Avec Maxime Chervaux, professeur à l’Institut français de géopolitique, spécialiste des États-Unis
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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Élection américaine sur Sud Radio ce matin. Maxime Cherveau est avec nous, professeur à l'Institut français de géopolitique spécialiste des États-Unis.
00:12Bonjour. — Bonjour. — Maxime Cherveau. Alors il est tôt aux États-Unis. Il est la nuit, même, aux États-Unis. Et les opérations de vote vont bientôt commencer, même si beaucoup d'Américains ont déjà voté.
00:25— Exactement, oui. — On parle de 82 millions d'Américaines et d'Américains qui ont déjà voté. — 82 millions. Donc on a à peu près la moitié de la participation de 2020 qui est déjà actée,
00:34ce qui nous fait dire que maintenant, le jour de l'élection aux États-Unis n'est plus le jour de l'élection mais la fin des élections, étant donné qu'on vote depuis maintenant
00:40plus de 3 semaines dans certains États et qu'on devrait, voilà, à peu près avoir la moitié des électeurs déjà... — Ça annonce une forte participation.
00:46— Possiblement. Possiblement au moins autant qu'en 2020, qui était déjà un chiffre centenaire aux États-Unis. On n'avait pas voté autant depuis les années 10.
00:54Et donc c'est assez possible. Alors ça dépendra de la mobilisation le jour de l'élection. Mais on sera déjà dans les élections les plus importantes en nombre
01:02depuis très longtemps aux États-Unis, oui. — Oui, où l'on vote assez peu, finalement, aux États-Unis, au moins que chez nous pour une élection présidentielle.
01:09— Complètement. On est à 20, 25 points de moins que sur l'élection présidentielle en France. Et puis après, c'est vrai que si on regarde les élections qui n'ont pas lieu
01:15en même temps que les présidentielles, on peut tomber à des participations à 12%, 15%, 20% dans certaines élections.
01:19— Est-ce que cette participation pourrait changer toutes les prédictions de vote ? Toutes les prédictions des sondeurs, toutes les...
01:28Est-ce qu'il y a de la participation ? — Alors traditionnellement, oui. C'est ce qu'on disait, que plus il y a de participation, plus les démocrates sont avantagés.
01:33Comme souvent, les électeurs qui ne vont pas participer sont à la fois des électeurs issus des minorités de la classe moyenne voire populaire
01:40et mais également des électeurs plus ruraux de la classe moyenne populaire blanche cette fois-ci. Ça a double tranchant.
01:46C'est-à-dire que ça peut avantager l'un comme l'autre des candidats, cette année. — Oui. C'est très serré. Tout le monde le dit, tous les sondages.
01:53Je vais pas vous demander qui va gagner. — Je n'aurai pas de réponse à vous apporter. — C'est une question stupide. C'est une question complètement stupide.
02:00Alors si Trump perd, il perd tout. C'est là... Il perd tout et même peut-être sa liberté.
02:08— Disons que s'il gagne, en tout cas, tous les procès sont en suspens voire annulés pendant un certain temps, alors que si jamais il perd les élections,
02:17il y a un certain nombre de procès qui vont reprendre assez rapidement dès le mois de novembre, je crois, pour certains.
02:22Et donc toutes les affaires en cours vont continuer. — Oui. Toutes les affaires en cours vont continuer. Bien. On ne va pas connaître le résultat demain matin.
02:31Franchement, le résultat définitif. — Si l'un des deux candidats gagne assez largement, on pourrait le savoir demain dans la journée.
02:40Il faudrait en fait seulement que la Pennsylvanie ne soit pas l'État-clé. Si c'est la Pennsylvanie qui décide, on peut encore, comme en 2020,
02:46attendre jusqu'à vendredi après-midi. Si la Pennsylvanie ne permet pas à l'un ou l'autre de gagner parce que le reste des États
02:52s'est taillé dans un sens ou dans l'autre, on pourrait savoir d'ici demain soir. La Géorgie ou jeudi matin, la Géorgie, si elle se décide assez rapidement,
03:02il compte en général assez rapidement. L'Arizona, pareil. Tant que les marges de gains, en fait, de victoire ne sont pas dans le millier de voix
03:11ou les quelques milliers de voix, on pourrait avoir une réponse assez rapidement. — Oui. Chaque comté a 5 semaines pour donner ses résultats officiels.
03:18— Et pour certifier les résultats officiels. Voilà, exactement. — 5 semaines, oui. — Mais bon, en 2020, ce qui avait vraiment traîné, c'était,
03:24hormis quelques élections législatives en Californie ou autre, où en fait les électeurs américains peuvent déposer leur bulletin de vote à la poste
03:32jusqu'au soir même de l'élection. Donc cela n'arrive que dans les jours qui arrivent et qui suivent l'élection. Et c'est le cas également en Pennsylvanie.
