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[#LeCanapéRouge ] Jean Valentin Leyama, Secrétaire exécutif RÉAGIR



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00:00GABON MEDIATIME
00:16Bonsoir et bienvenue sur le canapé rouge de Gabon Mediatime.
00:20Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'accueillir M. Jean-Valentin Leherman,
00:24secrétaire exécutif du parti politique Réagir,
00:27réappropriation du Gabon, de son indépendance et de sa reconstruction.
00:31Dans un contexte politique particulièrement marqué par la préparation
00:35du prochain référendum constitutionnel et les débats internes au sein de Réagir,
00:39nous discuterons avec notre invité des enjeux actuels
00:43et de sa vision pour l'avenir politique du Gabon.
00:47Bonsoir M. Jean-Valentin Leherman.
00:49Bonsoir Howard, bonsoir les téléspectateurs de Gabon Mediatime.
00:56Merci d'être parmi nous.
00:58Comme il est de coutume sur le canapé rouge de Gabon Mediatime,
01:01la première question que nous allons vous poser est celle de savoir comment vous vous portez aujourd'hui.
01:07Écoutez, pour mon âge, je me porte très très bien.
01:12Je crois qu'il y a beaucoup de mes congénères qui pourraient m'envier ma santé et ma vitalité.
01:18Très bien.
01:20L'actualité de votre formation politique Réagir est marquée
01:24par une situation de bicéphalisme à sa tête.
01:28Pouvez-vous nous retracer en quelques mots la genèse de cette situation complexe
01:34pour ceux qui sont sympathisants et peut-être qui observent
01:38l'activité et l'actualité de votre formation politique ?
01:42Alors M. Léca, vous êtes un organe de presse qui est implanté
01:48sur la place du Gabon, de Libreville, depuis plusieurs années.
01:54Je vous ai connu d'ailleurs en dehors du siège que vous avez en ce moment.
02:00Et il y avait dans vos équipes des collaborateurs qui, à un moment donné,
02:08ont eu certainement quelques divergences avec vous et qui ont quitté Gabon Mediatime.
02:14Ont-ils créé un autre Gabon Mediatime en dehors des sièges officiels
02:22que vous avez occupés successivement dans la capitale gabonaise ?
02:26Même si c'est à moi de poser les questions, je veux dire...
02:29Non, non.
02:30Il y en a qui sont partis.
02:31Il y en a qui sont partis, qui ont créé leur propre média.
02:35Et ils ne sont pas partis avec les attributs, avec le logo
02:39et puis toute l'image du Gabon Mediatime.
02:44Ils ont créé leur propre média.
02:46Donc vous êtes en train de dire à ceux qui nous regardent...
02:49Donc il est tout à fait normal que dans une organisation, à un moment donné,
02:54les gens ne peuvent plus être d'accord et ils s'en vont.
02:58Mais ils ne peuvent pas aller avec les attributs.
03:03Il faut réagir à son siège qui est connu, qui est un siège symbolique
03:09parce qu'il a abrité la plateforme Actenance 2023.
03:14C'est au sein de ce siège qu'a été choisi le candidat consensuel de l'opposition en août 2023.
03:23C'est au sein de ce siège que nous avons installé le QG de la campagne du professeur Ondorsa.
03:30Ce siège est connu, c'est au Bas de Guégué, route des colis postaux,
03:36à côté du QG de Jampines.
03:38Alors donc, c'est là-bas le siège de Réagir.
03:42Tout ce qui se fait ailleurs ne concerne pas Réagir.
03:45Et maintenant, s'agissant de l'actualité, notamment de la campagne du référendum,
03:51nos procédures internes, nos statuts, nous ont conduit à organiser un conseil national
03:58qui a réuni une vingtaine de personnes.
04:00Et ce conseil national, qui a été organisé de manière démocratique,
04:05a conduit, par un vote majoritaire, à prendre position en faveur du non.
04:11Et c'est ce que nous faisons en ce moment.
