Ce samedi, à J-10 des élections américaines, débat sur ses répercussions économiques. Au programme également : budget britannique, milliardaires allemands et activités touristiques en question. Face au climat, quel avenir pour nos sports d'hiver, parcs d'attractions ou bateaux de croisière ?
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00:00Bonjour Dominique Thillot ! Bonjour ! Vous êtes donc le directeur général de la compagnie
00:04des Alpes, leader français du tourisme, 12 parcs d'attractions, dont le parc Astérix,
00:09le Futuroscope.
00:10Vous avez également des parcs comme les Walibi, mais vous avez aussi le musée Grévin à Paris,
00:1410 grands domaines skiables en France, dont Val d'Isère, et puis depuis peu, une trentaine
00:19d'Urban Soccer, pour ceux qui ne sauraient pas encore ce que c'est, c'est du foot,
00:24en salle à 5, vous avez 6300 employés équivalent temps plein, mais ça peut monter beaucoup
00:29plus pendant les saisons saisonnières, vous venez de présenter des performances stratosphériques,
00:35on va faire simple, vous allez de record en record, alors on va entrer dans le détail
00:39de vos activités, on va commencer par le ski, les domaines vont bientôt ouvrir, comment
00:44se présentent les réservations pour cet hiver ?
00:45Les réservations pour cet hiver sont très très bonnes, après une saison exceptionnelle
00:52l'année dernière, là en avance de phase, elles s'annoncent très très bonnes sur
00:56les domaines que nous exploitons, c'est-à-dire des domaines de haute altitude.
01:00Donc quand un commerçant dit que ça va très bien, c'est qu'elles seront à nouveau record.
01:03Écoutez, nous verrons bien, mais pour l'instant c'est très bien parti.
01:07Alors justement, comment expliquer cet attrait qui ne se dément pas pour le ski, malgré
01:14des tarifs stratosphériques, comme vos résultats ?
01:17Stratosphérique, vous exagérez un peu, je pense que le cœur de notre mission, et notre
01:22cœur tout simplement, est dans les Alpes françaises.
01:24Donc on investit beaucoup pour rendre ces domaines les plus compétitifs, les plus attrayants
01:31au monde.
01:32Donc un, on investit beaucoup, y compris sur le personnel, nous employons beaucoup de monde,
01:37et puis c'est la chaîne, l'écosystème, comme on dit avec ce terme un peu techno,
01:41mais l'écosystème qui fait que chaque acteur est engagé sur le même objectif, améliorer
01:46la satisfaction des clients.
01:48Et à la fin du jour, quand vous investissez sur l'humain, sur l'accueil, et quand vous
01:52investissez sur l'outil industriel, et bien évidemment, le client le voit, et ça crée
01:58de l'appétit, ça crée de la fidélité.
02:00C'est ça ce que tout l'écosystème cherche à atteindre.
02:03Vous parlez du personnel, vous en aurez assez pour faire face à la demande cet été du
02:09côté des compagnies de ski, et puis peut-être même du côté des parcs d'attraction dont
02:13on va parler dans un instant.
02:14Nous d'abord, comme c'est un actif essentiel, nous on est dans les loisirs réels, donc
02:19les loisirs réels qu'on vit des expériences en famille, entre amis ou entre collègues,
02:25vous parliez d'Urban Soccer et Urban Paddle, mais il faut investir sur l'humain.
02:29Nous on est un très gros employeur dans tous nos sites, quel que soit l'endroit.
02:32On est un très gros investisseur aussi.
02:34Ça peut monter jusqu'à 13 000 salariés quand vraiment vous avez un travail.
02:36Voilà exactement, on monte à 12 000, 13 000, et donc il faut investir dans l'humain.
02:41Je vous donne un exemple, l'année dernière on a décidé, on leur donne des actions.
02:45Des actions de la compagnie des Alpes.
02:48De la compagnie des Alpes, à tous, ils reçoivent 30 actions chaque année, c'est de l'actionnaire
02:54salarié en quelque sorte, et ça crée de la fidélité, ça crée de la loyauté, ça
02:59crée de l'engagement.
