Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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00:00Jury n°2, le 41e film de Clint Eastwood,
00:03l'histoire d'un jeune homme joué par Nicolas Hult
00:06et qui se retrouve juré d'un procès pour meurtre
00:09pour lequel il découvre qu'il pourrait être impliqué.
00:12Un dilemme moral comme les aime Clint ?
00:14Absolument, oui, oui.
00:16Toute une partie de son cinéma repose là-dessus.
00:19Et là, on a vraiment un film judiciaire.
00:21Il n'en a pas fait tant que ça,
00:23mais le thème de la justice et de la culpabilité
00:26sont dans tous ces films,
00:27y compris même dans un western
00:29comme Pall Rider ou Impitoyable.
00:33C'est quoi la justice ? C'est quoi la culpabilité ?
00:36Là, on est vraiment dans un film de procès.
00:38Il y a presque un côté languien.
00:40Si on parle de film de la fin,
00:42on pense à L'Invraisemblable Vérité,
00:44le dernier long métrage américain de Fritz Lang.
00:47Donc, il y a quelque chose...
00:50En même temps, il y a un art du conteur.
00:52Le film est d'une très grande fluidité.
00:55Par rapport au film de procès,
00:56ce qui est amusant, c'est qu'il sait alterner les points de vue.
01:00Le point de vue de la défense, de l'accusation.
01:02On passe sans cesse de l'un à l'autre
01:04pour adopter tous les points de vue.
01:06Et on va être avec les jurés,
01:08ça s'appelle juré numéro 2,
01:10on va être dans les délibérations.
01:12Il y a évidemment à côté, forcément,
01:1412 hommes en colère.
01:15On y pense, forcément, il y a tout un héritage.
01:19Et c'est assez beau que ce vieux monsieur,
01:22il a 94 ans, c'est vraiment un film tardif,
01:26puisse, en quelque sorte, embraser tous les thèmes de son cinéma
01:30à travers quelque chose de très concret, de très solide,
01:33qui est le film de procès.
01:35Ca lui donne une base solide à laquelle il peut s'épanouir.
01:38Est-ce le meilleur film de Clint Eastwood ?
01:40Oui.
01:42Et c'est un vrai plaisir de le revoir,
01:44je veux dire, vraiment très en forme.
01:46C'est pas son premier film de procès, il le disait...
01:49Il a rarement fait des films purement de procès,
01:52comme celui-ci, qui se passe souvent dans un tribunal,
01:55mais on sait que Jugez coupable, sur la peine de mort,
01:57se passait en procès,
01:59Minuit dans le jardin du bien et du mal,
02:01qui est quand même la perte de grâce, je trouve,
02:03du cinéma de Clint Eastwood.
02:05On pourrait penser à L'Échange,
02:07il y a une partie procès dans L'Échange.
02:09La question de la justice a toujours intéressé.
02:12Il faut dire quelque chose,
02:13il y a aussi quand même un simple plaisir pour le spectateur.
02:17Si on aime Clint Eastwood,
02:19c'est incroyable comment on chausse les chaussons de Clint Eastwood.
02:22On se retrouve dans les années 90...
02:24Non, non, non...
02:26C'est vraiment des chaussons.
02:27Ou alors c'est des boots fourrés.
02:29Mais si vous voulez, il y a quelque chose...
02:31La musique, la photographie,
02:34l'art de narrateur dont tu parles,
02:37les thèmes...
02:38Il y a quelque chose comme ça,
02:40un principe simplement de reconnaissance,
02:42de plaisir d'être là, à cet endroit-là,
02:44d'avoir l'impression que ce film aurait pu être réalisé il y a 30 ans,
02:48avec autant de brio qu'il y a 30 ans,
02:50parce que, reprenons simplement pour attirer les spectateurs,
02:53le pitch de ce film est génial.
02:55C'est un pitch génial.
02:56Je ne sais pas si dans l'histoire du cinéma,
02:59tu parlais de l'impressable vérité de Lang,
03:01est-ce qu'il y a eu l'idée que peut-être le juré est coupable ?
