Matthieu Gobbi se livre sur ses valeurs, ses inspirations et les moments clés qui ont façonné son parcours. Une plongée dans l’univers d’un ingénieur entrepreneur.
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00:00Mathieu Gauvy, bonjour ! Bonjour Lucile !
00:02Je suis ravie de vous accueillir.
00:04Vous êtes la star de l'année, la star de l'été, la star des JO.
00:09On sait aujourd'hui, parce que je vous ai présenté en amont,
00:13que vous êtes l'inventeur de ce ballon qu'on a vu tout au long de l'été
00:17qui a bercé les Jeux Olympiques.
00:19Alors on va en parler bien sûr, mais on va d'abord parler de vous, petit garçon.
00:23Vous étiez déjà attiré par les ballons comme ça ?
00:26Comment c'est venu ?
00:27Je pense comme tous les petits garçons, plutôt aux ballons de foot.
00:30Et ça s'est mis à grandir à un moment donné, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:33Voilà, c'est ça.
00:35Non, le ballon et la montgolfière, c'est arrivé très tard.
00:39C'est arrivé alors que j'étais en école d'ingénieur,
00:41donc à l'âge de 20 ans à peu près.
00:43Une opportunité parce qu'un très bon copain qui est devenu mon associé
00:49habitait près d'une base de décollage de montgolfière.
00:52Et il m'a proposé qu'on fasse un vol.
00:54Et on a fait ce vol ensemble et on a adoré.
00:57Et on s'est lancé après.
00:59On a passé notre brevet d'aérostier.
01:02Et c'est comme ça que l'aventure du ballon a commencé.
01:06Alors juste avant, on va faire un petit peu de rétro pédalage en arrière.
01:09Vous êtes ingénieur, vous êtes X.
01:11C'est votre papa qui voulait que vous soyez X ?
01:14Ou c'est venu tout seul comme ça ?
01:16Parce qu'il voulait que vous soyez X ?
01:18C'est votre papa qui voulait que vous soyez X ?
01:20Ou c'est venu tout seul comme ça par vocation ?
01:23Alors il se trouve que mon père a fait l'X.
01:25Effectivement dans les années 60,
01:27lui était issu d'un milieu assez défavorisé
01:30puisque son père était un maçon italien
01:32qui avait immigré dans les années 30.
01:34Sa maman était concierge d'immeuble.
01:37Donc il a étudié dans des conditions difficiles.
01:40Il était à Marseille au lycée Thiers.
01:43Et il avait été repéré par des profs de maths
01:46qui lui avaient dit il faut que tu continues,
01:48il faut que tu fasses des études.
01:50Et il avait réussi le concours de polytechnique.
01:53Et ça l'a vraiment amené à s'épanouir
01:57dans son métier d'ingénieur.
01:59Il a fait carrière à la SNCF,
02:02notamment après dans les filiales de transport routier
02:06où il est devenu chef d'entreprise.
02:09Et donc oui, c'était un exemple de réussite
02:13et un exemple de curiosité.
02:16Donc oui, c'était certainement un modèle pour moi.
02:21Ma maman aussi était très motivée
02:24pour que je fasse des études brillantes.
02:27Pour elle, je pense que c'était naturel et important
02:30que ses enfants fassent des études brillantes.
02:33Donc les deux m'ont poussé,
02:35mais sans jamais que je ressente aucune pression non plus
02:38sur une réussite nécessaire.
02:41J'en n'avais pas vraiment besoin
02:43parce que j'étais moi-même très motivé.
02:46Je pense que les études scientifiques
02:49me convenaient très bien
02:52et répondaient à la curiosité que j'avais
02:55d'essayer d'un peu mieux comprendre le monde.
02:58Alors je pense que pour certains,
03:00ça passe par la philosophie.
03:02Moi, ça passait plutôt par les sciences.
03:05J'avoue que quand on prend un virage avec une voiture,
03:09on comprend ce qui se passe
03:11en termes de force, de vitesse, d'énergie.
03:14Ça vous anime ?
03:15Oui.
03:16Peut-être que ça me rassure
03:18parce que je me rends compte que je ne conduis pas mieux
03:21que des gens qui ignorent complètement tout
03:23des lois de la mécanique.
03:25Donc ça rend modeste.
03:27Mais au moins, ça me donne le sentiment
03:30d'appréhender les phénomènes qui régissent le monde
03:33au moins dans la physique, dans la mécanique,
03:36des choses concrètes et qui sont indéniables.
03:40Et vous-même, vous avez des fils, je crois ?
03:42Oui, j'ai deux fils et une fille.
03:44Voilà.
