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Bien des siècles après la fin de la cité antique, le nom de Sparte évoque encore en nous le souvenir d'une gloire militaire sans pareille et l'exemple indépassable d'une austère vertu. Courage guerrier, vie frugale et discipline, telles sont les marques distinctives de cette société qui semblait mépriser le luxe et le divertissement. Mais Sparte, c’est aussi une organisation sociale originale dans la Grèce antique qui s’est opposée à l’impérialisme démocratique de sa grande rivale Athènes. Nous allons aujourd’hui, avec Frédéric Épervier, auteur de "Sparte et l'idée de Sparte" (éditions La Nouvelle Librairie) en retracer l’histoire en dépassant les mythes politiques égalitaristes ou militaristes qui entourent encore la cité du Péloponnèse.
Transcription
00:00Bonjour à tous ! Bien des siècles après la fin de la cité
00:24antique, le nom de Sparte évoque encore en nous le souvenir d'une gloire militaire
00:28sans pareil et l'exemple indépassable d'une austère vertu.
00:32Courage guerrier, vie frugale et discipline, tels sont les marques distinctives de cette
00:37société qui semblait mépriser le luxe et le divertissement.
00:40Mais Sparte, c'est aussi une organisation sociale originale dans la Grèce antique qui
00:45s'est opposée à l'impérialisme démocratique de sa grande rivale Athènes.
00:48Nous allons aujourd'hui, avec notre invité, en retracer l'histoire en dépassant les
00:52mythes politiques égalitaristes ou militaristes qui entourent encore la cité du Péloponnèse.
00:58Frédéric Éparvier, bonjour ! Vous avez fait des études géopolitiques, vous travaillez
01:04dans l'industrie stratégique mais surtout vous collaborez régulièrement au site polémia
01:10et vous donnez des cours de géopolitique aux auditeurs de l'institut Iliade et vous
01:17venez de publier chez nos amis de la Nouvelle Librairie un petit ouvrage sur Sparte et
01:24l'idée spartiate.
01:25Alors, dans votre avant-propos, vous nous faites part de la difficulté pour l'historien
01:30d'écrire une histoire de Sparte par manque de sources.
01:34Donc une première question, quelles sont ces sources et pourquoi sont-elles si rares ?
01:40Et une deuxième question que je pose dans la foulée, également, vous évoquez la pauvreté
01:46de l'historiographie en France, contrairement dans le monde anglo-saxon.
01:54Alors, quand je dis qu'on manque de sources, n'exagérons pas, il y a des milliers de
02:00pages sur Sparte, j'ai des dizaines de livres à la maison sur Sparte, donc il faut relativiser
02:06le propos.
02:07Ce qui est clair, c'est que nous n'avons pas une histoire de Sparte écrite par les
02:11spartiates.
02:12Les documents de l'époque que nous avons sont écrits essentiellement par des athéniens,
02:17par l'historien Hérodote, et puis plus tard par le romain Plutarque, qui écrit en
02:26sang après Jésus-Christ, avec des sources qu'il avait à l'époque, des documents
02:31grecs qu'il avait à l'époque, qu'on a perdus, par le sac de Rome, les incendies
02:36des bibliothèques.
02:37Donc on n'a pas une histoire de Sparte, il n'y a pas de registre spartiate.
02:42En revanche, on a pas mal de sources écrites, on a toutes les épigraphies et toutes les
02:49stèles sur lesquelles étaient gravés les noms des morts, les textes des traités, et
02:54ainsi de suite.
02:55On a toute la poterie, puisque les vases étaient peints, et on en parlera quand on parlera
03:01des boucliers et de la révolution politique.
03:05Donc on a cette statuaire et ces vases, et puis depuis quelques années, on a maintenant
03:12l'archéologie expérimentale, où on essaie de reproduire le mode de vie des anciens,
03:18avec les méthodes de l'époque qu'on reconstruit.
03:20Il y a des centaines d'exemples, en France, pas très loin de chez nous, il y a Guédelon,
03:25qui est un magnifique exemple d'archéologie expérimentale, puisqu'on reconstruit un
03:31château moyen âgeux avec les méthodes de l'époque, qu'on redécouvre dans certains
03:36cas.
03:37Voilà, donc c'est assez compliqué.
03:40Deuxième petite chose, il est bien vrai que la France n'a pas été très intéressée
03:46par le sujet spartiate.
03:47Les spécialistes, et il y a d'excellents spécialistes sur Sparte, François Richier,
03:55Edmond Lévy avant, ont écrit de très belles choses sur Sparte, dont je me suis largement
04:00inspiré.
04:01Mais c'est vrai que l'école française est plutôt athénisante, l'école française
04:06d'Athènes.
04:07Et on retrouve bien les conflits franco-germains, prussiens.
04:11Il y a une explication à ça ? Il y a une explication, c'est que la République
04:15française se voulait l'héritière d'Athènes et s'opposait à la Prusse, qui était l'héritière
04:21de Sparte.
04:22A tel point que, par exemple, sur la porte de Brandebourg à Berlin, sous le quadrige,
04:27vous avez les 6 lettres de Berlin qui sont la représentation des 6 lettres de Sparte.
04:32Vous dites également que Sparte a généré deux types de fantasmes politiques, un mythe
04:39égalitaire et un mythe militariste.
04:42Par qui ont été repris ces mythes ? Mais finalement, les choses ne sont pas aussi simples
04:47que ça.
04:48Mes enfants m'ont entendu dire ça toute ma vie.
04:51Les choses ne sont pas aussi simples que ça.
04:53Je crois que… Je crains l'idée de l'héberménisme.
04:56Moi aussi.
04:57Je crains les déterminismes.
04:58Oui, Sparte, c'est l'idée que vous avez une vie austère, que chaque paysan soldat
05:06a son cléroïd, c'est-à-dire sa parcelle de terrain, et qu'ils mènent une vie égalité
05:13à tellement égalitaire qu'ils étaient tous habillés de la même manière, une espèce
05:16de grand manteau rouge qui devait avoir la vertu de dissimuler les blessures au combat,
05:22ou après le combat.
05:23Mythologie totalement reprise par toute la gauche révolutionnaire, les spartakistes
05:33qui se voyaient les héritiers d'une Sparte égalitaire.
05:36On sait que ce n'est pas le cas.
05:38Sparte était une ville éminemment élitaire où régnaient de très grandes disparités
05:45économiques, où la chute, où la perte de richesse entraînait l'atomie, c'est-à-dire
05:53la sortie du corps civique, et d'ailleurs Edmond Lévy dans son bouquin, dans son petit
05:59livre sur Sparte, traduit très très bien le mot de Homoioi qui était les citoyens
06:06spartiates en disant que ce sont des semblables et pas des égaux, alors que jusqu'à Edmond
06:11Lévy on traduisait Homoioi par égaux.
06:12La deuxième mythologie spartiate c'est la Prusse, les épigones de la Prusse et le régime
06:22national-socialiste qui voulant se reconstruire une historicité grecque, plutôt germaine
06:30d'ailleurs, ont essayé de reconstruire une mythe d'une société militaire, pure, pure
06:37ethniquement, qui est aussi un mythe.
06:41Et là l'historien Johan Chapoutot a un peu fait, de manière assez définitive, à tirer
06:48le trait sur cette légende dans sa thèse de doctorat, nazisme et antiquité.
06:54Maintenant je vous propose de remonter au temps de la Grèce pré-hellénique et de nous
06:59expliquer comment va se peupler, se constituer la Grèce aux environs de 2000 avant notre
07:08ère.
07:09Un vaste sujet, il y a des grands mouvements de population, on va les balayer rapidement.
07:15Population d'origine sans doute d'Asie centrale, qu'on appelle les Pélahages, qui occupent
07:20de manière très inégale la Grèce.
