• il y a 10 mois
Ce samedi 17 février 2024, il est question de mobilité avec un débat sur la grève SNCF, un détour par Berlin et un reportage sur le transport de marchandises avant les Jeux Olympiques. Quant au secteur aérien français, entre le trafic, la croissance et la décarbonation… Nos aéroports seront-ils prêts pour les JO ?

Plus d'infos : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-du-samedi-17-fevrier-2024-7601259

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Transcription
00:00 Et on continue à anticiper les Jeux Olympiques Paris 2024 avec le PDG du groupe ADP.
00:05 Bonjour Augustin de Romanet.
00:07 Bonjour Alexandra Bensahid.
00:08 Deuxième groupe aéroportuaire mondial à l'international, je l'ai dit en début d'émission,
00:12 vous êtes présent en Inde par exemple, en Turquie, mais évidemment ADP c'est Aéroport de Paris.
00:18 Roissy et Orly, voilà quelles seront les portes d'entrée des JO pour les athlètes,
00:23 pour les journalistes, les spectateurs, les supporters et puis pour les équipements.
00:27 J'ai appris que vous alliez recevoir, réceptionner des perches et des kayaks.
00:31 Est-ce que vous êtes prêt ?
00:33 Nos équipes sont extrêmement mobilisées, extrêmement solidaires
00:37 et les résultats que nous venons de publier montrent que l'entreprise est très concentrée
00:46 sur des performances futures dont je pense les performances passées peuvent préjuger.
00:51 Nous avons un enthousiasme très grand dans l'entreprise,
00:54 j'ai songé que nous avons demandé aux collaborateurs de se porter volontaires
00:59 pour être présents entre le 26 juillet et le 8 septembre
01:02 et que nous avons plus de 1500 collaborateurs qui se sont engagés à être présents dans cette période
01:08 en plus des volontaires qui nous seront apportés par le comité d'organisation des JO.
01:12 Donc vous allez directement sur la question sociale,
01:14 évidemment c'est une question qu'on se pose au regard de ce qui se passe à la SNCF
01:17 et puis même de ce qu'on vient d'entendre dans le reportage.
01:20 Est-ce que, ça fait 18 mois que vous préparez ces JO, est-ce qu'il y a un risque de grève ?
01:27 Est-ce qu'une grève c'est possible dans les aéroports avant ou pendant les JO ?
01:30 Bien entendu c'est possible.
01:32 Notre dialogue social est très nourri,
01:34 nous avons au début de la semaine dernière signé un accord salarial pour l'année 2024 avec la CGT et avec la CFDT.
01:40 Nous avons signé l'an dernier une quinzaine d'accords conventionnels avec les organisations syndicales.
01:46 Nous sommes très attentifs à ce que chacun puisse trouver sa place dans l'entreprise
01:50 et donc je suis confiant et je pense que la fierté d'être le premier souvenir des athlètes et des accrédités
01:58 et le dernier souvenir va emporter un élan et un enthousiasme formidables.
02:04 Donc a priori pas de peur sur la question sociale, vous dites que vous êtes confiant.
02:07 Alors racontez-nous les coulisses quand même.
02:09 Vous allez recevoir combien de personnes ?
02:11 Qu'est-ce qui se met en place pour 18 mois de préparation ?
02:15 Il va y avoir un trafic aérien qui va être arrêté notamment pendant la cérémonie d'ouverture c'est ça ?
02:20 Oui, ça c'est juste la cérémonie d'ouverture.
02:22 Pendant 6 heures le trafic de l'île de France à une centaine de kilomètres autour de Paris sera arrêté.
02:27 Ce qui est très important pour nous c'est que nous aurons 60 000 accrédités,
02:30 10 000 athlètes, 120 000 bagages dont 17 000 bagages hors format.
02:34 Hors format c'est la perche.
02:35 Voilà la perche ou le kayak.
02:37 Dans une année normale nous avons 4000 bagages par an hors format.
02:40 Là nous en aurons 17 000 pendant deux jours,
02:43 entre le 12 et le 14 août pour le départ et avant le 26 juillet pour l'arrivée.
02:49 Donc la mobilisation, si vous regardez le petit manuel de procédure d'ADP pour les Jeux Olympiques,
02:55 il fait 350 pages.
