Les grands entretiens de Nathalie Iannetta "Paroles de sportifs" - Ladji Doucouré - Vidéo Dailymotion

LCP Assemblée nationale

Nathalie Iannetta reçoit Ladji Doucouré, athlète français, spécialiste du 110 mètres haies, double champion du monde en 2005. Dans les années 1990, le jeune Ladji Doucouré issu de la banlieue parisienne voue une passion pour le football. Il se lance dans l'athlétisme pour améliorer ses performances de vitesse mais avec une seule idée en tête ; devenir footballeur professionnel. Au fil des courses, au fil des sauts, au fil des années, il prend goût à l'athlétisme et se passionne pour la discipline. Aujourd'hui après une brillante carrière il revient sur son parcours, l'athlétisme en France, la culture sportive française, ses futurs projets et son rôle d'entraineur du grand espoir Sacha Zhoya. Comment son rôle de jeune entraineur lui a ouvert un autre regard sur la discipline ? Comment le monde du sport et plus particulièrement l'athlétisme ont-ils évolué ? Comment les athlètes doivent-ils s'adapter ? Comment fabriquer des champions ? Sa mission est aussi celle de fédérer autour de l'athlétisme, en créant son association « Golden Blocks » il permet à des jeunes d'accéder à une activité sportive ainsi qu'aux valeurs de solidarité et d'émancipation qui y sont associées. En cette année olympique, Nathalie Iannetta rejoint LCP, pour présenter une nouvelle collection de "Grands Entretiens" sur le sport, "Paroles de sportifs". 2024 année olympique, grande fête du sport dans l'écrin parisien : des femmes et des hommes incarneront le dépassement de soi, ils vont se surpasser sur les pistes, les rings, dans les bassins... et dans les fauteuils des « Grands Entretiens » de Nathalie Iannetta, ces grands sportifs qui ont connu le sommet des podiums, ou ceux qui en rêvent encore, viennent expliquer leur discipline et ses particularités, racontent leur parcours, leur détermination, leurs sacrifices pour des joies intenses. Les champions et les championnes se livrent sur la place du sport dans leur vie, les choix ou sacrifices que le haut niveau peut les amener à faire quant à leur vie personnelle, le travail d'équipe et l'importance de leur entourage. A travers ces témoignages et ces trajectoires hétéroclites, se dessinent le sens du sport et ses valeurs, qui mettent en lumière son caractère universel : "Paroles de sportifs". Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP : https://bit.ly/2XGSAH5 Suivez-nous sur les réseaux ! Twitter : https://twitter.com/lcp Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/ TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an Newsletter : https://lcp.fr/newsletter Retrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/ #LCP #LesGrandsEntretiens

Transcript

00:00 Générique

00:02 ...

00:20 -Pour beaucoup, vous allez rester l'homme d'Helsinki.

00:23 Bonjour, Laji Dukore. -Bonjour.

00:26 -L'homme d'Helsinki, c'était, à ce moment-là,

00:29 une médaille d'or, celle du 110 m, comme champion du monde.

00:32 On attendait ça depuis Stéphane Diagana,

00:35 et vous l'avez fait.

00:36 C'était... Je vais pas vous miner, quand même.

00:39 Vous avez presque pas changé,

00:41 mais c'était quand même il y a presque 20 ans,

00:43 Laji Dukore. -J'ai un peu plus de cheveux.

00:46 Oui, c'est vrai que ça fait maintenant 20 ans,

00:49 et ça a été un objectif de vie, je dirais,

00:52 et puis on l'a atteint.

00:54 Sachant que Stéphane Diagana fait partie de mes modèles,

00:57 ça m'a très motivé,

01:00 et puis voilà.

01:01 On essaie de suivre son cours,

01:04 mais c'est vrai que 2005, ça a été une très grande année,

01:08 et j'ai eu la chance d'être en équipe de France avec lui

01:11 sur la fin de sa carrière, et il fallait tout simplement

01:14 prendre le témoin et continuer.

01:17 -C'est le cas de le dire,

01:18 parce que le témoin, vous l'avez pris aussi,

01:20 parce que vous faisiez partie de l'équipe du 4 x 100,

01:23 avec Pognon, avec Delépine, avec Dovi.

01:26 C'était presque une génération bénie

01:29 de l'athlétisme et du sprint, en tout cas français.

01:32 -Quand on regarde avec du recul,

01:34 on avait une grosse génération, quand même.

