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Aujourd'hui, dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'enjeu et des attentes sur la visite d'Emmanuel Macron au Maroc. Il est aussi question de la présence de l'humoriste controversé, Yassine Belattar.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:0018h20, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1 avec nos invités.
00:05On évoque cette visite d'État extrêmement importante d'Emmanuel Macron au Maroc,
00:10avec une délégation extrêmement fournie, plus de 130 personnes qui accompagnent Emmanuel Macron dans les rues marocaines.
00:18On l'a vu en compagnie du roi, avec tous les honneurs réservés, encore une fois, à cette visite officielle.
00:24Il y a des sujets extrêmement importants qui sont évoqués, enjeux commerciaux,
00:29il y a des contrats qui sont signés, enjeux sur l'immigration, on va écouter le Président de la République là-dessus,
00:34et après on parlera des à-côtés, de ce qui se passe aussi en coulisses et de qui forme cette délégation.
00:39D'abord, on écoute le Président français sur les enjeux de l'immigration.
00:44Ce doit être avant tout un espace ordonné, dont chacun des partenaires accepte d'être le garant, avec respect et engagement.
00:53Je pense à l'immigration illégale et à la nécessité d'une coopération naturelle et fluide en matière consulaire.
00:59Chacun voit bien que cette question est aussi une question de confiance réciproque.
01:04Elle constitue, pour beaucoup de Français, une attente des plus fortes.
01:08Nous avons besoin de davantage encore de résultats.
01:12Je pense aussi à notre partenariat en matière de sécurité, de lutte contre les trafics de toute nature qui minent nos sociétés et menacent nos États.
01:21Lutte contre le terrorisme aussi, qui doit continuer de nous unir inlassablement.
01:26Lutte contre la criminalité organisée et, en particulier, contre le narcotrafic qui gangrène nos territoires
01:33et nécessite une coopération judiciaire très étroite et encore plus rapide.
01:38Louis Draynel, là, ce sont des enjeux extrêmement précis.
01:41Immigration, lutte contre le narcotrafic, il n'y a pas véritablement d'objectif chiffré dans ce que vient de dire le Président Macron.
01:47Oui, c'est précis, mais c'est un vrague, c'est très conceptuel.
01:50Oui, il est pour la paix contre la guerre, donc il est pour que ça s'améliore, pour que tout le monde travaille intelligemment.
01:56Tout le monde peut dire ça.
01:57Ensuite, ce qui nous intéresse tous, c'est de savoir, en coulisses, ce qui s'est négocié.
02:03Est-ce que quelque chose s'est négocié ?
02:05Bruno Retailleau est en train de négocier.
02:08Il devait faire une déclaration conjointe.
02:11Ça devrait être d'ici une quarantaine de minutes.
02:13Donc, on attend ça avec impatience et puis on va voir s'il y a des éléments précis.
02:18C'est assez rare.
02:19Mais est-ce que ça fonctionne bien avec le Maroc ?
02:20Est-ce qu'on arrive à avoir des laissés-passer consulaires pour expulser les clandestins ?
02:24Globalement, on a eu moins de 1 000 laissés-passer consulaires pour toute l'année 2024.
02:30Donc, c'est assez faible par rapport au nombre de clandestins qu'on cherche à expulser.
02:33Mais tout ça est lié.
02:34Oui, la coopération fonctionne mal.
02:37C'est lié aussi à la brouille majeure politique entre les deux pays.
02:41D'où nous sortons, parce que là, cette visite d'Etat sonne la récompense de la situation.
02:44Donc, espérons. Moi, ce que j'ai envie de voir maintenant, c'est est-ce que dans 2-3 mois,
02:48réellement, il y aura des effets à la suite de ces déclarations ?
02:52Espérons, espérons que cette visite d'Etat serve à quelque chose.
02:53Je rappelle simplement aussi quand même que la France délivre,
02:56le Maroc est la première nationalité pour laquelle la France délivre des titres de séjour,
03:01puisqu'on en a délivré 36 000 aux Marocains pour l'année 2023.
03:06Amine El Khatami ?
03:08Ça supposerait, ce que vient de dire Louis,
03:13que le président de la République fasse preuve de constance.
03:16Or, ce n'est pas le trait de caractère qui m'a le plus marqué chez lui
03:20depuis qu'il est à la tête du pays,
03:22et en l'occurrence sur les questions diplomatiques comme sur les affaires intérieures.
