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Sandrine Rousseau, députée "Écologiste et Social" de Paris, était l'invitée de BFMTV ce mercredi soir pour évoquer la colère des agriculteurs et l'examen du projet de loi sur le budget 2025.

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00:00Vous êtes députée Europe Écologie Les Verts. Merci d'être en direct avec nous. Je sais que vous êtes à l'Assemblée Nationale parce qu'on continue d'examiner le budget 2025.
00:08C'est le troisième jour où les députés se penchent dessus. Juste avant d'évoquer le budget, Sandrine Rousseau, j'aimerais avoir votre avis sur cette colère du monde agricole,
00:17la possibilité d'un nouveau mouvement social. Est-ce que vous comprenez la grogne qui remonte chez les agriculteurs ?
00:25Oui, mais parce qu'aucun des problèmes n'a été réglé lors de la précédente crise puisqu'ils parlent de revenus, ils parlent de prix décent des produits qu'ils fabriquent
00:35et qu'ils font pousser, qu'ils récoltent dans leurs champs ou dans leurs élevages et qu'en fait, c'est incompatible avec un monde de concurrence libre et non faussée,
00:46d'un monde de spéculation. C'est incompatible. Donc en fait, il faut considérer les produits agricoles en dehors d'un champ concurrentiel
00:53et même, j'ai envie de dire, en dehors du marché. C'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait des prix planchers et il faut que les revenus soient assurés pour les agriculteurs
01:00et particulièrement pour ceux qui ont de petits revenus. Là, on va commencer l'étude du budget sur la partie dépense des recettes et il y a, par exemple,
01:09une mesure pour améliorer les retraites des agriculteurs. Aujourd'hui, il y a une incertitude sur la date d'application de cette réforme pour les agriculteurs
01:20entre 2026 et 2028. Ça va changer considérablement les conditions de départ en retraite des agriculteurs. Donc en fait, rien n'a été réglé pendant la crise agricole.
01:30On a fait des annonces, on a enlevé une ou deux normes, mais à la fin, le monde agricole ne s'en est pas trouvé ni conforté, ni rassuré, ni enrichi d'aucune manière.
01:40Justement, j'aimerais avoir votre avis sur une proposition qui a été faite par l'ancien ministre de la Santé, Frédéric Veltoux, qui a proposé une taxe sur les produits transformés
01:49basés sur leur teneur en sucre. Donc plus une boisson contient du sucre, plus elle sera lourdement taxée. La ministre de l'Agriculture a dit oui, pourquoi pas.
01:58Je trouve cette idée intéressante et elle ajoute que les recettes de cette taxe pourraient aller vers l'agriculture. Est-ce que c'est un amendement que vous pourriez soutenir
02:08quitte à charger la barque davantage pour les Français ?
02:11Oui, bien sûr, parce que ce sont des produits qui, par ailleurs, ont des effets extrêmement nocifs sur la santé. Après, la question, c'est à quels agriculteurs ça va.
02:19C'est toujours pareil. C'est que si c'est à l'image de la PAC favorisant les exploitations les plus importantes, les plus industrielles, ça sera non.
02:27Si c'est pour aider les petits agriculteurs, alors ce sera oui. Mais voilà, c'est toute l'ambiguïté de la politique gouvernementale qui nous parle de petits agriculteurs
02:36du matin au soir, dans la bouche de tous les ministres de l'Agriculture, il y a le mot petit agriculteur. Mais la réalité, c'est que pour l'instant,
02:44ils n'encouragent que la très grande agriculture, la plus industrielle, la plus intensive. Et il y a vraiment un jeu de fauné, un jeu de mensonge, un jeu de cynisme,
02:52même de la part du gouvernement vis-à-vis du monde agricole. Donc oui, leur colère est légitime. Maintenant, j'entendais que la question, c'était...
03:00Et la colère se tourne vers les normes environnementales. Moi, je dis que les normes environnementales ne sont pas le sujet. Et au contraire, elles doivent protéger
03:08les Français et les Françaises. Elles doivent protéger les agriculteurs. Elles doivent protéger ceux qui mangent les produits, mais aussi les nappes phréatiques.