01:37 Une très grosse génération, et puis...

01:39 Moi, je suis super content de faire partie de cette génération.

01:42 On a un peu cassé le jeu, comme on dit.

01:45 -Le moule, en tout cas.

01:46 -On a cassé le jeu, on a fait des performances,

01:49 et puis on appelle ça comme ça dans le milieu,

01:51 "casser le jeu".

01:53 Aujourd'hui, on est un peu nostalgique de tout ça.

01:56 On se dit "pourquoi on était aussi forts ?"

01:58 Aujourd'hui, on a un peu de mal.

02:00 -On va parler d'aujourd'hui, mais d'abord,

02:02 ça n'existe pas, les générations spontanées.

02:05 Ca veut dire qu'à un moment, ensemble,

02:07 des gens qui avaient des aptitudes ont été repérés,

02:11 accompagnés,

02:12 et sont devenus des champions.

02:14 Qu'est-ce qui, dans l'environnement,

02:17 qui a été le vôtre, dans votre enfance,

02:19 parce que la piste d'athlète, c'est quelque chose

02:21 qu'on appréhende en sortant de l'école,

02:24 qu'est-ce qui fait qu'à un moment,

02:26 vous vous êtes dit "c'est là que je vais aller",

02:28 alors qu'en réalité, votre truc à vous, c'était le foot.

02:31 -Ah, là, à fond, là.

02:33 J'avais un plan Mbappé fait avant qu'Mbappé naisse.

02:37 -Il était né en 2005, mais il n'était pas grand.

02:40 -Ouais, ouais, tout simplement,

02:42 parce que je pense que je suis tombé sur

02:45 des encadrants, des éducateurs,

02:47 qui avaient envie de me tirer du terrain

02:50 qui était derrière chez moi,

02:52 du terrain de foot du club,

02:54 et voilà, ils m'ont pointé du doigt en me disant

02:56 "petit gamin, t'es pas mal".

02:58 -Toi, t'as quelque chose.

03:00 -T'as quelque chose, et à partir de ce moment-là,

03:03 tu te sens considéré, tu te sens vu,

03:05 et que t'es pas pointé du doigt dans le mauvais sens

03:07 où "attention, il y a quelque chose qui est bien,

03:10 "qui est très positif, viens faire un tour sur notre terrain,

03:13 "c'est bien, il y a des copains aussi,

03:16 "il y a quelque chose à faire".

03:17 Et à partir de ce moment-là, j'ai senti qu'il y avait une envie,

03:21 une envie, je me faisais...

03:23 J'étais aimé.

03:25 J'étais aimé de tout le monde,

03:26 mais il y avait un petit truc et puis...

03:29 -Un peu admiré. -Ouais, ouais.

03:31 Et à partir de ce moment-là, je me suis laissé porter

03:34 et on est partis sur le terrain.

03:35 Je connaissais pas du tout ce milieu-là,

03:38 c'était quelque chose de nouveau,

03:40 j'avais pas envie de faire de l'athlétisme,

03:42 je savais que je courais vite,

03:44 j'avais pas envie de mettre de collants.

03:46 -De pointes. -De pointes et de courir sans pour rien.

03:50 Je suis allé avec mes copains et en fait...

03:52 Au foot, avec mes copains, et je me suis rendu compte

03:55 que dans un groupe d'entraînement, de gamins de mon âge,

03:58 il y avait des gens qui venaient de partout.

04:00 Le paraître, c'était secondaire.

04:02 Tu pouvais pas montrer ta dernière paire de chaussures,

04:05 comment t'étais habillé, tout le monde fait la même chose.

04:09 Il y avait un groupe d'entraînement fait de garçons, de filles,

04:12 qui venaient de divers milieux, et ça m'a plu.

04:15 -On va resituer le contexte,

04:17 vous êtes un enfant de la banlieue parisienne,

04:20 on est donc au début des années...

04:22 Fin des années 90, début des années 2000,

04:24 donc ce fameux football dont vous parlez

04:26 est devenu un truc de fou,

04:29 où chaque enfant qui a quelques aptitudes

04:31 se dit "c'est ça que je vais faire",

04:33 et donc vous, vous bifurquez sur l'athlétisme.

04:36 Vous dites "mes éducateurs ont vu quelque chose en moi",

04:39 vous, vous saviez que vous couriez vite,

04:41 mais à quel moment vous vous êtes dit "je vais sauter des haies" ?

