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Le maire socialiste de la commune normande indique qu'il s'agit d'une tumeur de haut grade, détectée en 2022, mais qu'il va "bien". Il terminera prochainement son cycle d’immunothérapie.

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Transcription
00:00Bonjour Nicolas Maillard-Rossignol, est-ce que vous m'entendez ?
00:05Bonjour.
00:06Vous m'entendez, vous êtes le maire de Rouen, premier secrétaire délégué du Parti Socialiste,
00:09et vous avez donc révélé hier, dans une lettre ouverte, que vous vous battez depuis 2022
00:14contre un cancer de la vessie, c'est un geste rare pour un politique que de le faire.
00:18Est-ce que ce matin, il y a une forme de libération chez vous, de l'avoir dit ?
00:24Oui, je préfère être transparent.
00:27Je pense que d'abord, il y avait une forme de déni de ma part,
00:30parce que quand ça m'est tombé dessus, je ne m'y attendais pas,
00:33je ne coche pas les cases statistiques pour ce type de cancer
00:36qui ne touche pas forcément les hommes de mon âge.
00:39Et puis, non seulement c'est une question de transparence,
00:42mais je pense qu'il y a un tabou, il y a un tabou sur la maladie en général d'ailleurs,
00:46et sur les cancers, d'abord parce que le mot fait peur, toujours,
00:49parce que ça renvoie à la mort,
00:51et puis parce que, vous savez, dans notre société, c'est un peu,
00:54j'ai caricaturé, mais c'est un peu, soit vous êtes bien portant, valide,
00:59et vous devez être super performant tout le temps, au boulot, etc.,
01:02soit vous êtes malade, et à ce moment-là, vous êtes isolé,
01:05et puis vous pouvez vous retrouver vraiment extrêmement seul.
01:08Et entre les deux, il y a plein d'entre-deux dont on ne parle jamais,
01:12puis on ne parle pas non plus des aidants,
01:14on ne parle pas non plus de l'hôpital public qui fait un travail extraordinaire,
01:17moi j'ai une équipe qui me suit qui est incroyable,
01:19on ne parle pas non plus des progrès de la recherche,
01:21qu'on devrait soutenir beaucoup plus,
01:22on ne parle pas assez de la santé environnementale,
01:24enfin voilà, ça me permet de parler de plein de sujets
01:26qui me semblent très importants dans notre société.
01:28Je le disais, cancer de la vessie diagnostiqué en début 2022,
01:31vous avez enchaîné les opérations, les séances d'immunothérapie
01:34avec une nouvelle opération en 2023, en 2024, en juin dernier,
01:37comment vous allez ce matin ?
01:42Très bien, très bien, je ne veux vraiment surtout pas faire croire
01:45que je serai à plaindre, ce n'est pas vrai, d'abord je n'ai pas de métastase,
01:48je ne veux pas rentrer dans les détails personnels médicaux,
01:51mais il y a des cas bien plus graves que moi,
01:53simplement ça nécessite, on ne va pas se mentir, un suivi très rigoureux,
01:58et en ce qui concerne, puisque je suis maire, mon activité, mon engagement public,
02:02ça a au contraire décuplé mon engagement public,
02:05ça peut paraître un peu étonnant,
02:07mais c'est ce que je voulais dire tout à l'heure,
02:09c'est l'engagement professionnel au public,
02:11dans mon cas citoyen démocratique comme maire,
02:14c'est aussi un lien, c'est un lien humain,
02:17les échanges avec les Françaises et les Français en général,
02:19et bien sûr les Rouennaises et les Rouennais d'abord,
02:21c'est quelque chose qui non seulement m'épanouit sur le plan politique,
02:25bien sûr, mais aussi j'allais dire presque du point de vue psychologique et thérapeutique,
02:29si vous voyez ce que je veux dire,
02:31donc je vais très bien,
02:33mais je pense qu'au-delà de ma petite personne,
02:35ce qui est important c'est de parler du tabou du cancer,
02:38du tabou de la maladie en général,
02:40et puis des sujets qui sont derrière que j'évoquais à l'instant.
02:43Oui, mais alors justement, le sujet il est éminemment intime,
02:47il est personnel et chacun fait comme il peut,
02:49donc ne voyez vraiment aucun jugement dans la question que je vais vous poser,
02:53mais vous parliez tout à l'heure de transparence,
02:55vous n'avez rien dit de votre maladie pendant deux ans,
02:58pourquoi est-ce que vous ne l'avez pas dit ?
03:02Oui, la question est parfaitement légitime,
03:04et je vous ai dit d'abord, il y a eu une forme de déni de ma part,
03:08et bien sûr que c'est un travail sur soi qui prend du temps,
03:13et comme plein de gens, rien de très original,
03:16ce que je raconte sont amenés à le faire,
03:18et puis au départ, si vous voulez, pour le dire simplement,
03:21je me disais, tout ça sera vide derrière moi,
03:23parce que c'est la faute à pas de chance,
03:25donc de toute façon j'aurai une opération et ce sera fini,
03:28puis en fait, vous voyez bien que non,
03:30et donc à partir d'un moment on se dit,
03:32à quoi ça sert de le cacher ?
03:34En fait, plutôt que de se dire pourquoi vous en avez parlé,
03:36la vraie question c'est pourquoi ne pas en parler,
03:38parce que ça ne doit pas être tabou,
03:40bien sûr qu'une maladie ça peut être grave,
03:43mais pourquoi toujours donner le sentiment
03:45que des personnes qui seraient malades,
03:47elles seraient un peu moins humaines,
03:49elles seraient à ne pas regarder, à ne pas voir,
03:51mais ça fait partie de notre société,
03:53vous savez il y a près de 500 000 nouveaux cancers
03:56diagnostiqués en France chaque année,
03:58de plus en plus jeunes,
04:00et de façon de plus en plus chronique,
04:02donc faire l'autruche, ça n'a aucun sens.
