Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des propos tenus par Emmanuel Macron contre l'antisémitisme.
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00:00Et le 18h40, on se retrouve en direct en punchline sur CNews et sur Europe 1, Emmanuel Macron a évoqué la question de l'antisémitisme.
00:09Il a évoqué aussi Israël lors de ses prises de parole aujourd'hui au Maroc. Écoutez ce qu'il a dit.
00:14Il a dit qu'il fallait s'engager pour une lutte sans faille contre l'antisémitisme. Écoutez-le.
00:20Vous connaissez aussi. Notre engagement sans faille a lutté contre l'antisémitisme en France et partout dans le monde.
00:31Cet engagement est irréductible. Et je le dis dans un temps où les actes antisémites, tout particulièrement ces dernières années, ont refait surface et partout, cullulent.
00:46Pour Emmanuel Macron, Rachel Kahn, il met le point sur l'antisémitisme. Il est aussi revenu sur le mot de barbarie.
00:53Il a évoqué le mot barbarie à propos des attaques du 7 octobre. On se souvient que la semaine dernière, il avait employé le mot barbarie pour qualifier les actions de l'armée israélienne.
01:02On a le sentiment qu'il veut peut-être faire un monde honorable et remettre l'Église au centre du village.
01:08Oui, autant pour les Français, l'ensemble des Français, en particulier les Français qui vivent en Israël, mais aussi les Français juifs qui vivent ici.
01:17Et puis aussi pour la communauté marocaine aussi, qui est très liée avec Israël et qui, lorsqu'elle entend le mot barbarie, ne pense pas forcément aux Israéliens, mais plutôt aux terroristes.
01:32Monsieur Amine El Khatami, quand vous entendez le président dire que cette lutte était irréductible contre l'antisémitisme, qu'est-ce que ça vous évoque ?
01:41Ne soyez pas énervé, Amine.
01:42Oui, je vous sens très bien.
01:43Non, parce que moi, je l'ai été aussi. Je me suis calmée.
01:46Je me contiens.
01:47Encore une fois, son engagement, il n'a pas été sans faille sur ce sujet. Je suis désolé.
01:54Quand on vient de parler de M. Belatar, quand on renonce à venir manifester après avoir pris l'avis de M. Belatar,
02:03qui explique que si le président de la République va manifester contre l'antisémitisme, ça va mettre le feu au banlieu,
02:09ce n'est pas la démonstration d'un engagement sans faille.
02:15Et donc, il devrait éviter de dire ça au Maroc. Vous avez raison, il y a un lien très fort entre les Juifs et le Maroc.
02:23Vous savez, j'étais à Tel Aviv quelques jours après le 7 octobre, fin octobre, et nous étions avec la délégation dans un hôtel
02:31où se trouvaient des Israéliens du sud qui avaient fui les kiboutz et que le gouvernement israélien logeait dans un hôtel de Tel Aviv.
02:40Elisabeth Lévy était là, elle pourra confirmer ce que je vous raconte là, elle était à côté de moi.
02:46Il se trouve une vieille dame à la table d'à côté qui parle français et je me rapproche d'elle.
02:50On commence à discuter, je lui dis « Vous venez d'où ? » Elle était avec sa fille et sa petite-fille.
02:55Et je pensais qu'elle allait me dire « De Zderot, de Fakim, de Niros. »
02:59Elle me dit « Je suis de Casablanca. »
03:01Et je lui dis « Mais ça fait combien d'années que vous avez quitté le Maroc ? »
03:04Elle me dit « Ça fait 50 ans. »
03:06C'est pour vous dire la force du lien. 50 ans après, quand quelqu'un lui disait « Vous êtes d'où, madame ? »
03:12elle ne vous répondait pas du nom de la localité d'où elle venait en Israël
03:16et elle vous répond dans un arabe parfait « Je suis de Casablanca. »
03:22C'est dire la force, et vous l'avez rappelé, y compris l'histoire avec Mohamed V,
03:26du lien qui unit les Juifs au peuple marocain.
03:31Et donc on aimerait peut-être qu'en France, les messages soient un peu plus constants et plus forts.
03:35Un peu plus clairs aussi.
03:37Comment voulez-vous que la parole présidentielle soit crédible à un moment ou à un autre ?
03:43Effectivement, c'est la parole que l'on peut prononcer dès lors que précisément on a manifesté contre l'antisémitisme.
03:49Lorsqu'on dit maintenant que la lutte contre l'antisémitisme est totale chez nous,
03:55vous ne pouvez pas l'entendre.
03:57C'est vraiment quelqu'un qui aura démonétisé sa propre parole.
04:02Pour moi, il n'est plus lisible.
04:05J'ai bien compris que selon les circonstances, il s'adaptait.
04:08J'ai bien compris qu'il faisait de la communication.
04:10J'ai bien compris aussi qu'il n'avait pas vraiment, je le répète, de colonne vertébrale.
04:16Et pour moi, ça n'est pas entendable.
04:19Florian Tardif, vous avez une explication.
04:21Est-ce qu'il a voulu remettre les pendules à l'heure ou pas ?
04:24Non, je l'expliquais tout à l'heure.
04:26Je pense qu'il a une conviction intime qu'il ensuite...
04:33Fait évoluer.
04:35Non pas fait évoluer.
04:37Je pense qu'il présente d'une manière différente en fonction de l'auditoire qu'il a face à lui.
04:42Et c'est ça le problème.
04:44C'est-à-dire que là, aujourd'hui, il est au Maroc, donc il tient ces mots-là.
04:48Si il était ensuite, je ne sais pas, en Arabie saoudite,
04:53il tiendrait peut-être un tout autre discours,
04:56tout en ayant une conviction peut-être parfois personnelle différente du discours qu'il tient.
