Jeudi 20 février 2025, SMART TECH reçoit François Momboisse (président, Fevad) , Alain Garnier (Président fondateur, Jamespot) et Angélique Gérard (présidente fondatrice, STEM ACADEMY)
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00:00Bonjour à tous, on est ensemble pour une demi-heure, une demi-heure de débrief de
00:11l'ActuTech. C'est Smartech qui démarre. Je vous présente les sujets et mes commentateurs juste après.
00:15Cette semaine, dans le grand débrief autour de la table, Angélique Gérard. Bonjour Angélique.
00:25Bonjour Delphine. Présidente de la STEM Academy, présidente et fondatrice, faut-il le préciser.
00:30Alain Garnier est également avec nous. Bonjour Alain. Bonjour. Président de Jamespot et François
00:35Monbois. Bonjour François. Bonjour. Président de la FEVAD, donc la Fédération de l'ensemble des
00:41acteurs du e-commerce et de la vente à distance. Alors on va débattre ensemble d'une plainte en
00:47France contre les écoutes de Siri. Plus de 25 milliards de requêtes, on nous dit du côté d'Apple
00:52par mois, sont réalisées par les utilisateurs sur les appareils d'Apple lorsqu'ils interpellent
00:57leurs assistants virtuels. Ce qui donne lieu à des quantités d'écoutes, en tout cas ce qui donnait
01:01lieu à des enregistrements parfois et souvent analysés par des humains pour améliorer les
01:07réponses de Siri. On va voir tout ça, pourquoi aujourd'hui cette plainte qui vient de France.
01:11On va décrypter ce sujet ensemble. On va aussi parler du financement de l'innovation en 2025 avec
01:16les chiffres du baromètre de Numéum. Mais d'abord je voulais qu'on revienne sur la grève dans le
01:22jeu vidéo, voir si ça vous semble préoccupant ou pas. C'est le syndicat des travailleurs du jeu vidéo
01:28qui est à l'origine du mouvement qui a été mené la semaine dernière. Grève nationale pour la
01:34première fois, donc on nous dit un événement sans précédent. D'après le syndicat, il y a eu plus
01:37de 1000 personnes qui ont manifesté et un travailleur sur cinq de cette industrie qui était
01:42en grève. Point de départ de l'avenir de notre industrie, nous dit-on encore. Comment est-ce que
01:47vous avez perçu cette mobilisation ? Angélique ? Alors moi je suis administratrice indépendante pour
01:54un groupe dont le business est le jeu vidéo, donc du coup j'ai effectivement regardé les éléments.
02:00C'est ça un caractère inédit cette grève, toutefois c'est pas une mobilisation très importante au
02:06regard du secteur de l'industrie des jeux vidéo. A ma connaissance environ 2 à 3 % des salariés,
02:13c'est un droit la grève, c'est important effectivement d'être à l'écoute et de pouvoir
02:18traiter la préoccupation des salariés. Après c'est quand même un mouvement qui est marginal,
02:24le caractère inédit c'est qu'il y a huit ans il n'y avait pas de syndicalisation dans cette
02:28industrie. C'est ça qui est tout nouveau et en fait ce qu'on peut noter c'est que
02:34finalement l'industrie des jeux vidéo a connu une très forte croissance post pandémique et donc
02:43il y a eu ce besoin de recruter, de produire du jeu pendant la pandémie et qu'aujourd'hui il y a
02:50énormément de restructurations qui ont lieu dans différents studios. C'est assez logique qu'on en
02:56soit là après effectivement la période Covid et donc ça peut effectivement alerter des travailleurs
03:03peut-être angoissés sur la pérennité mais globalement il y a une stabilité très opérationnelle
03:09de l'industrie et c'est pas quelque chose qui a touché non plus toutes les sociétés donc il faut
03:14relativiser ce mouvement de grève. C'est vrai que c'est intéressant de voir à quel point cette
03:20industrie s'est syndicalisée donc ce qui montre qu'effectivement il y a quand même des questions
03:26qui se posent aujourd'hui sur les conditions de travail. On nous dit il y a beaucoup de burn-out
