Créée en 2016, la section cricket de l'ASPTT Lorient accueille des migrants issus pour la plupart d'Afghanistan. Fuyant leur pays pour raisons politiques afin d'échapper au régime des Talibans, ces jeunes hommes passionnés de cricket se retrouvent au sein du club qui les aide au delà de la pratique sportive !
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00:00...
00:14On n'a pas de famille en France.
00:16Ca fait 5 ans que je suis en France.
00:19Avant, j'étais dans la route, à droite, à gauche.
00:22Ca manque beaucoup, la famille et mon pays.
00:25Quand ils jouent au cricket, ils ont une famille.
00:28Ils sont tous ensemble et ça leur vide la tête.
00:31Quand ils ne font pas de sport ou quand ils restent chez eux,
00:34les soucis qu'il y a dans leur pays reviennent dans la tête.
00:38Quand ils viennent faire du sport ou du cricket,
00:40ils arrivent à s'évader.
00:43Leur famille, c'est leur copain,
00:45mais c'est aussi la famille de la SPTT,
00:47puisqu'ils sont toujours les bienvenus ici.
00:58...
01:01Je m'appelle Mohamed Ibrahim.
01:03Je viens d'Afghanistan.
01:05Il y a 14 ou 15 ans que j'ai quitté mon pays
01:08à cause de la guerre.
01:09...
01:11Je n'avais pas le choix du tout.
01:14Mon père était un général dans l'armée.
01:16Il a travaillé avec l'armée de France.
01:19C'est pour ça que mon père m'avait déjà dit
01:21que si tu vas, tu peux aller en France,
01:23ça sera mieux par rapport à toi.
01:24...
01:26Ça fait trois ans et demi que je suis dans le club de SPTT.
01:31J'ai fait mon CAP en France.
01:34J'ai passé mon CAP de l'électricité.
01:35Après, j'ai fait mon bac.
01:37Bac de l'électricité aussi.
01:40Là, je suis en contre-incendie.
01:41J'ai eu mon CAP, j'ai eu mon bac, le dos.
01:43Là, je suis content et tranquille ou quoi.
01:46Moi, je l'aurais ici. J'aimerais bien.
01:48...
01:51Les cours de français, vous y allez tous les combien de jours ?
01:54Lui, il va vers derrière de la gare trois fois par semaine.
01:57Trois fois ? Et ça marche bien ?
01:59Il a pris un peu de truc.
02:00La section criquet est née en 2016 au sein de la SPTT
02:04suite à une demande de l'association Sauvegarde 56
02:07qui s'occupe des migrants.
02:08Félix Saint-Germais a décidé,
02:10avec l'accord du directoire de la SPTT,
02:13de créer cette section de criquets en 2016,
02:16qui a beaucoup évolué parce qu'au départ, ils n'étaient pas nombreux.
02:19Maintenant, ils sont plus d'une vingtaine
02:22à venir s'entraîner sur le site de Carfleo.
02:24Donc, ça permettait de créer une autre section
02:27et d'aider, bien sûr, ces personnes qui arrivaient en France
02:31qui n'ont ni famille ni rien du tout,
02:32tout en sachant que le criquet, c'est leur sport national en Afghanistan.
02:37Donc, ils étaient heureux de trouver une association
02:40qui puisse les prendre
02:42et pouvoir, bien sûr, créer cette section criquets.
02:46Ça, c'est notre milieu de...
02:49L'équipe SPTT de Côte d'Or, à Lorient.
02:52Ça, c'est le T-shirt.
02:54Ça, c'est la drapeau de France, qui mélange trois couleurs.
02:58Bleu, blanc, rouge.
03:01Et...
03:04Ça, on l'avait jeté dans l'Italie.
03:09Et ça, c'est le maillot de notre...
03:12Lorient Criquets Club, à SPTT.
03:14J'avais un système social avant.
03:16J'avais demandé, par exemple, s'il y avait un club ou quelque chose.
