Stéphanie Corbière, responsable du groupe IA de l'AFJE, explore l'utilisation croissante de l'IA générative dans les directions juridiques. Elle met en lumière des cas d'usage tels que la recherche juridique, la rédaction de documents et la gestion des contrats. Elle explique également en quoi l'intelligence artificielle change les relations entre avocats et directions juridiques.
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00:00On passe à notre séquence cas pratique avec une illustration concrète des applications
00:15de l'intelligence artificielle dans les directions juridiques avec Stéphanie Corbière. Stéphanie,
00:21tout d'abord, pouvez-vous nous présenter ce qu'est le groupe intelligence artificielle
00:26de l'AFGE et quelles sont les actions qui sont menées ? Avec plaisir, Arnaud. Déjà,
00:31petit prélude sur l'AFGE. L'AFGE, c'est l'Association française des juristes d'entreprise
00:35qui regroupe plus de 7000 juristes adhérents. C'est quand même significatif en France. Elle
00:41joue un rôle clé dans l'accompagnement de la profession face aux mutations technologiques et
00:46réglementaires. C'est dans cette dynamique qu'avec une dizaine de professionnels du droit,
00:51nous avons constitué ce groupe scientifique. Notre objectif est double. Tout d'abord,
00:55anticiper les défis que l'IA va imposer à notre profession, mais également, et c'est très
01:00important, outiller les juristes de façon à ce qu'ils puissent saisir des opportunités qui vont
01:05en découler, tout en gardant le contrôle sur l'IA. On en a déjà discuté. Nous avons structuré
01:11notre réflexion autour de trois grandes priorités. La première, c'est donner les moyens aux juristes
01:18de maîtriser l'IA, puisque c'est nous qui devons garder le pouvoir décisionnel et l'IA ne doit pas
01:26se substituer à nous. La deuxième des priorités, c'est la promotion d'une IA éthique. Évidemment,
01:33c'est presque impléonable de parler d'IA éthique sur des outils de l'IA juridique,
01:38mais il est impératif que l'IA dans ce secteur-là respecte les grands principes éthiques, les droits
01:43humains, etc. Et la troisième des priorités, c'est la préparation de la profession aux différentes
01:49transformations qui vont être induites par l'IA. Et c'est notre mission en tant que groupe
01:56scientifique de se positionner sur les nouvelles compétences à acquérir et les nouvelles professions
02:03qui vont arriver, comme par exemple le Digital Trust Officer. Et on souhaite vraiment que chaque
02:09juriste soit au maximum proactif face à ces changements, et donc on propose de plus en plus
02:14de formations, de façon à épauler les juristes dans l'adaptation et dans l'usage qu'ils peuvent
02:22avoir de ces outils. Comment fonctionne le groupe scientifique ? Il s'appuie sur l'organisation
02:27pré-existence de l'AIE, donc à la fois sur les commissions d'experts, donc je pense à la
02:31commission manager juridique, la commission compliance ou la commission concurrence,
02:35et également sur les délégations régionales. Et nous intégrons l'IA dans toutes ces réflexions.
02:40Et j'en profite pour vous inviter, téléspectateurs, à rejoindre pour approfondir tous ces enjeux lors
02:48du prochain campus de la FGE qui aura lieu le 19 novembre prochain à Paris. L'IA sera au cœur des
02:53débats et nous espérons que ces réflexions enrichiront notre vision commune de cette
02:58technologie et de son impact sur nos métiers. On a vu l'action menée par le groupe
03:06intelligence artificielle de l'AFGE, mais concrètement, quelles sont les applications
03:11de l'intelligence artificielle dans les directions juridiques, vous qui observez de près ces tendances
03:17de fond ? Oui, on l'a vu, l'IA transforme vraiment nos modalités de travail. Chaque direction juridique
03:23est différente. Ses besoins vont varier selon sa structure ou selon son secteur d'activité. Je
03:29pense qu'on est néanmoins tous d'accord pour dire que certaines tâches sont automatisables.
