète particulièrement et notamment la situation du commerce extérieur.
13:31– Oui, parce qu'on est obsédé par le déficit budgétaire.
13:35Mais on devrait regarder ce qui crée la richesse
13:38et qui permettrait d'ailleurs de réserver le déficit budgétaire.
13:40C'est essentiellement le déséquilibre de la balance commerciale,
13:43c'est-à-dire ce qu'on achète par rapport à l'étranger, à ce qu'on vend
13:46et ce qu'on produit pour nous-mêmes.
13:47– On n'importe plus ce qu'on est.
13:48– Écoutez, dans les années 2004-2005, on était presque à l'équilibre.
13:53Vingt ans plus tard, on est à entre 130 et 180 milliards de déficit.
13:59– Mais que s'est-il passé ?
13:59– On en perd de vitesse.
14:00– Le cumul de déficit en 20 ans est de 1 500 milliards,
14:06pendant que le cumul des excédents allemands pendant 20 ans est de 4 500 milliards.
14:10– Mais comment on l'explique ?
14:11– Voilà l'explication.
14:12– D'accord, mais comment on l'explique ?
14:13– Eh bien c'est très simple, nous ne sommes plus occupés
14:17de remonter notre industrie et notre agriculture qu'on a laissé chaud.
14:20– Tout le monde parle de réindustrialisation,
14:22mais on a l'impression que c'est impossible.
14:24– Mais il ne faut pas en parler madame, il ne faut pas en parler.
14:28Il faudrait, pour que nous puissions retrouver le niveau à peu près de l'Espagne,
14:32en niveau de richesse industrielle dans notre richesse nationale,
14:36il faudrait qu'on remonte 5 points de revenu national, de PIB,
14:40pour ça il faudrait qu'on relocalise sur le sol national
14:4350 milliards d'euros.
14:44– Mais le Made in France coûte trop cher.
14:46– Attendez, attendez, non, non, il ne coûte pas trop cher.
14:47Les voitures allemandes sont beaucoup plus chères que les voitures françaises.
14:49– Oui mais c'est des hauts de gamme.
14:50– C'est tout le sujet.
14:52Et donc, non, ce n'est pas trop cher, ce n'est pas vrai, ça dépend quoi d'ailleurs.
14:56Donc en fait, puisqu'il nous manque un million d'emplois,
15:01il nous manque 25 000 hectares pour faire ça,
15:04et il ne suffit que de 30 milliards par an pendant 10 ans
15:07pour créer à peu près…
15:08– Là on n'a plus d'argent là.
15:09– C'est de l'argent qu'on a en fait.
15:13On l'a dans notre épargne privée.
15:14Nous avons le meilleur taux d'épargne du monde après le Japon, je crois.
15:18– Donc vous voulez flécher l'épargne des particuliers,
15:21des ménages par l'industrialisation ?
15:23– Ce n'est pas fonctionner parce que c'est leur intérêt,
15:25les épargnants, d'avoir du revenu productif.
15:28– Les Français s'ils épargnent, c'est qu'ils ne sont pas très rassurés
15:30sur leur système de retraite, sur le devenir de la France.
15:34– Pas seulement, vous avez un système qui est l'équivalent de nos fonds de pension,
15:38ça s'appelle l'assurance vie, qui est défiscalisé d'ailleurs,
15:42soutenu par la fiscalité de l'État, c'est une dépense fiscale.
15:45– Certains voudraient d'ailleurs supprimer cette niche fiscale.
15:48– Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée,
15:49mais en vérité l'assurance vie, c'est 2 500 milliards de stocks d'épargne.
15:54Il suffirait de 2% de tout ça, chaque année,
15:57fléché sur des fonds d'investissement qui ont une gestion avisée,
16:02ce n'est pas l'État qui ferait ça,
16:04pour aller remonter l'industrie et l'agriculture française.
16:08Alors les rentabilités, elles ne seront pas forcément délirantes,
16:12mais je vais vous dire, le livret de caisse d'épargne,
16:15ce n'est pas non plus délirant.