03:31parce que finalement ce sont que des passionnés qui travaillent dans ce secteur et qui comptent
03:35pas leurs heures. Ça en fait partie dans la tech, on connaît beaucoup ça finalement. On connaît
03:40beaucoup mais il y a quand même la tech qui est quand même à plusieurs typologies et quand on
03:44analyse d'ailleurs avec Numéum, les jeux vidéo sont à part. Il y a les logiciels horizontaux,
03:49verticaux et le jeu vidéo. Et le jeu vidéo il a longtemps été effectivement attaché comme tu le
03:53dis d'ailleurs à cette passion et donc on n'est pas loin de ce qui se passe aussi des fois dans
03:56les associations humanitaires dans lesquelles les gens font des burn-out aussi parce qu'entre
04:00leur mission, ce qu'ils aiment, leur passion et le travail, la limite est des fois difficile. Et
04:05donc moi ce que je vois de cette situation c'est que c'est l'âge de raison en fait dans les jeux
04:10vidéo qui deviennent d'ailleurs de plus en plus industriels. Aujourd'hui c'est plus comme avant
04:15où on faisait un jeu vidéo avec une bande de cinq personnes dans un garage et c'était le succès de
04:20l'année. Non maintenant c'est des grosses productions donc il y a aussi une grosse pression comme dans
04:24le cinéma d'ailleurs avec énormément de moyens mis et donc en face il faut que ça rapporte. Donc
04:30on se retrouve aussi dans une économie beaucoup plus financiarisée, moins proche de l'artistique
04:34du financier donc plus d'oppression, plus d'oppression problématique du coup salariale et
04:40donc en face la montée des syndicats et tout d'un coup on est là, des syndicats mon dieu bah oui
04:44mais il y en a partout, il n'y en avait pas là. C'est bien, ils s'organisent aussi. Ils s'organisent et c'est vrai qu'en
04:48interne, moi je suis pas mal connecté avec ce monde là, c'est vraiment une déflagration sociale
04:52c'est que tout d'un coup c'est nous aussi puisque c'est la fin de l'âge de l'enfance en fait. Les gens
04:57qui ont un jeu vidéo s'imaginaient dans un monde à part. Il y avait les gens qui travaillaient et puis
05:01eux. Il y a aussi une perception qui est en train de changer et je pense que les recrutements à
05:06venir du monde du jeu vidéo vont totalement changer suite aussi un peu à ces évolutions là. Et puis
05:11il y a quand même un contexte économique qui est beaucoup plus tendu. En 2024, le monde du jeu
05:15vidéo a connu près de 15 000 licenciements. On n'avait jamais vu ça jusqu'ici. Bon c'est pas
05:21lié uniquement à l'industrie du jeu vidéo, c'est aussi tout un contexte international. Comment ça
05:25se passe du côté de la FEVAD ? C'est différent parce qu'on, comme ça a été très bien dit, on n'a pas
05:29cette ambiance de gamer, de passion et puis aussi de travail par gros coups de charrette et
05:36puis après c'est fini, un arrêt, etc. Et ça c'est difficile à gérer pour les chefs d'entreprise,
05:41pour les RH et de plus en plus pour les gens. Les gens acceptent moins maintenant de travailler
05:46une semaine à fond 70 heures puis après il y a désolé on n'a plus besoin de toi, enfin c'est pas
05:50facile à gérer. Je crois qu'il y a eu le Covid aussi. Le Covid, pas seulement sur les achats de jeux
05:55vidéo mais sur les salariés, on le voit dans toutes les entreprises, a vraiment changé le
06:00rapport au travail des gens. Le télétravail, les exigences maintenant de télétravail dans la
06:05plupart des entreprises, c'est minimum deux jours voire trois jours et les jeunes embauchés le veulent
06:09vraiment. Il y a eu des soucis assez importants dans certaines boîtes de jeux vidéo justement
06:14sur le télétravail, avec des grèves, ce qui était une découverte, les gens ne le pensaient pas.
06:19Les dirigeants des entreprises se disaient tout le monde va être content d'enfin revenir
06:24ensemble à la machine à café parce que ça aussi ça manquait et c'est utile dans les entreprises.
