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A Draguignan, le club omnisports ASPTT propose des activités sportives qui mêlent le public en situation de handicap avec un public valide.

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Sport
Transcription
00:00Le 9 octobre 1990, j'ai perdu la vue, décollement de rétine, donc là j'ai perdu mon boulot.
00:23Deux-trois ans pas de boulot, j'ai passé les concours d'administration réservés aux
00:29handicapés et je suis donc arrivé en préfecture du Var le 1er juillet 2002.
00:37Et ensuite j'ai rencontré par différentes occasions le président de l'SPTT de Réunion
00:44qui m'a proposé de créer une section d'e-sport avec lui et j'ai accepté mais je ne pensais
00:50pas qu'il allait m'être responsable de la section.
00:55En 2019, l'ancien président Henri Aldeguerre m'a dit « Alexandre, je souhaite que tu prennes la présidence. »
01:03Et pour moi, c'était énorme.
01:25On va faire une séance de tir à l'arc comme on fait d'habitude.
01:35On va retravailler la posture, la découverte de l'arc, c'est-à-dire qu'on va travailler
01:40le toucher au niveau de la main d'arc, la main d'arc qui va être positionnée sur
01:46la poignée et après l'autre main qui est la main de corde, de ressentir cette corde
01:51avec ces petites boules qui sont derrière qui permettent justement de mettre les trois doigts,
01:56c'est-à-dire l'index, le majeur et l'autre qui est juste en dessous.
02:01Le tir à l'arc avec la section d'e-sport, c'est que du bonheur.
02:05C'est un plaisir justement de faire tirer ces archers-là parce qu'on exploite d'autres sens,
02:11parce qu'ils sont en sur-efficience d'autres sens par rapport à lui, par rapport à l'attention,
02:15par rapport à la mémorisation d'une posture.
02:18Donc c'est que du plaisir justement de découvrir d'autres univers et leur univers aussi.
02:24Donc premier son.
02:27Deuxième son.
02:30Troisième son, ça va être un ballon de baudruche
02:35que je gonfle, qui sera pile poil au centre.
02:40Je suis malvoyant dû à une maladie en 2017,
02:45une tumeur au cerveau qui a été opérée le 15 novembre.
02:49Je ne vois que de l'œil gauche, j'ai 3,6 dixièmes à l'œil gauche avec les lunettes.
02:54Comment je suis arrivé au tir à l'arc ?
02:56Déjà ça c'est un truc de jeunesse où je me fabriquais mes propres flèches, mes propres arcs.
03:02Et donc comment je suis arrivé au tir à l'arc ici au Domaine du Dragon ?
03:07On avait donc une activité avec Jean-Alexandre, la SPTT,
03:14où on devait se rendre ici au Domaine du Dragon.
03:18Et c'est là que j'ai rencontré Patrick, et quand il m'a fait visiter le domaine,
03:22ça a été un rêve de gosse où je voyais cette forteresse et surtout le tir à l'arc,
03:29qui m'a permis de m'épanouir.
03:31Je suis dans l'espace.
03:34Il nous faut des victuailles pour aller ripayer à la forteresse tout à l'heure.
03:39Encocher sur votre cible.
03:43On travaille déjà une posture.
03:45La posture au niveau des non-voyants, eux, ils ont une maîtrise totale de l'espace.
03:50Pour eux, chaque mouvement peut être un danger, une marche, un poteau dans la ville.
03:56Donc déjà le corps, la posture est importante.
03:58Après au niveau du son, on travaille au son avec différents éléments.
04:06Vous êtes trois à l'avoir touché.
04:08Ils veulent faire aussi bien que les personnes qui sont valides.
04:12Donc ils mettent beaucoup plus d'énergie, beaucoup plus d'attention, d'implication.
04:17Et c'est pour ça que c'est un réel bonheur et plaisir de faire tirer ce type de public
04:23qui a envie et qui pourrait déplacer des montagnes.