16:16Donc on peut aujourd'hui organiser ça, ça n'a jamais été fait,
16:20parce qu'on n'a jamais voulu contraindre les collecteurs d'assurance vie,
16:24AXA, etc., tous les autres.
16:26– Bruno Le Maire voulait mettre en place un livret jeune,
16:28justement, dédié à la croissance verte.
16:30– Là, ce n'est pas des livrets, on a l'épargne,
16:32on ne va pas collecter de l'épargne, on l'a.
16:34C'est cette épargne-là qui part à l'étranger,
16:37qui finance d'ailleurs beaucoup les fonds d'investissement américains,
16:42les obligations singapouriennes, les obligations de tous les États étrangers,
16:46mais très peu, l'industrie et l'agriculture française.
16:49– Pardon, mais Arnaud Montebourg…
16:50– Donc ça, vous voyez, ils ont essayé de le faire par la,
16:53j'allais dire, par la politesse, encore une fois.
16:56– Mais quand je vous dis que le made in France, c'est trop cher,
16:59vous me dites non, pas partout.
17:00Il y a quand même le coût du travail qui fait que parfois,
17:02l'économie française est en défaut par rapport à ses concurrents.
17:06– Nous avons des aptitudes compétitives qui ont été démontrées,
17:11des efforts ont été faits sur le coût du travail,
17:14ce qui aujourd'hui déstabilise l'économie française, c'est l'électricité,
17:18c'est-à-dire la remontée du prix de l'énergie qui n'est pas maîtrisée.
17:21– Malgré notre nucléaire ?
17:23– Nous produisons bien moins cher.
17:24– Ça a bien baissé depuis le pic de l'inflation.
17:26– Oui, enfin, vous avez aujourd'hui facture d'électricité plus PGE,
17:3063 000 faillites, c'est-à-dire autant que pendant la grande récession
17:34entre 2008-2009, donc là, on a un grave problème.
17:37Donc ça, cette question-là, d'ailleurs, les PGE, excusez-moi,
17:41on a prêté des prêts pendant le Covid.
17:44– Le quoi qu'il en coûte.
17:45– Oui, enfin, pour les entreprises qui allaient faire faillite.
17:49Ce n'est pas des subventions, c'est des prêts.
17:51Donc, on vous prête de l'argent pour faire face.
17:53Vous avez cinq ans pour rembourser.
17:55Cinq ans pour rembourser, c'est impossible.
17:57– Celles qui devaient mourir, de toute façon, vont mourir.
17:59– Non, ce n'est pas du tout comme ça qu'il faut raisonner, Mme Mélenchon.
18:01Là, vous répétez ce qu'on vous dit de répéter à Bercy.
18:04– Non, pas du tout, je n'écoute pas Bercy.
18:08Non, mais il y a certaines entreprises, reconnaissez-le,
18:10qui auraient dû mourir pendant le Covid ou avant le Covid.
18:13– Qu'on a sauvé artificiellement.
18:14– Voilà, qu'on a sauvé artificiellement.
18:15Et ces entreprises, eh bien, si elles n'ont pas trouvé…
18:17– Le quoi qu'il en coûte était trop large.
18:19– Excusez-moi, aux États-Unis, on a prêté pour 30 ans.
18:23Les fameux prêts pendant le Covid, ça a duré 30 ans.
18:26Si on vous demande de rembourser en cinq ans des prêts
18:30qui représentent 25% de votre chiffre d'affaires,
18:32c'est 5% de votre chiffre d'affaires par an,
18:34c'est-à-dire, comme la plupart des PME font 3% de revenus,
18:37donc elles sont en déficit.
18:39Donc, vous comprenez que c'est insoutenable.
18:41Donc, ne dites pas qu'elles devaient mourir.
18:43C'est une faute contre l'esprit.
18:45– Arnaud…
18:46– Laissez-moi terminer, si vous me permettez,
18:48parce que là, ce n'est qu'une affaire importante.
18:50Le gouvernement devrait d'urgence…
18:52– Prolonger les PGE.
18:53– Les mettre sur 10 ans.
18:54– D'accord.
18:56– D'abord, ça éviterait toutes les faillites qu'on voit,
18:57qui sont inutiles et qui sont liées à une mauvaise politique d'État.