04:05Mais ça veut dire que c'est encore compliqué
04:07de dire, notamment quand on est maire,
04:09mais ça peut être dans plein de boulots,
04:11évidemment, mais quand on est maire,
04:13de dire regardez-moi, je suis malade,
04:15et d'une certaine manière,
04:17j'ai cette faiblesse-là en moi,
04:19c'est compliqué de le dire ?
04:21Oui, mais il y a quelqu'un,
04:23j'ai oublié son nom,
04:25mais un grand philosophe je crois,
04:27ou un écrivain qui a dit,
04:29quand je suis faible, en réalité je suis fort,
04:31ce que je veux dire par là,
04:33bien sûr, le cliché,
04:35c'est notamment en politique,
04:37mais comme vous venez de le suggérer dans d'autres domaines,
04:39le chef d'entreprise, etc.,
04:41c'est souvent le cliché, c'est alors l'homme,
04:43évidemment plus que la femme,
04:45parfait, à qui rien n'arrive jamais,
04:47qui surmonte toutes les difficultés,
04:49mais ça n'existe pas.
04:51Et où est l'humanité ?
04:53Est-ce qu'elle est dans ce fantasme-là,
04:55ce cliché un peu viriliste,
04:57validiste, masculiniste ?
04:59Ou est-ce que l'humanité,
05:01et finalement c'est de ça dont on a besoin en politique,
05:03c'est d'abord de l'humanité,
05:05et je ne donne aucune leçon,
05:07moi-même j'ai plein de défauts,
05:09et je peux faire plein de bêtises,
05:11et parfois quand on est malade,
05:13on peut devenir insupportable pour les proches,
05:15mais est-ce que l'humanité,
05:17ce n'est pas d'abord de tout simplement montrer
05:19et dire que l'on est humain comme les autres ?
05:21Mais ce qui est au cœur de ce tabou-là,
05:23c'est aussi parce qu'il y a,
05:25et vous vous retrouvez dans la situation
05:27de centaines de milliers de personnes,
05:29la menace de la récidive,
05:31la menace de choses qui peuvent s'aggraver,
05:33comment est-ce que ça vous le vivez,
05:35vous, personnellement ?
05:39On prend les matchs les uns après les autres.
05:41Au début, je vous ai dit,
05:43il peut y avoir du déni,
05:45il peut y avoir du désarroi, même de la panique,
05:47de l'angoisse,
05:49et puis ensuite,
05:51on prend les matchs les uns après les autres,
05:53ça veut dire on prend les petites victoires,
05:55les unes après les autres.
05:57Je suis extrêmement bien suivi,
05:59et puis,
06:01on essaye de relativiser aussi.
06:03Et puis, il y a des choses qui sont plus essentielles
06:05que d'autres.
06:07Il y a une amie qui m'a envoyé un petit message,
06:09parce qu'évidemment, j'ai reçu plein de messages,
06:11et qui m'a dit, tu sais, ce qu'il y a de plus important pour moi dans la vie,
06:13c'est l'amour et l'engagement.
06:15Je pense que ce qu'elle dit est très juste.
06:17Alors justement, en parlant d'engagement,
06:19l'amour, je vais vous le laisser,
06:21à la surface intime des choses,
06:23pour ce qui est de l'engagement,
06:25on sait que vous aviez été, par exemple, candidat
06:27pour être premier secrétaire du PS,
06:29est-ce que ça, ça change quelque chose ?
06:31Est-ce que pour votre engagement politique,
06:33le fait d'avoir ce combat,
06:35est-ce que ça change ?
06:39Non, au contraire, ça le décupe.
06:41Je ne peux pas, évidemment,
06:43présager
06:45ou préjuger
06:47de ce qui se passera dans ce qui concerne ma santé.
06:49Ce serait malhonnête de ma part.
06:51Ça peut très bien se passer, si ça se trouve, c'est déjà terminé.
06:53Si ça se trouve, c'est l'inverse
06:55ou c'est même pire, je n'en sais rien à ce stade.
06:57La seule chose dont je suis certain, c'est qu'on a
06:59la chance en France d'avoir des services publics de santé
07:01et une recherche publique
07:03qui fait un travail extraordinaire
07:05et elle devrait être mieux valorisée.
07:07Il devrait être mieux valorisé et soutenu.
07:09Ensuite, sur mon engagement public, au contraire,
07:11vous savez, pendant cette période,
07:13j'ai participé à une campagne présidentielle,
07:15j'ai participé
07:17à un congrès socialiste,
07:19ce qui n'est pas toujours simple,
07:21j'ai participé à une campagne législative,
07:23une campagne européenne,
07:25maire, président d'une métropole,
07:27et franchement, je n'ai jamais été aussi actif
07:29et c'est un plaisir et c'est aussi important
07:31dans ma reconstruction,
07:33si vous voulez, personnelle.
07:35Donc, au contraire, c'est décuplé.
07:37Bon, merci beaucoup Nicolas Amalia-Rossignol.
07:39Je note la moustache pour Movember,
07:41qui est le mouvement au mois de novembre
07:43de prévention
07:45contre les cancers
07:47qui touchent les hommes, en l'occurrence,
07:49après Octobre Rose pour les femmes.
07:51Merci beaucoup en tout cas d'avoir témoigné ce matin,
07:53d'avoir accepté de témoigner au micro du live,
07:55au micro de Vincent Seron, en direct de votre mairie de Rouen.
07:57Merci à vous, monsieur le maire.

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