03:14Ce sont nos maladies de demain. Donc il n'est pas question de revenir là-dessus.
03:19Cette proposition, elle sera discutée à l'Assemblée nationale comme des centaines et des centaines d'amendements. Ça sert à quelque chose, ce débat parlementaire ?
03:28Là, c'est vraiment... On vit ici, dans l'Assemblée nationale, une espèce de pièce de théâtre mauvaise. Et pour la première fois, le Premier ministre et le gouvernement
03:41ont une stratégie différente d'Elisabeth Borne ou Gabriel Attal, c'est-à-dire qu'ils ne passent pas par des 49.3. Moi, je pense qu'ils ne vont pas recourir aux 49.3.
03:50Je pense qu'ils vont nous occuper. Donc là, il y a la commission des finances qui travaille en même temps que la commission des affaires sociales, qui travaille en même temps que l'hémicycle.
03:59Donc on court dans tous les sens pour essayer de voter. Ça n'a aucun sens. Et je pense qu'ils veulent faire durer les débats pour que, en fait, le texte s'arrête,
04:07puisqu'il y a un délai d'étude du budget. C'est un petit peu technique. Mais au bout de 40 jours, il passe au Sénat. Et s'il n'est pas voté, il passe en l'État au Sénat.
04:16Donc je pense qu'ils vont essayer d'occuper les parlementaires pendant 40 jours, selon une stratégie que moi, j'appelle la stratégie du bruit du frigo,
04:23c'est-à-dire qu'ils mettent des débats partout, en commission des affaires sociales, en commission des finances, partout, partout.
04:28Là, il y a des débats, il y a des réunions en même temps. Et en fait, c'est le bruit du frigo. C'est-à-dire qu'on n'entend plus rien, du coup, puisqu'il y a des débats partout.
04:35C'est-à-dire, en gros, si je vous comprends bien, vous dites à Michel Barnier « Arrêtons cette pièce de théâtre et dégainez tout de suite le 49.3 ».
04:42Ne soyez pas hypocrite. Ne soyez pas hypocrite. Et ne prenez pas la représentation nationale pour des imbéciles. C'est ce que je lui dis à Michel Barnier.
04:51Je reviens vers vous dans un instant, Sandrine Rousseau. Sur le fonctionnement, sur ce qu'était en train de dire Sandrine Rousseau, elle dit « Ne soyons pas hypocrite ».
05:00Est-ce que, de toute façon, le scénario peut se terminer autrement que par un 49.3 ?
05:05Oui, il peut se terminer autrement que par un 49.3. C'est très enlisé, mais il y a un petit espoir quand même qu'à un moment donné,
05:11les deux partis, si j'ose dire, gouvernement et parlement, cherchent une autre solution.
05:15La solution, ça peut être à un moment donné de faire une commission mixte paritaire. Parce qu'en effet, en première lecture à l'Assemblée,
05:21ça va dépasser les délais, ça va s'enliser s'il n'y a pas de 49.3 tout de suite, et j'espère qu'il n'y en aura pas, ça va partir au Sénat inachevé.
05:28Le Sénat, lui, va faire un travail plus homogène parce qu'il y a une majorité.
05:31Donc il y aura un vote positif au Sénat ?
05:33Il y aura un vote positif sur un budget qui sera au budget du Sénat.
05:36Et ensuite, commission mixte paritaire.
05:38Sur cette base du Sénat, si chacun arrive avec des concessions, si chacun arrive avec des propositions acceptables pour les autres, négociables,
05:44ça peut aboutir.
05:45Regardez hier sur, par exemple, le fait de pérenniser la surtaxe sur les ménages les plus aisés.
05:50Le modèle est venu avec la gauche.
05:52Sur d'autres aspects, peut-être qu'il y aura d'autres consensus qui se trouveront.
05:56Ça permettrait au Parlement de dire aux Français, vous voyez, on a compris votre message, on travaille ensemble.