07:22On parle de toute petite population, 150-200 000 habitants au maximum, essentiellement
07:28sur les îles de Ionie, sur l'Athique, peu de population dans le Péloponnèse et à partir
07:36de 2000 avant Jésus-Christ, c'est l'arrivée des indo-européens.
07:40Là je renvoie au petit livre de Henri Levavasseur, publié dans la même collection, qui fait
07:46une vulgarisation, mais dans un sens tout à fait positif, extrêmement érudite, presque
07:54contradictoire, de l'arrivée des indo-européens avec un appareil critique très détaillé,
07:59c'est passionnant à lire.
08:01On sait que les indo-européens arrivent des plaines pontiques, qu'ils arrivent par les
08:05Balkans, et ils arrivent en progressant sur plusieurs centaines d'années.
08:09Ils n'arrivent pas tous à la même vitesse, donc vous avez environ en 2000 avant Jésus-Christ
08:15les Achaïens qui arrivent, qui sont les premiers indo-européens, et puis plus tard, environ
08:21500 ans après, une population un peu plus ancienne, les Doriens, qui commencent à arriver
08:27vers 1200.
08:28Alors Gustave Glotz, le grand héléniste de l'école normale supérieure, lui les faisait
08:33arriver des Pays-Baltes.
08:35On pense en fait qu'ils partaient pas des Pays-Baltes, qu'ils partaient vraiment des
08:39plaines pontiques, c'est ce que démontre la linguistique reconstituée, la génétique,
08:44tout ce qu'on arrive à reconstituer.
08:47Ils arrivent plus tard, ils sont sans doute un peu plus frustes, un peu plus archaïques,
08:56et puis ils commencent à être un peu différents sans doute visuellement, puisque 500 ans
09:02après, les populations ne se sont pas mélangées de la même manière.
09:05Or comme le disait Braudel, quand vous arrivez dans un territoire, et en 200 ans vous vous
09:09êtes métissé avec la population qui existe, ou qui préexistait.
09:13Donc en 1200, 1000 à peu près, les Doriens arrivent.
09:18Alors on a parlé longtemps des invasions doriennes, on n'est pas totalement sûr que les invasions
09:23ont été vraiment guerrières, parce qu'on n'a pas les traces de destruction qu'on devrait
09:27avoir dans le cas d'une véritable invasion en mille.
09:30Et les Doriens arrivent dans le Péloponnèse et dans les vallées de la Conie vers 800
09:36avant Jésus-Christ à peu près, avec une certaine flexibilité sur la durée.
09:41Et là ils trouvent des terres qui sont plutôt fertiles et riches ?
09:44Ils trouvent la vallée de la Conie absolument extraordinaire, qui a la vertu en Grèce
09:49d'être baignée par un fleuve qui reste en eau toute l'année, des terres fertiles.
09:54On peut faire deux récoltes de blé et de citron chaque année.
09:59Donc c'est le paradis sur terre.
10:01En plus c'est parfaitement protégé par la chaîne du Téget, une autre chaîne de
10:06montagne à l'est, la mer au sud, les montagnes d'Arcadie au nord.
10:11C'est extraordinaire.
10:13Ça a un problème, c'est tout petit.
10:145500 km², qui ne permettrait sans doute pas, vu les rendements de l'époque, la manière
10:20dont on cultivait le blé, de nourrir la population d'Orienne, dont on pense qu'elle
10:25fait environ 40 000 personnes.
10:27Donc 20 000 jeunes enfants et vieux, plus de 60 ans, et puis 10 000 hommes et femmes.
10:34C'est une toute petite communauté.
10:36Donc ils font de la cité ?
10:38Alors ils occupent des villages, puisque sparte ça veut dire la belle éparpillée.
10:43Cinq villages quoi, quatre villages dans un premier temps, puis un cinquième village
10:48quelques peu après, plus au sud, à Miclé.
10:52Ils fondent cette cité.
10:55Alors sparte apparaît dans Homère, puisque dans le catalogue des vaisseaux qui commence
11:02l'Odyssée, vous avez sparte.
11:06Sparte est une ville moyenne.
11:07Dans le catalogue des vaisseaux, vous avez plus de 1000 vaisseaux répartis par cité.
11:13Sparte c'est 60 vaisseaux, alors que Thèbes, Mycènes, c'est plus de 100 vaisseaux.
11:19Donc c'est une ville moyenne.
11:20L'Iliade on est quoi, 1300 ?
11:221280, 1300.
11:24Donc la cité va grandir, vers 650 on rentre dans ce que vous appelez la période classique.
11:33Oui.
11:34Alors quelle est l'organisation sociale de cette cité ?
11:38Alors je vais revenir un peu en arrière, si vous le permettez.
11:41En 700-650, face à ce problème de richesse du sol ou de surface, sparte envahit la vallée
11:51d'à côté, la vallée de la Mécénie, qui est donc à l'ouest de la vallée de
11:55la Conie, quand on prend une carte du Péloponnèse, ou qu'on a une carte du Péloponnèse sous
11:59les yeux.
12:00Et ils asservissent la population mycénienne, qui n'acceptera jamais cet asservissement.
12:06Ils sont transformés en îlotes, ils n'acceptent jamais cet asservissement.
12:11Ils sont ethniquement tout à fait semblables aux spartiates.
12:14Il n'y a pas de différence entre les mycéniens et les spartiates.
12:19Alors que la population d'origine de la vallée de Sparte, qui était sans doute des
12:24Pélages, accepte cet asservissement et sans doute, je mets beaucoup de prudence sur ces
12:31sujets de différence ethnique, est sans doute assez visiblement différente des spartiates.
12:36Je ne rentre pas dans un Sparte qui serait représenté par des grands nordiques face
12:43à des méditerranéens.
12:45Mais clairement, on voit tout de suite à quelle catégorie on appartient quand on est
12:49dans la vallée de la Conie.
12:51La vallée de Mécénie, ce n'est pas le même cas.
12:53En revanche, l'occupation de la Mécénie après la victoire du Grand Fossé en 657
12:58permet aux spartiates de transformer l'organisation sociale de la cité.
13:04Alors, c'est assez connu, mais c'est simple.
13:07Vous avez 9000 citoyens spartiates, plus les femmes, plus les vieux, plus les enfants,
13:1240 000 personnes, qui se répartissent 9000 kleros, kleroi au pluriel, ce qui sont des
13:20parcelles de terrain, et qui leur permet d'être autonomes économiquement.
13:26D'autant plus qu'ils n'ont pas à cultiver la terre eux-mêmes, puisqu'ils ont des esclaves,
13:31des zilotes, pour le faire.
13:33Alors attention, ce ne sont pas des esclaves comme à Athènes, où vous aviez des esclaves
13:37marchandises que vous pouviez acheter, que vous pouviez vendre, et que vous utilisiez
13:42comme de la main d'œuvre gratuite, quoi, qu'il fallait quand même nourrir.
13:46Non, à Sparte, les zilotes sont la propriété de l'État.
13:50Ils sont confiés aux citoyens pour cultiver la terre, entretenir la maisonnée, et toutes
13:57ces activités économiques de servage, de production.
14:01Ils sont les plus proches du servage ?
14:03C'est du servage.
14:05Particularité, ces zilotes, je ne suis pas du tout en train de dire que leur vie était
14:09absolument extraordinaire, ce n'est pas le Club Med, soyons clairs.
14:13Mais ils ont le droit de se reproduire, donc ils ont le droit d'avoir une femme et des
14:17enfants, ce qui va d'ailleurs entraîner une problématique démographique à Sparte,
14:23parce qu'ils deviennent de plus en plus nombreux, alors que les spartiates, eux, font
14:27peu d'enfants et meurent à la guerre, ce qui n'est pas le cas des zilotes, et puis
14:32ils ont le droit de s'enrichir.