04:45 Non, parce que sérieusement, la J.Doucouré,

04:48 pour les gens qui nous regardent et pour moi-même,

04:50 c'est quand même une épreuve d'athlétisme

04:54 très particulière, la haie.

04:56 -En fait, ça, voilà, quand on revient dans le contexte,

04:59 on se dit bien que la génération Henri,

05:02 un LK, Ronaldo, R9, ça va très vite.

05:05 -Le vrai Ronaldo, disent les anciens.

05:07 -Ca passe au-dessus de certains tacles,

05:10 mais ça joue avec de la vitesse,

05:12 des overmars, bon, je vais m'arrêter là,

05:14 et donc l'objectif, c'est de devenir footballeur.

05:17 Et je me dis, si je fais un peu d'athlétisme,

05:19 j'irai encore plus vite et je pourrai faire des grampons,

05:23 les gestes techniques, roulettes au-dessus du corps.

05:26 -On fait de l'athlé pour être meilleur au foot,

05:28 mais on laisse pas le foot tout de suite.

05:30 -Non, on laisse pas le foot. -Quand est-ce qu'on le laisse ?

05:34 -J'apprends à faire du décathlon, à lancer,

05:36 à sauter, à courir longtemps, à courir vite,

05:39 à faire des haies, donc je touche un peu tout,

05:41 mais l'objectif, c'est de faire du foot, quoi.

05:44 Et je me rends compte que le milieu est pas mal.

05:46 -De l'athlé ? -Ouais, pas mal.

05:48 Et en fait, au Champion de France jeune,

05:51 je me fais casser le tibia.

05:52 Et là, le rêve s'arrête, tout simplement.

05:55 J'aurais peut-être pas fait carrière,

05:57 mais j'avais quoi, 14, 15 ans ?

05:59 14 ans, et je me fais... Voilà.

06:02 Je prends un tacle.

06:03 On dit "simulation".

06:05 C'est l'époque Ravanelli.

06:07 -Vous dites ça parce qu'il est italien ?

06:09 -Ouais, il tombait facilement.

06:12 J'ai un peu la haine contre le football,

06:14 ce sport que j'aime tellement.

06:16 La Montréal haine son ami.

06:19 Et là, je me dis, bon, bah non,

06:21 moi, c'était le football.

06:23 Là, je me suis fait casser le tibia.

06:25 Moi, mon rêve s'arrête.

06:27 Et petit à petit, il y a l'équipe et les amis de l'athlétisme

06:30 qui me disent de revenir, c'est sympa,

06:33 "regarde, tu vas apprendre à courir pour toi,

06:35 "avec les copains, ça sera pas pour les autres,

06:38 "et du coup, tu t'es sacrifié pour les autres,

06:41 "et là, tu as eu ton mal au tibia."

06:43 Et en fait, ça s'est inversé,

06:45 j'ai commencé à faire du décathlon.

06:47 Et puis, pour le 110 mètres haies,

06:49 c'était, je pense, un peu le même système.

06:52 C'est...

06:53 La plupart des gens avaient peur de passer des haies.

06:56 Et moi, j'avais aussi peur,

06:59 mais en fait, j'y allais,

07:01 et du coup, on est revenus vers moi avec le doigt

07:04 en disant "c'est pas mal ce que tu fais sur les haies,

07:06 "tu pourrais aller plus vite si tu faisais ça."

07:09 Et j'ai vu qu'il y avait de l'intérêt,

07:11 et ça m'a encore plu, et dans la tête,

07:13 je suis parti en me disant

07:15 "je vais faire du 110 plus tard."

07:17 -Ouais. Et comment on acquiert

07:20 cette technique de...

07:22 des haies ?

07:24 Parce que pour nous, simples, mortels,

07:26 on court, OK, éventuellement,

07:28 on peut faire du son en hauteur,

07:30 mais les deux en même temps, sur une distance de centimètre,

07:33 il faut du rythme, il faut de la précision,

07:36 il faut de la puissance et il faut de la vitesse.

07:39 -Beaucoup de choses. -Mais comment vous faites ?

07:41 -Ah, bah là, c'est...

07:43 Je pense que je suis tombé amoureux de l'athlétisme,

07:46 après coup, et...

07:47 Je me suis intéressé à la discipline,

07:49 j'ai essayé de regarder un peu... -Regardez ça.