06:01On n'a pas de majorité, on n'est pas d'accord sur tout, on est même d'accord sur pas grand-chose,
06:05mais il faut un budget à la France et on l'a donné.
06:07L'autre solution pour éviter le 49-3, mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne solution,
06:11c'est d'aller au terme du débat et puis vers Noël, le gouvernement constatera que le Parlement a épuisé son temps,
06:17que la France n'a pas de budget et on appliquera la règle administrative, c'est-à-dire le budget 2025,
06:22ce sera le budget 2024 reconduit.
06:24Mais là, je pense que Bruxelles, les marchés financiers, les observateurs internationaux vont nous le faire payer.
06:30– Sandrine Rousseau, vous accusez le camp gouvernemental de faire traîner les débats
06:35pour qu'il n'y ait pas de vote à la fin à l'Assemblée nationale.
06:39Voilà, vous parlez d'hypocrisie.
06:41Le fait est qu'en commission des finances, il y a eu une discussion parlementaire,
06:45les députés n'ont pas été capables et pourtant il y a un tas d'amendements qui ont été votés,
06:49des amendements soutenus par le NFP.
06:51Le fait est que les députés n'ont pas été capables de se mettre sur ce projet amendé
06:55et encore une fois, chacun a campé sur ses positions.
06:58– Alors non, c'est tout à fait faux.
07:00Déjà, je reviens sur Michel Barnier.
07:02Ce dont je l'accuse, c'est de transformer l'Assemblée nationale
07:05qui est le cœur battant de la démocratie française,
07:07en un espèce de brouhaha qu'on n'entend plus, qui devient inaudible.
07:10C'est pour ça que je parlais de bruit du frigo.
07:12Sur le budget, ce qui s'est passé est tout à fait différent de ce que vous dites,
07:16c'est que nous avions gagné des amendements pour connoter ce budget
07:20et pour faire en sorte qu'il soit plus juste, qu'il soit plus ancré
07:24et plus conforme au vote des Français du 7 juillet dernier.
07:28Et puis, ça n'a pas plu et ça n'a pas convenu à Michel Barnier
07:32qui, du coup, a enjoint ses troupes, a demandé à ses troupes
07:36de ne pas voter le budget alors que nous avions finalement trouvé un compromis.
07:39– Le RN non plus n'a pas voté le budget.
07:41– Oui, mais le RN, on ne sait jamais ce qu'ils votent à l'avance,
07:43alors eux, ils changent de stratégie d'un jour à l'autre,
07:45on ne comprend rien à ce qu'ils font.
07:47Mais là, en tous les cas, si la majorité avait dit
07:50« Ok, c'est le travail parlementaire, on respecte,
07:52il y a des amendements qui sont passés, ils ne nous plaisaient pas au départ,
07:55mais c'est le jeu de la démocratie », le budget est passé.
07:59Et en fait, ils ne le veulent pas.
08:02Donc, ce qu'ils font, c'est qu'ils vont s'appuyer sur le Sénat
08:05qui, bien sûr, est beaucoup plus à droite que l'Assemblée nationale
08:09et donc, ils vont occuper les parlementaires ici à l'Assemblée,
08:13ils vont occuper les députés jusqu'à ce que le texte soit obligé de passer au Sénat.
08:17Le Sénat est plus à droite.
08:18– Le fait est, Sandrine Rousseau, qu'on a quand même l'impression,
08:20vous-même, vous parlez de pièces de théâtre,
08:21on a quand même l'impression que dans cette pièce de théâtre,
08:23chacun sait exactement le rôle qu'il a à jouer,
08:25la partition qu'il a à faire et chacun campe sur ses positions
08:28et reste raide dans son couloir.
08:29– Non, ça n'est pas vrai.
08:31Là, j'ai passé de la journée et la journée d'hier encore
08:35en Commission des affaires sociales,
08:36nous avons voté des amendements qui n'étaient pas de notre camp.
08:39Et nous les avons votés parce que nous estimions qu'ils étaient pertinents.
08:43Donc non, ça n'est pas vrai.
