Françoise Degois : "Une présidentielle américaine hors normes !"

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Transcript

00:00Aux Etats-Unis, nous en parlons, et vous pouvez rester deux secondes pour intervenir avec Françoise de Gouin.

00:08Françoise, une présidentielle hors normes et une union américaine qui s'annonce interminable.

00:13Oui, alors quel final les amis, quel final pour cette élection hors normes, vous le disiez, qui signe d'abord le retour d'un président battu.

00:19C'est la deuxième fois que ça arrive, savez-vous, aux Etats-Unis.

00:22Le premier et le seul, c'est Grover Cleveland, en 1888, battu, qui revient quatre ans plus tard et qui est élu.

00:28Donc ça, c'est déjà hors normes.

00:30Il y a eu également le jet de l'éponge du candidat démocrate à sa succession, Joe Biden, pour sa vice-présidence,

00:35sur laquelle, il faut quand même le dire, même le tout-puissant gouverneur de Pennsylvanie, Shapiro, ne pariait pas un copec.

00:42C'est Kamala Harris.

00:43Il serait bien vu d'ailleurs, Shapiro, à la place de Kamala Harris, ça n'a pas marché.

00:47Mais, d'un seul coup, Kamala Harris, la fusée a décollé.

00:50Elle s'est mise à faire jeu égal avec, comment dirais-je, Donald Trump.

00:54Et puis, elle est hors normes, car je parle sous contrôle d'un spécialiste.

00:58Et votre mémoire, Jean-Jacques, et la mienne aussi, jamais une campagne n'aurait été aussi trash, aussi déjantée, aussi insultante.

01:05Entre garbage, ordures, fascistes, bêtes comme une pierre, les insultes ont continué à pleuvoir jusqu'au bout.

01:12C'est même peut-être un peu too much.

01:14Sous nos regards interloqués, nous qui passons notre vie à dire que le débat politique français est affreux et abominable,

01:21entre ça, Jean-Luc Mélenchon et ses amis, passe quasiment pour des poètes du dimanche.

01:25Quand vous voyez le niveau d'insultes, finale incroyable, aussi en raison des sondages et de l'incertitude de ce vote.

01:31Il y a eu la poussée très forte Kamala Harris, et puis ça s'est un petit peu tassé, rattrapé par Trump.

01:36Et puis, aujourd'hui, on voit, dans les derniers jours, à nouveau une poussée Kamala Harris.

01:41Alors, aucun journaliste américain digne de ce nom ne se risque à faire un pronostic.

01:45Certains sondeurs, en revanche, pensent qu'il y aurait peut-être un vote caché.

01:49Ils le disent sur les chaînes. Bon, après, est-ce que CNN est crédible en termes de parties prises ? Je n'en sais rien.

01:54Sous-évalué tout au long de la campagne, dernier point-clé, mais là, on sera tous d'accord, c'est le vote des femmes.

01:59Alors, on sait qu'en règle générale, les femmes votent plus démocrates et les hommes beaucoup plus républicains.

02:04Mais là, on a des écarts de 30 %, et on sent bien que Kamala Harris compte sur ce vote des femmes pour faire la différence.

02:11Et c'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, c'est assez malin, elle a invité à l'un de ses derniers meetings Liz Cheney,

02:16candidate républicaine, pour entraîner les femmes républicaines à voter pour elle.

02:21– Vous y croyez, le vote des femmes, l'importance ? Vous croyez que c'est ce qui peut faire la différence ?

02:26– Pas complètement. Ce sera ce qui fera la différence, si elle gagne de toute façon.

02:30On était sur un écart de 21 points aux dernières élections. Si on part sur un écart de 30 et quelques points,

02:35c'est non seulement cela qui peut faire la différence, mais c'est cela qui ferait peut-être que Kamala Harris

02:39pourrait être la première démocrate à remporter le vote des seniors, c'est-à-dire plus de 65 ans,

02:44plus de 2000 aux Etats-Unis. Ah oui, il y a réellement une lame de fond.