06:28Il y a des gens qui ont été embauchés pendant le Covid et qui n'ont vu personne de leur entreprise
06:33pendant quelques mois, comme on veut faire un esprit d'équipe. Donc tout ça, ça change et
06:38ça arrive dans un secteur, les jeux vidéo, comme ça a été dit, qui est en pleine réorganisation donc
06:44c'est un peu logique qu'il y ait des frictions. Ce secteur vidéo qui effectivement s'est aussi
06:48bien emballé pendant la période Covid parce que tout le monde s'est mis sur son ordi toute la
06:52journée à jouer à des jeux vidéo. Donc là aussi il y a un redressement un peu logique finalement
06:57des chiffres. On passe à notre autre sujet, la plainte en France contre les écoutes de Syrie.
07:02Donc c'est la Ligue des droits de l'homme qui a transmis un signalement, doublé d'une plainte au
07:06parquet de Paris, pour violation de la vie privée, traitement illicite des données personnelles,
07:10pratique commerciale trompeuse. Ça repose en grande partie sur les informations d'un lanceur
07:15d'alerte, Thomas Lobionnet, qui a été recruteur en 2019, pour écouter, annoter les enregistrements
07:22de Syrie afin d'aider et d'améliorer l'efficacité de ce chatbot, ce robot conversationnel. Alors ce
07:30qui est intéressant, enfin vous allez me dire ce que vous avez trouvé d'intéressant dans cette
07:34affaire, mais c'est quand même qu'on a découvert que c'était des vrais humains qui étaient face à
07:40l'écoute. Non mais je veux dire, on ne réalise pas quand on parle à son téléphone que derrière il y a
07:45des vrais humains qui écoutent les conversations, qui sont parfois des enregistrements d'ailleurs
07:48accidentels. Thomas Lobionnet nous dit qu'il s'est retrouvé confronté à beaucoup d'enregistrements
07:55accidentels, d'enfants qui parlent à leur tablette, voilà, de couples qui s'éclatent au lit devant
08:03leur série qui s'est déclenchée par hasard. Enfin bon, il y a plein de choses comme ça, on rentre dans
08:07l'intimité des gens. Jusqu'à quel point effectivement on respecte ou non le RGPD quand on est
08:13face à ce type d'enregistrement ? C'est toute la question qui est posée par cette affaire.
08:18Je vais réagir. Déjà en fait, c'est déjà un couture pour Apple. Apple a bâti par rapport aux autres
08:27GAFAM vraiment cette question de la privécité des données qui m'était toujours au-dessus de tout. Et
08:32la problématique, là on parle RGPD par exemple, c'est même au-delà de ça, c'est l'action de la
08:36confiance. De savoir qu'on est écouté ou pas c'est important, parce qu'après on peut considérer que
08:42ça peut faire partie d'ailleurs de l'amélioration, etc. Mais surtout c'est que tout ça a été caché.
08:47C'est là où en plus on est pour moi quelque chose de vraiment problématique. Et effectivement le
08:53fameux Siri, tous les systèmes conversationnels sont avec nous tout le temps. Et on parle là dans
08:59le lit, mais aussi à la voiture, parce qu'avec CarPlay, la même chose que... Il faut voir que
09:04c'est Siri qui est l'interface parce qu'on n'a pas à toucher, parce que quand on conduit il faut
09:08parler à la machine. Donc en fait il faut voir toutes les situations dans lesquelles effectivement on peut
09:12être dans cette intimité par rapport à ça.
09:14Jusqu'à 2019, parce qu'ensuite Apple a réagi quand même face aux alertes notamment de Thomas Lebesnec, mais d'autres travailleurs de ses écoutes.
09:23Apple a réagi justement en modifiant la gestion de Siri, parce que maintenant les enregistrements audios sont plus conservés par défaut.
09:28Oui, même le fait de savoir qu'on est écouté. Moi je pense que la vraie question c'est la confiance de ce qu'on fait.