03:27Donc, effectivement, ça a commencé par une immense brouille avec le Maroc
03:31et avec le tapis rouge déroulé de manière ostentatoire vis-à-vis de l'Algérie.
03:38Et puis là, on a un changement de cap.
03:41Et puis, l'Emmanuel Macron d'aujourd'hui n'est peut-être pas le même que celui
03:45qui, dans trois semaines, dira le contraire de ce qu'il a affirmé.
03:48Donc, je fais preuve, disons, de prudence.
03:51Très bien. Alors, Vincent Roy ?
03:53Que ça soit pour l'Algérie ou que ça soit pour le Maroc,
03:56M. Retailleau avait dit qu'il voulait quand même que l'on rééquilibre le nombre de visas
04:03compte tenu du nombre de laissés-passer consulaires.
04:06Or, je ne voudrais pas être un oiseau de mauvaise augure,
04:10mais on voit bien que ça va être très difficile dans un cas comme dans l'autre
04:15de retrouver un brin d'équivalent.
04:18Je ne pense pas que vous l'avez, mais je pense que pour l'Algérie, c'est foutu.
04:23Ça a toujours été foutu.
04:24L'Algérie, c'est foutu.
04:25Ce n'est pas toujours foutu tant qu'on s'en met.
04:26Mais pour le Maroc, moi, je pense que...
04:28Pour le Maroc, c'est le front de commerce des dirigeants algériens de taper sur la France.
04:32Il y a des choses pour peut-être s'arranger, mais ça risque d'abord d'être assez long.
04:37Et puis deux, comme le disait tout à l'heure Florian,
04:40il faudrait que ce soit un certain nombre d'individus à chaque fois,
04:46par exemple, un certain nombre de QTF qui avait 10, 20 ou 30.
04:49Vous expliquez ça très bien tout à l'heure.
04:51Donc, ça veut dire que le Maroc, d'une certaine manière, impose ces conditions.
04:56Au bout d'un moment, moi, je trouve ça très bien qu'on discute.
04:59D'ailleurs, ça n'a pas marché pour ce qui est de l'Algérie,
05:00puisqu'on a discuté, puisque Emmanuel Macron a quand même beaucoup discuté.
05:04Le problème, c'est qu'à chaque fois, ce n'est pas la même histoire.
05:12À chaque fois, c'est le même problème.
05:13Simplement, on n'arrive pas à grand-chose.
05:15Pour conclure sur ce qui vient d'être dit à l'instant,
05:18il faut toujours se souvenir de cette phrase de De Gaulle.
05:21Les pays n'ont pas d'alliés, ils n'ont que des intérêts.
05:24Et à un moment donné, si effectivement, on veut augmenter le nombre d'expulsions
05:28à destination de la Tunisie, à destination de l'Algérie, à destination du Maroc,
05:32il faut engager un bras de fer avec ces pays-là.
05:34Le problème, c'est est-ce que nous avons cette volonté d'engager un bras de fer avec ces pays-là ?
05:39Il n'y a pas que la volonté, Florian, il y a la capacité.
05:41Il y a la capacité, par exemple, pour ne prendre que l'Algérie.
05:44L'Algérie, en ce moment, compte tenu de ce qui s'est passé avec la guerre en Ukraine,
05:48du fait qu'on a coupé le gaz russe, on peut comprendre,
05:51mais on s'est retourné du côté de l'Algérie.
05:53On a demandé aux Algériens d'augmenter massivement leur envoi de gaz
05:58et on va parler du petit sujet qui gratte, le poil à gratter de cette visite
06:02qui, pour l'instant, est extrêmement réussie.
06:04Si les contrats sont signés et honorés, moi, je dis chapeau.
06:07C'est extrêmement important que cette réconciliation franco-marocaine ait lieu.
06:11Après, il y a le petit poil à gratter.
06:12C'est la présence parmi cette grande délégation de Yassine Belattar,
06:16un humoriste franco-marocain qui a déjà été condamné.
06:21Cette image, peut-être que j'explique pour nos auditeurs,
06:24de lui avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu interpelle.
06:28On va écouter les raisons de sa présence avec Gauthier Le Bret.
06:32Gauthier, expliquez-nous.
06:35Il n'était pas annoncé dans la délégation officielle
06:37des 122 invités du chef de l'État pour sa visite de trois jours au Maroc,
06:42mais pourtant, il est bel et bien sur place.
06:44Yassine Belattar, humoriste de profession,
06:47proche du collectif contre l'islamophobie.