02:48Et du coup, ce vote caché dont on entend parler beaucoup aujourd'hui, ce serait les femmes et notamment des femmes,

02:52soit la classe moyenne, donc dans les banlieues américaines, la classe moyenne,

02:55soit les femmes dans les territoires ruraux, voire chez les seniors,

02:58qui discrètement voteraient pour la démocrate alors que c'était plutôt des votes républicains.

03:04– C'est pour ça que je fais juste une petite parenthèse. Dans le monde aujourd'hui, le rôle des femmes est essentiel.

03:12Regardez partout dans le monde ce qui se passe.

03:15– Ce que j'aime, c'est que vous le dites avec gourmandise et sans regret.

03:19– Ah non, mais sans regret, j'admire. – Bien sûr.

03:22– Dites-moi, quoi qu'il en soit, ce sera America First.

03:25– Oui, évidemment. Écoutez, je ne vois pas pourquoi ça changerait quelque chose.

03:28America First, que ce soit Kamala ou Donald, de toute manière, les Etats-Unis, seuls les Etats-Unis,

03:33alors on a beaucoup parlé, si c'est Donald Trump, du retour des droits de douane,

03:37mais la réalité, c'est que Joe Biden a déjà mis en place des droits de douane.

03:41On ne voit pas. La seule différence, et nous sommes d'accord autour de cette table, c'est évidemment sur l'Ukraine.

03:46Ce n'est même pas sur l'ensemble des conflits.

03:48Donald Trump a trompété pendant toute sa campagne.

03:51Si j'arrive au pouvoir, si je reviens, toutes les guerres s'arrêteront.

03:54Il y a une chose qui est sûre, c'est que ce qui va s'arrêter avec Donald Trump, c'est l'aide à l'Ukraine,

03:58ce qui n'est pas le cas a priori de Kamala Harris.

04:00– Oui, et Kamala Harris qui est beaucoup plus dure qu'on ne croit.

04:04C'est pas parce qu'elle est démocrate qu'elle n'a pas beaucoup de fermeté, non ?

04:09– Du point de vue de l'Europe ? – Non, en général.

04:12– Ah non, bien sûr, oui, non, elle a énormément de fermeté.

04:14C'est quelqu'un qui est d'ailleurs, comment dire, l'entourage en termes de politique étrangère de Joe Biden,

04:18est un entourage un peu vieille école des années 90.

04:20C'est des gens qui étaient déjà dans l'administration Clinton ou autre.

04:23– Oui, Tracey Larry Clinton en plus. – Exactement.

04:25Kamala Harris a une nouvelle génération.

04:27Alors la grande question, c'est de savoir si c'est une génération qui est beaucoup moins européiste

04:31que l'été la précédente, beaucoup plus tournée vers l'Afrique, vers le Pacifique.

04:35Il n'y a pas vraiment de traces de ça réellement pour l'instant.

04:38Il est au contraire assez possible que sur la question de l'Ukraine notamment,

04:41ils soient beaucoup plus engagés et beaucoup moins timorés que pourrait l'être Joe Biden

04:44si c'était Kamala Harris.

04:46Mais maintenant, dans les deux cas, ce qui va être intéressant,

04:48c'est que ce n'est pas la présidentielle qui va vraiment tout décider.

04:50C'est les élections au Sénat et à la chambre de la présidence.

04:52– Voilà, c'est ça, c'est l'idée d'équilibre.

04:54– Et même Trump sans Sénat ne pourra rien faire.

04:56Et c'est le Sénat qui peut pousser Trump à rester en Europe également après les élections.

04:59– C'est incroyable comment ça nous fascine les États-Unis.

05:02Vraiment, tous les 4 ans, on est comme des fous, on est comme des enfants.

05:05C'est la première puissance du monde.

05:07– Oui, et puis nous sommes nourris à cette culture aussi.

05:09C'est la plus grande démocratie, on adore.

05:11– Bien, merci 7h51, merci à tous les deux.

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