03:00Ils ont gagné un peu d'argent parce que là l'action a plutôt bien monté après
03:03la présentation des derniers chiffres financiers.
03:06On va quand même aller dans le cœur du sujet, parce que là je sais qu'il y a plein d'auditeurs
03:10d'Inter qui sont en train de se dire, il est bien gentil Dominique Thilliau, mais
03:12un jour il n'y aura plus de neige, et ils n'utilisent de la neige de culture, et tout
03:17ça ce n'est pas du tout écologique.
03:18Comment on résout ce problème ?
03:20D'abord, ce fantasme que la neige de culture va remplacer la neige naturelle n'a pas de
03:26sens en fait.
03:27Ce n'est pas la neige qui fait le froid, mais c'est le froid qui fait la neige.
03:30Or la neige de culture se fabrique entre moins 4 et moins 15 degrés, donc la neige naturelle
03:35autour de 0 degré, vous voyez bien que la première à disparaître, ça sera la neige
03:39de culture.
03:40Donc jamais la neige de culture ne remplacera la neige naturelle.
03:43Mais au-delà de ça, sur nos domaines qui sont de haute altitude, on a le temps.
03:46On a plusieurs décennies, on a un certain nombre de modèles, y compris internes, de
03:50modèles de prévision, on a le temps, et donc ce temps, il ne faut pas le gâcher,
03:56et c'est maintenant, là maintenant, tout de suite, qu'il faut penser à l'avenir,
04:00à la transition, à des aménagements différents.
04:02Mais soyons là aussi concrets, ça se passe comment ? C'est-à-dire qu'il n'y a plus
04:05de neige en bas, vous mettez des oeufs pour monter, pour réussir à emmener les gens
04:10à des endroits où il y a encore de la neige.
04:12On met des cabines, on met des télécabines pour pouvoir monter et descendre sur certaines
04:18petites périodes où il y aurait moins de neige.
04:21Voilà ce qu'on fait.
04:22Mais ce qu'on fait aussi, c'est qu'on fait notre part sur la réduction des émissions
04:27de CO2.
04:28Nous n'utilisons plus d'énergie fossile dans nos dameuses, dans les chaudières de
04:32nos ateliers, dans les bus que nous opérons sur certaines stations, je pense à Tignes
04:36et Val d'Isère.
04:37Nous utilisons les huiles de friture usagées de nos parcs d'attraction, notamment, et
04:40que nous utilisons comme carburant.
04:42Ça marche très très bien, ça réduit les émissions de CO2 de 92%, d'où, sur les
04:48deux dernières années, le saut quantique qu'on a fait en termes de réduction de ces
04:52émissions.
04:53Et pour un très concret, je prends une frite au parc Astérix, il faut bien évidemment
04:56de l'huile de friture pour ça, vous la récupérez, vous passez par une start-up qui s'appelle
05:00Nesté notamment, et ces huiles se retrouvent au cœur des Alpes pour alimenter notamment
05:07les dameuses.
05:08Exactement, notamment les nôtres, pas seulement les nôtres, mais effectivement, elles se
05:12retrouvent comme carburant à la place du diesel dans les dameuses, dans les chaudières
05:16de nos ateliers et dans les bus, pour certains bus qui sont encore thermiques.
05:21Mais malgré tout, est-ce que ça suffit ou est-ce que vous êtes obligé de vous dire
05:24moi, patron de la compagnie des Alpes, demain, à un horizon de 20-30 ans, il n'y aura plus
05:28de neige dans les stations de ski ? Ou ce n'est pas dans vos modèles ?
05:31En tout cas, dans les stations que nous opérons, ça ne sera pas le cas, il y aura peut-être
05:37un petit peu moins de neige à certaines périodes, mais aujourd'hui, les modèles sur les stations
05:42de haute altitude donnent plusieurs décennies, mais il faut s'y attaquer maintenant, la transition
05:47c'est maintenant.
05:48Et donc, puisqu'on a le temps, il faut tester, innover, investir sur des choses qui vont
05:55permettre d'accélérer.
