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Le témoignage de Mathilde, qui accuse Gérard Miller d'un viol survenu en 2004, alors qu'elle était âgée de 19 ans. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris en février 2024 à la suite de six signalements contre le psychanalyste, accusé par une soixantaine de femmes de viols ou agressions sexuelles.

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Transcription
00:00Nous sommes le 9 mars 2004, vous avez 19 ans, vous assistez à l'émission de Laurent Ruquier On a Tout Essayé,
00:07avec laquelle participe notamment Gérard Mineur. Gérard Mineur vous invite ensuite à aller voir un spectacle,
00:13vous allez voir le spectacle, ensuite il vous invite à aller chez lui, et là que se passe-t-il ?
00:18Un peu comme à peu près toutes les autres victimes en fait, c'est vraiment, c'est pas un peu la même chose,
00:24c'est quand même vraiment pas loin d'être tout à fait la même chose, c'est vraiment le même parcours,
00:28à savoir une visite de son hôtel particulier, qui commence par la salle de projection, et puis après on va boire ce fameux verre,
00:37et puis ce qu'il nous a proposé, à l'origine c'est une invitation pour boire un verre.
00:42On va boire un verre, il faut savoir que le verre va être vite expédié.
00:46Il y avait quoi dans ce verre ?
00:48Alors, moi du coup c'était, j'en avais parlé à une amie, je lui ai dit c'est un alcool de vieux,
00:52je me souviens pas ce que c'était, mais en tout cas je buvais très peu,
00:56c'était un alcool de vieux, donc je peux pas dire ce que c'était exactement.
01:00Et puis ensuite il va nous proposer, parce que je suis avec une amie,
01:04il va nous proposer en fait un petit jeu, comme il fait avec ses patients, qu'il fait avec ses patients.
01:10Et donc en fait on va monter à l'étage, donc dans la salle, la fameuse salle japonisante,
01:16donc moi je me souviens pas exactement des détails de cette salle, si ce n'est qu'on va être allongé,
01:20il va nous demander de nous allonger, il va nous mettre dans un état de détente.
01:25Et vous vous sentez fatiguée à ce moment-là aussi ?
01:27Oui, en fait le moment où je monte en fait l'escalier, quand on monte à l'étage,
01:33je me souviens être un peu groggy, donc je sais pas si c'est l'alcool à ce moment-là,
01:37en tout cas une espèce de, je sais pas, je m'accroche à la rampe quand je monte,
01:41je me souviens que j'étais pas...
01:43Est-ce qu'on peut supposer qu'il y avait autre chose que de l'alcool dans votre verre ?
01:46Bah vraiment ça, on peut vraiment pas le dire.
01:48Non, bien sûr.
01:49C'était il y a 20 ans.
01:50On parle beaucoup en ce moment de soumission chimique.
01:51Voilà, c'était il y a 20 ans et on sait qu'avec la soumission chimique,
01:5448 heures après, on n'a plus du tout, il n'y a plus du tout de traces.
01:57En tout cas, vous n'êtes pas vraiment dans votre état.
01:59Non, clairement.
02:00Vous êtes allongée donc, et qu'est-ce qu'il se passe ensuite ?
02:03Et donc en fait, il va commencer à nous mettre dans cet état de relaxation
02:07par, je sais plus, de la respiration.
02:09Et en fait, progressivement, en même temps qu'il nous parle en fait,
02:12il va, même si c'est en train, donc c'est cette main-là en fait,
02:14il va la prendre et il va commencer à me la caresser,
02:17mais le terme caresse me gêne, en tout cas il va la toucher
02:20et après, il va passer sa main sous mon pull, sur mon ventre, jusqu'à la poitrine.
02:24Et vous le laissez faire ?
02:25Et il passe comment ?
02:26Vous le laissez faire ?
02:27Mais ce qui est très étrange à ce moment-là,
02:29en fait, je suis absolument dans un état de confiance, de détente,
02:33il faut savoir que quand on est dans un...
02:34En fait, je suis dans un état de conscience modifiée.
02:36Je n'ai plus de discernement.