06:49Le CCIF, dissous par Gérald Darmanin, est proche d'Emmanuel Macron, donc.
06:55Mais l'Élysée avait caché sa venue en ne le mettant pas sur la liste des invités.
07:00Une liste non exhaustive, se justifie l'Élysée.
07:03Pourtant, il y avait bel et bien 122 invitations sur cette liste.
07:07Et donc, comme par magie, hier soir, une nouvelle liste a été envoyée à la presse
07:11où on voit le nom de Yassine Belattar y figurer.
07:15Une autre image qui a choqué, c'est celle de la grande proximité
07:19entre Sébastien Lecornu, le ministre des Armées et Yassine Belattar.
07:24Et là, l'entourage du ministre le jure, il ne connaissait pas Yassine Belattar.
07:28Je cite, le ministre ne le connaît pas.
07:31Au regard de sa tenue, d'ailleurs, il l'a pris pour un technicien.
07:34Belattar attendait le cortège et est venu le féliciter de son passage sur France 2.
07:38Fin de citation.
07:40Je rappelle que Yassine Belattar a été condamné récemment pour menace de mort.
07:43Merci, Gauthier Lebret.
07:45Rachel Cannes, c'était une invitée surprise, une invité mystère.
07:47Ah oui, je suis étonnée parce que pour quelqu'un qui se revendique
07:52tirailleur sénégalais, enfin, au devant de la scène,
07:55c'est vraiment au premier front, notamment des banlieues,
07:59de ces messages victimaires, identitaires et de ces replis,
08:03de se retrouver caché, pas sur la liste, c'est quand même un désaveu.
08:07Il n'y a qu'une seule liste.
08:09Après, bon, c'est un peu le cirque, là.
08:13Parce que dans une diplomatie, dans une délégation comme ça, diplomatique,
08:18en plus, pour essayer d'entretenir des relations importantes avec le Maroc,
08:23chaque présence renvoie un message et chaque absence aussi, par ailleurs.
08:27Oui, absolument.
08:28Donc là, on est dans cette victimocratie
08:34qui permet d'avoir un siège dans l'avion présidentiel.
08:38Je trouve ça dommage, vraiment dommage.
08:41Quand on regarde en plus la liste de la délégation, qui est plutôt belle,
08:45quand on pense aussi au Maroc, qui a fait énormément,
08:48au niveau des droits fondamentaux,
08:51au niveau de la lutte contre l'antisémitisme,
08:53qui a protégé les Juifs marocains pendant la Seconde Guerre mondiale,
08:58qui a refusé que les Juifs soient livrés au régime de Vichy.
09:01Et ça, c'était le grand-père du roi actuel Mohamed V.
09:04Je trouve ça assez fâcheux.
09:06Sabrina Medjibeur.
09:07Oui, je suis d'accord avec Rachel,
09:08d'autant qu'il y a une violence dans le symbolique, en réalité,
09:12puisqu'il s'agit quand même d'un voyage du président de la République
09:17avec un protocole qui a été soumis,
09:20de voir que le peuple marocain, les institutionnels marocains,
09:24la royauté marocaine se sont préparés à cet événement
09:28qui est un événement de chaleur de relations à nouveau.
09:32Voir ce personnage qui est plus que sulfureux,
09:35qui est controversé, qui est condamné à quatre mois de sursis récemment,
09:39qui a œuvré aux côtés des frères musulmans,
09:43qui s'en est largement vanté sur les réseaux sociaux,
09:46qui avait indiqué qu'il n'était pas Charlie, qu'il n'était pas Nice.
09:52Gauthier le rappelait tout à l'heure,
09:53qui a marché bras-dessus-bras-dessous avec les ex-membres du FEU-CCIF,
09:58qui refuse l'assimilation,
09:59qui d'ailleurs ne se considère même pas comme un citoyen franco-marocain.
10:02Moi, je me souviens d'un débat avec Éric Zemmour
10:04où il disait qu'il était citoyen du monde.
10:06Donc, tu vois, il n'est même pas finalement ancré
10:08dans une espèce d'identité marocaine qu'il souhaiterait revendiquer.
10:11Donc, moi, je trouve que c'est littéralement une honte.
10:15Et je souligne encore une fois ce qui m'a choqué.
10:17Je considère ça comme une offense, vraiment, pour le peuple marocain,
10:20pour les Français d'origine marocaine ici,
10:24qui se tiennent parfaitement à carreau,
10:25qui respectent les codes, les standards culturels,
10:28qui respectent notre pays.
