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Depuis le 26 octobre dernier, les femmes afghanes n’ont plus le droit de se parler entre elles, ni d’entendre le son de la voix des autres femmes…

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00:00Il est 7h20, en toute subjectivité Anne Rosancher, depuis le 26 octobre dernier, les femmes afghanes
00:06n'ont plus le droit de se parler entre elles, ni d'entendre le son de la voix des autres femmes.
00:13Oui, d'abord, ils leur ont interdit l'accès aux salles de classe.
00:17Le 18 septembre 2021, un mois seulement après avoir pris Kaboul, les talibans ont fermé
00:22les écoles secondaires aux filles.
00:24Rien de plus dangereux qu'un cerveau qui étudie.
00:27Aux femmes, ils ont interdit de montrer leur visage, leurs cheveux, le moindre bout de corps.
00:31Ils leur ont interdit de se maquiller, d'être coquettes.
00:34Rien de plus dangereux que la force de la féminité, ses ressorts, ses rituels.
00:39Progressivement, ils leur ont tout interdit.
00:41Conduire, voyager, faire du sport, accéder au parc.
00:45Ils leur ont interdit d'aller au bain public.
00:47Était-ce l'idée même de la peau, de la chair, d'un galbe dans la chaleur condensée
00:52du hammam qui révulsait ces hommes ? Ou la possibilité que les femmes y parlent entre
00:57elles ? D'ailleurs, pour être vraiment sûre, le ministère du vice et de la vertu
01:01leur a interdit de parler tout court.
01:03C'était plus simple.
01:04Interdit de faire entendre le son de leur voix en public et puis depuis quelques jours
01:08de se parler entre elles.
01:10Les talibans écrasent les femmes et creusent leurs tombes.
01:14Car les nations qui maltraitent les femmes échouent.
01:16Non seulement ces sociétés se privent de la moitié de tout, de la moitié de l'intelligence,
01:21de la moitié de l'amour, de la moitié de la joie, de la moitié du courage.
01:26Mais elles produisent quantité d'hommes misérables, remplis de frustrations affectives
01:31et sexuelles, lesquelles frustrations génèrent la violence et le chaos.
01:35Tout cela est documenté par des études, l'une d'elles notamment, fut mise en avant
01:39par l'hebdomadaire The Economist il y a quelques mois.
01:42Et que disait précisément cette étude ?
01:44Trois chercheuses américaines ont mis au point un indicateur regroupant plusieurs éléments
01:49comme les mariages précoces des filles, la polygamie, l'inégalité de traitement
01:53des femmes dans le droit, la brutalité envers elles, etc.
01:57Et en testant cet indicateur pour 176 nations, ces chercheuses ont établi un lien statistique
02:03très fort entre le niveau de sexisme d'un pays et son instabilité politique violente.
02:09Il faut voir le graphique qui synthétise ce lien tant il est édifiant.
02:12Là où la femme est libre, l'homme est quelqu'un d'équilibré.
02:16Un pays où les femmes sortent le soir est un pays où je me sens en sécurité, résumé
02:22récemment Kamel Daoud, qui a obtenu ce lundi le prix Goncourt pour son roman Ouri, lequel
02:27met justement en scène une mère parlant à sa fille à naître dans la décennie noire
02:31de l'Algérie, martyrisée par l'islamisme.
02:34Oui, les sociétés qui maltraitent les femmes échouent, les sociétés qui croient écraser
02:40le désir en étouffant les femmes, sécrètent le désastre.
02:45C'est pourquoi les talibans afghans, tout comme les mollas de la république islamique
02:48d'Iran finiront par tomber.
02:50En attendant, nous aurons vu tout cela, nous aurons vu les libertés de ces femmes mutilées
02:55au nom du vice et de la vertu, et nous aurons fait si peu.

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