03:33Ça peut monter jusqu'à 30, 40, 45 % et on peut regrouper les usages d'IA par les directions
03:41juridiques en trois typologies. Automatisation, amélioration du processus décisionnel et
03:46amélioration de la communication et de l'engagement. Sur l'automatisation, il y a l'outil hors d'allié
03:51pour lequel l'IA est là aujourd'hui. Ça évite justement les tâches répétitives et chronophages,
03:59donc il peut y avoir la recherche juridique, la synthèse documentaire, la rédaction de clauses,
04:04la rédaction de contrats. Simple, je pense au petit NDA, mais sinon les avocats, on a encore
04:11besoin d'eux. Le deuxième cas d'usage, c'est l'amélioration des processus décisionnels,
04:16puisqu'il y a de plus en plus d'outils d'IA qui vont analyser des grandes tendances et qui
04:22vont permettre de prédire les décisions juridiques à l'avenir. Ça peut vraiment être
04:28un avantage décisif lors d'une stratégie de négociation. Le troisième cas d'usage,
04:37c'est l'amélioration de la communication et de l'engagement. On en a parlé, c'est tout ce qui est
04:42relatif aux traductions automatiques, reformulation de texte. Il y a également des outils qui proposent
04:47des formations continues qui vont être adaptées à la philosophie et aux autres processus de
04:51l'entreprise, donc ça va déjà très loin. Et on peut envisager aussi, pour ceux qui ont des grandes
04:55équipes, des préparations de fiches d'entretien RH en fonction des fiches de poste, donc c'est très
04:59diversifié. Mais au-delà de ces usages, je pense qu'il est vraiment essentiel que les directions
05:05juridiques prennent le temps d'analyser leurs besoins et leurs attentes. C'est deux impondérables.
05:10Aussi garder à l'esprit que le marché des Legal Tech, pour l'instant, il est encore assez éclaté,
05:14mais on va sur une tendance de concentration progressive et qu'il n'est pas exclu que les
05:20grands acteurs type Big Four acquièrent des outils à terme et proposent aux directions juridiques
05:26des solutions plus complètes et intégrées. On vient de voir les cas d'usage dans les
05:31directions juridiques, mais quid de la relation entre les directions juridiques et les avocats
05:37avec l'avènement de l'IA ? Vaste question. Je pense qu'aujourd'hui, l'impact est encore
05:42limité parce qu'il y a peu de cabinets, et De Gaulle l'a déployé, donc c'est bien,
05:47mais peu de cabinets qui ont déployé des solutions d'IA juridiques et encore moins
05:53des solutions d'IA françaises. Pour l'instant, l'impact reste quand même modéré. Mais si on
05:59essaie de se projeter avec enthousiasme, je pense que ça permettra à chacune des parties de se
06:04recentrer sur l'essentiel. L'avocat sera peut-être un petit peu allégé sur le volet purement data,
06:11et il pourra vraiment se concentrer sur un dialogue plus stratégique avec son client,
06:17donc, et mis sur les conseils de fond. Et là où je suis d'accord avec ce qui a été dit par Stéphane,
06:23c'est que les stagiaires dans les cabinets d'avocats ne vont pas disparaître, ils vont
06:26être affectés à d'autres tâches, et moins sur de la due deal, comme c'est le cas aujourd'hui.
06:32Néanmoins, pour que cela se fasse dans cet ordre, il est néanmoins nécessaire de mettre en place
06:40une communication accrue entre les parties. Et pour moi, il y a vraiment une responsabilité de la
06:45direction juridique et de l'avocat. La direction juridique d'une part, parce que les DJI doivent
06:50clarifier leurs attentes et leurs besoins sur les données transmises aux avocats. Est-ce qu'elles
06:54sont oui ou non d'accord pour que leurs données fassent l'objet d'une utilisation par IAG ? Et si
07:01oui, sous quelles conditions ? Et de l'autre côté, l'avocat doit être en mesure d'apporter
07:07une certaine transparence à son client pour dire « j'envisage de mettre vos données sur cet outil
07:13d'IA à telles conditions ». Il faut que ce soit très clair sur l'utilisation des données et ce
07:20qu'on fait dans l'IA. Exactement. Et après, sur la question des coûts, là je pense qu'on en est
07:27vraiment aux prémices. Effectivement, implémenter une solution d'IA, que ce soit en direction juridique
07:33ou en cabinet, c'est très coûteux parce qu'on parle d'architecture lourde, on parle de formation
07:38professionnelle. Donc effectivement, la direction juridique est légitime à s'interroger. Est-ce que
07:43oui ou non, la facturation risque de se répercuter chez moi ? Néanmoins, on peut quand même envisager
07:51peut-être à long terme des économies d'échelle qui vont bénéficier à tout l'écosystème. Et si
07:56ce n'est pas en monétaire, ça permettra peut-être à l'avocat de réallouer son temps sur d'autres
08:03problématiques à plus faire de valeur ajoutée. Bon, à suivre. On va conclure là-dessus. Merci
08:08Stéphanie, merci Régis, merci Léa et Stéphane d'avoir participé à ce premier numéro de Lex
08:16Inside Le Grand Débat. Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis et rendez-vous le mois prochain
08:21pour un nouveau numéro de Lex Inside Le Grand Débat.