14:34C'est-à-dire qu'ils doivent donner aux familles spartiates une redevance en quantité
14:40d'orges, de blé, de fruits, régulièrement, qui permettent aux spartiates de tenir leur
14:47rang dans l'organisation sociale de la vie de garnison qu'ils mènent, mais ils ont
14:54le droit de s'enrichir, et ça, ça entraîne régulièrement des problèmes dans la vie
14:59spartiate.
15:00Les spartiates, 9 000 citoyens, puisqu'on le sait, puisque quand Likur, en 650, Likur
15:07est un personnage mythique, divisent les vallées de Laconie et de Messénie, ils les
15:12divisent en 30 000 lots, 30 000 cléroïdes, 9 000 aux citoyens spartiates, et 21 000
15:20aux périèques, qui sont les habitants de la centaine de petites cités, de grands villages
15:26qui sont partout dans la vallée de Laconie, et qui, eux, occupent les fonctions d'artisans,
15:31de commerçants...
15:32Donc ce sont des habitants libres.
15:33Ce sont des habitants libres, mais qui n'ont pas le droit de vote, et qui n'ont pas l'obligation
15:39de service militaire.
15:40Donc on est sur une trifonctionnalité indo-européenne particulièrement marquée.
15:46Qui dirige ? On vote ? On élit ?
15:53On vote.
15:54Quelle horreur.
15:55Non, je plaisante.
15:57Vous avez deux rois.
15:58Vous avez deux familles de rois qui ont des fonctions non négligeables.
16:04La fonction militaire, ce sont les chefs de guerre.
16:07La fonction religieuse, et je le signale dans mon bouquin, on a souvent tendance à dire
16:13dans les articles et dans les livres sur Sparte que ce n'est pas une fonction très importante.
16:19C'est une fonction essentielle.
16:21On ne fait pas un acte dans la vie quotidienne polythéiste spartiate sans invoquer les dieux,
16:29sans honorer les dieux, sans négocier avec les dieux.
16:33Les dieux ne sont pas des esprits qu'on prie.
16:37Non, ce sont des puissances qu'on honore et avec qui on négocie.
16:41Je renvoie à l'Odyssée, à l'Iliade, pardon, où les femmes spartiates négocient avec Athéna
16:49la victoire des Troyens sur les Athéniens.
16:53Elle lui offre, à un moment, c'est le livre 2 je crois de mémoire,
16:58dans l'Iliade un superbe morceau de drap en soie et en or.
17:03Et Athéna leur dit non.
17:05Moi je défends les cités grecques.
17:08Donc la relation aux dieux est très différente.
17:11Et puis troisièmement, et ça c'est non négligeable aussi,
17:17ils sont, alors je vais dire les juges par vocabulaire moderne,
17:22mais c'est eux qui règlent les questions d'état civil et d'héritage.
17:27Notamment quand les femmes sont emmenées à se remarier sur qui possède la terre
17:32et comment se réorganisent.
17:34On va en reparler des femmes.
17:36C'est très important à Sparte.
17:38Elles ne sont pas enfermées dans un gynécée comme à Athènes.
17:42Elles participent à la vie politique.
17:45Sans tomber nécessairement dans les exagérations du film 300
17:48où la reine Gorgo utilise son corps pour défendre son mari.
17:53Mais non, les femmes spartiates ont un rôle très particulier.
17:57Elles ont une éducation civique.
17:59Elles ont une éducation sportive et civique.
18:01Elles vont à l'école.
18:02Elles font du sport.
18:03Elles sont réputées pour leur beauté.
18:05Et puis surtout, elles possèdent la terre en propre.
18:08Et elles ne font pas que la transmettre.
18:10Elles ne font pas que la transmettre.
18:13Elles sont épiclaires.
18:15Elles transmettent la terre.
18:16Les spartiates sont paroucoïes.
18:18Elles possèdent la terre.
18:19Et à la fin de la Sparte classique,
18:21donc 370-350,
18:23les femmes possèdent un tiers de la terre.
18:28Donc ce sont souvent des veuves, j'imagine.
18:30Oui, des veuves, bien sûr.
18:32Parce que les maris meurent à la guerre.
18:34Également, une chose qui m'a frappé,
18:38c'est qu'ils n'ont pas d'argent.
18:40Ils n'utilisent pas l'or ni l'argent pour la monnaie.
18:43Ils sont des dingos de fer.
18:44Alors, ils utilisent des barrettes de fer.
18:46Ça s'arrête en 300-380 avant Jésus-Christ.
18:52Il y a des réformes parce qu'ils comprennent bien
18:54que s'ils veulent lutter contre les autres cités grecques,
18:57il faut avoir...
18:58Mais sinon, dans quel but ?
18:59C'est pour ne pas aimer l'argent ?
19:00Pour ne pas aimer l'argent.
19:01C'est une vie austère.
19:03On peut vraiment parler de vie austère à Sparte ?
19:05Oui.
19:06À cette époque-là, dans la période classique 650-450,
19:11c'est-à-dire à peu près entre la première et la deuxième guerre du Péloponnèse,
19:15Sparte est une ville austère
19:17où l'homme est soumis à la loi de la cité.
19:20L'homme, le citoyen.
19:22Et donc, vous venez de dire qu'on ne peut pas vraiment parler d'égalitarisme.
19:26Non.
19:27Mais vous parlez d'un régime d'équilibre.
19:29Alors, on ne peut pas parler d'égalitarisme parce qu'il est formel.
19:35On possède...
19:36On ne sait d'ailleurs pas bien comment fonctionnait le système des Clairoys
19:39et comment, quand on avait plusieurs enfants, ils héritaient.
19:42Est-ce que les plopins de terre restaient à la propriété de la cité ?
19:45Que les efforts qui étaient un peu le pouvoir judiciaire et exécutif de la cité,
19:55comment ils répartissaient à différentes époques ?
19:58Et on sait en plus que les Clairoys,
20:02quand ils étaient à l'époque classique,
20:05ne suffisent sans doute pas à nourrir toute la population
20:07dans les calculs qui ont été faits sur la productivité agricole.
20:10Donc, c'est un sujet compliqué.
20:12Alors, c'est un régime égalitaire formel.
20:15Mais on voit très, très bien sur les 200-300 ans de la cité
20:18que j'essaie de présenter dans mon petit livre
20:21qu'il évolue sans cesse et qu'il y a plusieurs catégories.
20:25On est à peu près certain qu'il y avait une aristocratie parmi les 9000 Spartiates.
20:29On le sait par la bataille de Sfectari
20:33où sur les 125 citoyens spartiates qui sont faits prisonniers par les Athéniens,
20:38Xénophon nous dit qu'il y a des citoyens d'élite.
20:41Donc, on pense qu'il y a une aristocratie.
20:43On ne la connaît pas bien.
20:45Deuxièmement, le régime est fait pour ne pas évoluer.
20:48Il s'appuie sur trois institutions.
20:51La royauté, les deux rois qui déjà étant deux sont dans une obligation d'équilibre.
20:57Les forats qui sont les cinq élus qui ont énormément de pouvoir
21:04mais de manière très limitée dans le temps.
21:06On ne peut être fort qu'un an.
21:08Et la population des citoyens donc en 650,
21:13les 9000 citoyens au Moyoï pour être plus précis
21:18qui diminuent sans cesse
21:21et qui élisent la Jérousie qui est donc l'assemblée des vieux.
21:31D'accord.
21:32Non, pardon, ils sont 30.
21:3428 plus deux rois plus cinq efforts.
21:37Et on pense que, je pense qu'il y a cinq efforts parce qu'il y a cinq villages
21:42et que chaque village élisait un effort.
21:44Et alors, chose très particulière, on ne fait pas campagne.
21:48On est fort ou gérante par acclamation.
21:52C'est-à-dire que vous passez au milieu de la grande place de Sparte,
21:57le platinistas, et les gens qui vous tournent le dos,
22:02qui ne vous voient pas, soutiennent votre passage en applaudissant.
22:07Et c'est, pardon, en applaudissant.