09:34Moi je trouve que c'est effectivement extrêmement choquant qu'il faille des lanceurs d'alerte pour découvrir ça, etc.
09:40C'est-à-dire qu'il y a bien une utilisation des données, mais en plus avec mensonge.
09:45Moi le fait qu'on m'écoute pour améliorer la reconnaissance de Siri, pour moi...
09:49En fait tu serais d'accord, c'est ça ?
09:50Justement, je pourrais donner mon accord si au moins déjà je le savais.
09:54C'est-à-dire que là on se rend compte que non seulement ils utilisent nos données, mais en plus ils l'utilisent de manière...
09:58dans des contextes qu'on n'imaginait même pas, sur lesquels ils ne nous informaient pas.
10:01Y compris la boîte, aux États-Unis, qui était la plus respectueuse de ça.
10:05Il n'y a pas pire pour casser la confiance.
10:07Or on a besoin de confiance dans le numérique, et pour moi c'est encore un truc qui se rajoute.
10:12Et je pense que ça c'est délétère.
10:14Et d'ailleurs on voit bien, à chaque fois les gens sont de plus en plus réticents vis-à-vis du numérique.
10:18Donc oui, moi je trouve qu'il faut que ce soit assez exemplaire pour qu'on arrête des comportements du rapport de confiance consommateur-producteur,
10:28y compris dans le numérique. Pour moi c'est essentiel.
10:31Et ce n'est pas une question de RGPD, c'est plus profond que ça.
10:33Angélique ?
10:34Un mauvais film ?
10:36Faut-il s'inquiéter de déverrouiller son smartphone en reconnaissance faciale en sortant de la douche ?
10:43Alors cette touche d'humour, elle souligne l'importance de la fiabilité des technologies biométriques
10:50dans des situations du quotidien assez variées, comme vous l'avez souligné en intro.
10:56Oui c'est décevant de la part d'Apple qui avait quand même fait de la protection des données un pilier de sa stratégie marketing.
11:04Donc c'est décevant qu'il n'y ait effectivement pas un consentement clair et éclairé, notre fameux RGPD.
11:11Après, ce n'est pas si étonnant que ça.
11:14Je veux dire, les assistants vocaux, ils sont quand même faits pour nous assister dans notre quotidien.
11:18Et ils se déclenchent sur des mots-clés.
11:21Donc il y a pu y avoir des déclenchements involontaires et des enregistrements.
11:26Moi, globalement, ça ne me choque pas.
11:28Ce qui me choque...
11:29Ça arrive tous les jours, je ne sais pas si ça arrive tous les jours.
11:31Et j'espère encore une fois que...
11:33Moi, la reconnaissance faciale, ça m'a fait flipper parce qu'on déclenche son téléphone aussi dans des situations de dingue.
11:38Donc s'il devait y avoir des captures, on se dit quand même quoi.
11:41Non, ce qui est choquant, c'est qu'il pourrait effectivement, et je te rejoins totalement sur le raisonnement,
11:46le but c'est d'être informé préalablement.
11:49Et il pourrait, en fait, dans les conditions générales d'abonnement, d'utilisation,
11:54dire qu'il y a un X pourcentage qui est collecté à des fins d'amélioration,
12:01que les données sont stockées à tel endroit, collectées de telle façon,
12:05et d'indiquer l'utilisation pour laquelle, effectivement, elles sont collectées.
12:09Alors je pense, Angélie, que si on lisait toutes les conditions générales, on trouverait l'information.
12:14Et ce que dit Apple aussi, c'est que désormais, tous ces enregistrements accidentels sont jetés directement à la poubelle.
12:23Bon. Donc, ça a permis, en tout cas, cette affaire permet quand même de remettre un petit peu les pendules à l'heure,
12:30mais ça pose plus largement la question des assistants vocaux,
12:33parce qu'on sait très bien que si, justement, ils se déclenchent sur un mot,
12:36est-ce qu'ils sont censés quand même être à l'écoute pour entendre ce mot ?
12:39Non, moi, je vais faire un peu l'avocat du diable d'Apple.
12:43Pour que Siri ou Alexa ou n'importe qui se déclenchent quand on lui parle, il faut bien qu'ils nous écoutent.
