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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 31 octobre 2024 : l’auteur, compositeur et interprète, Sanseverino. Il vient de sortir un nouvel album, "C’était mieux maintenant" et est en tournée dans toute la France.

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Musique
Transcription
00:00Bonjour Sanseverino. Bonjour Elodie Suigaud. Pour expliquer quel comédien et musicien vous êtes, il faut prendre un grand shaker mélangé, une grosse dose d'humour, une grosse dose de poésie, de swing manouche, de rock avec une pincée de blues, une autre de tango, deux cuillères à soupe d'engagement et de théâtre et on y est je crois.
00:18Oui, c'est la description de l'être humain. Enfin pas forcément de moi, on est plusieurs.
00:24De l'être humain artiste que vous êtes surtout. C'est en parcourant le monde avec votre père pour son travail que vous avez découvert la musique Zigan et plus tard Django Reinhardt.
00:31Deux points de départ qui vous ont donné envie à votre tour de prendre les instruments, guitare et banjo, pour en découdre avec les notes et même avec les mots. Au départ il y a eu les frères Tamouille, votre première troupe, puis le cinéma, les voleurs de poules aussi.
00:44Et enfin une carrière solo avec à la clé le prix Charles Croix et une victoire de la musique pour votre album Le tango des gens. Aujourd'hui vous êtes de retour avec un nouvel album intitulé C'était mieux maintenant.
00:55Onze titres, tout neuf, interprétés avec toujours la même énergie. Une tournée a démarré en parallèle dans toute la France. La question est donc posée, est-ce que c'était mieux avant ?
01:05– Ben non, moi je fais partie de ceux qui disent que c'était pas mieux avant, surtout que dans ma tête je pense plutôt aux jeunes gens qui sont maintenant entre 15 et 30 pour qui l'avenir est un peu assez incertain, assez flippant et tout, voire anxiogène.
01:25Et c'est à eux que je pense, quand je suis contre ceux qui disent que c'était mieux avant. Tu sais, moi à mon âge là, je connais tout un tas de gens qui disent « ah ouais mais avant c'était quand même mieux parce que… »
01:37On avait des malabars, etc. C'est un ramassis de conneries. En fait c'était pas mieux avant quand c'était Giscard, quand c'était De Gaulle, etc. En gros, l'humanité et tout ça, ça avance, ça bouge.
01:52Et c'était pas mieux avant, il y avait d'autres tard aussi avant, c'était juste qu'eux ont perdu leur jeunesse.
01:57– Alors en quoi c'est mieux maintenant alors ?
01:59– Bon c'est pas mieux maintenant, l'avenir reste quand même super à certains. Ce que je veux dire là, c'est que je demanderais bien à pas mal d'anciens de dire que c'était mieux avant, parce que c'est faux en fait.
02:12Le thème de mon album c'est ça en fait, c'est arrêter de faire flipper les jeunes gens, déjà que c'est pas facile, arrêter de les faire flipper en disant « ouais nous c'était mieux dans les années 50, c'était mieux à l'ère du design, etc. »
02:25Enfin c'est un discours de merde, pardonnez-moi Élodie.
02:31– C'est un album engagé Stéphane Sanseverrino, vous dites ce que vous pensez, vous dites « nous sommes devus dominables fonctionnaires, la définition précise du prolétaire, s'il y avait moins d'inégalité sociale, il y aurait zéro travail ».
02:44Le constat il est quand même assez lourd.
02:47– Oui, c'est une chanson qui s'appelle « Zéro travail » qui est sur le fait qu'on est plein là d'artistes disons de gauche à défendre les gens dans le besoin, les SDF, etc.
03:04Mais on demande quand même des cachets, c'est pour ça que je dis qu'on est payés, on vend nos disques.
03:09Et donc je veux dire que le jour où il n'y a plus d'inégalité sociale, plus de guerre, plus de gens pauvres, plus de gens dans le besoin, je veux dire nous on perd un sujet quand même.
03:19Donc c'est un peu le thème de ma chanson, c'est-à-dire qu'on est un peu des fonctionnaires.
