Xerfi Canal a reçu Pierre Veltz, ancien Président-Directeur Général de l'Etablissement public Paris-Saclay, pour parler des élite.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00Bonjour Pierre-Weltz. Bonjour. Pierre-Weltz, quelle meilleure manière de vous présenter
00:13que de parler de vos ouvrages ? La société hyper industrielle, l'économie désirable et
00:18donc bifurcation. Pierre-Weltz, aujourd'hui je vais vous poser une question un peu brutale,
00:26on a un vrai sujet avec les élites, avec la formation, c'est-à-dire le recrutement,
00:31formation des élites et ce sentiment que les élites vivent hors sol. C'est ce que pensent
00:37de plus en plus de grands nombres. C'est quoi votre vision ? Je la connais un peu votre vision
00:43mais développez-la. Oui, je ne veux pas tenir un discours populiste ou superficiel mais les gens
00:49ont raison. C'est-à-dire, je pense que nos élites, je n'aime pas beaucoup ce mot mais
00:55enfin l'utilisons-le, c'est vrai qu'ils se rassemblent trop, ils sont trop formés, on parle
01:00de l'ENA, ils sont trop concentrés pour une partie dans un tout petit nombre de lieux. Vous savez,
01:12j'ai regardé où vivaient les polytechniciens avec la nuire de polytechnique, j'ai regardé.
01:17C'est incroyable, c'est incroyable, c'est-à-dire vous avez plus de polytechniciens dans la seule
01:25ville d'Orsay que dans les dix départements de France où il y en a le moins. Je ne parle pas de
01:30Paris-Centre qui est hors concours et la banlieue ouest. Donc c'est aujourd'hui, la moitié des
01:38gens qui rentrent aujourd'hui dans les grandes écoles, je parle des écoles d'ingénieurs que
01:42je connais mieux, ont fait leur bac à Paris, la moitié. Les deux tiers ont fait leur prépa à
01:48Paris. Donc là il y a un sujet quand même. On a souvent dit que les effectifs des élites très
01:59concentrées en France étaient plutôt à l'échelle de la population suisse en nombre. Et puis il y a
02:04un problème qui s'en semble trop. Regardez nos derniers gouvernements, c'est quand même un des
02:09problèmes fondamentaux, à mon avis, du macronisme d'avoir été extrêmement recentré sur des profils
02:17sociologiques vraiment très limités. Donc je pense que c'est un sujet. Et il y a un... Donc
02:25ces gens sont de bonne qualité, on a une bonne administration, etc. Les travaux techniques sont
02:36nickels, mais par exemple la bifurcation écologique est le sujet numéro un pour moi,
02:42le sujet qui domine tous les autres. Et bien on ne peut pas faire ça juste avec des PowerPoints
02:48qui montrent les flux de carbone, etc. Là il faut de l'imagination, du récit. Il faut de l'imagination,
02:53de la créativité dans la présentation, du débat. Il n'y a pas vraiment de débat. Et puis il faut
03:01comprendre que le sujet n'est pas un sujet technique, c'est un sujet politique, c'est des
03:05choix de la société. Et ça on n'est pas vraiment, en France, avec notre système de recrutement des
03:10élites, on n'est pas vraiment outillé pour ça. Et puis il y a cette hyper concentration sur Paris
03:18Centre, et bien Paris Centre, pas l'Île-de-France, qui est quand même problématique. Bon, on ne va
03:25pas résoudre le problème maintenant, mais il est posé, ça fait longtemps qu'il est posé,
03:28il serait temps qu'on en prenne vraiment conscience. Merci à vous Pierre-Nels. Merci à vous.