05:00C'est pour ça que parfois, sur ces plateaux, on a du mal à le suivre.
05:03On a du mal à suivre le président de la République
05:05en pensant qu'il a infléchi sa position, alors qu'en fait, il n'a pas infléchi sa position.
05:09Il a infléchi son discours en fonction de l'auditoire,
05:11tout simplement parce qu'il souhaite plaire à celui qui l'écoute.
05:14Vous avez vu la tenue des parlementaires marocains ?
05:22Visiblement, il n'y a pas de Sébastien Deleugue et de Louis Boyard à Rabat
05:27qui, s'ils avaient entendu le même discours,
05:30se seraient mis à hurler avec Mme Soudé et toute la bande.
05:33Là, manifestement, au Maroc, il y a encore des députés
05:35qui ont une certaine conception de leur mandat.
05:37Ça, c'est fait.
05:39Simplement, je pense que ce n'est pas une question d'auditoire.
05:42Je pense que c'est une question de diaspora
05:44et de nombre de personnes d'origine algérienne qui sont présentes en France.
05:47Je pense qu'Emmanuel Macron vise simplement les élections,
05:50les siennes peut-être pas, parce que de toute façon, elle ne pourra plus être actée,
05:53mais celles peut-être de son parti.
05:55Et je pense que c'est un calcul simplement clientélaire.
05:57Il va au Maroc, il s'adresse aux Marocains, il parle au français,
06:01il sait qu'il y a une diaspora bien plus importante de franco-algériens
06:04que de franco-marocains.
06:06Donc, il joue sur la faille idéologique.
06:09L'Algérie ne reconnaît pas, par exemple, la judéité algérienne.
06:14Récemment, il y a eu un salon du Livre,
06:16une écrivaine a été censurée parce qu'elle présentait un livre
06:20qui traite de la question juive berbère.
06:24Donc, l'Algérie est un pays qui est clairement antisémite.
06:27L'État algérien est clairement antisémite.
06:29Donc, je pense qu'Emmanuel Macron joue des coudes avec les deux diasporas
06:32et adapte son discours en fonction du nombre de français
06:34et de diasporas algériennes et marocaines.
06:37Sur la culture juive au Maroc, qui reconnaît cette culture
06:40et l'apport que cette culture a eu pour le Maroc,
06:43le roi actuel a demandé à ce que l'ensemble des synagogues soient rénovés
06:49pour qu'elles puissent tenir debout.
06:51Donc, ça, c'est déjà un point très important.
06:53Ensuite, je pense qu'on essaie de comprendre Emmanuel Macron.
06:56Mais en fait, vous savez, ce n'est pas un problème de compréhension aujourd'hui,
06:59c'est un problème de confiance.
07:01Parce qu'en fait, quelqu'un qu'on ne comprend pas et en qui on a confiance,
07:05on est prêt à se battre pour lui.
07:07Le problème, c'est que l'inverse n'est pas vrai.
07:09Quand on n'a plus confiance, c'est un peu cassé.
07:11Dernier mot, Louis Dragonel ?
07:13Moi, je crois surtout que c'est assez basique.
07:16Emmanuel Macron, je rejoins ce que disait Florian Tardif,
07:18a toujours pensé à peu près la même chose.
07:19Parfois, il adapte un tout petit peu les mots.
07:21Là, pourquoi il le fait ?
07:22Parce qu'il est dans un pays qui mène une lutte implacable
07:25contre le terroriste islamique dans son propre pays.
07:28Pourquoi ? Parce que le roi du Maroc est commandeur des croyants.
07:31Et donc, ça représente une menace politique pour le roi lui-même.
07:35Et c'est vrai que le Maroc a toujours été très ouvert, très bienveillant,
07:38avec d'ailleurs toutes les religions.
07:40Les catholiques, aujourd'hui, vivent très bien au Maroc.
07:42Les juifs, il y en a, hélas, de moins en moins.
07:45Mais globalement, ils sont très, très bien accueillis au Maroc.
07:48Et donc, il ne pouvait pas dire autrement,
07:51puisque je pense qu'il aurait choqué les Marocains.
07:53Et puis, je rappelle simplement...
07:54Vous ne comprenez pas quand même qu'il veut rectifier le tir
07:56par rapport à la semaine dernière ?
07:57Non, pas du tout.
07:58Quand même, quand il dit,
07:59on ne lutte pas pour une civilisation,
08:01on se mentionne même la barbarie.
08:02Il y a une conférence de presse, vous l'interrogez.
08:04Vous l'interrogez comme ça à une conférence de presse,
08:06et il vous dira, regardez à mon discours,
08:08rabâche, j'ai dit ça.
08:10Il y a quand même aussi une spécificité marocaine aussi.
08:14Il y a des liens sécuritaires très forts entre le Maroc et Israël.
08:18Et je pense qu'Emmanuel Macron, à l'occasion de cette visite,
08:20ne veut pas créer une brouille diplomatique
08:24entre le Maroc et Israël.
08:25Normalement, quand vous êtes invité chez des gens,
08:27vous ne créez pas un scandale,
08:29et vous essayez de préserver les intérêts de ce pays.
08:31Dans la délégation, il y a M. Darmanin,
08:34c'est aussi un...
08:35Madame Azoulay.
08:36François-Marie Bagné.
08:37Il y a beaucoup de...
08:39Je suis assez d'accord avec Laurence sur le fait que...
08:42Moi, je pense qu'il a voulu un tout petit peu...
08:44Parce que le mot qu'il a employé la semaine dernière,
08:46sur la barre barrière,
08:47a été vraiment extrêmement blessant,
08:50violent pour toute la communauté.
08:52Et je pense qu'il a quand même un tout petit peu voulu
08:54rectifier le tir par ses propos.