03:05J'entends.
03:06Mais si on n'est pas super clintophiles comme vous deux,
03:09est-ce qu'on a du plaisir devant ce film-là, Marie ?
03:12Oui, mais c'est un plaisir, je dirais, classico-pépère.
03:16Voilà.
03:17Mais je prends, dans une époque...
03:19Par ailleurs, c'est quand même le film tout à fait estimable
03:23de quelqu'un qui nous prend par la main, c'est très didactique.
03:27Je vais vous expliquer comment marche le système judiciaire américain.
03:31Vous allez être dans les chaussures de ce juré qui en explique tout.
03:34Et faire ce film-là pour défendre, malgré tout,
03:37et il y a un vrai dilemme moral,
03:39parce que les personnages sont attachants,
03:41défendre, malgré tout, une idée que la vérité
03:45doit triompher, à l'époque de la fake news,
03:49dans l'Amérique contemporaine.
03:51Cette posture-là, elle est...
03:54Dans un film extrêmement lisible, par ailleurs.
03:56C'est ça qui est incroyable, une espèce de ligne claire.
03:59Et les acteurs Nicolas Hoult et Tony Collette,
04:03comment vous les avez trouvés ?
04:04C'était un plaisir de voir Nicolas Hoult,
04:06qu'on a vu dans des films où il n'a pas eu la chance de s'illustrer.
04:10Trop grimaçant.
04:11Des films qui jouent sur la comédie
04:13ou des films de super-héros qui sont un peu moins riches
04:16en termes de proposition de jeu.
04:18Il est assez bon en homme rongé par la culpabilité.
04:21Je trouve, dans tout ce qui est des échanges avec son épouse,
04:24notamment une scène...
04:26C'est un ancien alcoolique, le personnage.
04:28Il cache un peu, comme ça, ce sombre passé.
04:31Sa femme, elle veille au grain un peu de son alcoolisme.
04:34Il y a une scène où il lui avoue un peu qu'il a peut-être rechuté.
04:39Il devient tout rouge.
04:40Il arrive à faire quelque chose avec son visage,
04:42mais tout autant expressif.
04:44C'est vrai. Je suis assez d'accord avec vous.
04:47On suit les rails de ce film.
04:49C'est vrai qu'on parle beaucoup de la justice, de la vérité.
04:52Mais ce que j'y ai vu, surtout,
04:54c'est une espèce de construction de la lâcheté.
04:56Comment la lâcheté d'un personnage
04:58se construit et dans les bons sentiments.
05:01Qu'est-ce qui va menacer ces bons sentiments ?
05:04Même cette lâcheté.
05:05Le personnage est parfois lâche, moins lâche, plus lâche.
05:08Je trouve que cette lâcheté s'inscrit et parmi les jurés,
05:12et dans son univers familial et de manière totalement intérieure.
05:16C'est surtout cet aspect-là qui, je trouve,
05:19fait décoller le film par rapport à un film de procès.
05:22Il prend beaucoup de liberté par rapport au film de procès.
05:25Il fait intervenir les deux avocats, il chevauche leurs discours.
05:29C'est super chouette, ce montage alterné.
05:31Il n'est pas tout à fait dans un film de procès.
05:33C'est intéressant ce que tu dis.
05:35J'y avais pas pensé, de la construction de la lâcheté.
05:38On sait que le cinéma de Clint Eastwood,
05:40depuis le début des années 2000,
05:42c'est un cinéma qui s'intéresse beaucoup à filmer l'envers du héros.
05:46C'est le héros américain et on va le regarder de l'autre côté.
05:50Regarder la lâcheté par l'endroit même où on devrait dire la justice,
05:53le vrai ou le juste, c'est peut-être, pour le coup, très difficile.
05:57Je voulais juste dire un truc.
05:59Sur une mise en scène ultra classique et donc très bavarde,
06:03la fin, c'est deux plans muets.
06:06Et ça, c'est quand même exceptionnel.
06:09Un geste de mise en scène qui nous éblouit.