12:48Et les gens se mettent à le réaliser seulement maintenant.
12:51Ils sont naïfs.
12:52Et en fait, se disent « Non, non, mais quand je discute avec ma copine ou avec mes enfants, ils n'écoutent pas.
12:58Ils n'écoutent que quand je dis « Siri ». Bah non, ils l'écoutent tout le temps. »
13:01Ça va se terminer, sans doute, comme vous le dites, par une page de plus dans des CGU qu'on va lire quand on a le temps,
13:09et puis sinon, on cliquera dessus.
13:10Effectivement, il faut informer.
13:12Mais sur le fond, sur le fait qu'Apple écoute tout le temps, c'est nécessaire pour que Siri marche.
13:17Et qu'ils enregistrent, là où il faut qu'ils promettent des choses et qu'ils soient intransigeants,
13:21c'est sur l'anonymisation, la non-réexploitation de ces données, etc.
13:25Et je pense, vu le pédigré d'Apple, comme vous le dites, vous avez raison,
13:30ils se font fort d'être les champions là-dessus, que ça doit être le cas.
13:33Mais sur le fond du sujet, ça ne me choque pas tant que ça.
13:36C'est logique qu'ils écoutent les réactions des gens et qu'ils améliorent sans cesse Siri
13:40et qu'il y ait des humains qui fassent ça, et tant mieux d'ailleurs.
13:42On est bien obligé d'annoter ces conversations pour voir si le chatbot a bien répondu aux questions qu'on lui posait.
13:48On est obligé de lui donner accès aussi à notre contact, à notre géolocalisation, à des tas d'informations.
13:54Je veux dire, l'utilisateur, il faut qu'il soit éclairé sur ça,
13:58mais il faut aussi qu'il se pose la question, est-ce que j'accepte ou est-ce que je n'accepte pas ?
14:02Et aujourd'hui, les gens acceptent quand même.
14:04Oui, alors moi, je veux juste quand même dire une chose qui n'est pas tout à fait exacte,
14:08c'est qu'on peut tout à fait imaginer justement des assistants vocaux qui fonctionnent avec les fameux « ok » avec un nom ou « démarre » là,
14:15et qui soient juste, parce que localement on repère ça, sans passer vers le cloud.
14:19Et ensuite, pourquoi pas que ce soit étendu ?
14:21Ça, par exemple, ça pourrait être une limite.
14:24On n'est pas obligé de tout enregistrer pour repérer quand on dit « ok, mon assistant, maintenant tu démarres ».
14:32C'est-à-dire que quelque part aussi, c'est une forme implicite de vouloir plus d'informations que ce qu'on a besoin.
14:38Je le dis.
14:39Là, je ne sais pas, qu'est-ce qui est conservé ?
14:42Alors là, tu n'auras pas à s'avancer sur ce point-là.
14:44C'est pour ça que je dis qu'on pourrait tout à fait imaginer que n'est transmis à l'opérateur que quand on lui dit « maintenant, écoute-moi, maintenant, c'est fini ».
14:55Et ça, là aussi, ce serait une pratique.
14:57Il se trouve qu'on est devenu dans une logique plutôt invasive du type « on laisse tout faire », etc.
15:02Ce que je pense, c'est qu'à un moment donné, on a effectivement intérêt à mettre des limites.
15:07Et ce que je trouve, moi, choquant dans cette affaire, c'est que même les limites qui nous sont vendues d'un point de vue marketing ne sont pas respectées.
15:13Donc, c'est là où je parle de confiance.
15:15Je pense qu'il y a une confiance technologique.
15:17Aujourd'hui, on sait très bien reconnaître, par exemple, un marqueur de démarrage de phrase sans avoir besoin de passer par le cloud.
15:22Les machines sont suffisamment puissantes pour apprendre ça et pour apprendre notre « ok, démarre ».
15:28Je pense d'ailleurs que c'est le cas.
15:30Je pense d'ailleurs que c'est le cas, Alain.
15:32Par exemple, la box Google, elle écoute en permanence.
