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Flavie Flament reçoit Mathieu Gallard, directeur d'études chez IPSOS France, pour répondre à la question : sondages, peut-on toujours leur faire confiance ?

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Transcription
00:00C'était Flavie.
00:01Bonjour Mathieu Gallard.
00:02Bonjour.
00:03Merci d'être avec nous ce matin.
00:04Vous êtes directeur des études chez Ipsos.
00:06On le dit depuis ce matin avec Johanna dans les journaux, à ce jour les sondages sont
00:11hyper serrés.
00:12Il y a certains instituts qui annoncent Kamala Harris en tête des swing states, les fameuses
00:16états pivots.
00:17D'autres qui prédisent Donald Trump.
00:19Alors qui croire ?
00:20Il faut regarder l'ensemble de ces sondages et ce qu'on constate c'est qu'effectivement
00:23certains mettent en tête Kamala Harris, mais de un point, deux points, Donald Trump, mais
00:27de un point, deux points.
00:28Donc dans tous les cas c'est extrêmement serré et quand on regarde effectivement l'ensemble
00:32de ces sondages, on se dit qu'effectivement cette course elle est incroyablement serrée
00:36et incertaine.
00:37C'est assez différent d'il y a quatre ans où j'aurais été à la même place.
00:39Là je vous aurais dit que Joe Biden était quand même le favori, même si rien n'était
00:43joué.
00:44Là on est dans une situation vraiment d'incertitude totale.
00:46Il y a quelque chose de notable aussi, c'est qu'à J-1 du scrutin, les sondages vont toujours
00:52bon train.
00:53Ça n'est pas le cas en France, la réglementation est différente.
00:56Non, en France effectivement vous n'avez plus le droit de publier des sondages à partir
00:59du vendredi minuit, juste avant le scrutin du dimanche, alors qu'aux États-Unis vous
01:02pouvez en publier jusqu'au jour même du scrutin si vous le souhaitez.
01:06Mais alors parce que, justement pourquoi on fait ça en France ? C'est pour laisser le
01:09temps de la réflexion ? On considère que les électeurs ont besoin de se poser sur
01:13le dossier sans être forcément influencés par les sondages ?
01:16Oui et plus largement, le week-end de l'élection, il n'y a pas le droit de faire campagne pour
01:20les candidats, donc en fait on considère que les deux derniers jours c'est effectivement
01:24le moment où le choix doit se faire, mais hors de toute influence possible, que ce
01:28soit des candidats, des médias, des sondages.
01:30On laisse donc reposer tout ça.
01:31Alors il y a un truc qui est fou, et j'ai fait un petit sondage justement autour de
01:35moi, c'est que personnellement je n'ai jamais été sollicitée pour participer à un sondage.
01:40Comment ça se passe ? Comment est-ce qu'on peut l'expliquer ? On a toujours l'impression
01:42que ce sont les autres qui s'expriment, mais jamais véritablement nous.
01:45Effectivement quand on réalise un sondage, déjà les sondages politiques, électoraux
01:49en France, ils sont réalisés en ligne, mais réaliser un sondage en ligne ça ne veut pas
01:52juste dire qu'on envoie un petit peu des mails avec des questionnaires dans la nature.
01:55On fait comment ?
01:56Ce qu'on fait en fait c'est qu'on sélectionne ce qu'on appelle un panel de personnes qui
02:01acceptent de répondre plus ou moins régulièrement à des enquêtes, et ces personnes on les
02:05sélectionne, on les recrute en fait, grâce à des publicités sur des sites, sur des
02:09forums en ligne, ou d'ailleurs dans des journaux, dans des magazines.
02:12Donc c'est vrai que tant que vous n'êtes pas inscrite sur un panel, vous n'aurez aucune
02:16chance d'être interrogée.
02:17Et donc ça veut dire aussi qu'il faut être intéressé par la politique ? Vous parlez
02:19de forums, il faut être sur des forums de discussion politique ?