05:56Il y a trois ans, une journée skieur, c'était 1,4 kg de carbone, l'année dernière c'était
06:02300 grammes.
06:03Donc on y travaille, on va réduire, on va réduire jusqu'à zéro, et un vrai zéro,
06:09sans compensation, au Moyen-Âge on appelait ça les indulgences, maintenant ça se dit
06:12compensation carbone.
06:14Nous, on ne fait pas de compensation carbone, c'est, j'allais dire, de la réduction bio,
06:19si vous me permettez le terme.
06:20C'est-à-dire, vous ne faites pas de réduction carbone dans le sens où vous ne replantez
06:23pas obligatoirement des arbres, l'autre bout du monde, que sais-je, vous allez malgré
06:27tout en replanter dans les domaines ciblables.
06:29Pour les émissions résiduelles, à partir, juste avant 2030, les 45 derniers grammes.
06:34Mais tout ça, c'est pas du greenwashing ?
06:36Ah non, c'est pas du greenwashing, justement, puisqu'on peut tracer, nos comptes sont
06:42présentés en euros et en CO2, sont validés par nos commissaires aux comptes, et c'est
06:46un projet collectif qui va très profondément dans la société, puisque même les primes
06:51annuelles sont, et même les taux d'intérêt, sont soumis à l'atteinte de nos prévisions.
06:58Les accords que vous avez avec vos banques, vous aurez de meilleurs prêts si vous arrivez
07:02à atteindre ces objectifs de réduction.
07:04C'est ça qui est un point important.
07:07L'idée, c'est quand même de réussir à faire venir des gens, toute l'année, à
07:11la montagne.
07:12Aujourd'hui, c'est seulement 2% du chiffre d'affaires l'été pour la compagnie des
07:16Alpes.
07:17On s'est déjà parlé autour de tout cela, et vous m'avez dit que le principal problème
07:22qu'on n'imagine jamais, c'est que tout l'immobilier a été fait pour des studios-cabines pour
07:264 personnes l'hiver, avec très peu de balcon, alors que quand on vient l'été, on veut
07:30de l'espace.
07:31Il faut donc réinventer et rénover énergétiquement toute l'offre immobilière de la montagne ?
07:38Absolument.
07:39L'actif stratégique de la montagne, c'est l'hébergement.
07:40Il a été construit en fin du siècle dernier, un peu au début de ce siècle, mais il n'est
07:45pas adapté à une consommation, j'allais dire, l'été.
07:48L'été, il faut pouvoir manger dehors, il faut un point d'eau, il faut du wifi aussi
07:53maintenant, et des activités qui vont avec.
07:57L'enjeu principal, c'est la transformation de l'outil stratégique qui est l'hébergement,
08:04tant en termes de performance énergétique qu'en remembrement.
08:07Vous exploitez Ting, mais la ville a décidé de reprendre son domaine, comme ce que font
08:12pas mal de municipalités pour la gestion de l'eau.
08:15Est-ce que c'est fini ? Les mairies ne veulent plus d'acteurs privés ? Elles veulent reprendre
08:19la main sur leur or blanc ?
08:21C'est un cas, aujourd'hui, tout à fait spécifique et particulier.
08:26D'autres, y compris des appels d'offres en cours en ce moment, ont toutes choisi d'avoir
08:33recours à un modèle de continuité.
08:35Effectivement, il faut avoir un certain projet et un certain courage, j'allais dire, pour
08:41remplacer de l'investissement privé par de la dette publique.
08:44Mais au-delà de ça, Ting ne sera pas renouvelée, c'est une décision démocratique prise par
08:51les élus du peuple, donc j'ai pas de commentaire à apporter.
08:54Notre contrat, notre délégation, se termine le 31 mai 2026, nous serons engagés jusqu'à
08:59la dernière minute, au meilleur niveau de qualité, c'est notre fierté.