04:27Alors pour vous donner un petit peu...
04:31Je reviens.
04:32Je reviens.
04:33Vas-y.
04:34Là, il y a le sanglier.
04:35Venez.
04:36Sentez le sanglier.
04:38Sentez le sanglier.
04:39Regardez où c'est qu'il y a vos flèches.
04:41Sans les retirer.
04:42Vous voyez, vous êtes dans le cœur.
04:44Depuis petite, je fais du sport.
04:46J'ai fait du karaté.
04:49Mon père était prof de karaté à Konami.
04:51J'ai fait de la danse.
04:53D'abord j'en fais.
04:54Le yoga, j'en ai fait chez moi.
04:56Le sport me plaît beaucoup.
05:00Concrètement, histoire de Karate, je suis un karaté.
05:03Je suis un karaté.
05:04Je suis un karaté.
05:05Je suis un karaté.
05:06Je suis un karaté.
05:07Je suis un karaté.
05:08Je suis un karaté.
05:09Je suis un karaté.
05:10Je suis un karaté.
05:12Concrètement, ils sont là surtout pour la santé et le bien-être.
05:15Pour vraiment passer un bon moment.
05:17Donc je leur crée des petits programmes, etc.
05:19Selon leurs objectifs aussi.
05:22La dernière.
05:24Et dix.
05:29Au niveau de l'évolution, par exemple Fabrice a perdu du poids.
05:32Je ne saurais pas dire exactement combien.
05:34Mais ça se voit visuellement déjà.
05:36Et puis même tous sur leur posture surtout.
05:39Parce que quand ils ont un handicap, souvent ils sont voûtés vers l'avant.
05:43Ceux qui sont non-voyants en général, ils sont toujours voûtés.
05:46Parce qu'ils ont peur des obstacles, etc.
05:48Donc c'est vrai que moi je vois l'évolution surtout dans les exécutions de mouvements.
05:54Et aussi après, mode un peu dans la respiration.
05:57Ça dépend après des publics.
06:00Tes mains, ça change.
06:02Ce n'est pas très important.
06:03Ce qui est important vraiment, c'est que tu resserres tes omoplates.
06:06Travailler vraiment ta posture.
06:07La section handisport, elle est en place depuis 2019.
06:12Et on la développe de plus en plus.
06:14Donc on a mis en place plusieurs sports.
06:17Hebdomadaires et d'autres sports plus occasionnels.
06:20Là on a commencé à inclure la section handisport dans toutes les autres sections.
06:25Donc à la muscu, à la randonnée, au cyclo, au tir à l'arc.
06:29Du coup voilà, de viser vraiment l'inclusion.
06:31Au niveau de la mixité, que les personnes soient valides, handicapées, en musculation.
06:37Même en altérophilie, ça se voit.
06:40Même en altérophilie par le biais du développé-couché.
06:43Parce que le développé-couché est la discipline altérophile des Jeux Olympiques.
06:48Elle porte le nom altérophilie.
06:50Mais développé-couché, c'est ce qu'ils pratiquent.
06:53Et les personnes valides comme les personnes handicapées la pratiquent.
06:57Maintenant il faut bien entendu adapter.
06:59Chaque section adapte, c'est clair.
07:01Mais l'important c'est que tout le monde se retrouve avec en dénominateur commun le sport.
07:15Donc cette table de showdown a été conçue par un Américain, un Canadien,
07:20qui était joueur de ping-pong et qui a perdu la vue.
07:24Et donc le but c'est qu'à balle, il y a des billes dedans,
07:28on ne joue qu'à l'oreille.
07:29Et de pouvoir mettre la balle dans le but adverse, avec différentes techniques.
07:33C'est un jeu qui est très technique, très stratégique.
07:36Parce que souvent si la personne en face est gauchère ou droitière,
07:40il faut savoir connaître ses points faibles pour pouvoir marquer le but,
07:47soit par sa droite, soit par sa gauche.