02:56 Chaque étape de l'accréditation, du parking des bus, de la formation des chauffeurs de bus,
03:02 de la formation des personnes chargées d'accompagner les délégations entre la passerelle d'arrivée
03:07 et le lieu d'accréditation, etc. est processée, documentée.
03:10 Ce qui m'intéresse moi, c'est de m'occuper du maillon le plus faible de la chaîne.
03:15 Nous sommes une chaîne logistique dans laquelle vont intervenir les compagnies aériennes
03:20 auxquelles je demande dès à présent, par exemple,
03:23 de mettre les fauteuils roulants des personnes en situation de handicap au bout de la soute
03:27 de manière à ce que dès que l'avion arrive à Paris,
03:30 nos collaborateurs des sous-traitants des compagnies puissent prendre le fauteuil roulant
03:35 et l'amener à la personne handicapée dès la sortie de l'avion.
03:39 Donc, vous voyez que nous avons un travail de coordination des compagnies aériennes,
03:43 des assistants en escale, des collaborateurs du groupe ADP, des conducteurs d'autobus.
03:48 Nous sommes un peu en situation de chef d'orchestre.
03:51 Nous savons que nous serons considérés comme responsables, si ça va bien ou si ça ne va pas bien,
03:56 même si nous n'avons pas directement toutes les manettes.
03:59 C'est pour ça que c'est une horloge de précision qui fait que tous nos collaborateurs sont mobilisés.
04:04 Et quand vous faites un appel aux compagnies aériennes,
04:06 c'est encore quelque chose qui coince ou quelque chose qui reste à régler ?
04:10 C'est quelque chose qui doit être accompli et qui reste, bien entendu, à parfaire tous les jours.
04:14 Il y a souvent des récriminations au sujet des temps d'attente.
04:17 Est-ce que dans les aéroports à Roissy, par exemple, pendant cette période des JO,
04:21 les files d'attente vont être augmentées ?
04:24 Non, je ne crois pas.
04:25 Vous avez vu que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a pris sur lui de recruter des contractuels.
04:30 Nous aurons plus de 2000 personnes de la police aux frontières
04:33 ou des contractuels au moment des JO.
04:35 Ce qui m'inquiète le plus, c'est la période post-JO.
04:38 À partir du mois d'octobre-novembre, quand nous mettrons en place le nouveau système
04:41 « Electronic Entry System »,
04:43 pour lequel c'est un système qui obligera tous les passagers hors Schengen
04:48 à s'enrôler spécifiquement à deux reprises dans nos aéroports.
04:53 C'est la fin du tampon, c'est ça, sur les passeports ?
04:55 Mais c'est remplacé ?
04:55 Ils devront s'enregistrer de façon biométrique à deux reprises.
04:59 Et là, nous sommes très attentifs à ce que, passé ce moment des JO,
05:02 qui se passera bien, et le ministère de l'Intérieur a mis les moyens,
05:06 donc j'ai confiance,
05:08 nous allons probablement être rattrapés par la complexité de la réglementation européenne
05:12 qui va s'imposer à la police aux frontières
05:14 et qui devra prendre des mesures de mitigation ou d'atténuation
05:18 sur lesquelles nous travaillons déjà.
05:19 Mais là, ça veut dire quoi ?
05:20 Le maire de Londres a dit que ça pouvait être une catastrophe.
05:22 Mais le maire de Londres a raison de s'inquiéter, parce qu'il faut toujours anticiper.
05:26 Donc, j'ai des contacts avec l'agence qui s'appelle l'ISA,
05:29 l'agence de l'Union Européenne qui met en place le système informatique,
05:32 qui m'a d'ores et déjà indiqué que la Commission Européenne avait prévu un bouton "marche arrêt"
05:36 pour que dès qu'il y aura trombose, et on prévoit dans les grands hubs mondiaux
05:40 et dans les frontières maritimes des tromboses,
05:42 quand il y aura des tromboses, je pense qu'il faudra actionner le bouton "marche arrêt".
05:47 Alors ça, c'est pour octobre.
05:48 Je reviens quand même aux JO, Augustin Dromanet.
05:50 Après les JO, on y est,
05:53 il va y avoir des infrastructures qui vont rester,
05:55 et notamment ce métro dont on parle depuis longtemps pour se rendre du centre de Paris jusqu'à Orly.
06:00 Est-ce que la ligne 14 sera bien inaugurée en juin, le prolongement ?