08:45Et je ne vous laisserai pas développer ce discours-là
08:47parce que ça n'est pas vrai.
08:48Nous faisons des efforts pour voter avec les hôtes,
08:51avec le modem sur les amendements qui sont les plus pertinents.
08:54Et en fait, c'est ça le travail démocratique.
08:56Et c'est cela que refuse absolument le gouvernement de Michel Barnier.
09:00– Après, vous votez des amendements, effectivement, vous avez raison,
09:03vous avez à voter un amendement,
09:05on entend la sonnerie du côté de l'Assemblée nationale.
09:08– Ça veut dire qu'il faut qu'on y retourne.
09:10– On a encore quelques minutes,
09:11on peut vous garder encore quelques minutes, Sandrine Rousseau ?
09:14– Oui, oui.
09:15– Bon, vous avez voté, vous avez raison de le dire,
09:17vous avez voté un amendement qui a été déposé par le modem.
09:20Un amendement qui va pour que la surtaxe pour les plus riches
09:24soit imposée de manière permanente.
09:26Alors que le gouvernement avait dit, ce sera éphémère,
09:28ce sera pour trois ans.
09:29C'était d'ailleurs l'argument du gouvernement de dire,
09:31voilà, il y a une contribution, il y a un effort qui est demandé,
09:34mais c'est exceptionnel, c'est marqué dans une durée.
09:37Le fait est, d'accord, certes, cet amendement il vient du modem,
09:41mais il l'empêche, ça va dans l'autre sens,
09:43ça va dans le sens du discours du NFP.
09:45– Oui, mais enfin, il ne vient pas du NFP, il vient du modem.
09:48Donc ça veut dire que le modem comprend ou souhaite qu'il y ait là
09:53une modification de la politique qui est menée jusqu'à présent.
09:57Bon, ben, je veux dire, le modem, ils ont le droit d'avoir cette envie-là
10:01et ce programme-là, en fait.
10:04Et là, de fait, nous avions trouvé des majorités, vraiment.
10:08Et j'insiste sur le fait que nous jouons le jeu de la démocratie,
10:12c'est-à-dire, nous sommes tout à fait loyaux,
10:15si un amendement nous semble être opportun auquel nous n'avions pas pensé,
10:21nous le votons, c'est ce qui s'est passé pour le modem.
10:23Et inversement, d'ailleurs, le modem vote certains de nos amendements,
10:26l'IOT vote certains de nos amendements.
10:29Donc, en fait, là, une majorité se dessine en réalité à l'Assemblée nationale,
10:34mais une majorité qui semble presque insupportable au gouvernement
10:38puisque nous avions obtenu un compromis sur le volet recette du budget de l'État
10:44et Michel Barnier a dit à ses députés, ne le votez pas.
10:48Donc, voilà, je veux bien qu'on soit responsables de tout tout le temps,
10:52mais là, en l'occurrence, nous avons joué le jeu, vraiment,
10:55de manière tout à fait honnête et sincère, de la démocratie.
10:58Nous l'avons fait sans idéologie et sans parti pris,
11:02mais forcés de constater qu'il n'y a pas de volonté de trouver de compromis ici
11:07et forcés de constater qu'il y a la volonté de remplacer l'Assemblée nationale
11:12par cette espèce de brouhaha insipide et de faire du Sénat le centre de la démocratie.
11:17Ce qui est plus grave, parce que c'est plus à droite,
11:19ça ne correspond pas au vote des Français, c'est tout, c'est aussi simple que ça.
11:22Sandrine Rousseau, Jordan Bardella n'a pas exclu de censurer le gouvernement
11:25s'il passait par un 49-3.
11:28Est-ce que vous pourriez voter une motion de censure déposée par l'ERN
11:31pour faire tomber le gouvernement ?
11:33Mais imaginez-vous que s'il y a un 49-3, de toute façon,
11:35il y aura plusieurs motions de censure, comme à chaque fois.
11:38On votera la motion de censure.