03:19Ils m'avaient dit oui.
03:20Ils m'avaient donné un adresse d'ici.
03:22Après, j'ai trouvé le contact de la capitaine.
03:25En ancien, il s'appelle Solman.
03:27Là, il est parti de cette ville.
03:29Je l'ai contacté avec lui.
03:31C'est lui qui m'a ramené ici. Il m'a présenté avec Gémarc,
03:34avec Félix, avec Yannott.
03:37Avant, il y avait Pascal aussi.
03:39Il gérait, entre autres, les Afghans.
03:41Il est venu nous voir pour essayer de trouver un club
03:44qui puisse les accepter, parce que je sais que les intégrations
03:47n'étaient pas très faciles dans le secteur de Lorient.
03:51Et nous, on a tout de suite accepté l'intégration des Afghans.
03:55J'ai attendu le plus court qu'il a pu.
03:56La machine ne peut pas trop descendre.
03:59Non, ça va aller, c'est mieux.
04:00Il a mis le plus bas possible, autrement, après,
04:02elle va frotter contre la terre.
04:05Si il y a une bosse, elle va frotter contre la terre.
04:06Ils ont été refusés dans certaines villes
04:10ou dans certains clubs.
04:13Je ne sais pas pourquoi, mais nous, on a accepté tout de suite
04:16le fait d'ouvrir nos portes à l'SPTT
04:19pour ces gens qui viennent de l'extérieur,
04:21c'est-à-dire de l'Afghanistan ou des pays proches,
04:25mais aussi pour les gens qui veulent pratiquer le cricket.
04:28Ce n'est pas que pour eux.
04:29Bien sûr, eux, c'est le sport national,
04:30donc ils se réjouissent de venir faire du cricket entre eux,
04:35mais il y a des gens qui peuvent venir essayer le cricket.
04:37Si vous voulez venir essayer le cricket, vous venez avec eux.
04:40Ils seront ravis de vous montrer comment ça fonctionne.
04:43Oui, c'est comme ça, après, c'est comme ça.
04:48Les règles, c'est trop facilement, c'est trop, trop simple.
04:52Ce n'est pas trop de complication, il n'y a pas trop de compliqués dedans.
04:55Oui, mais par contre, si quelqu'un, il va comprendre la première fois,
04:59après, ça arrive directement dans sa tête.
05:01Voilà, c'est trop facile.
05:03Si, par exemple, quelqu'un, il voulait essayer,
05:06les portes, elles ont ouvert, toujours.
05:13Bien, ça, c'est bon.
05:14Ça, c'est le modèle.
05:23C'est très important, très important.
05:25Tous les matériels qu'ils ont là,
05:28ça, c'est la SPTT de Cordon et Lorient qu'ils ont acheté.
05:31C'est eux qui ont payé.
05:32Ils sont super sympas, ils sont super gentils.
05:35C'est eux qui ont participé avec nous, voilà.
05:37Chaque joueur, ils ont des chances qu'ils n'aient pas de matériel
05:41et on revient avec son matériel, ils vont jouer avec nous,
05:43ils vont participer avec nous.
05:45Mais ça, je vous dis, c'est grâce à la SPTT de Lorient.
05:50Et Flix du Marck et Flip, ils sont super sympas,
05:54ils ont fait organiser avec nous.
05:56Je veux dire merci à eux,
05:59qu'ils ont organisé avec nous.
06:01Par exemple, ils ont acheté du matériel, machin, tout.
06:04Oui, ça, c'est le neuf, ça, oui.
06:07On l'a aidé beaucoup
06:09dans son développement personnel et dans son intégration en France,
06:12notamment au niveau des études,
06:15puisqu'il a obtenu un CAP, il a obtenu un brevet,
06:18il a obtenu un bac.
06:20On les a...
06:21Ça, c'est la SPTT qui l'a aidé aussi ?
06:23On l'a aidé, forcément.
06:25On l'a incité à suivre des études
06:27pour pouvoir s'intégrer plus facilement en France.