06:04 Chacun y met du sien.
06:05 La réponse est oui.
06:06 Le groupe ADP a construit la gare de la ligne 14 pour le compte de la Société du Grand Paris.
06:12 La RATP est très mobilisée pour faire en ce moment les essais.
06:16 Alstom est très mobilisée pour servir en priorité les rames de la ligne 14.
06:19 Donc je crois qu'on peut être confiant.
06:22 Autre moyen de transport, les taxis volants.
06:24 Alors ces espèces d'engins à michement entre l'hélicoptère et le drone qui transportent des passagers.
06:29 Vous, vous avez été très militant pour qu'on teste ça pendant les JO.
06:32 Les élus parisiens n'y sont pas favorables.
06:35 Il va y avoir une expérimentation, on les verra voler avec des passagers payants.
06:39 Est-ce que nous souhaitons que la première image au monde de véhicule à décollage vertical 100% électrique ait lieu en France ou pas ?
06:45 Songez que les Américains sont extrêmement jaloux.
06:48 Monsieur De Santis qui était candidat aux primaires républicaines contre Monsieur Trump,
06:51 s'est inquiété du fait que ce soit en France qu'il y ait cette innovation qui pour la première fois voit le jour.
06:57 Dès lors que ce marché des Vettol verra des dizaines et des dizaines de milliers de véhicules circulés dans quelques années.
07:04 Simplement, il y a une course de vitesse entre les différents industriels pour faire certifier par les autorités de sûreté ce genre de véhicules.
07:11 Et dès lors que nous, à DP, nous avons été très pionniers pour, grâce à la DGAC, au soutien du ministère des Transports,
07:17 insérer ces véhicules dans la circulation aérienne normale.
07:21 Nous avons d'une part fait tous les travaux pour le contrôle en l'air.
07:26 Nous avons installé des vertiports, c'est-à-dire des aéroports spéciaux pour ces Vettol.
07:30 Nous sommes militants.
07:31 Alors est-ce qu'on va les voir ?
07:32 Est-ce qu'on va les voir au Giro ?
07:34 Nous espérons beaucoup qu'ils puissent être vus au-dessus de Paris comme une espèce de symbole de l'innovation et de l'esprit d'entreprise français.
07:43 Et ça se joue quand ?
07:45 Alors ça se joue à plusieurs étapes.
07:47 La première étape, c'est que le Haza, qui doit certifier.
07:51 C'est un véhicule avec 18 moteurs, donc il est très sûr.
07:53 Mais il faut néanmoins que les 18 moteurs puissent tourner plusieurs centaines d'heures pour être certifiés.
07:57 Et puis ensuite, nous espérons que le vertiport qui sera notamment installé en face de la Cité de la Mode et du Design,
08:05 près de la Gare de Stirlitz, pourra voir quelques vols quotidiens démontrer cette extraordinaire innovation française.
08:12 Au-delà des J.O., Augustin de Romanet, le trafic aérien a repris.
08:16 On est presque au niveau avant Covid.
08:19 Mais les touristes chinois ne sont pas beaucoup revenus en France.
08:22 Est-ce que ça, ça vous préoccupe ?
08:24 Non, ce n'est pas vraiment une préoccupation au sens où, vous le savez, nous avons toujours dit que nous n'étions pas là pour accroître le trafic,
08:29 mais pour accueillir les passagers qui nous étaient donnés.
08:31 Ce qui est vrai, c'est que pour les hôteliers, pour tous les commerçants, le manque de passagers chinois se traduit par un manque à gagner de recettes de tourisme,
08:41 de recettes de produits de luxe, de gastronomie, etc.
08:44 Non, le trafic aérien reprend de façon étagée suivant les destinations.
08:48 Le trafic français, trafic domestique, cette année, est équivalent au trois quarts de ce qu'il était en 2019.
08:53 Donc, il n'a pas tout à fait repris.
08:55 Nous avons une diminution des vols, notamment les vols domestiques Paris-Marseille, Paris-Bordeaux, Paris-Toulouse.
09:00 S'agissant du trafic Schengen, il a bien repris.
09:05 Et le trafic international, il est remarquable vers l'Afrique, vers le Canada et vers les Amériques.
09:10 En revanche, il est faible vers l'Asie.
09:12 En 2022, vous avez appelé les gens à être plus raisonnables dans le voyage aérien.