11:42Moi, je ne voterai pas celle de l'ERN, mais on votera une motion de censure
11:46s'il y en a une de déposée, que ce soit du Modem, de l'IOT.
11:49Mais si c'est de l'ERN, vous ne la voterez pas ?
11:52Non, parce que pour moi, l'arc républicain s'arrête au RN
11:55et qu'il y a d'autres choses à trouver,
11:57il y a un autre fonctionnement démocratique à trouver en dehors du RN,
12:01dans les forces démocrates.
12:03Ce serait ça, aujourd'hui, la responsabilité démocratique.
12:06Mais manifestement, ça n'est pas la volonté.
12:08Mais est-ce qu'en revanche, vous appellerez les élus du RN
12:12à venir soutenir votre motion de censure ?
12:14Non.
12:15Parce que sans les voix du RN, votre motion de censure ne passera pas
12:18et vous ne ferez pas tomber le gouvernement ?
12:19Mais bien sûr que si, on peut le faire tomber.
12:21Regardez, Jérémie Liordanoff, il a été élu vice-président de l'Assemblée nationale
12:25sans les voix du RN, ça n'est pas vrai.
12:27On peut très bien gagner des choses sans les voix du RN.
12:30Et nous n'appellerons pas le RN à voter avec nous.
12:32Après, c'est eux qui feront leur politique
12:35et ils décideront indépendamment de nous.
12:37Et personne, chez nous, n'appellera les voix du RN.
12:41Mais Jérémie Liordanoff, hier, a gagné.
12:43D'accord Sandrine Rousseau, mais si vous n'avez pas les voix du RN,
12:47vous allez avoir besoin des voix du Modem,
12:49vous allez avoir besoin d'une voix d'une partie de la Macronie
12:51pour faire tomber le gouvernement.
12:53L'élection Liordanoff, elle a été possible parce qu'il y avait plusieurs candidats.
12:56Une motion de censure, c'est on vote ou on vote pas.
12:58C'est la motion de censure Lyot qui pourrait totaliser les soutiens de Lyot, le RN et vous.
13:03Absolument, comme la dernière fois.
13:05La motion de censure de Lyot était parmi celles qui avaient le plus de chances.
13:09Et je voterai la motion de censure de Lyot.
13:11Donc en fait, là, ce qui se passe dans l'Assemblée,
13:14c'est que rien n'est écrit d'avance.
13:16Tout se fait un peu en fonction des textes et en fonction des circonstances.
13:20Mais il n'est pas vrai, et vraiment ça je m'oppose en faux,
13:23de dire que la gauche ou le modem, nous dépendons du RN.
13:28Ça n'est pas vrai.
13:29Je sais que leur nombre de députés a augmenté
13:31et je respecte les Français qui ont décidé de cette composition-là.
13:36Mais nous n'avons pas besoin d'eux pour faire des compromis à l'intérieur de l'Assemblée nationale.
13:41Vous êtes claire sur la motion de censure.
13:44C'est un peu moins clair à gauche, je parle, j'entends, du côté du NFP.
13:48Quant à la proposition d'abrogation de la réforme des retraites
13:51qui sera déposée par le RN dans le cadre de la niche parlementaire le 31 octobre,
13:56Fabien Roussel a dit aujourd'hui que s'il était député,
13:59il voterait cette proposition de loi.
14:01Il dit d'accord, il y a une imposture du RN,
14:04Jean-Luc Mélenchon dit lui que c'est une arnaque,
14:07mais Fabien Roussel dit qu'à un moment donné,
14:09il faut aussi faire passer l'intérêt général des Français
14:11et on ne peut pas dire qu'on a combattu pendant des mois et des mois
14:15contre cette réforme des retraites et ne pas la voter.
14:19Sauf que la proposition de loi du Rassemblement national,
14:23même si elle était adoptée à l'Assemblée nationale,
14:25ne passerait pas au Sénat,
14:27puisqu'il n'y a pas de député RN, de sénateur RN au Sénat.
14:31Donc en fait tout cela n'est encore une fois qu'une pièce de théâtre
14:34et nous avons étudié ce texte en commission ce matin.