22:10Et les personnes doivent juger, mais sans voir qui passe sur la place,
22:15quel est le niveau d'intensité sonore.
22:17Donc, c'est un système.
22:18L'applaudimètre.
22:19C'est l'applaudimètre.
22:20On voit bien comment ça pouvait être soumis à, je vais dire, à un conformisme
22:26parce que tout se fait en public.
22:28Et donc, c'est un système qui est fait pour qu'il ne change jamais,
22:33que les 9000 citoyens restent les 9000 maîtres de Sparte
22:38et qu'en même temps, personne ne puisse jamais prendre le pouvoir de manière durable.
22:42Le pouvoir des rois est limité.
22:44Le pouvoir des efforts ne dépasse jamais un an.
22:47Et vous avez des études extraordinaires sur les forats
22:50par le professeur américain Kagan de Yale, décédé en 2022,
22:56qui montre très, très bien comment les efforts étant 5
22:59se départageaient à peu près régulièrement dans un vote de 3 à 2.
23:03Donc, c'est vraiment un régime qui est fait.
23:05J'ai tenté le barbarisme ou le néologisme de conservatocratie.
23:11J'ai vraiment l'impression que c'est un régime qui est fait pour que les choses ne changent pas
23:15et que la population dorienne reste au pouvoir
23:19dans ce que j'ai appelé un paradis terrestre.
23:22Alors, on va maintenant aborder le mythe militariste.
23:26Dans notre mémoire collective, Sparte, c'est la cité guerrière.
23:30Alors, est-ce que c'est vrai ?
23:32Et surtout, ce qui fascine toujours, c'est comment étaient éduqués les jeunes spartiens,
23:37donc les jeunes enfants doriens.
23:39Oui, à quelques exceptions près, puisque par exemple, Xenophon,
23:43qui est athénien mais qui est amoureux de Sparte,
23:46laconisant, comme on disait, a le droit de mettre ses enfants à la goguet.
23:51Donc, la goguet, c'est l'école de Sparte, c'est l'école des citoyens.
23:54C'est une école qui est prise en charge par la cité
23:57et où les jeunes spartiates, mâles, de 7 à 20 ans, sont formés par la cité.
24:04Alors, ils sont formés...
24:05Alors, à quoi ressemble cette formation ?
24:07De ce qu'on en sait...
24:09Alors déjà, il y a beaucoup d'ambiguïté.
24:11On ne sait pas si de 7 à 12 ans, ils dormaient à l'école, en pensionnat,
24:17ou s'ils rentraient chez eux.
24:18Ça, on ne le sait pas.
24:19Vous avez des descriptions de la goguet
24:22et où le temps utilisé par l'auteur permet de penser qu'en fait,
24:26ils n'étaient pas à l'école entre 7 et 12 ans.
24:30En revanche, entre 12 et 20 ans, ils dormaient à l'école.
24:33On retrouve d'une manière intéressante ce système scolaire
24:36dans les public schools anglaises, qui sont des écoles privées.
24:39Il faut être anglais pour appeler une école privée une école publique.
24:42Ou dans les écoles allemandes jusqu'en 1918.
24:47Les cadets.
24:49Pensionnat, où on fait une formation militaire, et ainsi de suite.
24:53Alors, les jeunes étaient formés...
24:56Les jeunes spartiates étaient formés au sport,
24:59notamment par la danse.
25:01Sachant que la danse est collective.
25:03Donc, c'est un exercice de synchronisation collective.
25:06Et de cohésion de groupe.
25:07Et de cohésion de groupe.
25:08Par le chant, la poésie.
25:10On pense qu'ils savent lire et écrire.
25:13Pas de manière fluide comme les athéniens.
25:16Cela dit, c'était les athéniens de la haute société
25:19qui savaient lire et écrire.
25:20Ne nous y trompons pas.
25:21Ils savent lire et écrire.
25:23Et puis, ils passent leur vie à faire des exercices militaires.
25:26À s'endurcir.
25:28À vivre dehors.
25:30À manger légèrement.
25:32C'est une vie rude.
25:35Pour les endurcir, parce qu'on sait qu'ils vont devenir des soldats.
25:38Parce que la noblesse de la fonction d'Orienne,
25:41ou de la condition d'Orienne,
25:43c'est de défendre la cité à l'intérieur et à l'extérieur.
25:50Et puis après, c'est sans doute la meilleure armée de Grèce.
25:54Là aussi, il y a énormément de débats
25:57sur ce qu'on appelle la révolution hoplithique.
25:59Oui, j'allais vous poser la question.
26:01On la situe à peu près en 650 avant Jésus-Christ.
26:05Vous avez des études fabuleuses par des historiens américains.
26:09Essentiellement américains.
26:10Puis un hollandais et un ou deux allemands.
26:13Sur cette révolution hoplithique,
26:15l'aéroplane, c'est le bouclier.
26:17Si vous prenez l'Iliade, plus que l'Odyssée,
26:22les chefs des cités grecques et des Troyens,
26:25les chefs des bandes, ce sont des bandes,
26:27se défient et après se battent dans des duels singuliers.
26:33Le bouclier est un bouclier qu'on tient à une main
26:36parce qu'on va lancer sa lance de la main droite.
26:40Il devait y avoir des gauchers dans le haut aussi.
26:43Et puis après, c'est les combats d'Achille, d'Hector
26:48qu'on voit dans l'Iliade.
26:51En 650, pour une raison qu'on ne connaît pas très bien,
26:55le mode de guerre change.
26:57On passe sur un bouclier qui est beaucoup plus lourd
27:01puisque le bouclier en être de l'Iliade fait 4-5 kg.
27:06Il est recouvert d'un cuir.
27:09Et là, on est sur un bouclier sans doute plutôt en chaîne,
27:12recouvert de bronze.
27:13Donc on est sur un bouclier de 10 kg.
27:168 à 10 kg.
27:17Il est sans doute plus petit au départ,
27:19puis il grossit avec le temps jusqu'à devenir trop lourd
27:22pour être efficace.
27:23On s'imagine porter un bouclier de 10 kg.
27:25À bout de bras.
27:26Et on passe son bras dans une boucle centrale
27:30qui s'appelle l'antilabe et on tient le bouclier
27:32par le porpaxe qui est une poignée sur le côté.
27:35Et donc évidemment, on porte son bouclier sur le bras gauche.
27:38Et donc, on l'appuie sur l'épaule gauche
27:42et on couvre une partie de son corps et une partie de son voisin
27:46avec son bouclier.
27:47Ce qui fait que là où auparavant,
27:49on était dans une succession de combats singuliers,
27:52ce qui va primer à partir de la révolution aupolitique,
27:55c'est le combat collectif.
27:56C'est l'alignement des citoyens soldats entre eux
28:01et la solidarité de la troupe.
28:03C'est très intéressant.
28:05Et l'arme, c'est-à-dire qu'on n'a plus une arme de jet mais une...
28:07On a une arme de frappe.
28:08Une arme de frappe.
28:09On a un bouclier.
28:10On a une lance dont les deux bouts sont ferrés
28:13pour pouvoir frapper soit en avançant
28:16et quand on a avancé,
28:17quand les adversaires sont en dessous de ses pieds,
28:19verticalement.
28:20Les soldats spartiates ont trois lances
28:23et ils sont renouvelés en lances par les îlotes qui les accompagnent.
28:27Parce que c'est intéressant de savoir
28:29qu'ils sont accompagnés des îlotes au combat.
28:31Et à la bataille de Platée, par exemple,
28:34la grande victoire sur les Perses,
28:37vous avez sept îlotes pour chaque soldat spartiate
28:40présent dans la phalange.
28:43Ils ont ce fameux manteau rouge, ils combattent...
28:46Non.
28:47Non, ils sont nus ou ils ont une cuirasse de cuir.