06:30On y va, oui.
06:31On y va.
06:34On a un petit fourgon, donc quand ils ont besoin,
06:36ils nous appellent pour transporter du matériel et tout.
06:38On les a aidés aussi pour avoir des frigos.
06:43On a du personnel, des gens à la SPTT
06:45qui font partie d'une association
06:47qui récupère du matériel chez les gens
06:49et qui les redonne après.
06:51Donc, on les a mis en contact avec ces gens-là.
06:53Ça leur permet de récupérer quelque chose,
06:55parce que quand ils arrivent, ils n'ont rien du tout.
06:58Ils n'ont juste que leurs sacs à dos.
07:00Quand ils arrivent d'Afghanistan,
07:01ils ont fait des milliers et des milliers de kilomètres.
07:03Des milliers de kilomètres, en plus, avec des passeurs.
07:06Ça leur coûte de l'argent, ça leur coûte très cher.
07:08Et ils arrivent ici, ils n'ont plus rien.
07:09Ils ont juste un sac à dos.
07:10Donc, on les aide le plus qu'on peut.
07:14Quand on est venus en France,
07:16il y avait beaucoup de problèmes.
07:18Des problèmes de langue, des problèmes de travail.
07:20On n'avait pas d'assistance.
07:21Maintenant, c'est bien.
07:23J'ai un travail, j'ai l'assistance.
07:24Je peux parler, je peux travailler.
07:27Maintenant, c'est bien.
07:29Le cricket nous donne de la motivation.
07:31Sinon, si on reste à l'Orient, on reste chez nous,
07:35la tête, ça gonfle.
07:36Tu vois, on pense, pense, pense.
07:38Déjà, d'être déraciné, ce n'est pas simple.
07:40De quitter son pays et de venir dans un autre pays,
07:42ce n'est pas simple.
07:43Ce n'est pas facile.
07:45Quand tu es obligé de galérer, galérer, galérer,
07:47pour avoir quelque chose, c'est quand même...
07:51Oui, bien sûr.
07:53Je pense que ce n'est pas évident.
07:55Comme tu le disais, souvent, tu as des soucis
07:57et puis que ça te travaille dans la tête, c'est normal.
07:59C'est pour ça que je ne peux pas parler trop par rapport à la famille.
08:02Non, non, non.
08:05J'ai déjà peur de...
08:07Mon père, il est disparu à cause de ça, ma tête est là pour...
08:09Ton père est disparu ?
08:11Oui.
08:12Il est disparu ?
08:13Tu sais pour où il est ?
08:14Non. Ma mère, elle ne sait pas.
08:16Oh, putain.
08:17À cause de... Là, maintenant, il y a le bordel, là.
08:19Oui, ça ne t'arrange pas, non ?
08:22Lui, son père, il ne sait pas où il est.
08:24On lui a dit, il est disparu.
08:26Peut-être décédé, mais il ne sait pas.
08:28Et ça, ça lui travaille la tête, ça lui travaille la tête.
08:30Parce que, comme il dit, je ne sais pas où est mon père.
08:32Même sa mère, qui est restée là-bas, qui est très, très malade,
08:34elle ne sait pas où est son mari.
08:36Donc, c'est vraiment des gens qui ont besoin de notre soutien.
08:50Ils nous rendent un peu...
08:52Ils nous rendent cette valeur-là, sentimentale.
08:55Ce n'est pas pécunier, ce n'est pas... On ne demande rien.
08:58C'est vraiment pour...
08:59Moi, il faut se mettre à la place de ces gens-là.
09:02Si, nous, demain, on est obligés de s'expatrier en Afghanistan,
09:06je vais prendre ce pays-là par hasard,
09:08on ne va pas se retrouver.
09:10Donc, il faut réfléchir à tout ça et se mettre à leur place.
09:15Donc, on se met à leur place.
09:20On a gagné.
09:22C'est nous, le plus fort, ici.