15:37Si tu n'éteins pas le bouton, on off vraiment du micro.
15:40Et ça, il faut que ça soit clairement indiqué aux gens, je pense.
15:43Oui, mais c'est ça.
15:44En fait, nous pourrions nous-mêmes configurer ces mots-clés.
15:47Et ça, si Apple le proposait, pour répondre à la problématique à laquelle ils font face, je pense que ce serait un très bon point.
15:55Donc, entre ceux qui acceptent d'avoir un assistant vocal sur l'ensemble du spectre de leur vie,
16:02et donc avec les conséquences qu'on connaît aujourd'hui,
16:05et ceux qui veulent être assistés sur des mots-clés bien précis.
16:08Et donc, ça pourrait être verrouillé.
16:09C'est une bonne idée, ça.
16:11Et puis, c'est quand même un choix personnel.
16:13Moi, je trouve qu'il faut quand même revenir là-dessus parce qu'on peut décider de ne pas accepter d'avoir un assistant
16:18à l'écoute de toutes nos demandes et se débrouiller un petit peu tout seul.
16:21Ce n'est pas si compliqué aujourd'hui pour trouver ces informations.
16:24Alors, bon, message personnel.
16:26On passe à notre autre sujet.
16:28Le baromètre de l'innovation en France a été publié par Numéum,
16:31une grande organisation des professionnels du numérique.
16:33Il y a plein de chiffres que j'imagine que vous avez pu les étudier.
16:38Moi, il y en a certains que j'ai retenus, mais je vais vous laisser quand même la priorité.
16:41François ?
16:42Au-delà de Numéum, je pense que le fait d'encourager les start-up est quelque chose de très important.
16:48S'occuper de leur financement.
16:50Nous, à notre échelle, c'est pour ça que chaque année, on décerne des prix d'encouragement
16:55dans la réunion annuelle qu'on a à les favoris pour non seulement récompenser les grands prix des internautes
17:01qui sont fatalement des grosses sociétés, mais aussi des prix de la start-up,
17:06des prix de l'innovation, des prix RSE pour encourager systématiquement l'entreprise.
17:10Et la bonne nouvelle, c'est qu'il y a énormément de projets, toujours, encore maintenant, dans l'e-commerce.
17:15Ça, c'est vrai.
17:16Toujours, et ça n'arrête pas.
17:17C'est-à-dire qu'on pourrait penser que des gens se démoralisent en disant
17:20« face aux monstres chinois, américains, français, on n'a pas de place ».
17:23Non, non.
17:24Il y a des bonnes idées qui arrivent.
17:2690% sont centrés sur l'environnement.
17:28C'est-à-dire qu'il y a un plus environnemental, soit c'est le cœur de la nouvelle société,
17:33soit c'est un bras important.
17:35Mais vraiment, tous les jeunes qu'on voit pitcher, le sujet environnement est fondamental pour eux.
17:40Fondamental.
17:41Je vois Alain qui hoche de la tête.
17:44Je ne vais pas parler de moi en tant que citoyen par rapport à l'environnement
17:47sur lequel je suis très engagé et je pense que c'est très important.
17:50Mais quand on regarde l'étude, ce qui est hyper intéressant, c'est que justement,
17:53tous les levées de fonds étaient amenés à être plutôt des boîtes à impact,
17:57comme tu le dis tout à fait justement.
17:58Mais quand on regarde là sur l'innovation, l'évolution de l'innovation,
18:03là on parle des acteurs du numérique, attention, on ne parle bien que de cela.
18:06C'est plus sur l'IA, plus sur la cyber, moins sur la RSE.
18:11C'est-à-dire que si on regarde là sur la séquence,
18:13les investissements d'innovation ont été faits sur les deux secteurs.
18:17Un défensif, la cyber, un offensif, l'IA, on vient d'en parler avec les assistants,
18:22et la RSE baisse en investissement.
18:26Moi, ce qui m'a frappé, c'est est-ce que l'IA finalement,
18:30ce phénomène, ce buzz autour de l'IA dont on se réjouit tous,
18:33c'est bien d'avoir des sujets qui montent jusqu'au sommet de l'État et qui sont défendus comme ça,
18:37mais est-ce que ça n'occulte pas finalement toutes les autres startups,
18:41les autres investissements à faire dans les autres technologies ?