09:16 Vous le pensez toujours ? Parce qu'en même temps, vous vous développez à l'international.
09:21 Oui, mais je pense qu'il faut être cohérent.
09:24 Les chiffres montrent que si on veut être zéro émission nette en 2050,
09:29 il va falloir avoir recours à une quantité de carburant durable tellement considérable
09:34 qu'aujourd'hui, personne n'est sûr qu'ils seront à notre disposition.
09:38 Et donc, si nous n'avons pas la quantité de carburant qu'on appelle SAF,
09:42 Sustainable Aviation Fuel disponible, il faudra probablement avoir des comportements
09:47 qui seront plus raisonnables. Il faut s'y préparer dès maintenant.
09:49 C'est intéressant ce que vous dites.
09:51 Vous dites que finalement, ce secteur aérien, d'ici 2050, on n'est pas sûr qu'il puisse être vert.
09:57 On n'a pas encore la technologie satisfaisante à 100%.
10:00 En ce qui me concerne, je suis très confiant parce que lorsque j'observe les ingénieurs,
10:04 ils sont face à la difficulté très, très inventif.
10:08 Et quand je vois l'énergie que met par exemple le groupe Airbus à concevoir un avion qui soit propulsé par l'hydrogène,
10:16 j'ai tout à fait espoir que le transport aérien se décarbone.
10:20 S'il y a dix ans, j'étais venu à ce micro pour vous dire qu'il y aurait un avion d'affaires 100% propulsé à l'hydrogène en 2029,
10:27 vous ne m'auriez pas cru. C'est pourtant la réalité.
10:30 J'étais venu vous voir pour vous dire que la société Pipistrel, qui vient d'être achetée par Textron aux Etats-Unis,
10:35 aurait un avion de passagers de 19 places 100% électrique, vous ne m'auriez pas cru.
10:40 Donc je crois que nous, humains, nous avons tendance à sous-estimer nos capacités d'inventivité face à la contrainte.
10:46 La contrainte est là.
10:47 Mais ça c'est pour les petites et moyennes distances.
10:48 Oui, mais pour les petites et moyennes distances, c'est-à-dire moins de 800 km, ça réglera déjà tous les problèmes des vols régionaux.
10:55 Et pour les longues distances, il faut effectivement que les énergéticiens s'y mettent à produire des carburants aéronautiques durables.
11:01 Et ça, le coût de la transition, plus les cotax sur les aéroports, plus l'explosion de la demande,
11:06 ça fait que le voyage aérien sera toujours plus cher.
11:08 Oui, mais en même temps, nos concitoyens sont très paradoxaux.
11:12 D'un côté, ils se plaignent que le train soit trop cher par rapport à l'avion.
11:16 Mais moi, je peux vous dire que l'avion, il couvre 100% de ses coûts et le train, il est subventionné.
11:22 Mais pourquoi ? Parce que l'avion, il n'a pas besoin de beaucoup d'infrastructures.
11:26 Il a besoin d'une piste au départ, d'une piste à l'arrivée, mais pour le reste, c'est l'air, l'infrastructure.
11:31 Donc, ce n'est pas très cher.
11:32 En revanche, pour le train, il faut des ballastes, il faut des voies de chemin de fer,
11:36 il faut des panneaux de signalisation qui s'entretiennent, qui coûtent très, très cher.
11:39 Donc, nos concitoyens doivent réconcilier leur point de vue.
11:43 On ne peut pas à la fois dire que l'avion est beaucoup moins cher que le train, c'est un scandale,
11:47 et dire que c'est un scandale, l'avion va augmenter.
11:49 Non, l'avion doit payer ses coûts, doit payer sa décarbonation.
11:54 Ce qui veut dire qu'effectivement, il augmentera peut-être un peu.
11:57 - Augustin de Romanet, le PDG du groupe ADP, candidat à sa propre succession,
12:04 votre mandat arrive à sa fin.
12:06 - Pour moi, dès lors que nous avons présenté nos résultats,
12:09 les analyses financières m'ont demandé si j'étais disponible.
12:12 Et comme nous sommes une société cotée, nous avons une capitalisation de 12 milliards,
12:16 ma responsabilité était de dire que si on me le demandait, j'étais prêt.
12:21 Merci d'avoir accepté l'invitation d'On n'arrête pas l'écho.

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