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Manuel Bompard, coordinateur national de la France insoumise répond aux questions de Romain Desarbres au sujet de l'appel au boycott du match de football France/Israël prévu la semaine prochaine, du narcotrafic à Marseille, de la légalisation du cannabis et des propositions de LFI en termes d'impôts.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews " sur : http://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-romain-desarbres

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Transcription
00:00A Marseille. Bruno Retailleau se rend à Marseille aujourd'hui avec Didier Migaud, le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice.
00:05Ils y vont ensemble. Vous connaissez parfaitement cette ville. Vous êtes député des Bouges d'Urone.
00:10Comment est-ce que vous qualifieriez l'état sécuritaire actuel de Marseille ?
00:14La situation à Marseille est très difficile et les Françaises et les Français, notamment les Marseillaises et les Marseillais, en subissent les conséquences au quotidien.
00:22On assiste malheureusement depuis plusieurs mois à Marseille à des morts, à des assassinats, à des crimes qui ont lieu et qui frappent la population marseillaise.
00:30Ce que je regrette, c'est... On verra quelles sont les annonces précises, mais on en a eu quelques informations préalablement.
00:37Ce que je regrette, c'est qu'on s'inscrive toujours dans la même logique, dans le même raisonnement, dans la même manière de faire, qui ne produit aucun résultat.
00:44Ce que va annoncer M. Retailleau s'inscrit dans la continuité de ce qu'a annoncé M. Darmanin dans le gouvernement précédent et ça ne produit aucun des résultats.
00:54Donc moi, je plaide pour un changement de logique. Je plaide pour un changement de logique, c'est-à-dire d'abord en finir avec la politique de prohibition dans les annonces que va annoncer M. Retailleau.
01:03Mais c'est sûr que si vous autorisez la drogue, ça c'est sûr qu'il n'y aura plus de problèmes de trafic.
01:07Je n'ai pas dit que j'étais en train d'autoriser la drogue, je vous parle de la légalisation du cannabis, je vous parle de la légalisation du cannabis.
01:14Vous savez, en France, on a une des législations les plus répressives dans le monde et on a une personne sur deux en France qui a déjà consommé du cannabis.
01:21Donc vous pouvez continuer, si vous voulez, dans la même logique, mais ça ne produit aucun résultat.
01:25Ça occupe nos fonctionnaires de police à aller chasser les petits consommateurs au lieu de s'attaquer à la tête des réseaux, au lieu de démanteler les réseaux de la criminalité organisée.
01:35Et ça ne fonctionne pas et ça produit des drames au quotidien. Je pense qu'il faut changer de logique.
01:39Vous annoncez ce matin sur CNews et sur Europe 1 que vous demandez la légalisation du cannabis en France.
01:44Oui, bien sûr, je plaide pour la légalisation du cannabis. Je plaide également pour concentrer les moyens de police et de justice sur ce qu'on appelle la police judiciaire,
01:53c'est-à-dire sur le travail d'enquête pour remonter les filières, pour démanteler le haut du panier. Il faut changer de logique.
01:58Est-ce que vous savez que dans le budget qu'on est en train d'examiner à l'Assemblée nationale, on annonce 5000 suppressions de postes dans la police judiciaire ?
02:06Est-ce que vous savez ça ? 5000 suppressions de postes dans la police judiciaire ? La police judiciaire, c'est précisément celle qui est chargée de démanteler les réseaux,
02:13de remonter les filières, d'aller chercher le haut du panier. Vous pouvez continuer à vous attaquer aux petits consommateurs, mais ça ne produira aucun résultat. Aucun résultat.
02:21La légalisation du cannabis, ça ne va pas arrêter une seconde le trafic. Ça va créer un réseau légal et un réseau illégal.
02:28Non, ça va assécher les flux financiers dont se nourrit aujourd'hui la criminalité organisée. La vente de cannabis, la vente de drogue en France, c'est plusieurs milliards d'euros chaque année de profit
02:39qui se fait au profit de réseaux de criminalité organisée. Donc si vous voulez, il faut assécher cette masse financière, ce flux financier et la légalisation du cannabis.