18:43Complètement, complètement.
18:45Alors là, pour le coup, l'espace médiatique est sursaturé d'IA.
18:49Aujourd'hui, quand on a accès, justement, si on ne parle pas d'IA, on n'est pas audible.
18:54Aujourd'hui, il y a vraiment un phénomène de mode un peu.
18:57Effectivement, on est comme des lapins dans les phares de l'IA, ça c'est clair.
19:00Moi aussi, j'ai été très très surprise sur le fait, effectivement,
19:03qu'on ne parle pas davantage de transition écologique.
19:05Et je vais être aussi une mauvaise élève parce que je vais parler d'IA et de cybersécurité
19:09parce qu'il y a un autre point qui m'a interpellée,
19:11c'est cet écart entre l'investissement prioritaire des entreprises en IA, 82%,
19:19se sont déclarés vouloir accélérer sur l'IA,
19:22c'est effectivement un levier de croissance stratégique et c'est certain et essentiel,
19:29et puis la cybersécurité qui gagne 10 points mais qui n'est qu'à 50%.
19:34Et en fait, l'IA, c'est le cerveau, la cybersécurité, c'est le système de défense immunitaire,
19:40donc je ne sais pas comment on peut voir un écart aussi important,
19:43plus on a d'IA, plus on a de cybermenaces,
19:46et les entreprises n'ont pas encore compris qu'il était essentiel d'embarquer la cybersécurité
19:51dans la conception des intelligences artificielles.
19:53Donc ce n'est pas assez, vous nous dites en fait, en matière de cyber.
19:56Ce n'est pas assez, c'est comme si vous installiez une porte blindée chez vous
19:59et que vous mettiez la clé sous le paillasson.
20:02L'IA et la cybersécurité, c'est finalement une Ferrari potentiellement sans freins,
20:08on sait que ça va aller très vite, mais on sait que ça va mal finir également.
20:11Et puis après, il y a tout le sujet lié au financement,
20:14je pense qu'il nous faut une politique peut-être plus ambitieuse et plus cohérente aussi.
20:18C'est quand même un drame que les entreprises doivent attendre
20:22des créances, crédits, d'impôts, innovations et recherches pendant plus de 7 mois.
20:27Plus de 7 mois, c'est ce que révèle cette enquête.
20:29Moi je trouve ça déplorable, un entrepreneur, un mois pour un entrepreneur, c'est long,
20:33c'est beaucoup, pour une administration c'est rien.
20:35C'est la survie de l'entreprise qui se joue en 7 mois.
20:387 mois, c'est très très long, c'est deux trimestres.
20:41Et donc je pense que c'est important de simplifier l'accès au financement public,
20:46de réduire les délais administratifs.
20:48Je verrais bien aussi un financement un peu hybride, public-privé,
20:53avec la création d'un fonds d'investissement,
20:55où on inciterait aussi les investisseurs privés,
20:59comme on le fait pour les start-up.
21:01Donc il pourrait y avoir des incitations fiscales pour investir dans la R&D.
21:06Il y a tellement de choses à faire, et puis il y a la formation
21:09et la rétention des talents en IA et en cybersécurité.
21:13On devrait effectivement avoir des plans de formation dès le secondaire et depuis l'université
21:18pour sensibiliser et commencer à créer les talents de demain,
21:21qui sont insuffisants, et je porte un projet qui s'appelle Women in STEM,
21:25qui a pour but de faire émerger des femmes dans les filières technologiques et scientifiques,
21:29qui permettrait de gagner quelques points de PIB,
21:32et donc qui contribuerait à la vitalité, à la compétitivité de notre économie.
21:35Et puis il y a peut-être aussi aller chercher des talents internationaux,
21:39peut-être avec la mise en place d'un visa européen.
21:41On manque de talents en France aujourd'hui,
21:43et on ne peut pas subir, en fait, on le fait aujourd'hui,
21:46on a des géants technologiques mondiaux, et on subit.