03:24Alors allez viens, on va défendre les gens dans le besoin, il y a des gens qui n'ont pas de logement, etc.
03:30Et il y a une espèce de côté un peu absurde qui fait qu'on demande un cachet.
03:36Enfin moi, je suis payé quand je fais des concerts, je ne suis pas le seul.
03:40Des fois je trouve ça dur de dire allez défendons les SDF alors que nous on vit bien en fait.
03:48L'idéal serait de partager.
03:50Et en même temps vous avez toujours été cet artiste libre par excellence qui a toujours montré justement le chemin de ne jamais rien céder sur le terrain de l'engagement, des convictions.
04:01C'est facile pour nous les artistes d'avoir zéro compromis parce que ce n'est pas si grave que ça.
04:08Je veux dire si je faisais une chanson en disant tel était le dictateur, c'est pas bien, c'est mal, vous devriez crever, etc.
04:15En fin de compte, il n'y a que 3000 personnes qui achètent le disque, donc personne n'est au courant.
04:20Je pourrais faire un truc démentiel sur Poutine ou sur le président Macron ou je ne sais qui.
04:25Je veux dire les gars ils feraient ça, ils feraient ah ah ah.
04:29Donc l'engagement il sert plutôt à rassembler les gens du même avis plutôt qu'à faire changer les trucs à mon humble avis.
04:38Je voudrais qu'on parle des phrases de Mandela.
04:41Cette chanson, elle est assez forte.
04:43Vous donnez une phrase de Mandela qui est si au lieu de construire des murs, on construisait des ponts.
04:48Et vous, vous en rajoutez une, si on construisait des écoles plutôt que de construire des prisons.
04:54C'est important quand même d'apporter sa pierre à l'édifice, de proposer justement un point de vue, des solutions, en tout cas un regard sur le monde pour améliorer les choses.
05:04J'ai rien à perdre et ça ne coûte rien de proposer.
05:07C'est-à-dire oui, moi je trouve qu'on pourrait éviter l'emprisonnement.
05:11Pour certains c'est obligatoire, il y en a d'autres pour qui ce serait pas mal de faire autrement.
05:19Ce qui est incroyable quand on vous écoute et quand on écoute le disque, c'est qu'on peut déjà le projeter sur scène.
05:25C'est aussi ça la ranche de la musique que vous faites.
05:27C'est-à-dire qu'avec tous les musiciens, à chaque fois que vous vous changez de musicien, vous aimez, il y a toujours cette famille qui est très importante pour vous.
05:33Mais vous allez toujours chercher des sonorités différentes.
05:36Tout ça est enregistré en même temps, ensemble, en live, à part quelques détails.
05:41Je fais les voix après, mais on joue tout en même temps.
05:44Et oui, ça ressemble à un concert, ça ressemble à du live.
05:48Et c'est fait pour ça en fait.
05:49Les disques maintenant ne sont jamais que des preuves pour pouvoir avoir des concerts.
05:56Ce n'est plus tellement un objet vendable en fait.
05:58Orgueil, orgueil, vous êtes orgueillu ou pas ?
06:01Oui, oui, j'ai déjà eu des ennuis avec ça.
06:04Bah oui, je suis orgueillu comme tout le monde.
06:06En plus, plus je vieillis, plus l'orgueil s'épaissit.
06:08Comme un vieux cuir qu'on finira jamais de tanner.
06:11Voilà, c'est ça cet album.
06:13Le front parlé de Sansevierino, c'est un peu une partie de vous, on ne va pas se mentir.
06:17Avec ce regard, cette bienveillance.
06:20Il y a de l'insouciance aussi, tout genre, que vous avez réussi à conserver.
06:23Oui, alors des fois je me dis, est-ce qu'elle est vraie cette insouciance ? Est-ce que c'est faux ?
06:27Des fois je ne fais pas un peu le mec insouciant comme ça pour cacher quelque chose.
06:32Mais je ne suis pas gêné par…
06:35Oui, j'ai des propres retards que j'essaye de contrôler et tout doucement écrabouiller en douceur.

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