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00:00J'ai commencé d'abord par l'école primaire, ensuite le collège et ensuite la Guinée a besoin de professeurs.
00:07On nous a envoyé à Davadou pour former les profs en maths, en lettres et en sciences.
00:15Afin de pouvoir rentrer dans tous les collèges de la Guinée, le français est en rentrée.
00:21Donc moi j'ai été faire maths, physique, chimie.
00:25À Davadou c'est nous qu'on a appelé les Davadins.
00:27En 1963 on avait déjà terminé et c'est nous qui devions enseigner dans tous les collèges de la République.
00:36À l'époque j'avais 19 ans, je me suis fait incorporer trois mois après Davadou au sein de l'armée.
00:45Et en 1964 on m'a envoyé aux usines militaires.
00:50Et en 1967 j'ai été pour l'EMIG et en 1971 pour Air Guinée en tant que pilote.
00:57Donc depuis 1971 j'ai servi dans la compagnie Air Guinée jusqu'à sa fermeture.
01:03En 2003 j'ai servi aussi pour l'Air Guinée Express jusqu'à sa fermeture avant d'aller travailler en gamme mi.
01:12Vous avez piloté quand le président ?
01:16Non, j'ai piloté Sékou Touré, l'ensemble compté, c'était le président guinéen.
01:22J'ai piloté Nino, j'ai piloté Tidiane Cabart, j'ai piloté celui du Mali, Konari je crois.
01:32J'ai piloté le président gabonais, la dame du Liberia, j'ai quand même piloté beaucoup de chefs d'État.
01:42D'accord, avant de commencer à piloter vos représentants, vous avez tout de même commencé par l'air-un, vous avez été un homme de l'air-un.
01:52Un homme de l'air-un.
01:53Comment ça s'est passé et comment s'est passée votre intégration jusqu'au dernier jour à ses fermes en ce temps ?
01:58Oui en 1965, en ce moment quand même ça n'a pas été très simple.
02:02Le commandant Gabi qui était là, j'ai été incorporé dans l'armée par lui et par, à l'époque, le capitaine Baroud qui est décédé avec son grade de général.
02:15Ce sont eux qui m'ont incorporé au sein de l'armée le 9 décembre 1963.
02:21Et comment vous avez intégré chez vous ?
02:23Oui, c'est-à-dire que lorsque je suis allé, j'ai d'abord fait les usines militaires, là-bas j'ai fait le véhicule et on avait besoin de pilotes.
02:32Et comme j'avais déjà une notion après avoir fait maths, physique, chimie à Dabadou, on m'a demandé si je pouvais aller faire le pilotage.
02:42On m'a appris et je suis allé à l'Union Soviétique pour commencer en 1967.
02:48J'ai commencé en Russie par les MIG, je suis revenu, El Guina avait besoin de pilotes, on m'a envoyé pour les AN-24,
02:59ça c'est des avions qu'El Guina avait, ensuite on a été pour les Hiroshima-18.
03:05En 1982, on est allé pour les Boeing parce qu'on avait fait venir trois Boeing et c'est à partir de là vraiment que je crois que je me suis plus ou moins fait remarquer dans l'adresse que j'avais pu avoir.
03:23Le Président Secrétaire, il s'occupait beaucoup de l'équipage, c'est-à-dire qu'il se préoccupait du repos qu'on avait, de la manière dont on traitait,
03:35en tout cas il posait beaucoup de questions quant au développement du vol, quant à notre santé, il était très très présent.
03:44Après le lance à la comté qui est arrivé aussi, il s'est très très bien occupé des équipages, moi je crois qu'il a découvert que j'avais pu faire quelque chose,
03:54il m'a envoyé faire des études d'instructeur pour remplacer les MIG qui nous formaient, donc j'ai directement été instructeur, avion, instructeur, simulateur, examinateur au sein de la compagnie, jusqu'à sa fermeture.
04:12L'Air Guinea a existé jusqu'en 2003, en 2003 je crois qu'il y a eu un problème de restructuration et tout, donc Air Guinea a été cédé à El Haïm Mohamed Roussilla et ça a pris une nouvelle dénomination, Air Guinea Express.
04:32Malheureusement, le seul avion que nous avions a été doublé par un autre qui a été acheté par El Haïm Mohamed Roussilla, le premier était encore en bon état et le second a malheureusement eu un crash à Freetown, un crash du... bon, un problème technique.
04:55Et pendant qu'il était donc accidenté, l'avion qui faisait les vols, qui a atteint ses limites d'heures avant la révision, on était obligé de l'envoyer à Perpignan pour sa révision, qui était due, et arrière malheureusement il a été saisi pour être vendu en pièces détachées, donc Air Guinea, à partir de ce jour, c'était complètement, c'était éteint.