04:14Donc tout le reste, ce sont les dissidents qui doivent avoir le honnêteté intellectuelle
04:21de reconnaître qu'ils sont partis et qu'ils laissent Réagir tranquille.
04:25Je voudrais terminer pour dire que, dans l'histoire politique de notre pays,
04:31à un moment donné, des partis de l'opposition sont souvent traversés par ce genre de courant.
04:39À un moment donné, certains compagnons estiment que le temps de l'opposition est trop long
04:47et compose avec le pouvoir et souvent crée des scissions.
04:53Et nous avons connu, je ne vais pas citer des partis politiques, mais vous les connaissez,
04:58qui à un moment donné de leur existence ont connu une frange qui a voulu composer avec le pouvoir
05:05en laissant naturellement la frange d'origine à sa place, au siège.
05:13Donc nous sommes aujourd'hui devant la même situation.
05:17Un certain nombre de nos compagnons ont négocié avec le pouvoir
05:21et veulent travailler avec le pouvoir, c'est leur responsabilité.
05:27Mais nous sommes pour la préservation de l'indépendance de Réagir, c'est ce que nous faisons.
05:34Très bien. Certains observateurs pensent que le désaccord entre les deux franges de Réagir aujourd'hui
05:41vienne de la question du oui et du non au référendum.
05:44Est-ce qu'il y a peut-être des questions financières qui justifient
05:48qu'une partie du parti opte pour le non en continuant de s'approprier le logo et l'image de Réagir ?
05:59Alors s'il y a des questions financières, ce sont certainement nos amis qui sont mus par les questions financières.
06:05Je viens de vous l'expliquer qu'il y a à peu près une dizaine de jours
06:11que nous avons, par un processus interne, décidé de voter pour le oui ou pour le non.
06:19Il y a eu un vote et le non l'a emporté par 14 voix contre 8 pour le oui.
06:27Or, nos amis se sont prononcés pour le oui bien avant que même le texte constitutionnel soit disponible.
06:37Il ne peut pas y avoir une dirigeance sur le oui ou le non.
06:39Nous avons, lors du Conseil National, présenté à nos militants des arguments en faveur du oui
06:45et des arguments en faveur du non afin que chacun se prononce en toute connaissance de cause.
06:51Si le oui l'avait emporté de manière majoritaire, je serais certainement ici, devant vos écrans,
06:58en train de faire la campagne du oui.
07:02Mais si le oui l'a emporté, la discipline du parti nous oblige à faire la campagne du non.
07:08Le non l'a emporté, nous faisons la campagne du non.
07:11Je crois que nous sommes cohérents avec nous-mêmes.
07:14Le 16 novembre 2024, les Gabonais seront appelés à se prononcer sur une nouvelle constitution.
07:22Il est de notoriété publique que vous êtes farouchement opposé à ce texte.
07:28Pouvez-vous nous expliquer brièvement les principaux motifs de votre opposition au projet de révision constitutionnelle ?
07:36Farouchement !
07:39Farouchement comme si c'était une opposition personnelle, non !
07:42Nous avons reçu ce texte, nous l'avons examiné de fond en comble
07:49et je dois vous dire aussi qu'en tant que député de la transition,
07:53j'ai porté à la constituante les amendements sur lesquels le parti a travaillé.
08:01Nous avons déposé auprès de la constituante, sur la table de la constituante, 23 pages d'amendements.
08:09Cela veut dire que nous avons contribué à l'examen et au débat sur ce texte.
08:18Les résultats de la constituante, c'est-à-dire le vote qui en a découlé, nous ont conduit à voter non lors de la constituante
08:29parce que la plupart des amendements, la quasi-totalité des amendements que nous avons déposés ont été rejetés.
08:37C'est une question de cohérence.
08:40On ne peut pas avoir voté non à la constituante et puis le lendemain se mettre maintenant à voter oui
08:50parce qu'entre la constituante et le texte qui a fait l'objet d'arbitrage, il y a eu quelques améliorations mineures.
09:01Si vous voulez, tout à l'heure on peut aller dans le fond du texte
09:06et puis on va vous dire sur quels éléments nous portons les plus fortes réserves sur ce texte constitutionnel.
