A deux mois des fêtes de fin d'année et de la St Sylvestre, les vignerons d'appellations alertent sur le cout, parfois insoutenable de transmissions de leurs exploitation. Parfois plusieurs millions d'euros qui imposent aux repreneurs de se séparer d'une partie des vignes.
Regardez L'éco & You avec Pierre Herbulot du 31 octobre 2024.
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00:00d'année et de la Saint-Sylvestre, les vignerons d'appellation alertent sur le coup parfois insoutenable de transmission de leurs exploitations.
00:07Oui, M. Martin a 65 ans, il a travaillé la vigne toute sa vie pour faire un vin de Bordeaux dont il est fier, un pomerol village AOC,
00:14mais aujourd'hui il aimerait bien profiter un peu de sa retraite, ça tombe bien, ses enfants veulent reprendre l'exploitation, 8 hectares de vignes,
00:20M. Martin va donc chez son notaire, et là c'est la douche froide, coût de la transmission, 3 millions d'euros.
00:263 millions d'euros, mais comment c'est possible ?
00:28Les taxes, l'impôt sur la succession sont calculés en fonction de la valeur de l'entreprise, sauf que l'Etat considère les terres, en l'occurrence les vignes,
00:36non pas comme un outil de production pour faire du vin, mais comme du foncier. Pour calculer la valeur d'un hectare de terre,
00:41l'administration fait la moyenne de ce qui s'est vendu dans la même appellation au cours de l'année.
00:45Problème, le marché est soumis à une intense spéculation qui fait exploser les prix, 1,3 millions l'hectare pour le pomerol village de M. Martin,
00:54en Champagne ça monte même à 2 millions l'hectare, contre 300 000 euros dans les années 90.
00:59Ah oui, quand même, et c'est donc ça qui est taxé ?
01:02Oui, à hauteur de 35% dans le cadre d'une transmission directe par enfant, 2 fois plus autrement,
01:08selon un calcul de l'interprofession, c'est l'équivalent de près de 6 ans de production sans gagner un centime,
01:15ou de 28 ans de loyer si le repreneur décide de mettre les terres en location.
01:19Non mais ces chiffres sont fous Pierre, comment les enfants peuvent reprendre les vignes ?
01:22Ils n'ont pas d'autre choix que de vendre une partie des terres, ils morcellent l'héritage familial,
01:28et au prix que je vous ai évoqué, les seuls qui ont les moyens d'acheter ces vignes,
01:32ce sont des grands groupes de luxe ou des fonds de pension américains, chypriotes,
01:37ce qui pose la question de la concentration des terres aux mains de quelques grands groupes.
01:40Mais il n'existe pas un dispositif pour aider les agriculteurs à transmettre ?
01:44Alors si, ça s'appelle le dispositif du treille, il prévoit une exonération d'impôt de 75% quand la succession reste dans le domaine familial,
01:52mais avec un plafond de 500 000 euros, c'était suffisant il y a 20 ans,
01:56aujourd'hui c'est complètement décorrélé de la réalité de certains vignobles.
01:59La profession demande quoi ? Un aménagement du dispositif ?
02:02Oui, ils veulent faire sauter ce plafond pour avoir un abattement sur toute la transmission,
02:07les vignerons d'appellation d'origine proposent une contrepartie,
02:10les repreneurs doivent s'engager à rester dans l'exploitation 15 ans minimum.
02:13Et ils sont entendus sur le sujet ?
02:15Alors ils ont des contacts avec les députés, il y a quelques jours les représentants des vins de Champagne,
02:19de Bourgogne, de Bordeaux et d'Alsace étaient à Paris pour faire du lobbying,
02:23alors est-ce qu'ils ont été entendus ? Pas sûr.
02:25La conjoncture ne joue pas en leur faveur, à l'heure où il faut faire des économies,
02:28voter un élargissement d'une niche fiscale fait moche-végeur, pourtant il y a urgence.
02:33Les vignerons sont de plus en plus vieux, les deux tiers d'entre eux ont plus de 50 ans, en Champagne par exemple.
02:38Ce dilemme de la transmission se pose donc tous les jours.
02:40Merci beaucoup.