07:49Et puis ça demande une très grande concentration.
07:53Parce que l'oreille et le bras sont synchros.
07:57Et à la seconde près, même pas à la seconde près, le bras réagit tout de suite en fonction du bruit.
08:02Et ça c'est magnifique de voir la synchronisation qu'on a entre l'oreille et le bras.
08:11Il faut faire un engagement comme au ping-pong, et après on joue normalement.
08:15Et les points sont comptés deux par deux, sauf s'il y a faute.
08:19S'il y a faute c'est un point.
08:21Ce qui me plaît le plus c'est le showdown, sans problème.
08:29C'est vraiment là que je me retrouve, on va dire.
08:32La concentration qu'il faut avoir, mais aussi le plaisir de battre quelqu'un quand je prends des points.
08:42Oui, ça me plaît.
08:44La première fois j'ai dit, oh non c'est pas pour moi, ça faisait trop de bruit.
08:49Mais je n'avais pas essayé.
08:51Et une fois que j'ai eu la raquette entre les mains, c'était fini.
08:55Je ne pouvais plus quitter non seulement l'association, mais l'activité.
09:01Ça m'a énormément plu.
09:03Jouer au showdown avec des personnes voyantes, avec ou sans masque, c'est encore un niveau au-dessus.
09:10Parce que si la personne en face voit et nous sans masque, ça nous oblige à être encore plus incisives.
09:16Et quand nous malvoyons nos voyants, on arrive à marquer un but à une personne voyante.
09:21Pour nous c'est un point de plus.
09:23Ça nous pousse encore techniquement à aller encore plus loin.
09:27Et c'est encore plus valorisant pour nous.
09:29On aime beaucoup faire participer que ce soit les personnes en difficulté ou que ce soit nous.
09:35On aime beaucoup mélanger parce que ça nous permet de se mettre quelques secondes,
09:39quelques heures à la place de la personne d'en face.
09:42Et donc aussi à les mieux comprendre, à mieux s'adapter à eux.
09:46Et oui, on aime beaucoup faire ça.
09:48D'ailleurs on fait très souvent des événements où on ouvre au public.
09:52Où des enfants, des adultes, des personnes âgées peuvent venir aussi essayer
09:56et se mettre quelques secondes dans la peau des personnes qui vont en face.
10:00Et très souvent c'est hyper intéressant de faire ça parce qu'on a des retours
10:04où les gens nous disent « je ne pensais pas que les distances étaient si compliquées,
10:08de se concentrer sur l'oreille, etc. »
10:10Donc ça souvent c'est hyper intéressant.
10:13Pour moi, la mixité est essentielle.
10:16Non seulement pour le bien des handicapés d'être en contact avec des personnes non handicapées,
10:22des personnes valides, mais aussi surtout pour les personnes valides d'être en contact
10:26avec des personnes handicapées et qu'elles sachent aussi ce qu'un handicapé peut faire.
10:31Mais aussi qu'elles puissent être déjà sensibilisées lorsqu'elles voient des personnes
10:36handicapées dans la rue, de savoir comment faire, comment intervenir,
10:40quoi leur dire pour leur apporter leur aide.
10:43Donc cette mixité pour moi est essentielle pour le bien de la population.
10:47Tout ça, pour moi, c'est vraiment que du bonheur.
10:50C'est un petit bonheur qui me reste pour l'instant.
10:53Depuis que je suis aveugle, à part ces heures de sport qu'on fait,
10:57entrer en groupe, ça c'est vraiment chouette.
11:00On se sent un peu plus libre, un peu plus vivant.
11:06On est moins renfermé sur nous-mêmes et on est en collectivité.
11:12Moi ce que j'ai envie, c'est de donner envie que les personnes âgées se retrouvent en situation de non-voyant
11:19et qu'elles puissent goûter un peu au plaisir qu'on a à nous de pouvoir croquer la vie.
11:35Sous-titrage Société Radio-Canada

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