28:50Très très vite, ils l'abandonnent
28:52parce qu'entre le casque qui empêche de voir et d'entendre,
28:55le bouclier qui fait 10 kilos,
28:58c'est trop lourd et la cuirasse n'apporte rien
29:01et elle réduit la mobilité.
29:03Ils sont nus.
29:05Et le manteau rouge est laissé à la maison.
29:08C'est le même.
29:09Donc, je reviens un peu en arrière.
29:11Donc, évidemment, on est obligé d'être solidaire.
29:15Et donc, ça change les rapports sociaux dans la cité.
29:18Vous êtes le chef d'une bande au moment de l'Iliade,
29:21en 1000 avant Jésus-Christ,
29:23parce que vous êtes le plus fort.
29:25Vous êtes l'égal de vos concitoyens
29:30quand vous combattez dans une phalange.
29:32Parce que la phalange ne permet pas le combat individuel.
29:36Alors, il y a des grandes discussions pour savoir
29:39si la phalange combattait de manière unie
29:42pendant toute la durée du combat
29:44ou si elle se débandait très vite face à un ennemi en fuite.
29:47On ne sait pas.
29:48Vous avez des érudits qui ont étudié tous les textes grecs
29:52à la virgule près,
29:53il n'y a pas de virgule en grec,
29:55qui vous expliquent qu'ils se battent d'une manière ou d'une autre.
29:58Ce qu'on sait, c'est que le roi montre l'exemple
30:01en étant le plus à droite possible,
30:03qui est la partie la plus exposée.
30:05Donc on est certes l'égal,
30:07mais aussi le plus courageux.
30:09Parce qu'évidemment, quand on tient son bouclier du bras gauche,
30:12quand on est le plus à droite,
30:14on a une partie du corps qui est exposée à l'adversaire.
30:17Et deuxième particularité,
30:18comme on s'appuie sur son voisin,
30:20les phalanges ont tendance à glisser à droite.
30:23Ce que l'on verra quand on parlera de la bataille de Leuctre,
30:27où le glissement à droite est cette fois-ci fatal aux Spartiates.
30:32Alors justement, on va parler des batailles.
30:35Au vu du temps qu'il nous reste,
30:37on va parler d'écrire toutes.
30:39On va parler des premières guerres médiques
30:42qui commencent en moins de 480.
30:45Donc c'est un conflit qui va...
30:47490 avec la bataille de Marathon,
30:49et puis 480, c'est la grande offensive.
30:52Voilà, donc ça va durer 10 ans,
30:54ces guerres médiques qui les opposent aux Perses.
30:56Alors attention, vous n'êtes pas dans la guerre XIV avec 4 ans de combat.
31:00Non, non, j'imagine, c'est des guerres.
31:02D'ailleurs on dit les guerres, c'est pas la guerre.
31:04Oui, puis les guerres, ça dure très peu.
31:06Vous avez la première invasion, 490,
31:10qui dure une bataille, 3 heures de combat,
31:13et encore 3 heures d'offensive au temps.
31:15L'invasion des Perses.
31:16C'est Marathon.
31:17Et puis 480, alors cette fois-ci,
31:19c'est le franchissement des Dardanelles aujourd'hui.
31:24Une armée médo-perse qui doit faire environ 300 000 personnes.
31:29Hérodote parle d'un million, mais il exagère,
31:31comme César.
31:33Il exagère.
31:35Et là, c'est la bataille des Thermopyles
31:38qui est véritablement l'acte le plus glorieux des Spartiates.
31:43Vous avez 300 Spartiates qui résistent 3 jours,
31:45qui sauvent la Grèce,
31:47qui mobilisent la Grèce,
31:49qui est à ce moment-là qu'on prend bien conscience
31:51qu'elle est unique civilisationnellement
31:53et qu'elle a besoin de se défendre.
31:55Mais ça, c'est important, c'est que les cités s'unissent
31:57et c'est Sparte qui prend la tête.
31:59Mais naturellement, elle prend la tête.
32:00Elle prend la tête parce qu'on considère que ce sont les meilleurs soldats.
32:02Parce qu'ils sont formés à être soldats.
32:04Parce que, particularité de Sparte,
32:06comme ce sont des soldats professionnels,
32:08ils manœuvrent mieux.
32:10Alors que c'est le film 300.
32:13C'est des paysans, des potiers qui viennent se battre.
32:16On se bat l'été.
32:17On se bat entre le 15 juillet et le 15 août en Grèce.
32:20Parce qu'on est paysans et que donc,
32:21il faut faire les récoltes, les moissons et ainsi de suite.
32:24Donc, on se bat un mois.
32:26Et un mois pendant lequel, on passe trois semaines
32:28à se rendre sur le terrain de bataille de l'adversaire.
32:31Et c'est la thèse du professeur Hanson, américain,
32:35de dire que le combat est ritualisé
32:39et qu'il est fait exprès pour être assez court
32:41pour en fait minimiser les pertes.
32:43Bon, la thèse est remise en cause.
32:45Donc, vous avez la bataille des Thermopyles
32:50qui est le chef d'œuvre de gloire des Spartiates.
32:56Bien évidemment, vous avez Salamine
32:58qui est la grande victoire navale
33:00qui casse les reins de l'armée perse.
33:02Et puis l'année d'après, vous avez la bataille de Platée
33:05où 40 000 Grecs battent,
33:08ceux qui subsistent de l'armée perse.
33:10Vous savez, on pense à un peu moins de 100 000 personnes.
33:13Sachant que le roi des Perses était retourné en Perse
33:15et qu'il avait laissé les restes de l'armée perse
33:18à son neveu Mardonius.
33:20Alors, est-ce que la fin de ces guerres médiques
33:22va changer quelque chose en termes de géopolitique,
33:24si je puis dire ?
33:25Non.
33:26Sparte, chacun rentre chez soi ?
33:27Sparte rentre chez soi.
33:29La gloire de Sparte est assurée.
33:31Mais les Athéniens ont envie de prendre le pouvoir.
33:36Oui, voilà.
33:37Donc, on en arrive à la grande rivale.
33:39On en arrive à la grande rivale,
33:40la grande rivalité des guerres du Péloponnèse
33:44qui sont magnifiquement...
33:46On n'a pas le temps d'expliquer...
33:48C'est Thucydide.
33:49Je renvoie à Thucydide.
33:50Je renvoie à Thucydide.
33:51C'est défini.
33:52Donc, on n'a pas le temps d'expliquer,
33:53même Athènes, aujourd'hui.
33:55Il faudra revenir en parler.
33:57Mais est-ce qu'on a vraiment deux conceptions,
33:59très rapidement,
34:00est-ce qu'on a vraiment deux conceptions différentes de la cité ?
34:02Oui.
34:03Athènes, c'est une démocratie,
34:05une démocratie limitée,
34:06300 000 habitants, 60 000 citoyens.
34:09C'est une puissance impérialiste,
34:12maritime.
34:14Sparte, c'est une cité agraire, austère,
34:18militariste, mais pas impérialiste.
34:24La division entre les puissances maritimes et terriennes,
34:26inspirons Karl Schmitt plus tard dans sa vision géopolitique,
34:30il faut être prudent sur Athènes et Sparta.
34:32Athènes est généralement bien vue.
34:34Ce n'est pas nécessairement elle qui a le beau rôle
34:36pendant les guerres du Péloponnèse.
34:38C'est elle qui déclenche ?
34:39C'est elle qui déclenche la guerre,
34:40avec la Ligue de Delos.
34:42On en arrive au piège de Thucydide,
34:45où une puissance en place ou déclinante
34:50prendrait peur de l'arrivée d'une puissance montante.
34:54Et d'ailleurs, dans ce qu'il appelle
34:56les causes vraies des guerres du Péloponnèse,
34:58Thucydide dit que c'est la vraie cause.
35:01Graham Allison, un historien américain,
35:04en a tiré la théorie du piège de Thucydide.
35:06Il faut être prudent.
