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Alors que la mode fait partie des industries les plus polluantes au monde, Ever Dye tente d’avoir un impact à grande échelle sur le secteur en produisant des teintures de vêtements biosourcées. Philippe Berlan, son PDG, nous en parle.

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Transcription
00:00Générique
00:06Smart Ideas avec Philippe Berland, bonjour.
00:09Bonjour.
00:09Bienvenue. Vous êtes le président d'Everdye, entreprise qui a été créée en 2021.
00:14Alors, vous venez de devenir le patron de l'entreprise, mais vous avez d'abord contribué à la financer.
00:19Qu'est-ce qui vous avait séduit à l'époque ?
00:22Écoutez, tout simplement, j'ai une carrière assez longue dans l'industrie textile.
00:26Et en tant que patron de marque ou d'entreprise, on est soumis à la question de décarboner, dépolluer notre activité.
00:34Vous savez que le textile est une activité fortement polluante. On pourra y revenir.
00:37Et quand on est patron d'entreprise, on n'a pas forcément tous les moyens de faire changer l'ensemble de la filière qui produit cette pollution.
00:44Et donc, quand j'avais été exposé à ce dossier Everdye, quelque chose de naissant,
00:52j'avais vu le potentiel d'une éventuelle solution à grande échelle pour notre industrie.
00:56Et c'est ça qui a amené à... qui a piqué mon intérêt. Et j'ai décidé d'investir un petit peu d'argent pour les aider au départ.
01:03Et vous voilà président d'Everdye, donc une start-up de la chimie verte, on peut dire ça comme ça, avec quelles innovations ?
01:11Qu'est-ce qu'elle a de... En quoi elle change le modèle, en quelque sorte ?
01:15Alors Everdye, c'est l'invention d'un procédé de teinture complètement nouveau,
01:20parce que la teinture, c'est dans l'industrie textile la phase de production qui est la plus polluante.
01:25J'ai lisé en préparant l'émission, teinture textile, pardon, responsable de 20% de la pollution des océans,
01:31plus de 50% de l'empreinte carbone de l'industrie de la mode. Mais on est au cœur des enjeux, quoi.
01:36Souvent, on montre du doigt la mode en disant que c'est le troisième secteur le plus polluant de l'ensemble de l'économie.
01:42Et c'est vrai. Et à l'intérieur de ça, la teinture, c'est vraiment un fléau.
01:47On a tous en tête les images de ces teintureries qui, installées dans tel ou tel pays moins avancé que le nôtre, par exemple,
01:54rejettent ces teintureries, rejettent beaucoup d'eau dans les nappes phréatiques.
01:57Donc c'est des questions de santé publique, c'est des questions de destruction de la biodiversité,
02:01c'est des questions de consommation et de pollution des eaux. On sait que c'est une ressource qui deviendra rare.
02:06Voilà. Donc c'est vraiment quelque chose d'extrêmement polluant et dommageable.
02:10Et donc ce que l'entreprise, et en particulier sa fondatrice Amira Ayrok, a inventé, c'est un nouveau procédé de chimie verte
02:17qui permet de diminuer fortement l'impact carbone, d'abord parce que la teinture va beaucoup plus vite que les procédés traditionnels,
02:25et ce fait à température ambiante. La teinture, normalement, c'est des procédés à 90 degrés pendant presque 10 heures, 8 heures.
02:32Il y a tout un tas de cas, évidemment, mais pour fixer les idées à l'ordre de grandeur.
02:36Et nous, on passe dans les machines de teinture à peu près 3 à 4 fois moins de temps et à des températures ambiantes.
02:42Donc ça fait fortement chuter la consommation d'énergie. Et en plus, l'eau qui sort de ces bains de teinture est quasiment propre.
02:49Donc vous avez un avantage énorme. Et le dernier avantage, c'est que le pigment, le colorant, qui est l'objet de l'invention,
02:56est fabriqué, synthétisé à partir de matières biosourcées et non plus issues des hydrocarbures et donc de la consommation de fossiles.
03:05— Oui. Alors justement, revenons sur ces éléments naturels, en quelque sorte, que vous utilisez. De quoi on parle ?
03:10— On parle de cellulose, tout simplement. La cellulose, c'est quelque chose qui est extrêmement abondant dans la nature,
03:14puisque c'est la constitution de quasiment tous les végétaux. Et nous, on extrait de cette cellulose la nanocellulose,
03:20qui est, on va dire, le brin élémentaire de cette cellulose. Et voilà. Je vais pas rentrer dans le secret ni dans la technique.
03:26Mais à partir de là, on crée une espèce de véhicule qui va porter le cristal. Le cristal, c'est l'oxyde de fer, par exemple,
03:32qui va permettre de porter la couleur. Donc on a une espèce de véhicule qui porte la couleur.
03:36Et ce véhicule, il sait s'accrocher par le procédé inventé sur la fibre que l'on souhaite teinter. La fibre que l'on souhaite teinter,
03:43c'est soit des matières naturelles, elles-mêmes constituées de cellulose – donc on comprend que ça s'accroche plus facilement –
03:49ou des matières plus synthétiques qui sont pas de la cellulose mais qui sont aussi des chaînes carbonées qui, par la chimie,
03:57voilà, on arrive à s'accrocher beaucoup plus facilement que les teintures traditionnelles.
04:00– Question de base, je suis peut-être à côté de la blague, mais est-ce qu'on peut avoir autant de couleurs,
04:05autant de teintures possibles qu'avec les teintures classiques traditionnelles ?
04:09– Alors, je vais vous répondre très simplement. Aujourd'hui, non, parce qu'on est une start-up, on n'a que 3 ans d'existence
04:14et c'est tout le travail que l'on a à faire à partir de maintenant, c'est de déployer.
04:17Alors aujourd'hui, on a quand même 3 couleurs qu'on a réussi à valider. Quand je dis valider, c'est qu'elles sont avérées,
04:22c'est-à-dire que c'est des couleurs qui sont utilisables à grande échelle, à l'échelle industrielle.
04:28Et c'est le jaune, le marron et l'orange, voilà. Et on est en train de travailler sur les grandes autres couleurs,
04:33les grands types de couleurs, le bleu, le rouge, le noir, et on les aura l'année prochaine.
04:38Et après, ça marche comme de la peinture. La peinture n'est rien d'autre qu'un pigment, des pigments que l'on mélange
04:44et avec une palette, on peut ainsi créer une infinité de coloris.
04:47– Un dernier mot sur la prise de conscience, elle existe, vous avez encore l'impression de prêcher dans le désert ?
04:55– Alors il y a différents niveaux de prise de conscience.
04:57Vous avez les entreprises qui, soit spontanément pour certaines, voire nativement,
05:01des entreprises, des marques se sont créées sur le concept d'éco-accessibilité.
05:05Je pense qu'à peu près toutes les marques s'y mettent, plus ou moins sincèrement, plus ou moins vite.
05:10La réglementation va faire qu'elles vont y être obligées de plus en plus.
05:14Donc voilà, c'est une industrie qui est en mouvement, mais encore une fois,
05:17j'étais encore dans cette position il y a quelques mois, quand vous êtes à diriger une entreprise
05:22qui fait des produits, qui met sur le marché des produits textiles,
05:25les vraies solutions qui appaisent drastiquement votre pollution, c'est pas si évident.
05:30Voilà, donc c'est en amenant de nouvelles solutions qu'on va, je pense,
05:35accélérer le mouvement de dépollution de notre industrie.
05:38– Merci beaucoup Philippe Berland et bon vent à Everday.
05:41Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
05:43Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
05:46À la chaîne des audacieuses et les audacieux, salut !

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