02:38Parce que lui, il dit qu'il pratique l'hypnose.
02:39Est-ce que vous étiez hypnotisée à ce moment-là ?
02:41Ça c'est pareil, je ne pourrais pas le dire.
02:43En fait, ce qui est très...
02:44C'est comme un prétexte en fait.
02:45Je pense qu'il utilise l'hypnose.
02:47Vous pouvez savoir pourquoi, finalement, vous n'arrivez pas à réagir ?
02:50Vous êtes...
02:51Je ne saurais pas l'expliquer, je ne peux que le constater.
02:53Et c'est ça qui rend la chose d'autant plus difficile après.
02:56Acerner, pourquoi ?
02:57Qu'est-ce qui s'est passé ?
02:58Pourquoi je n'ai pas réagi ?
02:59Pourquoi...
03:00Donc là, il y a un attouchement ?
03:01Oui, qu'on peut qualifier d'agression sexuelle.
03:03D'accord, donc attouchement du corps, des seins, du sexe ?
03:05Voilà.
03:06Non, des seins.
03:07Des seins.
03:08Voilà.
03:09Et ensuite, qu'est-ce qui se passe ?
03:10Et donc ensuite, on va...
03:11Je ne sais pas comment ça s'arrête.
03:12Est-ce que c'est mon ami qui met fin ou...
03:14Voilà.
03:15On va sortir.
03:16Mon ami part.
03:17D'ailleurs, il me dit de partir avec elle, parce que je m'apprête à faire.
03:22Et lui, en fait, me propose à ce moment-là.
03:24Il me dit, mais tu peux réciter si tu veux.
03:26J'ai une chambre d'amis.
03:27Je peux te prêter un tee-shirt.
03:28Et cette phrase-là, pour moi, en fait, va remettre de la confiance,
03:31me dire qu'en fait, tout est OK, parce que j'ai envie,
03:33que ce soit que je n'ai pas du tout envie.
03:34Pourquoi vous avez envie que ça se passe bien avec lui ?
03:36Parce que c'est sa notoriété ?
03:37Pas que ça se passe bien.
03:38Parce que vous avez confiance ?
03:39C'est quelqu'un que vous admirez ?
03:41Je ne veux pas que ça se passe bien avec lui.
03:43Je veux que ça se passe bien pour moi.
03:44Que rien de grave m'arrive, en fait.
03:46Et je préfère choisir que ça se passe bien,
03:50plutôt que ce qui est en train de se passer,
03:51de me dire que c'est terrible.
03:52Et donc, de me dire que finalement, c'est en train de...
03:54Qu'en fait, tout va très bien.
03:55Que juste avant, ce qu'il m'a fait, c'est ce qu'il fait à ses patients.
03:57Et que donc, c'est tout à fait OK.
03:59Et que là, ce qui va se suivre est une soirée pyjama,
04:02pendant laquelle on va discuter.
04:04Pour moi, c'est OK, en fait, à ce moment-là.
04:06Et alors ensuite, vous dormez sur place ?
04:08Ah non.
04:09Non, par contre, je ne verrai pas la couleur du T-shirt.
04:11C'est-à-dire qu'en fait, on va commencer à discuter.
04:14Et pendant qu'on est en train de parler,
04:16il va se tourner vers moi.
04:18Et là, comme je l'écris, en fait, j'ai sa langue dans ma bouche.
04:23Il tente de vous embrasser ?
04:24Voilà.
04:25Alors, je ne dis pas qu'il m'embrasse.
04:27Je n'ai jamais dit ce mot.
04:28J'en suis rendue compte.
04:29J'ai toujours dit qu'il avait mis sa langue dans ma bouche.
04:30Et c'est vraiment ce qu'il a fait.
04:31C'est aussi froid et mécanique que ça.
04:33D'ailleurs, vous avez cette expression.
04:36Il a profité de moi comme un buffet froid.
04:39Voilà, c'est ça.
04:40Donc là, à ce moment-là, en fait,
04:41à partir du moment où j'ai sa langue dans ma bouche
04:42et où je me rends compte que tout ce qui s'est passé avant,
04:44en fait, n'était pas aussi OK que ça en avait l'air
04:47ou que je voulais bien me faire croire.