21:50Je reçois Julie Huguet de l'émission French Tech très prochainement.
21:54Je lui partagerai quelques propositions, Angélique.
21:58Alors, il y a aussi ce chiffre sur l'accès au financement public qui se complexifie,
22:0356% seulement des entreprises qui trouvent ces dispositifs accessibles, ce n'est pas beaucoup.
22:07D'ailleurs, l'émission French Tech travaille là-dessus, sur l'accès au marché public.
22:11Mais moi, je me demandais si on n'a pas une trop grande dépendance au financement public,
22:15que ce soit via les marchés, vous allez me dire ça pour l'instant, il y a du boulot,
22:18mais via aussi les aides, les crédits d'impôts, recherches, innovations.
22:23En volume, non. En nombre et en complexité, oui.
22:26Si on regarde, par exemple, une boîte américaine,
22:28elle a plus d'argent, finalement, des achats avec le Small Business Act public que la France.
22:34La France achète moins de numérique que ce que les Américains achètent de numérique pour leurs acteurs.
22:40Par contre, est-ce que, du coup, nous pour avoir moins, parce que c'est l'ordre d'un facteur 4,
22:46est-ce que, par contre, on ne fait pas dix fois plus de papier ? Oui.
22:50Tout est là, en fait. On le répète à chaque fois, il faut débureaucratiser cette question
22:56pour revenir à l'action de la commande publique basique, et non pas des subventions compliquées.
23:00Et ça, c'est ce que dit le secteur depuis 20 ans.
23:04Et simplement, on a plutôt tendance à empiler au contraire ça,
23:08voire même, là, ce qui s'est passé dans la loi de finances.
23:10On a rendu très instable le CIR, le CII, en bougeant des éléments.
23:16Et la perception a été désastreuse, parce que ça a mis beaucoup de gens en stress,
23:20pour à la fin, d'ailleurs, une évolution mineure d'un problème.
23:24Donc, là-dessus, politiquement, je pense qu'on ne prend pas les choses dans la bonne direction.
23:30François, sur le soutien public à l'investissement ?
23:34Non, c'est plus un problème de complexité, effectivement.
23:38C'est ce que disent toutes les entreprises.
23:40Je crois que Medef ou CPME, il faut simplifier.
23:44Les startups qui cherchent à se financer, c'est la même chose.
23:46Et je crois que c'est une des raisons pour lesquelles le RSE n'est pas si haut.
23:50Pour moi, il y a deux raisons.
23:51La première, c'est qu'il y a pas mal de boîtes où c'est la raison d'être.
23:53Donc, il ne faut pas investir dans le RSE.
23:55Si vous êtes tout goût de tout goût, n'oubliez pas d'investir dans le RSE.
23:59C'est votre raison d'être.
24:00Et RSE, pour pas mal d'entreprises, c'est, ah, il faut regarder les tableaux Excel,
24:04qu'est-ce qu'il faut faire, remplir des cases, etc.
24:07Alors que l'IA...
24:08C'est-à-dire qu'on a des réglementations européennes qui viennent s'ajouter sur ces sujets.
24:11On essaie de la repousser, mais...
24:13Alors que l'IA, c'est utiliser un nouveau moteur pour améliorer le fonctionnement du site et que ça aille mieux.
24:19Donc, c'est pour ça que tout le monde met l'IA en premier.
24:21En plus du fait que pour lever des fonds, il vaut mieux dire qu'on met l'IA en premier parce que c'est plus porteur.
24:26Si vous n'en parlez pas, les investisseurs disaient, l'IA, vous faites avoir.
24:29Mais alors, vous ne faites pas d'IA.
24:30Exactement.
24:31Merci beaucoup à tous les trois pour vos éclairages.
24:34Merci Angélique Gérard, Alain Garnier, François Momboise d'avoir été dans le débrief de Smartech.
24:39Et merci à vous de nous suivre sur la chaîne Bsmart4Change.
24:42Vous pouvez aussi nous écouter en podcast, je le rappelle.
24:44A très bientôt.