14:37Il y a un vote qui est sorti de cette commission,
14:40c'est une loi qui est en partie amputée,
14:43qui est sortie de la commission des affaires sociales,
14:46c'est-à-dire qu'il y a des articles qui en sont sortis vidés.
14:48Mais on verra ce qui va se passer en hémicycle.
14:53Moi j'ai déjà, comme je vous l'ai dit sur la motion de censure,
14:56posé mon choix.
14:58Mais c'est vrai que c'est une complexité
15:01parce que le Rassemblement national a cette stratégie
15:04qui consiste à tendre des pièges et non pas à tenir une ligne.
15:07Alors qu'est-ce que vous ferez vous le 31 octobre ?
15:10Mais moi je vous dis, je ne la voterai pas.
15:13Mais je vous l'ai déjà dit et je le redis
15:16et je le redirai jusqu'à la fin.
15:18Moi j'avais proposé un amendement en début d'étude
15:21du budget de la sécurité sociale demandant et l'abrogation
15:24et une conférence de financement avec les partenaires sociaux.
15:29Le Rassemblement national a voté contre.
15:32Donc vous n'allez pas me dire que ce sont les défenseurs
15:35de l'abrogation de la réforme des retraites.
15:37Ce sont les défenseurs du bazar politique, ça oui,
15:41mais pas d'une ligne politique.
15:43Donc c'est cela que nous allons faire.
15:45Et par ailleurs, il y a d'autres niches qui arrivent ensuite
15:48qui pourront réétudier la possibilité d'abroger la réforme des retraites.
15:52Je dis aux Françaises et Françaises quand même,
15:54parce que c'est très important, nous ne lâchons rien sur les retraites.
15:57Il faut bien entendre ça. Nous ne lâchons rien.
15:59Nous ferons tout pour abroger cette réforme.
16:01Sandrine Rousseau, j'aimerais encore vous poser une question
16:04sur un dernier sujet parce que je sais que vous êtes
16:07une fervente défenseuse des droits des femmes, des violences.
16:13Vous luttez contre les violences faites aux femmes.
16:15J'aimerais vous faire réagir sur l'affaire Nicolas Bedos.
16:18L'acteur réalisateur a été condamné pour agression sexuelle
16:21à un an de prison, dont six mois sous bracelet électronique.
16:25Un jugement inédit, injuste, choquant.
16:28C'est ce qu'a dit son avocate qui était l'invité hier de BFM TV.
16:31On va l'écouter et vous pourrez réagir juste après.
16:34Nicolas Bedos, il n'a pas été jugé pour ce qu'il a fait.
16:37Nicolas Bedos, il a été jugé pour ce qu'il est.
16:39Personne ne vous dira le contraire.
16:41Qu'est-ce qu'on cherche là ? On cherche l'exemplarité.
16:44D'ailleurs, sur votre plateau même et ailleurs,
16:49l'avocat de la partie civile est sorti de l'audience
16:52en disant que c'est une décision qui va faire œuvre pédagogique.
16:56C'est une décision exemplaire.
16:58Mais depuis quand la justice vient piétiner les droits
17:02des accusés pour faire des exemples ?
17:05A-t-il été condamné pour ce qu'il est, comme le dit son avocate
17:09ou pour ce qu'il a fait ?
17:11Je rappelle que cette avocate est payée par Nicolas Bedos
17:14pour le défendre, donc évidemment, elle le défend.
17:17Elle le fait d'ailleurs avec talent puisque manifestement,
17:20un, vous la recevez et deux, son discours a de l'écho,
17:23si j'en crois le nombre de personnalités
17:26qui se sont inquiétées de ce jugement.
17:29Déjà, j'ai l'habitude de ne pas commenter une décision de justice
17:33mais je dis quand même que dans le jugement qui a été rendu,
17:36il est dit que ce que le juge a voulu sanctionner,
17:39c'est la répétition des faits.