02:49On vient ensuite de concentrer ses efforts sur des politiques de santé publique. Moi, je ne suis pas en train de vous dire que c'est très bien, c'est super de consommer de la drogue.
02:56Je vous dis que si vous voulez avoir une politique sanitaire efficace pour lutter contre la consommation de la drogue, la légalisation ne fonctionne pas. La pénalisation ne fonctionne pas.
03:05C'est ce qu'on met en oeuvre depuis des années et des années.
03:08La légalisation ne fonctionne pas, disent de nombreux spécialistes.
03:12Les médecins rappellent les dangers de la consommation de drogue.
03:16Mais attendez !
03:17Idées suicidaires, dépression, automutilation, absentéisme, absentéisme à l'école, absentéisme au travail, c'est la catastrophe pour la drogue.
03:23Précisément parce que là, ça poserait de graves problèmes, notamment de graves problèmes de santé.
03:29Est-ce que l'alcool a des conséquences néfastes sur la santé de la population ?
03:34Chez les jeunes à l'école, c'est signifiant.
03:36L'alcool a des conséquences néfastes sur la population.
03:38Oui, bien évidemment.
03:39Et pourtant, l'alcool n'est pas interdit.
03:41On fait des politiques de santé publique pour lutter contre la consommation d'alcool.
03:44Donc il faut des politiques de santé publique pour lutter contre la consommation de drogue et en particulier contre la consommation du cannabis.
03:51Mais la politique de prohibition, la politique de chasse aux consommateurs ne produit ni des résultats en matière de tranquillité et de sécurité publique, ni des résultats en matière de politique sanitaire.
04:01Donc si vous voulez, on peut continuer dans la mauvaise logique, mais moi, je plaide pour de l'efficacité.
04:06Et plaider pour de l'efficacité, c'est, à mon avis, légaliser le cannabis et concentrer les moyens policiers pour aller attaquer le haut du spectre de la criminalité organisée.
04:14S'il vous plaît, ne caricaturez pas mon propos en disant qu'on va permettre à n'importe qui de consommer de la drogue.
04:19Ce n'est pas un problème de consommer de la drogue, ce n'est pas ce que je suis en train de vous dire.
04:22Je suis en train de vous dire qu'en termes d'efficacité dans la politique contre la criminalité organisée, la politique à l'œuvre ces dernières années ne fonctionne pas
04:29et que M. Retailleau et M. Migaud veulent s'entêter dans cette voie-là.
04:33M. Retailleau fait le shérif, il bombe le torse, il va faire des annonces qui n'ont aucun sens, il va nous parler de peut-être créer un DEA à la française.
04:40Il y a déjà quelque chose qui s'appelle l'Office anti-stupéfiants en France.
04:43Ce n'est pas parce que vous lui donnez un nom américain que ça va avoir plus d'efficacité.
04:47Et à côté, les moyens en termes de police et de justice sont encore reniés dans le budget qu'on est en train d'examiner cette année.
04:53Donc on va accepter l'idée qu'il puisse y avoir un changement de logique qui soit plus efficace.
04:57Manuel Bompard, quelle est la responsabilité des consommateurs de drogue ?
05:00La responsabilité des consommateurs de drogue ?
05:03Qui donnent 50 euros pour avoir un peu de cocaïne ou un peu de cannabis.
05:07Ils se mettent déjà en danger eux-mêmes.
05:08Oui, mais ils mettent en danger également la population, ils achètent un bout de la Kalachnikov ou pas ?
05:13Quelle est leur responsabilité dans la situation sécuritaire de certains quartiers ?
05:16Excusez-moi, mais quand quelqu'un tue, celui qui est responsable, c'est d'abord celui qui tue.
05:21Et quand quelqu'un tue avec une Kalachnikov...
05:23Et pas celui qui lui a donné l'argent pour s'acheter la Kalachnikov.
