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00:00Il y a toujours 7000 enfants qui décèdent en cours de grossesse
00:04ou en toute fin de grossesse aujourd'hui en France.
00:06On est en fait très nombreuses encore à recevoir ce coup de massue sur la tête.
00:10Il y a quelques années, j'avais déjà une première fille.
00:14Avec mon compagnon de l'époque, nous avons eu le désir d'un deuxième enfant.
00:17Mais malheureusement, au bout de quatre mois de grossesse,
00:19j'ai découvert que ma fille n'allait pas pouvoir vivre,
00:22qu'elle allait devoir naître sans vivre,
00:27donc être une enfant mornée.
00:29J'ai vécu ce qu'on appelle une IMG, une interruption médicale de grossesse.
00:33C'est un grand deuil et c'est un deuil auquel je crois qu'on n'est pas du tout préparé
00:37parce que dans la société contemporaine, on parle très peu du fait qu'une grossesse peut mal se passer.
00:42Il y a toujours 7000 enfants qui décèdent en cours de grossesse
00:46ou en toute fin de grossesse aujourd'hui en France.
00:48Je pense que le plus difficile, ça reste quand même l'accouchement lui-même.
00:51C'est ce moment où on doit dire au revoir à l'enfant qu'on a tellement désiré et qui ne va pas vivre.
00:57Dans l'entourage assez proche, souvent, on a beaucoup de mal à faire comprendre ce qu'on ressent
01:01et à créer de la place pour cet enfant qui n'a donc existé en général que pour les parents,
01:06la mère qui l'a senti en elle, le père qui l'a aussi attendu.
01:12Et très souvent, pour les autres, c'est un enfant très théorique.
01:14Et donc, en fait, c'est un enfant qui ne manque à personne à part nous.
01:17La société tend à vous renvoyer que plus vous perdez l'enfant tôt, moins c'est grave quelque part,
01:24à tel point que moi, quand je me suis retrouvée dans le groupe de parole
01:27et j'ai vu beaucoup de mamans qui avaient perdu leur bébé à terme, par exemple,
01:30ou quasiment à terme, je me suis dit, mais moi, je ne suis pas légitime avec ma souffrance.
01:35Et c'est Juliette qui apparaît dans le film, qui a eu cette très belle phrase,
01:39elle m'a dit, est-ce que tu l'as attendu cet enfant ? Est-ce que tu les en deuil ?
01:44Eh bien, tu as ta place parmi nous.
01:45Pour moi, le groupe de parole a été vraiment un lieu de sauvetage.
01:49C'est-à-dire, je ne peux pas m'imaginer comment j'aurais survécu à cette situation
01:54sans ce groupe de parole.
01:55Je pense que parfois, les gens cherchent à bien faire pour consoler.
01:57Ils disent des choses parce qu'ils pensent que ça va nous consoler.
01:59Tu veux en faire un autre ?
02:01Ou ça valait peut-être mieux comme ça, on ne sait pas très bien ce que ça veut dire, mais voilà.
02:05Ou il faut que tu ailles de l'avant.
02:07Donc, c'est des phrases qui, parfois, sont peut-être dites avec de la bonne intention.
02:10Parfois, je pense qu'elles sont dites aussi parce que les gens sont dans un très grand inconfort
02:13face à ce deuil un peu atypique et qu'ils ne savent pas très bien quoi en faire
02:17et que c'est des manières aussi de ne pas trop y penser.
02:19Et c'est vrai que ça fait beaucoup de violence aux parents qui vivent un deuil périnatal.
02:24Et moi, j'ai toujours tendance à dire
02:26ce qu'il faudrait, c'est juste laisser la place aux parents de parler s'ils en ont envie,
02:31de faire des gestes ou des rituels s'ils en ont besoin.
02:33En tout cas, où ce deuil peut être pleinement accepté et se vivre au grand jour
02:37et non pas caché comme quelque chose d'un peu gênant et un peu honteux.
02:40J'ai parlé à ma grande-fille de Marie, que j'ai perdue,
02:43pour plusieurs raisons parce que déjà, les enfants sont un peu égocentrés.
02:46Donc, ils pensent que tout vient et revient à eux.
02:50Donc, moi, j'étais dans un état quand même extrêmement abîmé psychologiquement.
02:54J'étais très, très, très triste.
02:55Et de façon assez naturelle, ma fille aînée avait tendance à penser que c'était à cause d'elle.
02:59C'est très important pour moi que ma fille et ma grande et celle qui est venue après,
03:04la petite, sachent qu'il y a eu un enfant entre elles.
03:06Voilà, il y a aussi des gestes ou des histoires qu'on peut raconter.
03:09Pour moi, ça a été le cimetière de Thiers qu'on voit dans le documentaire.
03:12Donc, j'ai amené mes filles là-bas.
03:14Et ça a été une manière aussi de signifier un lieu symboliquement
03:18où étaient leur petite sœur, leur grande et leur petite sœur.