02:22Non pas du tout, au contraire, on fait très attention à être sur des forums, des sites,
02:26des médias qui vont être très loin de la politique, parce que de toute façon la grande
02:30majorité des sondages qui sont réalisés par les instituts, ils ont davantage trait
02:33à des questions de marketing que de politique.
02:35Une fois qu'on fait partie du panel et qu'on a pu s'exprimer, comment ça se passe justement,
02:39comment sont organisés les sondages en France ?
02:40Alors en France pour réaliser un sondage, vous rédigez un questionnaire évidemment
02:44qui répond à la problématique de la personne qui commande l'enquête.
02:47Ça c'est l'institut de sondage ?
02:48Ça c'est l'institut qui le fait dans la plupart des cas en tout cas.
02:50Ensuite effectivement, on envoie le lien pour répondre au questionnaire à des individus
02:56dans ce panel.
02:57On fait en sorte que les individus auxquels on envoie le questionnaire soient représentatifs
03:02de la France.
03:03On sait que grâce aux données du recensement, il y a un certain nombre d'hommes, de femmes,
03:06d'employés, d'ouvriers, de cadres, etc.
03:08Donc on fait en sorte que notre échantillon soit représentatif.
03:10Mais une fois que l'enquête est réalisée, on regarde ce qu'on appelle la structure
03:14de notre échantillon.
03:15Et il y a toujours malgré tout des différences avec la réalité.
03:18Par exemple, si dans votre échantillon, vous constatez qu'il y a 51% d'hommes alors qu'on
03:22sait que dans la population française, il y en a 48%, vous allez faire ce qu'on appelle
03:26un redressement.
03:27Ça paraît un peu technique mais c'est très simple.
03:29En fait, ça veut dire que dans votre échantillon, vous ne donnez pas un poids de 1 aux hommes
03:33mais ils vont compter pour 0,9, 0,95 personnes.
03:36C'est un peu technique, un peu statistique mais en fait c'est assez simple.
03:39Voilà, pour que ça reflète véritablement la société française.
03:43Jean-Marie Le Pen au deuxième tour en 2002.
03:46Le Brexit.
03:47Donald Trump, il y a quatre ans, en 2016.
03:49L'échec, c'était très récent, du Rassemblement national, le dernier législatif.
03:52Autant d'événements que n'ont pas vu venir, je dirais, quelque part, les instituts de
03:57sondage.
03:58Alors la question se pose, est-ce qu'on peut véritablement leur faire confiance ?
04:00Alors, il y a un certain nombre d'exemples que vous donnez sur lesquels, en fait, l'erreur,
04:04ça n'est pas autant une erreur des sondages qu'une erreur du commentaire ou de l'analyse
04:07des sondages.
04:08Par exemple, pour le Brexit au Royaume-Uni en 2016, il y avait de très nombreux sondages
04:11qui disaient que c'était 50-50, voire que le Brexit allait l'emporter.
04:14C'est vrai que beaucoup de personnes qui regardaient ça, en fait, se concentraient
04:17peut-être un peu plus sur les sondages qui étaient plus favorables, peut-être parce
04:20qu'ils souhaitaient, ils voulaient un peu se rassurer, donc il faut aussi faire attention
04:23à ça.
04:24Après, oui, vous avez aussi donné des exemples, on peut penser à 2002 en France, donc Jean-Marie
04:28Le Pen qui accède au second tour, on peut penser à Donald Trump, où parfois les sondages
04:31se trompent.
04:32Mais quand on prend, malgré tout, l'ensemble des élections dans le monde, on constate
04:36que ça reste un bon moyen de comprendre les comportements électoraux.
04:41Je vous remercie beaucoup, Mathieu Gallard, d'avoir répondu à nos questions.
04:44Je rappelle que vous êtes donc directeur des études chez Ipsos et que vous venez de
04:48publier Les États-Unis au bord de la guerre civile, point d'interrogation aux éditions
04:52de l'Aube, suite au prochain épisode.
04:53Merci à vous.
04:54Merci beaucoup.

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