05:23Il y avait des créanciers, d'après ce qu'on aurait appris, qui ont saisi l'avion, qui ont vendu en pièces détachées pour s'autopayer.
05:31Vous avez signifié également que le dernier vol du Président Amersif Touré, vous l'avez conduit à peine...
05:40Pour le dernier, effectivement, le dernier vol du Président Amersif Touré, on a fait la ligne qu'on a créée Rabat-Alger, et Alger, Rabat qu'on a créé, on est rentré le 19 mars et le Président est décédé une semaine après, le 26 mars.
05:57Son dernier vol par Air Guinea, c'était avec moi.
06:01Ce qui est sûr, c'est que durant toutes les fois que nous allions avec lui, il s'inquiétait beaucoup du moral des membres d'équipage, parce qu'il ne montait jamais dans l'avion,
06:14à nous demander si tout allait bien, si on revenait d'où on voulait, on a passé la nuit, est-ce qu'on s'est bien reposé, est-ce qu'on a bien dormi.
06:22Vraiment, il s'intéressait beaucoup à la manière dont on se reposait, la manière dont on était traité.
06:29Au retour d'Alger vers Conakry, j'étais encore assis dans la cabine, je le revois, marchant avec le roi du Maroc, ils allaient vers les militaires qui leur rendaient les honneurs.
06:44Je le vois encore avec ce dernier partir, de revenir avant qu'on ne rejoigne la Guinée.
06:48Question militaire, moi j'étais lieutenant, j'ai été nommé capitaine quand j'étais commandant, il y avait forcément d'abord le respect, là c'est le président,
06:58et le truc militaire aussi, il y a forcément au garde-à-vous face à lui, c'est quelqu'un aussi qui s'est très bien occupé de nous en général,
07:08et c'est lui qui a décidé un jour de m'envoyer faire l'instructorat aux Etats-Unis afin de remercier les Nigériens qui venaient,
07:16et afin que moi je puisse faire tous les stages de simulateurs, tout ce qu'il fallait de formation en ligne de tous les pilotes d'Air Guinea.
07:30Il a été très très présent à mes côtés chaque fois qu'il a fait beaucoup de choses pour moi.
07:37Alors, vous avez beaucoup travaillé sur l'Inde, mais aujourd'hui pratiquement la nouvelle génération ne le connaît pas,
07:44et on voit souvent qu'il y a certains officiers ou d'affaires militaires qui sont décorés,
07:53mais on n'a jamais entendu parler de tout ce qu'il ressemble.
07:57Vous savez qu'on le dise ou pas, il y a des trucs, il y a des choses qui pourraient, qui frustrent,
08:03parce que je me suis entièrement donné à ce pays.
08:09Je sais que c'est grâce à ce pays que j'ai été ce que j'ai été.
08:13Certainement que si j'avais été ailleurs, je n'aurais pas eu les mêmes possibilités telles que je ne serais jamais pilote,
08:20telles que je n'aurais jamais pu, c'est Dieu seul qui sait.
08:23C'est grâce à ce pays, grâce à la Guinée, que j'ai pu être pilote.
08:26C'est grâce à la Guinée que j'ai pu grimper et passer des échelons.
08:30C'est grâce à la Guinée que j'ai été ce que je suis.
08:33Ce n'est pas pour l'argent, ce n'est pour rien.
08:35Comme je l'ai déjà dit, mon maximum, mon salaire maximum à Air Guinée était de 470 000 francs guinéens.
08:42470 000 francs guinéens quand Air Guinée fermait.
08:45Air Guinée Express, quand ça fermait, j'avais 4 500 000 francs guinéens.
08:50Quand je suis parti de la Guinée sans avion pour aller travailler en Gambie,
08:55j'avais un total de 7 500 dollars par mois.
08:58Ça aussi c'est clair, mais c'est grâce à ce pays que j'ai été ce que j'ai été.
09:03Seulement, ce n'est pas une question d'argent, ce n'est rien.
09:07Mais quand on fait tout ça, ce n'est pas aussi bon de se voir délaissé, abandonné.
09:15C'est-à-dire, comme si on n'avait rien fait, comme si on a...
09:18Il y a des choses parfois qui peuvent faire mal et parfois ça fait mal.
09:23Je crois que c'est ça, ce n'est pas une question d'argent, ce n'est rien.
09:25Grâce à Dieu tout va bien.
09:28Sinon, pour tout ce que j'ai fait, je n'ai pas besoin de dire ce que je touche comme pension.
09:33Mais cette pension, elle fait 946 000 francs par mois.
09:39Je ne sais pas si avec 946 000 francs, si rien n'avait, si je n'étais pas arrangé
09:45pour au moins avoir une petite chose qui pourrait me donner une petite aide.