03:38Donc tant qu'on n'a pas une élection qui se joue dans le millier de voix et donc on a besoin d'attendre ces derniers bulletins qui arrivent par la poste
03:43dans les jours qui viennent, on pourrait avoir une élection qui soit décidée dans la soirée demain. — Dites-moi, aux États-Unis, aller voter, c'est un effort, hein.
03:51C'est pas comme en France où on glisse un bulletin, ça dure 2 secondes. Non, aux États-Unis, c'est pas du tout ça. — Non, complètement.
03:57Si on arrive à éviter les longues lignes devant les bureaux de vote, on y est quand même pour 45 minutes, 1 heure.
04:05Si vous n'avez pas préparé en amont votre bulletin de vote et réfléchi à toutes les campagnes, une élection normale, vous allez avoir le président,
04:11le siège à la chaîne représentant, potentiellement un sénateur, le gouverneur, les sièges au Sénat et à la Chambre de l'État,
04:18plus les élections au niveau du comté, peut-être des fois le maire, les juges. Il y a beaucoup de juges à élire également. Plus tous les référendums.
04:25Donc vous pouvez... En Arizona, ils ont en moyenne 4 très grandes pages récloverso. Oui, 4 pages, plutôt.
04:33— Ils font cocher. — Ils font cocher à chaque fois. Donc beaucoup d'électeurs, et c'est ça qu'on voit, vont perdre l'intérêt au fur et à mesure.
04:38Donc on voit souvent un décrochage d'une élection à une autre, où on perd à chaque fois quelques milliers d'électeurs qui ne descendent pas plus bas,
04:43au-delà de ceux qui vont voter que pour la présidentielle. — Oui, évidemment. Maxime Cherveau, Trump parle de fraude, déjà.
04:51De risque de fraude, il insiste. Il insiste. Et il préparerait une défaite. En disant cela ou pas ? Pourquoi est-ce qu'il insiste tant sur le risque de fraude ?
05:02— Alors je suis pas dans la tête de Donald Trump. Mais c'est vrai qu'en 2020, il l'avait déjà fait. C'était une manière... Et c'est comme ça que tout le monde
05:08interprétait un petit peu. C'est une manière de parer à une défaite et de maintenir un engagement toujours très important de ses électeurs à la suite.
05:15Je pense pas que Donald Trump soit arrivé en 2015-2016 en disant que les élections américaines sont frauduleuses. Il avait lui-même été candidat
05:22plusieurs fois avant. Il avait voulu être candidat à d'autres reprises auparavant. Et en 2020, c'est vrai qu'on sent cette rhétorique prendre le pas au moment
05:31où on sent qu'il perpille dans les sondages alors qu'il est encore président. — Il y a très peu de fraude, en fait, aux États-Unis.
05:36— C'est le système le plus complexe et en même temps le plus sécurisé à toutes les échelles qu'on puisse imaginer. Et maintenant... Et disons que depuis
05:43quelques années, il y a au niveau local encore plus de contre-signes qui se sont mis en place. Ou même si l'élection est faite en machine, il y a des bulletins
05:49qui sont imprimés. Il y a un décompte qui se fait manuellement dans certains endroits. C'est un des systèmes les plus sûrs qu'on ait vu au monde.
05:55Et d'ailleurs, je crois que toutes les années qui ont pu être faites, on trouvait sur les trois derniers cycles 6 ou 7 personnes sur l'ensemble des États-Unis
06:03qui auraient voté alors qu'ils n'en avaient pas le droit. Donc on est vraiment sur un nombre infinitimisable.
06:08— Oui. J'ai une dernière question. On n'a pas entendu George Bush. Non mais c'est vrai. Il ne s'est pas prononcé, il n'a pas choisi entre Kamala Harris
06:17et Donald Trump. — Est-ce qu'il parle encore ? — Il ne parle plus vraiment politique. Il fait des discours. Il fait de la peinture, beaucoup.
06:22Et puis son ranch dans le Texas. Et sa peinture se vende correctement, apparemment, d'ailleurs. — Ah bon ? — Oui. Il a des expositions dans des galeries.
06:30Oui, oui, oui. Mais disons que je pense pas que ce soit même avantageux pour Kamala Harris, parce que certains disent qu'il pourrait être encouragé
06:37à voter pour Kamala Harris. Mais George Bush, même pour les texans, les Républicains texans, il représente un peu un ancien parti républicain
06:44qui était d'ailleurs responsable des interventions en Irak, en Afghanistan, et qui est pour beaucoup de Républicains aujourd'hui...
06:49Plus le parti républicain est actuel, le contraire. C'est la source des problèmes pour beaucoup. Donc ça n'apporterait rien vraiment à Kamala Harris,
06:56sauf peut-être dans l'écosystème vraiment texan, localement. — Localement, oui. — Ou donc des modérés qui potentiellement se posent la question
07:04de partir vers le Parti démocrate aujourd'hui au Texas, mais vraiment, encore une fois, très localement.
07:08— Merci beaucoup, Maxime Chiavo. Je rappelle que vous êtes passionnant professeur à l'Institut français de géopolitique et spécialiste des États-Unis.