04:49Et là, en fait, je vais basculer dans un état de sidération.
04:53Donc, je ne peux plus bouger.
04:55Je ne bouge plus, en fait.
04:56Et je vais même, ce qu'on appelle, dissocier.
04:59À ce moment-là, je ne sais pas.
05:00Je ne comprends pas.
05:01Donc, c'est extrêmement effrayant.
05:02En fait, je vois la scène du dessus.
05:04C'est très particulier comme état psychique,
05:08surtout quand on ne sait pas ce qui est en train de nous arriver.
05:10Et la seule chose qui se passe, c'est que je ne bouge plus,
05:13mais mon corps tremble, en fait.
05:14Et d'ailleurs, il le constate et il m'en fait part
05:16de manière très...
05:19C'est OK pour lui, apparemment, que je ne bouge plus.
05:21Je pense que mon regard doit être pas très animé.
05:25Et je tremble.
05:27Et c'est OK pour lui.
05:28Il continue.
05:30Il se passe quoi ?
05:31Et alors là, ça, c'est ce que je ne détaillerai pas.
05:33Mais je vais porter plainte pour viol.
05:35Donc, il vous a violé ?
05:36Voilà.
05:37Il m'a violée.
05:38Voilà, tout à fait.
05:39Et lui, il pensait que vous étiez consentante ?
05:41Alors, il peut penser...
05:43Non, mais j'essaie de...
05:44Je n'en sais rien.
05:45Je veux dire, la question du consentement,
05:47à ce moment-là, ce n'est pas tellement...
05:49En tout cas, vous n'avez rien laissé montrer que vous étiez...
05:52Non.
05:53Non, et il n'y a eu aucun signe que ça allait arriver.
05:56C'est vraiment, quand je parle, c'est un piège.
05:59C'est vraiment, à ce moment-là, pour moi,
06:02l'assidération vient de la surprise immense
06:04et de l'effroi et de la peur
06:06et d'une incompréhension de ce qui est en train de se passer,
06:08de ce que ce vieux monsieur est en train de me faire.
06:11Il avait quel âge, à l'époque ?
06:12Et lui, il a 10 ans de plus que mon père.
06:14Je ne sais pas, il avait plus de 50 ans.
06:16Donc, pour vous, c'est plutôt une figure paternelle, rassurante.
06:20C'est quelqu'un qui parle bien, qui est psychanalyste.
06:22Mais voilà, pas que.
06:23Et donc, en fait, vous êtes une jeune fille
06:25qui est plutôt admirative de cet homme
06:27et qui se dit, tiens, c'est peut-être intéressant de le rencontrer.
06:30Ce qui est important, c'est qu'à ce moment-là,
06:32il joue sur plusieurs tableaux liés à ses différentes statures,
06:36qui créent justement la fameuse dissymétrie dont il parle.
06:38C'est OK, mais il n'y a pas juste la dissymétrie liée à l'âge.
06:41Il y a la dissymétrie liée au fait que c'est un chroniqueur,
06:44que je vois régulièrement à la télé,
06:46quelque chose de familier, donc j'ai confiance en lui.
06:48Il est impressionnant parce qu'il y a les paillettes, etc.
06:50Et puis, effectivement, il y a aussi le côté psychanalyste.
06:52Moi, il joue de ça.
06:54Il en parle, il évoque les jeux qu'il fait avec ses patients.
06:59Et donc, il y a une forme comme un médecin, en fait,
07:02quand il dit « Allongez-vous ».
07:04Jamais vous auriez imaginé qu'il avait une idée derrière la tête.
07:06Non, mais il n'y a pas de drague, justement.
07:09Ça, c'est hyper important.
07:11Il n'y a pas de jeu de séduction ?
07:12Non, c'est ce que j'ai constaté avec toutes les victimes.
07:14C'est qu'il n'y a pas de signaux faibles.
07:16Donc, a priori, il n'y a pas d'ambiguïté.
07:18Pas du tout. Quand elles y vont, pas du tout.

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