17:41Et je rappelle qu'il y a eu deux plaintes,
17:44l'une pour viol, l'autre pour agression sexuelle,
17:47qui n'ont pas été étudiées parce qu'elles étaient prescrites.
17:50Donc en fait, je pense que le juge, il y avait quand même
17:53huit témoignages, il y avait deux parties civiles.
17:56Je veux dire, voilà, on peut évidemment défendre Nicolas Bedos
18:00et c'est tout à l'honneur de son avocate que de le défendre.
18:03Il faut juste se souvenir que c'est son avocate.
18:06– Sandrine Rousseau, Nicolas Bedos, c'est victime d'une addiction alcoolique,
18:10il l'a reconnu, qu'il l'a mené à avoir ces comportements,
18:13ces actes qui lui valent condamnation, il a commis ce délit.
18:16Est-ce que vous lui diriez, comme vous avez dit hier pour le député Kerbra,
18:20soigne-toi bien, reviens-nous vite en forme ?
18:23– Alors, il a des obligations de soins,
18:25donc ce n'est pas moi qui vais lui dire soigne-toi bien,
18:27c'est la justice qui lui impose de se soigner.
18:30Par ailleurs, Andy Kerbrat, à ma connaissance, n'a agressé personne
18:33et n'a pas eu de comportement de type harcèlement sexuel ou violence sexuelle.
18:38S'il en avait d'ailleurs, je changerais de position,
18:40si j'apprenais qu'il en avait, je changerais de position à son égard.
18:43– Mais il a commis un délit en finançant un trafic de drogue,
18:46peut-être que l'argent qu'il donne à son dealer sert à acheter des armes de guerre.
18:50– Non mais, enfin, on peut tout mélanger, oui,
18:52et la guerre au Proche-Orient c'est lié à Andy Kerbrat, on peut aller jusque-là.
18:55Mais enfin, à un moment, il faut juste rester raisonnable,
18:57il se fait du mal à lui-même, ça c'est sûr, il n'y a pas de doute,
19:00parce qu'en plus à avaler des produits comme ça qu'il trouve sur une station de métro
19:04dont on ne sait absolument pas la composition,
19:06je pense qu'il se fait beaucoup de mal à lui-même, il se met en danger,
19:09ça il n'y a pas de doute, raison pour laquelle je pense qu'il faut absolument
19:12qu'il entre dans un parcours de soins, qu'il aille voir un médecin, un addictologue
19:16et qu'il sorte de ses addictions.
19:18Et d'ailleurs, il a lui-même dit dans son communiqué de presse qu'il le faisait.
19:21Maintenant, il n'a pas commis de délit en dehors de sa propre santé
19:25et d'avoir acheté cette drogue.
19:27Moi je dis, la consommation de drogue doit être décriminalisée, déstigmatisée.
19:34Par contre, la consommation de drogue ne peut pas être une excuse
19:37pour faire du mal à autrui, ça jamais, c'est aussi simple que ça.
19:40Son dealer qui est mineur, est-ce qu'il ne lui porte pas tort
19:43en l'enfonçant dans cette criminalité ?
19:45Ah bah si, et d'ailleurs c'est l'erreur qu'il a faite
19:48et c'est pour ça qu'il est condamné par la justice là-dessus.
19:51Maintenant, je rappelle qu'une addiction ça fait faire...
19:54On est prêt à tout pour acheter sa drogue, c'est le principe même de l'addiction
19:59et que oui, il a fait une bêtise là-dessus.
20:01Maintenant, moi je voudrais qu'on change de regard sur la drogue
20:03parce qu'en France, nous n'avons aucune empathie pour les personnes qui se droguent,
20:06pour les personnes alcooliques ou pour les personnes qui sont victimes d'addiction.
20:10On est au contraire dans un truc vraiment très sévère.
20:13Moi je voudrais juste dire aux 12 millions de personnes
20:15qui sont concernées par de l'addiction, nous avons de l'empathie pour vous,
20:18nous savons ce que c'est d'être addict et d'être dépendant de cela.
20:22Vous avez besoin d'une politique de santé publique et pas d'injures ou d'humiliation.

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