07:52 C'est magnifique ! -C'est clair.

07:54 -C'est magnifique. -Je me suis intéressé

07:56 à ce qui s'était passé, les grands champions,

07:59 Marie-Jo Perret, notamment, j'avais vu dans les yeux de mon père

08:02 tout ce qu'elle avait fait, donc je me suis inscrit

08:05 vraiment en athlétisme après 96,

08:07 et...

08:08 Et les grands champions, donc, il y avait Colette Besson,

08:12 Guy Dru, c'est qui ce monsieur ?

08:14 Guy Dru, il court, il passe des...

08:16 C'est marrant, ça, c'est bien,

08:18 c'est pas forcément le plus rapide qui va gagner,

08:21 c'est le plus malin, celui qui va éviter les obstacles.

08:24 C'est un petit raccourci, mais ça me rappelait

08:27 un peu les jeux que je faisais dans mon quartier,

08:29 où tu rajoutais toujours une petite difficulté.

08:33 Jongler, c'est bien, mais jongler en alternant les jambes,

08:36 c'est bien. Le tour du monde, comme tout gamin a fait,

08:39 passer par là et revenir là, ça change un peu,

08:42 ça te fait des petits challenges, donc faire la course

08:45 contre tout le monde, c'est bon, j'ai déjà fait,

08:47 je le fais en club pour apprendre pour le foot.

08:50 -C'est le dépassement de soi. -Tu fais la course

08:53 et chaque "et" est différente.

08:55 Chaque impulsion et réception, c'est différent,

08:57 et ça amène un petit truc qui a fait que je suis tombé amoureux

09:01 de ça. -Oui. Vous avez parlé

09:02 de Guy Dru, vous avez parlé de Stéphane Diagana,

09:05 il y a donc vous, maintenant,

09:07 dans cette histoire-là,

09:09 il y a Akharistan aussi, c'est une très grande école.

09:12 Et maintenant,

09:15 et maintenant sur la "et",

09:18 on va parler de l'athlée et de celui que vous accompagnez.

09:23 -Accompagnez.

09:24 -On a perdu le savoir-faire ?

09:27 Ou bien ça va revenir ?

09:29 -Non, je dirais qu'on a le savoir-faire.

09:34 Et malheureusement, après, c'est mon avis,

09:37 je casse pas forcément le système,

09:40 mais je dirais tout simplement

09:42 qu'on est dans une génération où on fait attention aux datas.

09:47 -Oui. -Vous allez voir,

09:48 donc il faut faire des mises à jour.

09:51 Si tu fais pas de mise à jour,

09:53 t'es plus dans le train,

09:56 t'es plus dans l'air du temps.

09:58 On sait faire des champions

10:00 et on se pose sur nos acquis, tout simplement,

10:03 sauf que la tendance, ça change.

10:05 Et les mecs qui font du 110 m au rez,

10:08 c'est des sprinteurs purs, qui vont super vite.

10:11 -Plus qu'à votre époque. -Et plus qu'à l'époque d'avant.

10:14 Et les techniques d'entraînement, elles changent.

10:17 J'aime bien faire le rapport avec le football,

10:20 parce que c'est un sport très populaire

10:22 et les gens s'intéressent plus que l'athlée.

10:25 Le football d'aujourd'hui, le gardien est très important,

10:28 il faut qu'il joue des deux pieds, il faut qu'il sorte,

10:32 c'est le 11e joueur. -Pour de vrai.

10:34 -Pour de vrai, ouais.

10:35 Et il y a des systèmes de jeu qui ont changé,

10:38 le ballon va plus vite qu'avant.

10:40 Et l'athlétisme, c'est pareil, le 110 m au rez,

10:42 maintenant, t'as des pointures,

10:44 mais les techniques de course, elles changent,

10:47 les intervalles sont toujours pareils,

10:49 la musculation, elle change,

10:51 il faut changer les techniques, les gars sont plus grands,

10:54 plus fins, il faut adapter à chacun.

10:56 Et je dirais qu'en général, en France,

10:59 je vais pas me faire de copains,

11:01 on reste sur nos acquis, parce qu'on sait faire,

11:03 on a pas besoin de regarder à gauche ou à droite.

11:06 -Vous êtes éducateur, vous avez une assoce dont on va parler,

11:10 parce qu'elle est formidable,

11:11 et puis vous accompagnez aussi des sportifs de haut niveau.