05:25Non, mais justement, si vous voulez qu'on se pose cette question, c'est une très bonne question.
05:28Comment ça se fait aujourd'hui qu'en France, on puisse acheter une Kalachnikov au coin de la rue
05:32et que vous avez des jeunes de 16 ans...
05:34Quelle est la responsabilité des consommateurs ?
05:35Non, moi, ma question, c'est comment on fait en sorte pour qu'il y ait moins d'armes,
05:38pour qu'on lutte contre le trafic des armes,
05:40pour faire en sorte que ces jeunes-là, ils n'aient pas accès à des armes.
05:42Et bien ça, c'est pas le consommateur qui achète sa drogue aujourd'hui
05:46qui est responsable du fait qu'il y a des armes dans les mains de celui qui tue.
05:49C'est celui qui a livré les armes, c'est celui qui les a vendues, c'est celui qui fait de l'argent...
05:52Vous ne voulez pas porter du doigt la responsabilité des consommateurs de drogue ?
05:55Mais attendez...
05:56Non, mais je vous entends.
05:57Essayez d'écouter mon propos.
05:58Vous imaginez bien que je fais que ça.
06:00Essayez d'écouter mon propos.
06:01Je vous dis juste que la politique qui consiste à aller cibler le consommateur
06:05comme étant le responsable de toute la situation,
06:07c'est une politique inefficace qui ne fonctionne pas.
06:09Donc moi, mon sujet, c'est pas de ne pas plaider la responsabilité d'un tel ou d'un tel.
06:13Je ne soutiens pas les consommateurs.
06:15Je vous dis à quelle mesure je considérais qu'il fallait avoir des politiques de santé publique
06:19pour lutter contre la consommation de drogue.
06:21Je vous dis que si vous voulez lutter contre les réseaux de la criminalité organisée,
06:24c'est comme si je vous disais
06:25« Ah bah vous, vous considérez donc que les têtes des mafias ou des réseaux de criminalité,
06:30elles n'ont pas de responsabilité, que c'est les consommateurs qui sont responsables ? »
06:32Non, moi je pense que c'est ceux qui dirigent ces réseaux,
06:35qui se font des milliards d'argent,
06:36qui ensuite vont les blanchir dans les paradis fiscaux,
06:39qui ensuite acquièrent des avoirs de l'immobilier avec cet argent,
06:43qu'il faut lutter contre le blanchiment, qu'il faut lutter contre le trafic d'armes.
06:46Voilà ce qu'il faut faire, à mon avis, pour être plus efficace.
06:48C'est votre avis, Manuel Bourbon, proposition politique.
06:51C'est une part unité de la grande interview CNews Europe 1
06:54et vous êtes là pour donner votre avis,
06:55mais je veux bien comprendre ce que vous avez véritablement dans la tête d'air.
06:58Après il y aura du débat politique, j'en doute pas.
07:01Et ensuite les électeurs le diront.
07:03Budget, c'est la foire aux impôts avec vous ?
07:06Ah non, c'est pas la foire aux impôts.
07:08C'est la folie fiscale ?
07:10Ah, ça c'est ce que disent les ministres macronistes.
07:13Écoutez, c'est simple, M. Barnier dit qu'il faut faire 60 milliards d'euros d'économie.
07:17Le gouvernement de Michel Barnier veut faire porter cette responsabilité
07:20et veut faire payer le prix de ces milliards d'économies à l'ensemble des Françaises et des Français.
07:25C'est pas moi qui propose d'augmenter les tarifs d'électricité, c'est M. Barnier.
07:28C'est pas moi qui propose de reporter la revalorisation des retraites
07:31qui normalement a lieu au 1er janvier, c'est M. Barnier.
07:34Moi je propose une logique inverse,
07:36c'est-à-dire qu'on protège l'ensemble de la population de cette politique d'austérité
07:40qui va être dévastatrice d'un point de vue économique et social
07:43et on fait reposer les économies qu'on a besoin de faire.
07:45Non, c'est pas une politique d'austérité.