19:01– C'est ce que déjà Bruno Le Maire a proposé, on peut étaler.
19:02– Mais ça a été déjà…
19:03– Quand vous êtes ministre de l'économie, il ne faut pas le proposer,
19:06il faut le faire.
19:07Il est resté 7 ans, il ne l'a pas fait.
19:09Donc, on peut demander au nouveau ministre de l'économie
19:13de s'en occuper, ça ne serait pas mal.
19:15– Dites-moi, Arnaud Montebourg, je vous écoute.
19:17Vous avez quitté la vie politique,
19:19vous êtes dans les affaires, dans le Made in France.
19:21– Entrepreneur.
19:22– Mais en même temps, je me dis, tout ce que vous racontez,
19:25vous pourriez le mettre en application si vous étiez ministre de Michel Barnier.
19:29Est-ce qu'il vous a appelé Michel Barnier ?
19:31– Pas du tout, c'est très bien ainsi.
19:32– Pourtant, votre nom a été cité.
19:34– Je n'ai pas été appelé, donc je vous dis la vérité.
19:36– Et si vous avez appelé ?
19:37– Ça ne se présente pas, parce que ce n'a pas été le cas.
19:40Écoutez, je ne suis pas venu ici pour vous parler de ça.
19:47Ce que je sais, c'est que dans mes entreprises,
19:50ce sont des entreprises qui relocalisent,
19:53dans l'agriculture, dans l'industrie aussi,
19:55où on réinvente le futur, avec des nouveaux modèles économiques.
20:00Et le Made in France, excusez-moi, ça marche.
20:02– Le Made in France, ça marche ?
20:03– Ça marche, on peut y arriver.
20:05– Donc vous avez encore confiance dans l'avenir de la France ?
20:07– J'ai une très grande confiance dans ces ressources entrepreneuriales.
20:12Vous avez aujourd'hui des syndicalistes qui montent des boîtes,
20:15des jeunes qui montent des boîtes, des seniors comme moi qui montent des boîtes.
20:18– Vous avez conscience ?
20:19– Et d'ailleurs, je trouve que la réindustrialisation
20:23devrait s'appuyer beaucoup plus sur eux.
20:25La réindustrialisation, ce n'est pas les gigafactories qui tombent,
20:28subventionnées à coups de milliards par l'État,
20:30parce que ça, c'est artificiel, c'est précaire et c'est coûteux.
20:32– Le nucléaire ?
20:33– En revanche, ce tissu entrepreneurial,
20:36aujourd'hui, n'est pas financé par le système bancaire.
20:38On a un problème de banques dans notre pays.
20:41Vous allez voir n'importe quel entrepreneur, vous savez ce qu'il vous dit ?
20:43Le fisc, c'est dur.
20:45– Ils ne veulent pas prendre de risques, les banques.
20:47– Les normes infernales et les banques qui ne nous financent pas.
20:50Donc on n'a pas de banque dans notre pays pour financer l'entrepreneuriat.
20:53Eh bien, c'est la réforme des banques qu'il va falloir faire
20:56pour que ce pays se redresse.
20:58– Ça vous excite plus ça que la politique ?
21:01– De quoi vous me parlez ?
21:03Écoutez, moi, j'ai fait 18 ans, j'ai fait mon temps.
21:06– Vos petits camarades n'arrivent pas à décrocher,
21:07François Hollande veut revenir, il est même revenu, il est député.
21:10– C'est l'affaire de François Hollande, interrogez-le sur ses désirs.
21:13Moi, j'ai fait 18 ans, j'ai fait ce que j'ai pu.
21:17Maintenant, je suis engagé dans 10 entreprises.
21:19– Qu'est-ce qui vous plaît le plus ?
21:21Est-ce candidat à l'élection présidentielle ou ce que vous faites actuellement ?
21:23– Ce que je fais actuellement est tout à fait intéressant,
21:25d'abord parce que c'est très modeste, mais c'est concret.
21:29Et ça change quand même beaucoup de choses.
21:31– Peut-être plus concret que l'action ministérielle, parfois.
21:34– Parfois.
21:35– Merci Arnaud, merci d'avoir été avec nous.

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