35:07Une puissance en place ou déclinante
35:09n'a pas peur pour elle-même.
35:11Le régime en place a peur d'être chassé.
35:14Et pour les Spartiates, ça aurait été catastrophique.
35:17Le passage d'un régime
35:20quelque peu aristocratique à une démocratie
35:22aurait fait perdre le pouvoir à la communauté dorienne,
35:25qui était minoritaire.
35:26On parle de 9000 Spartiates en 650.
35:31Attention, en 465, ils ne sont plus que 4000,
35:35après le tremblement de terre.
35:36Et au moment de l'eutre, la défaite finale,
35:38ils sont 1500.
35:40L'oliganthropie, la chute de la démographie
35:43et la cause de l'effondrement spartiatique.
35:45Ces guerres du Péloponnèse
35:48se concluent par une victoire de Spartano.
35:52Deux guerres, 460 à 445.
35:56La première guerre qui est suivie de la paix de 30 ans.
35:59Une seule bataille.
36:00Vous voyez, quasiment 15 ans, une seule bataille.
36:04Tanagra, qui est une victoire spartiate non conclusive.
36:07Deuxième guerre du Péloponnèse.
36:09431 à 404.
36:11Entre Athéniens et Spartiates, il y a deux batailles.
36:15On se bat un mois l'été.
36:17Donc c'est une victoire spartiate.
36:19Une victoire pas très glorieuse,
36:21puisque les Spartiates ont bien compris,
36:23avec leur général Lysandre,
36:24que pour battre les Athéniens, il fallait les battre sur mer.
36:27Donc ils se font payer une flotte par le roi des Perses.
36:30Le petit-fils de celui qui avait fait les invasions en 480.
36:34Ils se font payer une flotte
36:35et ils finissent par battre les Athéniens
36:38qui est dans les Dardanelles.
36:40Et à partir de là, ils peuvent prendre Athènes.
36:42Puisqu'ayant détruit sa flotte, ils prennent Athènes.
36:45Et ils imposent un régime aristocratique,
36:47dit des 30, qui tiendra un an.
36:50Et ensuite, c'est Thèbes qui va reprendre Athènes.
36:54Oui, Thèbes, évidemment.
36:55On est encore dans le piège de Thucydide ?
36:57Non, non.
36:58Quelles sont les raisons de l'agressivité de Thèbes ?
37:00Les Thébains n'aiment pas la mamie spartiate,
37:03parce que là, Sparte, après la défaite d'Athènes,
37:05devient véritablement une puissance impérialiste.
37:08Et alors, on a le jeu des Perses
37:10qui financent systématiquement la ville grecque la plus faible,
37:13la cité grecque la plus faible,
37:15pour affaiblir ce voisin qui les a humiliés 50 ans avant,
37:18presque 100 ans avant.
37:20Et tout ça, ça va à la bataille de Leuctre, 471 avant J.-C.
37:24Mais là, c'est vraiment encore Thèbes qui attaque Sparte ?
37:28C'est l'espartiate qui attaque Thèbes
37:30et qui attaque 4 fois en 10 ans,
37:32lors des guerres de Corinthie, Thèbes.
37:34Mais cette fois-ci, ils perdent,
37:36et de manière assez définitive,
37:38puisqu'il y a 1200 citoyens qui forment l'aile droite spartiate.
37:42Je voudrais qu'on s'arrête 2 minutes sur la bataille de Leuctre,
37:45parce que vous en avez parlé tout à l'heure,
37:47avec le fameux...
37:49C'est l'apparition de l'ordre oblique.
37:51L'ordre oblique, c'est le coin à l'aile droite.
37:53Alors, le général Thébain et Paminondas,
37:56qui est un pythagoricien,
37:59ne respectent pas les règles d'usage de la bataille,
38:03et met le gros de ses troupes à l'aile gauche,
38:06au lieu de les mettre à l'aile droite,
38:08c'est-à-dire qu'il fait face à l'élite spartiate.
38:11Et là où l'usage était de mettre ses soldats
38:14sur de 8 à 12 rangées pour pouvoir pousser,
38:16lui, il met ses troupes d'élite sur 50 rangées.
38:19Et donc, au moment où les spartiates attaquent,
38:22le premier choc, d'après Xénophon,
38:25est favorable aux spartiates,
38:27mais ils se font enfoncer,
38:29et sur les 1200 spartiates de race pure,
38:33de dorien, 400 morts,
38:36dont le roi, Cléomène II.
38:39Et le lendemain, les spartiates reviennent
38:42réclamer le corps de leur roi,
38:44ce qui est la preuve suprême de leur défaite.
38:46À partir de là, Sparte est finie,
38:48Sparte a perdu militairement,
38:51Sparte a perdu sa réputation militaire,
38:54et puis Sparte n'a plus les ressources humaines,
38:56il doit rester entre 800 et 1000 citoyens.
39:00Parce que de l'arrivée des spartiates à l'œuvre,
39:05c'est un long déclin de population.
39:08– Un déclin de population qui est dû à quoi ?
39:10Donc il y a ce fameux trouble mentaire, déjà,
39:12qui n'arrive pas à renouveler la population,
39:14c'est-à-dire qu'ils ne font plus d'enfants ?
39:16– Non, ils ne font pas d'enfants.
39:18– Qu'est-ce qu'on a comme explication ?
39:20– Il y en a pas mal.
39:22Déjà, il y a certainement une explication économique,
39:25avoir trop d'enfants, c'est entraîner la dilution des terres,
39:29donc c'est une population qui ne fait pas d'enfants.
39:32C'est ensuite une population qui a des mœurs
39:35sans doute un peu particulières,
39:37il y a une tolérance pour l'homosexualité
39:39dans l'école à La Gauguet,
39:41les spartiates sont souvent apérés,
39:43un spartiate plus vieux avec une relation
39:45qui est vraisemblablement homosexuelle,
39:48et les hommes vivent en garnison jusqu'à 30 ans.
39:52– Donc vous disiez de 12 à 20 ans…
39:55– Ils sont à l'école.
39:56– Ils sont à l'école, et de 20 à 30 ans ils peuvent se marier ?
39:59– Ils peuvent se marier vers 25 ans,
40:01mais ils vivent en garnison jusqu'à 30 ans.
40:03– Oui, ce qui est un peu…
40:05– Comme je le dis, c'est quand même en couchant avec sa femme
40:07qu'on lui fait des enfants,
40:08alors quand on dort en garnison, on n'est pas à la maison.
40:11Parce qu'on sait, ils se sauvent la nuit
40:13pour aller coucher avec leur femme.
40:15Donc bon, le rapport hétérosexuel est sans doute
40:18un peu particulier à Sparte, ils font peu d'enfants.
40:21– Et d'ailleurs vous décrivez une scène,
40:23lorsqu'ils se marient, il y a un simulacre d'enlèvement
40:26et de viol de la femme.
40:27– Absolument.
40:28– On lui rase la tête, c'est…
40:30– Alors on rase la tête de la jeune fille,
40:32il faut qu'elle ressemble à un garçon,
40:34on l'habille comme un garçon,
40:36et le guerrier l'enlève à ses parents,
40:39avec ses camarades, et c'est un simulacre de viol.
40:42Donc oui, c'est une conception un peu particulière
40:44de l'amour partagé.
40:46– Donc déclin démographique,
40:49vous parlez aussi de corruption des élites.
40:51– Oui, alors les spartiates sont…
40:53Alors le nombre de rois et de généraux spartiates
40:56qui sont condamnés par les efforts pour corruption,
40:59c'est absolument énorme.
41:01L'oncle de Léonidas, le Léonidas des Thermopyles,
41:05Cléomène Ier, est chassé pour corruption.
41:08Lysandre, le vainqueur de la bataille d'Agos Potamos,
41:11est chassé pour corruption.
41:13Les spartiates vivaient dans l'austérité,
41:15une certaine forme de pauvreté,
41:17et ils découvrent des mondes qui sont richissimes.