09:02Justement, on part du côté des parcs d'attraction, je citais deux de vos principaux parcs, Astérix,
09:08le Futuroscope, mais on pourrait ajouter Walibi, moi j'ai été impressionné en regardant
09:12vos résultats, il n'y a jamais eu autant de monde de l'histoire Astérix, alors qu'on
09:16nous a rabâchés, JO, il n'y aura eu personne, le temps vraiment pas bon.
09:21Comment vous expliquer de réussir à toujours faire venir plus de monde dans vos parcs ?
09:27Là aussi, c'est l'humain, la qualité de l'accueil, ce sont aussi les investissements
09:33et ils sont très importants.
09:35Sur les trois dernières années, on a rajouté l'équivalent en termes de capacité, un
09:41demi-parc Astérix en équivalent, ce qui est très important.
09:45Et puis, ce souci du détail, on fait l'investissement dans le détail, le client le voit et il faut
09:50être toujours sur des expériences nouvelles, inédites.
09:53Et c'est ça que nous faisons dans tous nos parcs, nous faisons l'Aquascope par exemple,
09:59qui vient d'avoir le prix du meilleur parc aquatique au monde, qui est au Futuroscope,
10:04qui est une réussite absolument fantastique, qui est incroyable et une expérience tout
10:09à fait inédite.
10:10Il faut aussi d'ajouter de plus en plus de choses à l'intérieur, il va y avoir
10:13un rollercoaster extraordinaire à priori du côté d'Astérix, parce que ce que vous
10:17voulez c'est ouvrir le plus possible.
10:18Ah bien évidemment, notre stratégie c'est d'étendre les périodes d'ouverture sur
10:24l'année.
10:25Aujourd'hui, on est à peu près ouvert huit mois dans l'année, il faut qu'on puisse
10:29progresser et puis avoir une nouvelle offre qui est adaptée à chaque saison.
10:35Vous essayez de vous dérisquer puisque vous avez acheté un gros groupe, Urban Soccer,
10:39du foot en salle à cinq pour ceux qui le connaîtront, et paddle également.
10:43C'est aussi ça l'avenir, c'est que quand même vous dites il y aura de la neige demain
10:46mais vous dites, si on a un petit peu moins, ce serait bien que j'ai d'autres activités
10:49dans mon portefeuille.
10:50Ce n'est pas comme ça qu'on l'a imaginé, on est un groupe de loisirs réels, qui est
10:56créateur de l'air social, c'est une expérience dans laquelle, aussi bien en paddle qu'en
11:03foot à cinq, même si on n'est pas un expert du foot ou du tennis, on peut s'amuser,
11:07il n'y a pas un ticket d'entrée technique.
11:08Et puis c'est cette expérience, cette ADN qui fait, avec une identité clientèle avec
11:13nos autres activités, qui fait l'attrait de ce secteur.
11:17Et vous allez en développer un petit peu partout en France.
11:19Vous savez quoi ? Il paraît qu'il y a le budget en ce moment en France, il paraît
11:22que toutes les entreprises qui font un peu plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires
11:25pourraient être taxées.
11:26J'ai regardé vos résultats, vous êtes au-dessus de ce milliard.
11:29Prêt à payer ? C'est normal, vous gagnez de l'argent, tout va bien, vous allez de record
11:33en record ?
11:34Je ne sais pas si on est prêt, mais en tout cas, aurons-nous le choix ? Non, d'une manière,
11:38je ne vais pas commenter, évidemment, la situation politique.
11:41Vous n'avez pas trop d'entreprises, est-ce que ça veut dire que vous allez faire moins
11:43d'investissements, si je repose la question de façon plus claire ?
11:45Non, c'est que le renchérissement des taux d'intérêt, le déficit public, Patrick
11:49Arthus en parlait il y a quelques instants sur votre antenne, le renchérissement des
11:53taux d'intérêt, le renchérissement du coût du travail, l'alourdissement des taxes,
11:57mécaniquement, ça aura un impact sur l'activité des entreprises et sur la dynamique des territoires
12:03en France.
12:04Oui, Dominique Thilliau, patron de la Compagnie des Alpes, d'avoir été notre invitée ce
12:08matin dans N'arrête pas l'écho.