09:50Je ne sais pas ce que je deviendrai, mais je remercie Dieu avec le droit de commandement.
09:54En 2005.
09:57Ça fait maintenant des années que vous avez travaillé au CNI,
10:00vous avez une belle formation et une belle nationalité d'ailleurs.
10:04Est-ce qu'une seule fois, vous avez reçu un certificat de nom de la République du Boulogne
10:08pour vous signifier que vous avez longuement bien travaillé au CNI ?
10:12Non, je ne sais même pas s'il y a eu proposition de déclaration.
10:17Pas dans d'autres pays, j'ai été décoré, j'ai été décoré en 1982
10:21par le président Sénécomité du Niger
10:23lors d'un voyage du président Messick pour aller là-bas.
10:27J'ai même eu une médaille de l'Ordre du Niger.
10:30L'appel que je voudrais, même s'il ne s'agit pas de moi,
10:34mais je voudrais que quand on se donne corps et âme au pays,
10:39qu'on ne nous oublie pas comme si c'était, on a tout fait.
10:43Le pays aussi a tout fait pour nous, mais nous si on est resté à l'écoute,
10:46on est resté, on a sauvé le pays.
10:49Avec tout ce qu'il y a d'engagement, dans la conscience et dans l'amour même de ce pays.
10:55Même avec un diplôme de pilote de ligne, pilote, instructeur,
10:59je n'aurais plus travaillé ailleurs, mais c'est la Guinée qui a fait de moi
11:03ce que j'ai été, c'est de ne jamais trahir ce pays.
11:06Une dernière question pour moi,
11:07quelle est la notion que vous trouvez du milieu animatique de nos jours en Guinée ?
11:13Parce qu'on sent quelque part que c'est un milieu qui tend à différencier.
11:18C'est un milieu qui a disparu.
11:20On ne tente pas parce qu'il n'y a absolument rien.
11:23Moi j'avais pensé que peut-être qu'on nous appellera à nous autres
11:27en essayant de voir si on pouvait venir un tout petit peu en aide
11:31pour voir s'il aurait été possible de remettre une compagnie en place,
11:35parce que c'est quand même...
11:37Avant, Air Guinée louait ses avions à la Côte d'Ivoire.
11:40On leur louait nos avions en Guinée.
11:43Air Guinée louait des avions au Sénégal.
11:46À la Mauritanie, on a fait des vols sur la Mauritanie.
11:51Ils nous louaient nos avions allés en Mauritanie faire des vols.
11:54Mais là, on n'a rien.
11:58On n'a pas d'Air Guinée, on n'a rien.
12:00Moi je pensais qu'on aurait pris le temps,
12:05avec les anciens qui sont là,
12:07d'essayer de voir qu'est-ce qu'ils pourraient faire
12:10pour aider au moins à la mise en place d'une compagnie aérienne.
12:14Je crois que bientôt tout ça sera fini,
12:16parce qu'avec l'âge, c'est presque oublié,
12:19maintenant c'est fini.
12:22Tout ce que j'ai fait pour ce pays, je ne le regrette pas.
12:25Je me dis que peut-être que si j'étais ailleurs,
12:28je n'aurais pas eu l'opportunité d'être pilote.
12:32Je n'aurais pas pu avoir le privilège de piloter même les chefs d'État.
12:37Donc si tout ce que j'ai pu faire dans ma vie,
12:41d'abord je le dois à ce pays.
12:44Tout ce que je regrette actuellement,
12:47c'est le fait que ceux qui sont venus après,
12:51même s'ils ne m'ont jamais connu,
12:53mais au moins quand on fait tout pour,
12:55qu'on sache au moins qu'on n'est pas laissé,
12:58ce n'est pas question d'argent, ce n'est pas l'argent,
12:59mais au moins qu'on sache qu'on a fait,
13:02qu'on existe et qu'on est encore là.
13:04Il ne s'agit pas d'attendre que la personne meure
13:07pour aller dire tout ce qu'il faut sur son corps,
13:12alors que son vivant ne m'a même pas su s'il existait ou pas.
13:16Ça ne sert à rien.
13:17En tout cas, je pense que ceux qui n'ont pas fait de mon vivant,
13:20sachant ce que moi j'ai fait, ce que j'ai fait,
13:23il ne faut pas attendre ma mort pour aller exposer mon corps à l'aviation militaire
13:28pour dire maintenant tout ce qu'il fallait dire avant qu'on ne l'ait pas fait
13:32et maintenant essayer de le dire, ce n'est pas la peine.
13:35Chaque jour a son temps, il faut faire des choses quand il le faut.
13:38Quand il ne le faut pas, ce n'est plus la peine.