11:15 Vos inspirations, elles viennent d'où ?

11:17 -Elles viennent forcément de ce que j'ai fait moi,

11:20 de ce que j'ai fait avec mon entraîneur,

11:22 de ce que j'ai pu vivre en tant que sportif

11:25 en allant à l'étranger.

11:27 J'ai eu des concurrents, j'ai regardé ce qu'ils faisaient,

11:31 comme Leung Chiang,

11:32 Tramiel, Jackson, Johnson...

11:36 -Et aujourd'hui, il y a des nations références ?

11:39 Il y a des nations plus...

11:41 -On sait que les Etats-Unis, c'est un gros vivier

11:44 sur le 110 m. -Ca l'a toujours été

11:46 sur toutes les disciplines d'athlètes.

11:48 -Beaucoup, parce que le sport,

11:51 aux Etats-Unis, est différent,

11:54 fait partie de la culture.

11:57 -De la vie. -De la vie, ouais.

11:59 Et en France, on a cette chance-là d'avoir des talents,

12:02 mais on n'a pas cette culture sportive.

12:04 Je sais que je ne veux pas me faire d'amis,

12:07 mais on n'a pas une culture sportive.

12:09 Ca ne veut pas dire avoir des champions.

12:11 Tout ce qui va derrière, c'est de faire du sport tout le temps.

12:15 C'est manger, dormir, boire, sport.

12:18 -C'est pas un hobby,

12:20 c'est pas quelque chose qu'on fait quand on a le temps.

12:23 Ca devrait être intégré dans nos systèmes d'éducation.

12:27 -C'est pas encore ça, pour moi.

12:28 Aujourd'hui, on a la chance...

12:30 Maintenant, je suis entraîneur,

12:32 et je le vois avec Sacha, que j'entraîne,

12:35 qui est franco-australien, des Zimbabwe.

12:37 -Sacha Zoya,

12:38 pour nos téléspectateurs qui ne le connaissent pas,

12:41 c'est l'un des plus grands espoirs de médaille

12:44 pour les Jeux de 24, mais bien au-delà,

12:46 parce qu'il est très jeune, Sacha.

12:49 Il vous a choisi, vous l'avez choisi.

12:52 Il y a le modèle fédéral,

12:54 et puis il y a vous, en plus, à côté.

12:57 -On habite ensemble.

12:58 Maintenant, il y a des choses où...

13:00 -Qu'est-ce qu'il a, ce garçon ?

13:02 -Quand il a fait appel à moi, il m'a dit clairement

13:05 "Je sais que t'es un jeune coach,

13:07 "on m'a pas recommandé de m'entraîner avec toi

13:09 "parce que tu débutes."

13:11 Je lui ai dit "Je le sais bien, c'est le jeu.

13:13 "Maintenant, j'ai besoin de tout en vécu d'athlète,

13:16 "et je sais que tu vas tout faire

13:18 "pour que tu rehausses ton niveau de coach

13:21 "et que tu vas t'adapter à ce qui se fait,

13:23 "parce que ce qu'il me parle, ça va être ton vécu

13:26 "et ce qui se passe sur le terrain."

13:28 Je lui ai dit "OK, let's go."

13:30 Si tu vois que ça bloque, tu me le dis,

13:32 on se parle entre hommes, même si quand il est arrivé,

13:35 il avait 17 ans, aujourd'hui, il a 21 ans,

13:38 on a un rapport d'entraîneur-entraîné,

13:40 manager, coaching, on parle de tout,

13:42 et c'est ce qu'il est venu chercher.

13:44 On s'adapte à lui, à ce que j'ai vu,

13:47 à ce que je peux voir, à ce que je peux aller chercher,

13:50 et c'est comme ça qu'on évolue.

13:52 On va chercher des datas partout.

13:54 -Et quand on a un...

13:56 -Un talent comme ça. -Un bijou comme celui-là.

13:58 -On a une pression.

13:59 -Et comment on arrive à le façonner ?

14:01 Est-ce qu'on y est pour quelque chose ?

14:04 Est-ce que c'est lui tout seul ?

14:05 Est-ce que c'est la rencontre de plusieurs savoir-faire

14:08 et de plusieurs ambitions ? -C'est un tout, tout simplement.