09:11Justement, c'est ma question, quelles sont les dispositions qui confortent votre nom ?
09:19Bon, commençons déjà par le préambule.
09:24Le préambule qui fait l'apologie du coup d'État puisqu'il est maintenant inscrit dans la constitution,
09:32la référence au 30 août, c'est-à-dire le 30 août c'est le coup d'État.
09:37Et en allant plus loin, on met aussi dans la constitution que la date du 30 août deviendrait une fête nationale.
09:48Et maintenant aussi dans les dispositions finales, on dit qu'on accorde une amnestie aux auteurs du coup d'État.
09:57Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que nous sortons là des normes constitutionnelles et démocratiques
10:05pour consacrer désormais le coup d'État comme monde d'accession au pouvoir.
10:13Alors, si nous le consacrons dans la constitution, ça veut dire que nous faisons l'appel du pied.
10:19C'est un bol d'air que nous donnons à d'autres bouddhistes, certainement,
10:26qui sommeillent au sein de nos forces de défense et de sécurité.
10:31C'est particulièrement grave et on ne peut pas laisser passer une telle incongruité.
10:36Les partisans du Oui disent que chaque peuple, à un moment donné de son histoire, s'appuie sur des événements.
10:45Mais ils citent en exemple la révolution française ou encore la guerre de sécession aux États-Unis
10:51pour justifier un peu cette mention selon laquelle les Gabonais sont portés par les événements,
11:02ne portent pas le coup de libération, ce qui justifie la mention au 32e temps du premier de la constitution.
11:09Monsieur Lécard, après plusieurs années de monolithisme,
11:141990 a consacré le retour du Gabon au multipartisme, au pluralisme politique.
11:24C'est 1990 qui est à l'origine de cette révolution constitutionnelle, démocratique que nous connaissons aujourd'hui.
11:35Est-ce que dans la constitution du 26 mars 1991, il y a une référence aux événements de 1990 dont le déclenchement a été,
11:47souvenez-vous, la grève des enseignants de l'université Omabongo ?
11:52Il n'y a pas de référence.
11:54Il n'est pas fait référence dans la constitution de 1991 à la conférence nationale,
12:00qui a été le déclencheur de tout le reste.
12:03C'est un argument qui me paraît assez fallacieux, qui me paraît assez léger.
12:11D'accord.
12:13Parmi les points de discorde figurent la séparation des pouvoirs et les critères d'éligibilité à la magistrature suprême.
12:19Quelle est votre analyse de ces dispositions ?
12:21Alors, commençons par la séparation des pouvoirs.
12:24Mais cette séparation des pouvoirs, elle n'existe pas.
12:27Elle n'existe que dans l'esprit des partisans du 8e.
12:31Nous n'avons jamais eu autant de concentration des pouvoirs entre les mains du président de la République.
12:39Le président de la République, il est chef de l'État.
12:44Il est chef du gouvernement.
12:49Il est chef des administrations civiles et militaires.
12:54Il est le chef suprême des forces de sécurité et de défense.
12:58Il est président du conseil, il préside le conseil suprême de la magistrature.
13:01Mais il le préside réellement, parce qu'aucun magistrat, surtout dans un certain rang,
13:07ne peut être nommé sans l'accord du président de la République.
13:10C'est une pratique que nous connaissons bien.
13:13Contrairement à ce que quelqu'un a dit, il ne vient pas là comme un président du conseil d'administration.
13:19Il ouvre la séance, il laisse les gens débattre, et puis il clôt la séance, et puis la séance est finie.
13:25Non, le président de la République a un pouvoir lors du conseil supérieur de la magistrature.
13:31Il faut encore ajouter que le président de la République est le détenteur exclusif du pouvoir,
13:38le détenteur exclusif du pouvoir exécutif.
13:42Il est en même temps aussi le seul qui détermine et conduit la politique de la nation.
13:49Ça fait trop de pouvoir entre les mains d'un mortel.
13:54Un mortel est limité par des capacités cognitives.
13:59Même dans une journée de 24 heures.