03:45Et vous avez projeté un métier d'ingénieur pour eux
03:48ou vous les laissez libres finalement ?
03:50Non, vraiment pas forcément.
03:52En plus, j'ai trois enfants
03:54et ils sont tous les trois très différents.
03:58Alors qu'ils ont les mêmes parents,
04:01ils ont le même environnement d'éducation
04:05et pourtant, ils sont très différents.
04:07Je pense qu'il faut s'appliquer à ce que chacun
04:11s'épanouisse vraiment dans son registre.
04:14Moi, c'est comme ça que j'ai été élevé.
04:17J'ai vraiment senti une très grande liberté.
04:19D'ailleurs, j'ai un frère et une sœur
04:23et chacun a suivi un parcours différent
04:26puisque moi, j'ai fait des études de sciences,
04:28mon frère de commerce et ma sœur d'art.
04:34Il ne manquait plus quelqu'un qui rentre dans les ordres
04:37ou peut-être un militaire.
04:39Et la boucle était bouclée.
04:41On retrouve ce côté indépendant chez vous
04:45dans le fait que vous êtes un entrepreneur depuis toujours.
04:47Vous n'avez pas vraiment été salarié ou pas longtemps.
04:51Non, jamais.
04:52En fait, il se trouve que j'ai créé…
04:55C'est quelque chose quand même,
04:57cette indépendance, cette liberté.
04:59Oui, c'est vrai.
05:00Mais ce n'était pas un but en soi.
05:03C'est plutôt les circonstances qui ont fait
05:07que j'ai été amené à créer ma société avec mon associé
05:12parce qu'on avait à cœur de réaliser ce projet,
05:16ce prototype de ballon captif
05:18et qu'il n'y avait pas de société
05:21dans laquelle on aurait pu faire ça
05:23ou apporter ce projet.
05:25On était une sorte de start-up avant l'heure
05:28parce qu'à l'époque, on ne parlait pas de start-up.
05:31Il y avait très peu d'ingénieurs
05:33qui créaient leur société en sortant d'école.
05:35Aujourd'hui, c'est beaucoup plus courant
05:38et c'est formidable
05:40parce que j'encourage tout le monde à tenter l'aventure,
05:44surtout que quand on est jeune, on ne risque pas grand-chose.
05:47C'est un peu l'approche qu'on avait en réalité.
05:49Vous ne pensez pas que ça allait durer 30 ans
05:51et qu'il y allait y avoir…
05:52Non.
05:53Si vous en rêviez peut-être.
05:55Oui.
05:56En fait, on ne se projette pas aussi loin que ça.
05:58Évidemment, quand on est aussi jeune,
06:00on a juste envie d'essayer.
06:04Et là, il y avait une entreprise qui était à la fois technique,
06:08puisqu'on réalise un prototype d'une machine.
06:12On se demande si ça va marcher.
06:14Et puis après, commercial,
06:16où il faut évidemment qu'il y ait un sens économique
06:19pour que l'aventure se prolonge.
06:21Bien sûr. On va en parler tout à l'heure.
06:22Elle se prolonge encore et encore.
06:24Ce qui est étonnant, c'est que votre associé est votre jumeau.
06:26Oui.
06:27Il est né le même jour, même année.
06:29Vous avez passé votre bac ensemble et vous avez fait les mêmes études
06:32et vous travaillez depuis 30 ans ensemble.
06:34C'est magique ça.
06:35C'est une âme sœur avec laquelle on construit sa vie professionnelle.
06:39Oui.
06:40Tout le monde rêve de ça.
06:42Je pense que c'est très important.
06:44C'est très difficile de s'associer.
06:45Oui. Pardon.
06:47Mais je pense qu'on a avec les amis d'enfance
06:50une relation de confiance qui n'a pas beaucoup d'égal.
06:57En tout cas, j'ai ce sentiment-là.
07:02Et c'est vrai que ça fait 30 ans qu'on travaille ensemble,
07:05qu'on est à la fois très semblables
07:07parce qu'on a exactement le même âge,
07:09on a vécu aux mêmes endroits, on a fait les mêmes études.
07:12On a le même signe astrologique, évidemment, puisqu'on est les mêmes jours.
07:16Donc normalement, les étoiles devraient nous pousser dans la même direction.
07:20Et en même temps, on est assez complémentaires aussi.
07:23On a des goûts un peu différents, des appétences un peu différentes.
07:27Et c'est à la fois cette complémentarité et aussi des liens communs
07:32qui font que l'association fonctionne.
07:35C'est une grande chance d'avoir une association réussie
07:38parce qu'on sait à quel point c'est difficile.
07:40Mathieu, on va marquer une petite pause et on se retrouve juste après.