14:12 C'est un environnement qui fait que ça marche,

14:14 c'est pas que l'entraîneur ou que l'athlète ou que la kiné,

14:18 c'est un tout, on essaie d'avoir un équilibre,

14:20 on a un objectif commun, c'est de faire en sorte

14:23 qu'il progresse. -Il a progressé.

14:25 -Il a progressé, ouais. -Beaucoup.

14:27 -On n'a pas d'outil qui pourrait dire,

14:29 "Tel gamin, tu le scans, tu peux l'amener jusque-là."

14:32 On n'a pas ça, ça n'existe pas.

14:34 Avec tel coach, telle technique, il devrait faire tel chrono.

14:38 Ca n'existe pas.

14:39 Il y aura toujours des gens qui vont dire,

14:41 "Il aurait dû faire ci, il devrait faire ça."

14:44 Aujourd'hui, il progresse.

14:45 On est dans ce qu'on doit faire.

14:47 A chaque début de saison, comme tout coach,

14:50 on a des objectifs. Je lui dis, "Je vais t'amener là,

14:53 "tu es capable de faire ci, ça." -Ca marche.

14:55 Oui, là, le bois.

14:58 -Ca marche. -On est à quelques mois

15:00 d'une grande échéance. -Et les ambitions,

15:02 elles sont hautes.

15:04 Il faut qu'elles soient toujours hautes,

15:07 parce que c'est un... On ne va pas se cacher,

15:09 c'est un talent.

15:10 Et ce gamin-là, il faut qu'il garde cette fougue

15:14 et qu'il ait envie de tout casser.

15:16 Casser le jeu, comme je disais.

15:18 -Comme vous l'avez fait avec votre génération.

15:20 -Il finit le jeu, il le casse.

15:22 -Il faut qu'il soit meilleur que vous.

15:24 -Il faut qu'il fasse tout ce que j'ai pas pu faire.

15:27 -C'est quoi ? -Médaille olympique.

15:29 Champion olympique. -Les premiers Jeux,

15:32 c'était il y a 20 ans, pour vous, c'est Athènes, 2004.

15:35 Qu'avez-vous éprouvé quand vous vous êtes retrouvé

15:37 dans la délégation olympique ? -J'étais super fier.

15:40 Les Anneaux olympiques, l'armée française du sport,

15:44 c'est... Oh ! -C'était ouf.

15:45 -Ah ouais, mais c'est... C'est vraiment...

15:48 -C'est autre chose, les Jeux, c'est unique quand on est athlète.

15:52 -Là, t'es gravé dans l'histoire, mais jusqu'à...

15:54 On le verra pas, mais les personnes après nous vont se dire

15:57 "Tu te rends compte, ils ont eu des Jeux à telle période,

16:00 "il y a eu ci, il y a eu ça."

16:02 Si tu excelles, c'est...

16:04 Non, mais c'est juste ouf, quoi.

16:07 -C'est un grand rendez-vous pour l'athlétisme français,

16:10 dont on a dit depuis le début de cet entretien qu'il a été,

16:13 qu'il est plus, ou presque plus, ou en tout cas beaucoup moins,

16:17 où il y a une grosse chute,

16:18 il y a plus d'école du sprint français,

16:21 il y a plus d'école de sport,

16:22 et il y a plus de sport de sport,

16:24 et il y a plus de sport de sport,

16:26 et il y a plus de sport de sport,

16:28 et il y a plus de sport de sport,

16:30 et il y a plus de sport de sport,

16:32 et il y a plus de sport de sport,

16:34 et il y a plus de sport de sport,

16:36 et il y a plus de sport de sport,

16:38 et il y a plus de sport de sport,

16:40 et il y a plus de sport de sport,

16:42 et il y a plus de sport de sport,

16:44 et il y a plus de sport de sport,

16:46 et il y a plus de sport de sport,

16:48 et il y a plus de sport de sport,

16:50 et il y a plus de sport de sport,

16:52 et il y a plus de sport de sport,

16:54 et il y a plus de sport de sport,

16:56 et il y a plus de sport de sport,

16:58 et il y a plus de sport de sport,

17:00 et il y a plus de sport de sport,

17:02 et il y a plus de sport de sport,

17:04 et il y a plus de sport de sport,

17:06 et il y a plus de sport de sport,

17:08 et il y a plus de sport de sport,

17:10 et il y a plus de sport de sport,

17:12 et il y a plus de sport de sport,

17:14 et il y a plus de sport de sport,

17:16 et il y a plus de sport de sport,

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17:40 et il y a plus de sport de sport,