10:29Je trouve que présenter un personnage comme M. Belatar, c'est une honte.
10:32Amine El Khatmi, et après, je vous laisse la parole de Vincent.
10:34Amine, qu'est-ce que vous en pensez ?
10:36Moi, j'ai trouvé ça terriblement humiliant, en fait.
10:40J'ai trouvé ça d'abord humiliant pour le peuple marocain.
10:44Il y avait des milliers de Marocains dans les rues de Rabat hier
10:46pour souhaiter la bienvenue au président de la République.
10:49C'est un grand peuple, d'un grand pays
10:52qui ne mérite pas d'être traité avec autant de désinvolture,
10:56de légèreté, de vulgarité.
10:58Je trouvais ça humiliant pour les millions de Franco-Marocains.
11:01Vous savez, nos parents sont arrivés dans les années 80.
11:05C'était pas facile de déracinement, quitter les siens,
11:09arriver dans un pays dont vous ne maîtrisez pas la langue,
11:12où vous ne connaissez personne,
11:14une vie à reconstruire en partant de rien.
11:17Ils se sont battus pour que ma génération, leurs enfants,
11:20prennent leur place dans la société,
11:22en étant pleinement français et sans rien renier du lien
11:27qui nous lie à l'autre rive de la Méditerranée.
11:31Et ça n'a pas réussi pour tout le monde, mais ça a réussi pour beaucoup.
11:34Et ma propre génération se bat aujourd'hui
11:37pour dire à des adolescents, ou parfois même à des enfants,
11:40vous êtes pleinement vous aussi français.
11:43Battez-vous, rejetez les discours victimaires,
11:46n'écoutez pas ceux qui vous expliquent que votre place n'est pas dans ce pays.
11:50Et donc, plutôt que d'aller chercher des modèles de réussite,
11:54et je ne parle pas de moi, il y en a des milliers d'autres,
11:57on va chercher le contre-modèle absolu.
11:59Un homme qui vient serrer la main d'un monarque débraillé,
12:03habillé comme on s'habille pour acheter son sandwich le dimanche après-midi
12:07parce qu'on n'a pas envie de cuisiner.
12:10Un homme qui a été condamné pour des menaces de mort.
12:15Un homme qui a fait railler en soutien aux islamistes.
12:19Et le message envoyé à ces jeunes et à ces millions de Franco-Marocains,
12:23c'est quoi ?
12:24C'est dire qu'on met en valeur quelqu'un qui va vous représenter.
12:28Et donc, celui qui vous représente, c'est Yacine Belatar.
12:31Et enfin, j'ai trouvé ça humiliant pour les Français,
12:34parce que, pardon, mais Emmanuel Macron,
12:38il ne se rabaisse pas que lui-même en faisant ce qu'il fait,
12:41en acceptant qu'un homme pareil l'accompagne.
12:45Il rabaisse aussi une fonction qu'il ne fait qu'occuper.
12:48Il n'est que le représentant, certes légitime,
12:51mais représentant temporaire d'un peuple qui a une histoire,
12:54d'un pays qui a une image à défendre.
12:57Et donc, il ne peut pas rabaisser cette image
13:01et des millions de Français en faisant ce qu'il a commis hier.
13:04Vraiment, j'ai trouvé ça humiliant.
13:06Cri du cœur. Damien El Kadmi, le dernier mot, Vincent.
13:08Oui, il faudrait essayer de comprendre
13:11quelle image Emmanuel Macron veut renvoyer de lui-même
13:15en prenant dans ses bagages, si j'ose dire,
13:19le porte-flamme du refus de l'assimilation
13:21et l'une des figures du séparatisme.
13:24Que nous dit-il ?
13:25Il nous dit... Vous m'avez tout à l'heure dit,
13:28c'est de la provocation. Mais la provocation, dans quel but ?
13:31Il dit, je fais ce que je veux, j'emmène qui je veux,
13:34je suis le président de la République,
13:36vous n'avez pas à me dicter ma conduite.
13:38Ce que je pense qu'il nous dit, c'est tout.
13:40Dans ce cas-là, on va bien à ce que je vous disais dans la première partie.
13:43C'est de la provocation vraiment pour rien.
13:46C'est très vulgaire et c'est l'œuvre d'un Jupiter aux petits pieds.
13:50Après, quand on veut un cessez-le-feu,
13:54quand on veut la désescalade,
13:56on évite d'inviter quelqu'un qui est condamné pour menace de mort.

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