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Laurence Nardon, spécialiste des États-Unis et responsable du Programme Amériques de l'IFRI, est l'invitée de France Inter, à huit jours du scrutin américain qui met face à face Donald Trump et Kamala Harris.

L'invité de 6h20 (6h20 - 28 Octobre 2024 - Laurence Nardon)
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Transcription
00:006h21, en basket sport, cher aux Américains, on appelle ça le « Money Time », les dernières
00:05minutes de jeu où tout peut se passer, tout peut basculer.
00:08À huit jours de l'élection, on peut sans doute dire qu'on est dans le « Money Time »
00:12de la présidentielle américaine.
00:13Bonjour Laurence Nardon.
00:14Bonjour.
00:15Vous êtes politiste spécialiste des Etats-Unis, responsable du programme Amérique à l'IFRI,
00:19l'Institut français des relations internationales.
00:22J'ai envie de commencer avec vous, avec cette pluie de stars que l'on voit autour de Kamala
00:26Harris ces derniers jours, Beyoncé, Eminem, Bruce Springsteen et j'en passe, sans compter
00:31le couple Obama, très investi dans cette campagne.
00:33Est-ce un signe d'une certaine fébrilité dans le camp démocrate ?
00:37Je pense que le soutien des stars, il était prévu de le déployer en fin de campagne,
00:42c'est un truc de communicant.
00:44Mais pour le reste, d'une part, ça ne va probablement pas faire bouger beaucoup le
00:49curseur des sondages qui semble être bloqué depuis plusieurs semaines.
00:54Et puis, je dirais même que ça me rappelle un peu la fin de la campagne d'Hillary Clinton
00:58en 2016, où on sentait aussi une fébrilité par rapport à, déjà, à Donald Trump, et
01:06c'est pas forcément très bien de donner cette image de panique et d'appuyer sur la
01:13menace de Trump.
01:14Ce que Kamala Harris avait fait de très très positif cet été, c'était de sortir d'un
01:19discours très angoissé sur l'adversaire, pour proposer quelque chose de positif, un
01:25vrai programme démocrate.
01:27Vous parliez des sondages, et je parlais de Money Time, est-ce que, comme on le dit,
01:32comme on le lit, cette élection est plus serrée que jamais ?
01:34Ah oui, enfin, si on en croit les sondages, elle est extrêmement serrée, parce qu'on
01:38est autour de 48, 49 pour l'un et l'autre.
01:43On rappelle que là, on parle des sondages nationaux.
01:45Nationaux, qui ne veulent pas dire grand-chose, puisqu'après, c'est découpé entre les
01:4850 Etats, et qu'en plus, il y a ce système de collège électoral qui avantage toujours
01:53les Républicains.
01:54Donc oui, c'est très très serré, après, les sondages, il faut peut-être s'en détacher
02:00un petit peu, parce que, comme je viens de le dire, ils ne veulent pas dire grand-chose,
02:05et puis en plus, il est très facile pour un camp de sortir beaucoup de sondages qui
02:12l'avantagent, des sondages pas très corrects, pas très scientifiques, pour faire bouger
02:17les chiffres des agrégateurs de sondages.
02:20Et certains observateurs, alors, pro-démocrate, il faut prendre ça avec précaution, mais
02:25dénoncent ces derniers jours le fait que le camp républicain, dans son ensemble, aurait
02:29sorti plus de 70 sondages, leur étant favorable, pour que les agrégateurs de sondages, ensuite,
02:37traduisent une avancée de Trump qui serait donc fictive.
02:39Ceux qui comptent, les Américains qui comptent aller voter, ont déjà arrêté leur choix,
02:44c'est plutôt les abstentionnistes, en fait, que les candidats essayent d'aller chercher.
02:47On entendait dans le journal, le 6h, l'exemple de républicains en Pensylvanie qui vont voter
02:51pour Kamala Harris, parce que Donald Trump est trop radical.
02:55Est-ce qu'on a une idée ? Est-ce que ce phénomène peut être significatif de changement de camp ?
02:59Alors, probablement pas très significatif, en tout cas au niveau national, mais il peut
03:04l'être dans ces fameux États flottants, dont la Pensylvanie, par exemple, où le vote
03:12peut se faire à quelques milliers de voix, donc là, ce serait extrêmement important.
03:16Cette campagne, elle se fait pendant la dernière semaine dans ces fameux États pivots.
03:20Quels vont être les thèmes de ces derniers jours de campagne ?
03:24Alors, c'est facile, c'est les mêmes depuis le début.
03:27Côté républicain, on va rappeler, on va vraiment marteler le point auquel l'économie
03:33va très mal, ce qui n'est pas vrai, mais en tout cas, le point auquel les Américains
03:39ont fait face à une forte inflation ces dernières années, ça pour le coup, c'est vrai même
03:43si l'inflation a ralenti, mais enfin, les prix ne rebaissent pas.
03:48Donc ça, c'est très efficace comme argument côté républicain.
03:51Côté démocrate, on va pointer les attaques contre les droits des femmes, l'IVG, la fertilisation
03:58in vitro, etc.
03:59Et le danger pour la démocratie que représente Trump, il a fait un énorme meeting à New
04:06York hier, à Madison Square Garden, où vraiment tous les orateurs se sont laissés aller à
04:12des propos extrêmement illibéraux, attaquant les Portoriquains avec des termes racistes.
04:20Bref, c'était vraiment le festival.
04:21En parlant d'île de déchets notamment.
04:22Et justement, on n'a pas l'impression que Donald Trump, on parlait des républicains
04:26qui pourraient voter démocrate finalement, on n'a pas l'impression qu'il ait essayé
04:30de recentrer du tout son discours pour aller chercher des voix.
04:34Au contraire, il a continué, il a dit hier soir par exemple qu'Amala Harris a détruit
04:37les Etats-Unis, son discours très radical, il le poursuit.
04:40Oui, oui, parce que lui, sa stratégie depuis le début, c'est de galvaniser sa base pour
04:44qu'ils aillent tous, tous les Trumpistes aillent voter en quelque sorte, sans chercher
04:48du tout à l'élargir.
04:49Et vous avez raison, il n'a pas du tout modéré ses propos, il est vraiment à fond
04:52dans son couloir de nage, y compris son candidat à la vice-présidence, J.D.
04:59Vance.
05:00Kamala Harris, elle de son côté, porte un discours au contraire très modéré, pas
05:03du tout celui de la gauche du Parti démocrate, parce qu'elle, elle espère encore du coup
05:08grappiller ses indécis, ses centristes, ses modérés et quelques républicains.
05:13En un mot, Laurence Nardon, est-ce qu'on saura, mercredi prochain au matin, qui est
05:17le 47e président des Etats-Unis ?
05:19Alors, ça va dépendre du nombre d'États dans lesquels le résultat est clair dans
05:24la nuit.
05:25Ça avait été le cas en 2016, en 2020 ça n'avait pas été le cas, on avait su que
05:29le samedi.
05:30Et là, compte tenu du fait que le résultat semble si serré dans beaucoup d'États, flottant,
05:37il est possible qu'on n'ait pas du tout les résultats mercredi prochain au matin.

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