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19:50 et il y a plus de sport de sport,

19:52 et il y a plus de sport de sport,

19:54 et il y a plus de sport de sport,

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19:58 et il y a plus de sport de sport,

20:00 et il y a plus de sport de sport,

20:02 et il y a plus de sport de sport,

20:04 et il y a plus de sport de sport,

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20:26 et il y a plus de sport de sport,

20:28 et il y a plus de sport de sport,

20:30 et il y a plus de sport de sport,

20:32 et il y a plus de sport de sport,

20:34 et il y a plus de sport de sport,

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20:38 et il y a plus de sport de sport,

20:40 et il y a plus de sport de sport,

20:42 et il y a plus de sport de sport,

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22:00 et il y a plus de sport de sport,

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22:22 et il y a plus de sport de sport,

22:24 et il y a plus de sport de sport,

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22:32 et il y a plus de sport de sport,

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22:40 et il y a plus de sport de sport,

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22:44 et il y a plus de sport de sport,

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22:50 et il y a plus de sport de sport,

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22:54 et il y a plus de sport de sport,

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23:00 et il y a plus de sport de sport,

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23:22 et il y a plus de sport de sport,

23:24 et il y a plus de sport de sport,

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23:30 et il y a plus de sport de sport,

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23:34 et il y a plus de sport de sport,

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23:40 et il y a plus de sport de sport,

23:42 et il y a plus de sport de sport,

23:44 et il y a plus de sport de sport,

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23:50 et il y a plus de sport de sport,

23:52 et il y a plus de sport de sport,

23:54 et il y a plus de sport de sport,

23:56 et il y a plus de sport de sport,

23:58 et il y a plus de sport de sport,

24:00 et il y a plus de sport de sport,

24:02 et il y a plus de sport de sport,

24:04 et il y a plus de sport de sport,

24:06 et il y a plus de sport de sport,

24:08 et il y a plus de sport de sport,

24:10 et il y a plus de sport de sport,

24:12 et il y a plus de sport de sport,

24:14 et il y a plus de sport de sport,

24:16 et il y a plus de sport de sport,

24:18 et il y a plein d'associations qui arrivent aussi.

24:21 Maintenant, il faut savoir communiquer,

24:24 et c'est la clé du succès, je dirais.

24:27 -Vous avez conscience du rôle

24:30 qu'est le vôtre aujourd'hui,

24:32 pour terminer la Génie de Corée ?

24:34 -Je n'ai pas...

24:36 Je pense que je n'ai pas forcément

24:38 la conscience du rôle que j'ai.

24:40 J'ai juste envie d'aider et de partager.

24:43 Je suis passionné, donc à partir du moment où je suis passionné...

24:47 -Vous avez des obligations ?

24:49 -Des fois, un peu, mais je n'ai pas d'obligation.

24:52 Mais je ne me sentirais pas bien...

24:54 Je sais que je ne me sens pas bien

24:56 quand je n'essaie pas de faire des choses.

24:59 Je laisse passer le train, je vois des gens qui ne font rien,

25:03 et je me dis "Non, là, la Gie..."

25:05 T'as eu la chance d'avoir rencontré des personnes dans ta vie

25:09 qui t'ont fait aimer un truc que jamais de la vie,

25:12 j'aurais pensé, c'est ton rôle, un peu,

25:15 mais t'es pas obligé.

25:17 T'aurais pas aimé qu'on t'oblige à toi de trouver quelque chose

25:21 pour donner envie.

25:23 Les mecs en face de toi, ils sont comme toi.

25:26 Le voyage est génial.

25:28 En tout cas, le voyage... Je continue à voyager,

25:31 mais le voyage de sportif, du gamin de quartier

25:34 qui a fait du sport, qui a fait le tour du monde,

25:37 je suis super fier de tout ça.

25:39 Je remercie tout le monde, toutes les personnes que j'ai croisées.

25:43 Aujourd'hui, je suis à chaque fois en face de vous.

25:46 -Vous avez trouvé le bon mot.

25:48 C'est un voyage, votre vie.

25:50 Merci de nous avoir permis de voyager un peu avec vous,

25:53 la Gie de Courrées.

25:55 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA

25:58 Générique

26:00 ...

Les grands entretiens de Nathalie Iannetta "Paroles de sportifs" - Ladji Doucouré

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