07:47Franchement, l'austérité, c'est pas ça.
07:49L'austérité, c'est on licencie les fonctionnaires, on n'augmente plus les retraites, c'est ça l'austérité.
07:54Une politique d'austérité avec plus de 5% pour les retraites
07:57quand l'inflation est à plus d'eux, c'est pas une politique d'austérité.
08:01Attendez, je crois que vous n'avez pas très bien suivi les annonces de M. Barnier
08:03parce que M. Barnier ne propose pas d'augmenter les retraites, il propose...
08:06Je parle de février dernier.
08:07Oui, d'accord, mais moi je vous parle de ce qui est prévu dans le budget de cette année,
08:09c'est ça dont on est en train de discuter, vous êtes d'accord.
08:11Bon, M. Barnier, il propose...
08:13Attendez, M. Barnier, il propose de revaloriser,
08:17de reporter la revalorisation automatique des retraites.
08:21Donc, il propose d'amputer et de s'en prendre aux retraités.
08:24M. Barnier, il propose d'augmenter les factures d'électricité.
08:27Donc, quand vous coupez 2% du PIB, ça s'appelle une politique d'austérité.
08:31Vous réclamez quoi, là ?
08:32Attendez, vous dites qu'on ne supprime pas de postes de fonctionnaires.
08:34Vous savez que dans le budget qui est prévu,
08:35il propose de supprimer 4 000 postes d'enseignants à l'éducation nationale.
08:382 000 fonctionnaires d'État.
08:40Oui, mais 4 000 postes d'enseignants.
08:41Vous pensez qu'on a besoin de supprimer aujourd'hui des postes d'enseignants ?
08:44Il y a moins d'enfants scolarisés.
08:45Non, mais arrêtez.
08:46Vous savez bien que dans nos écoles aujourd'hui,
08:48on a des problèmes de non-remplacement de professeurs.
08:50Vous ne pouvez pas me dire que c'est une bonne politique
08:52de supprimer 4 000 postes d'enseignants aujourd'hui
08:54quand, dans le même temps, on dit qu'il faut renforcer l'éducation
08:57et renforcer les moyens de l'éducation nationale.
08:59Manuel Bompard, vous réclamez toujours
09:00l'abrogation de la réforme des retraites.
09:02Oui, bien sûr.
09:03Coût estimé ?
09:04Coût estimé...
09:05Plus de 15 milliards d'euros ?
09:06Non, les chiffres même du gouvernement,
09:09c'est 4 milliards d'euros cette année.
09:11Oui, mais l'abrogation de la réforme.
09:13L'abrogation de la réforme des retraites,
09:15c'est les chiffres du gouvernement,
09:16c'est 4 milliards d'euros cette année.
09:18Et ensuite ?
09:19Et ensuite quoi ?
09:20Dans des projections à 20 ans ou à 30 ans,
09:23ils estiment le coût autour de 15 milliards à peu près.
09:27Ecoutez, voilà ce que je vous dis.
09:294 milliards d'euros cette année.
09:31Je pense que, par exemple,
09:32c'est une proposition que nous avons faite.
09:34Si nous créons une surcotisation
09:35pour les revenus au-dessus de 8 000 euros par mois,
09:37mensuel, 8 000 euros,
09:39s'il y a une petite surcotisation,
09:41on peut rentrer ces 4 milliards d'euros
09:42pour financer le retour à la retraite à 62 ans
09:45pour tout le monde
09:46et l'abrogation de cette réforme des retraites.
09:47Moi, je préfère que les gens puissent partir à la retraite à 62 ans,
09:50même s'il faut mettre à contribution
09:52les plus riches, les grandes multinationales.
09:54C'est ça la logique du budget que nous défendons.
09:56Manuel Bompard était l'invité de la grande interview CNews Europe 1.
09:59Merci, Manuel Bompard.
10:00Bonne journée.
10:01Vous repartez à Marseille ?
10:02Je vais partir à Marseille, effectivement.
10:04Bonne journée, Marseillaise. Au revoir.

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