41:20Les descriptions de la bataille de Platée,
41:24où ils occupent le camp perse,
41:27sont extravagantes pour eux.
41:30Et en même temps,
41:32Sparte n'est pas une cité égalitaire.
41:34On recherche les honneurs,
41:36on entretient des équipages de chevaux
41:38pour les Jeux Olympiques,
41:40et donc on a besoin d'argent.
41:42Donc c'est bien confronté à cette contradiction
41:45que les spartiates vont, malheureusement,
41:47succomber à la tentation.
41:49Donc la ville décline, elle se rétrécit.
41:51Comment ça se passe ?
41:53La population décline.
41:55Après l'Euctre,
41:57les Doréens perdent Gloutou.
41:59Les spartiates perdent la vallée de Messénie,
42:01qui retrouve son indépendance.
42:04Et à partir de là,
42:06Sparte devient une petite cité grecque
42:09que ni Alexandre,
42:11ni Philippe,
42:13ni les Romains ne prendront la peine d'occuper,
42:15et qui, à ce moment-là,
42:17vit comme une cité agricole,
42:19et aussi,
42:21c'est un peu honteux,
42:23organise un simulacre de ses anciennes pratiques guerrières
42:26avec un théâtre construit sous les Romains,
42:28et avec l'organisation d'un tourisme spartiat.
42:32On vient à Sparte...
42:34On vient à Sparte voir,
42:36quand on est un Romain,
42:38voir la flagellation rituelle des garçons,
42:41le saut des jeunes filles,
42:43puisque les jeunes filles avaient l'habitude de faire une danse
42:45où elles sautaient et se tapaient les fesses
42:47avec le talon des pieds.
42:49Ce qui est un bel exercice de musculation.
42:52Et donc on vient voir ça,
42:54et on paye son voyage à Sparte
42:56quand on est un noble Romain,
42:58pour venir voir ça dans un amphithéâtre
43:00qui a été construit spécialement pour ça.
43:02Pas très glorieux.
43:04Et puis reconstitution, j'imagine,
43:06de la phalange politique, des choses comme ça ?
43:08J'ai pas vu de texte là-dessus, mais on peut l'imaginer.
43:10Donc ça veut dire qu'on reste quand même,
43:12le mythe reste.
43:14Le mythe reste, la cité guerrière.
43:16Il s'est forgé très rapidement, ce mythe,
43:18il a perduré au cours des siècles,
43:20ou il s'est perdu ?
43:22Il se perd après Rome,
43:24et il réapparaît avec les Lumières,
43:26Voltaire notamment,
43:28qui parle des Spartiates,
43:30et Rousseau qui commence à regarder
43:32les différentes constitutions.
43:34C'est le côté austérité ?
43:36C'est la recherche d'une constitution parfaite,
43:38et là vous avez des écrits.
43:40Et aujourd'hui,
43:42qu'est-ce qu'il reste de ce mythe ?
43:44Est-ce qu'il en reste quelque chose ?
43:46Alors vous, vous dites pas mythe,
43:48vous parlez d'idées spartiates.
43:50Est-ce que vous pouvez développer un peu
43:52le sous-titre de votre livre ?
43:54Oui, parce que le mythe a disparu,
43:56aujourd'hui il reste le cinéma,
43:58il reste une idée générale que Sparte a été
44:00un modèle guerrier,
44:02qu'on retrouve très bien au cinéma.
44:04Pas tant de films que ça d'ailleurs.
44:06Les 300 Spartiates
44:08qui ont 40 ou 50 ans,
44:10300 plus récemment,
44:14quelques BD,
44:16quelques très bons livres
44:18qu'on a lus quand on était jeunes.
44:20Mais oui, c'est une idée aujourd'hui,
44:22l'idée d'une cité austère, rude,
44:24de courage,
44:26et de sacrifice individuel
44:28à la loi de la cité,
44:30ce qui reste quand même un exemple aussi.
44:32Et en géopolitique ?
44:34Est-ce que le piège de Thucydide
44:36peut être toujours d'actualité ?
44:38Écoutez, je suis très prudent
44:40sur le piège de Thucydide,
44:42parce que je trouve
44:44que le livre de Graham Allison
44:46est un assez mauvais livre,
44:48il est fondé sur peu d'exemples statistiques,
44:50une quinzaine de cas,
44:54et puis après toute l'idée
44:56de la terre et la mer est une thèse intéressante,
44:58celle de Carl Schmitt,
45:00je ne suis pas sûr qu'elle soit totalement opérative,
45:02mais Sparte reste un modèle.
45:06Nous allons conclure là-dessus,
45:08et je vous renvoie donc à votre petit ouvrage,
45:10Sparte et l'idée spartiate
45:12aux éditions de la
45:14nouvelle librairie, ça se lit
45:16très bien, c'est bourré de sources également,
45:18ça qui est intéressant, ça nous permet de rechercher,
45:20et c'est vraiment un bon survol,
45:24mais très complet,
45:26et également vient de sortir
45:28chez Passé Composé,
45:30un Sparte
45:32contre Athènes de Manuel Rodriguez
45:34de Oliveira,
45:36qui est lui, chercheur associé
45:38à la Sorbonne Université,
45:40responsable logistique et de la régie
45:42des collections pour l'école française d'Athènes
45:44sur le site de Delphes,
45:46il est également professeur d'histoire en classe préparatoire
45:48au lycée Malherbe à Caen,
45:50et il parle plus particulièrement
45:52de l'opposition
45:54entre Sparte et Athènes,
45:56qu'il compare à un affrontement
45:58favorable à la célèbre opposition
46:00entre les Etats-Unis et l'URSS.
46:02Je n'ai pas lu le livre,
46:04d'ailleurs je vous le donne,
46:06vous pourrez nous dire ce que
46:08vous en pensez,
46:10ça sera bien.
46:12Je vous remercie infiniment,
46:14c'était passionnant, c'était Passé Présent,
46:16l'émission historique de TVL,
46:18présentée en partenariat avec
46:20la revue d'Histoire Européenne.
46:22Vous allez maintenant retrouver la petite histoire
46:24de Christopher Lanne,
46:26n'hésitez pas, avant de nous quitter,
46:28de cliquer sur le pouce levé sous la vidéo,
46:30et bien sûr de vous abonner à notre chaîne YouTube.
46:32Merci et à bientôt !
46:56La bataille d'Astings
47:00Aujourd'hui nous allons parler
47:02d'une bataille qui aurait été l'une des plus
47:04importantes en matière de conséquences
47:06pour l'avenir du monde.
47:08Il s'agit de la bataille d'Astings.
47:10La bataille d'Astings en 1066
47:12a permis au duc de Normandie,
47:14Guillaume, de conquérir
47:16un royaume outre-Manche,
47:18et cela a créé une rivalité qui va se vérifier
47:20dans l'histoire entre ce royaume
47:22et la France, et ça aura
47:24une énorme répercussion sur l'avenir des relations
47:26entre les deux entités,
47:28mais aussi sur l'avenir du monde tout court,
47:30et on le ressent encore aujourd'hui.
47:32Reprenons donc les faits depuis le début.
47:34Guillaume est duc de Normandie.
47:36De l'autre côté de la Manche, c'est le roi Édouard le Confesseur
47:38qui règne. Ce roi avait un conseiller,
47:40un bras droit, un homme fort,
47:42qui avait une grande influence sur le royaume,
47:44et qui se nommait Godwin.
47:46Ce même Godwin avait un fils prénommé
47:48Harold. Lorsque Godwin est mort,
47:50c'est Harold qui a succédé à son père
47:52en tant que conseiller et proche du roi.
47:54Vous suivez jusque là ? Le roi Édouard
47:56était peu porté aux choses guerrières,
47:58et il préférait l'étude, la prière,
48:00etc. Il a donc,
48:02sentant sa fin approchée, promis
48:04sa succession à Harold.
48:06Mais il n'avait pas de descendance directe,
48:08et c'est bien ce qui a aiguisé les appétits.
48:10En Normandie, mais aussi
48:12en Norvège. Pourquoi en Norvège ?
48:14Parce qu'un vieux pacte aurait uni le
48:16prédécesseur d'Édouard avec
48:18le roi de Norvège. Si l'un des deux mourait
48:20sans héritier, c'est l'autre qui était
48:22censé récupérer le royaume. De l'autre
48:24côté, une légende prétend qu'Édouard
48:26aurait également promis sa succession
48:28à Guillaume, qu'on appellera plus tard Guillaume le
48:30conquérant, mais qui est pour l'instant juste duc de
48:32Normandie. Quoi qu'il en soit, le duc de
48:34Normandie, Guillaume, même sans parler du pacte,
48:36etc., il a des vues, évidemment,
48:38sur ce royaume. En 1064,
48:40donc nous sommes deux ans avant la bataille
48:42d'Astings, il va se passer quelque chose
48:44qui va tourner en la faveur de Guillaume.
48:46Harold, le jeune conseiller, le jeune bras
48:48exécutif du roi Édouard, organise
48:50une partie de pêche dans la Manche et
48:52au profit d'une tempête, il va
48:54échouer sur les côtes normandes, sur les
48:56terres du comte de Pontieux. Le comte de
48:58Pontieux capture Harold et il exige
49:00une rançon pour sa libération. Et bien c'est
49:02Guillaume qui va justement la payer
49:04mais il va le retenir chez lui pendant trois
49:06mois. Durant ces trois mois, Guillaume
49:08lui aurait fait prêter serment sur des objets
49:10sacrés, donc le serment aurait dû être inviolable,
49:12de le reconnaître, lui,
49:14Guillaume, comme roi d'Angleterre,
49:16à la mort d'Édouard le Confesseur. Deux ans plus tard,
49:18le 5 janvier 1066,
49:20le roi Édouard meurt et c'est
49:22Harold qui se précipite pour se
49:24faire reconnaître en tant que successeur,
49:26en tant que roi, et il se fait couronner
49:28comme Harold Ier. Evidemment,
49:30ça n'a pas plu, ça a fait grincer quelques
49:32dents, et du côté normand, et du
49:34côté norvégien, car il voulait tous les deux
49:36hériter de ce royaume. De toute part,
49:38on va donc se préparer à la guerre.
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50:10Du côté d'Harold,
50:12du nouveau roi Harold, et bien il pouvait
50:14disposait d'environ 15 000 hommes et aussi d'un embryon de marine de guerre. Du côté de Guillaume,
50:20et bien il aurait réuni environ 13 000 hommes maximum grâce à des renforts angevins, picards,
50:24bretons mais aussi français et surtout une impressionnante flotte pour traverser la Manche,
50:30on parle de plus de 750 bateaux. Au début de l'été, des vents violents dans la Manche empêchent
50:34tout de traverser. Harold lui a réuni ses hommes dans le sud de l'Angleterre en attendant Guillaume
50:39de pied ferme mais finalement ce sont les Norvégiens qui vont débarquer les premiers et se diriger
50:44vers la région d'York. Harold remonte donc précipitamment avec son armée pour aller à la
50:48rencontre des Norvégiens et le 25 septembre il remporte une victoire décisive sur eux à la
50:54bataille de Stamford Bridge. Trois jours plus tard seulement, et bien c'est Guillaume qui débarque sur
50:58les plages du sud de l'Angleterre, il décide de s'installer à Hastings sur les collines qui
51:03surplombent la côte et il fait bâtir des fortifications. Lorsque Harold apprend ça,
51:07et bien il dirige son armée vers le sud pour aller à la rencontre de Guillaume à marche forcée et il
51:12parcourt en une semaine plus de 320 km. Au matin du 14 octobre les deux armées se font face, des
51:19armées d'environ 13 000 hommes de part et d'autre mais du côté de Guillaume et bien on est bien
51:23reposé et du côté de l'armée d'Harold on vient de faire une semaine de marche donc on est assez
51:28épuisé. Côté anglais on a très peu de cavalerie, très peu d'archers mais on dispose d'une bonne
51:33réserve de fantassins et côté normand justement on a 3000 cavaliers, 3000 arbalétriers et 6 à 7000
51:40fantassins. Comme l'armée anglaise surplombe celle de Guillaume et bien au début il ne se passe pas
51:45grand chose et les flèches normandes peinent à avoir de l'effet face à une armée anglaise qui
51:49est en hauteur et protégée derrière ses boucliers. Mais soudain il va se passer le tournant de la
51:54bataille et bien tout à coup le bruit court que Guillaume est mort. Pour convaincre ses troupes
51:58qu'il n'est pas mort, le duc de Normandie doit pavaner avec le homme relevé pour se montrer à
52:04la foule qui est un peu en recul, il y a eu un petit mouvement de recul à l'annonce de cette
52:09nouvelle. Les anglais prennent ça pour une débandade et décident de lancer l'assaut. Ils
52:14vont alors s'engouffrer dans un entonnoir et être pris de part et d'autre, assaillis de front et sur
52:19les deux flancs. A la nuit tombée l'armée anglaise est totalement défaite, elle est en fuite et le
52:24roi Harold est mort soit d'une flèche soit en combattant. Les pertes sont très lourdes, les
52:29normands ont perdu 25% de leur effectif et les anglais plus de la moitié. Guillaume décidera de
52:35faire fonder sur place une abbaye dont le maître hôtel est situé juste à l'endroit où Harold serait
52:40tombé.
53:05Mais cette victoire ne va pas ouvrir immédiatement les portes de l'Angleterre à Guillaume puisqu'il
53:15y a tout d'abord une forte opposition de la noblesse anglo-saxonne. Ainsi lorsque Guillaume
53:20se présente aux portes de Londres, la milice de la ville l'attend et il est battu. Il lui
53:25faudra plusieurs semaines pour pouvoir enfin pénétrer dans sa nouvelle capitale. Enfin le
53:2925 décembre 1066 il se fait couronner à l'abbaye de Westminster qui avait été construite par Edouard
53:36en tant que Guillaume 1er roi d'Angleterre et duc de Normandie. Vous vous en doutez bien l'accession
53:41d'un duc de Normandie au trône d'Angleterre va avec le temps créer des rivalités avec le roi
53:47de France car il était le vassal même en tant que roi d'Angleterre il était toujours le vassal
53:51du roi de France en tant que duc de Normandie. Cela va créer des réalités qui se répercuteront,
53:56des rivalités pardon, qui se répercuteront au fil de l'histoire et l'histoire est là pour en
54:02témoigner. En Angleterre et bien cela va aussi créer un bouleversement autant sur le plan juridique
54:07parce que le droit normand va s'appliquer à la place des vieilles coutumes anglo-saxonne mais
54:11aussi sur le plan culturel avec l'imposition de la langue normande. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui
54:16encore on a une colonisation de la langue anglaise dans nos contrées mais sachez que la langue
54:21anglaise elle-même est issue de 60 à 70 % de la langue d'Oïl, du vieux normand et donc du français.
54:27Au final tous ces événements vont avoir un effet papillon sur l'histoire, je l'ai dit,
54:32ça va mener à la guerre de cent ans, à l'éternelle rivalité franco-anglaise. Est-ce
54:37que l'on peut dire, est-ce qu'on peut affirmer, je ne sais plus quel auteur avait dit ça mais je
54:41m'en saisis, je m'approprie cette citation, c'est que les anglais au final ce sont tout
54:45simplement des cousins qui ont mal tourné. Merci à tous d'avoir suivi ce nouvel épisode
54:50de La Petite Histoire, je vous retrouve très bientôt pour de nouvelles aventures sur TV
54:54Liberté et en audio sur Radio Liberté.

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