14:03Même si on enlevait les heures de sommeil, c'est trop de pouvoir entre les mains d'un individu
14:09qui peut tomber malade, qui peut être indisponible pour différentes raisons.
14:14Et je ne parle pas de l'issue suprême.
14:17Nous avons connu dans notre pays l'expérience du président Omar Bongo Ndimba,
14:22qui était malade et qui ne gouvernait plus le pays.
14:25C'est d'autres personnes maintenant qui gouvernaient en son nom.
14:28Nous avons connu l'expérience d'Ali Bongo qui, à partir du milieu de son deuxième mandat,
14:37est tombé malade, gravement malade, et c'est d'autres personnes, et nous le savons tous,
14:43par procuration, et même parfois par des manipulations, des faux cachets, etc.
14:52Donc on ne peut pas concentrer tout ce pouvoir entre les mains d'un individu, d'un mortel.
14:59C'est dangereux pour le fonctionnement du pays.
15:03Ce sont justement les événements que vous citez, la maladie des chefs d'État,
15:09leur diminution qui a causé certains de leurs collaborateurs,
15:14voire certains membres de leur famille à s'accaparer du pouvoir exécutif
15:19et faire poser ou poser des actes que nous avons connus à partir du milieu du deuxième mandat d'Ali Bongo.
15:27Est-ce que ce n'est pas en repense justement à ces travers-là qu'aujourd'hui,
15:32il y a des dispositions comme l'inéligibilité des épouses et des descendants du chef de l'État
15:38pour succéder à leur père et époux sortants ?
15:46La réponse à cette concentration de pouvoir n'est pas la concentration,
15:52l'accroissement, l'aggravation de la concentration de pouvoir.
15:56Les épouses ou bien les proches du président se sont accaparés du pouvoir présidentiel
16:02justement parce que le président lui fait tout.
16:06On dit qu'il préside le conseil des ministres.
16:08Donc tant qu'il est par exemple sous oxygène, sous assistance respiratoire,
16:14tout le temps qu'il est sous assistance respiratoire, le conseil des ministres ne peut pas se tenir.
16:18Et c'est lui seul qui doit donner la délégation à quelqu'un d'autre,
16:21notamment par exemple au vice-président de la République pour présider un conseil des ministres.
16:26Mais il faut encore qu'il soit en état de donner cette délégation.
16:31C'est justement parce que les pouvoirs sont trop concentrés
16:34que lorsqu'il y a des dysfonctionnements, les collaborateurs sont obligés de supplier
16:40à l'absence ou aux défaillances du président de la République.
16:44On ne doit plus revivre cette expérience.
16:47Nous devons au contraire repartir le pouvoir entre plusieurs institutions,
16:53rééquilibrer les pouvoirs mais non pas les concentrer entre les mains d'un individu.
16:58Et je dis que pour ce qui concerne ce projet de constitution,
17:02le président de la République a même plus de pouvoirs qu'Ali Bongo Ndimba,
17:08dont on disait qu'il était à la limite d'un dictateur. C'est grave !
17:13Nous sommes allés plus loin, nous faisons plus loin dans cette constitution
17:18que du temps d'Ali Bongo Ndimba.
17:22Une autre disposition suscite des inquiétudes, vous l'avez évoquée tout à l'heure,
17:26l'amnistie accordée aux acteurs des événements du 29 lors de la préparation
17:31et jusqu'à la présentation du serment du chef de l'État le 4 septembre.
17:39Quel est votre avis sur cette disposition plus concrètement ?
17:43Et en tant que député de la transition, est-ce que vous avez une idée
17:48de la liste intégrale des membres du comité de transition
17:54pour la restauration des institutions ?
17:56Bien, je viens sur la dernière partie de votre question.
18:01Jusqu'à présent, manifestement, la liste et l'identité des membres du CETERI,
18:07c'est un secret d'État. On ne l'a pas.
18:11Mais peut-être que vous, journaliste, si vous l'avez, vous nous la donnez.
18:15Maintenant, les membres du CETERI se sont accordés une amnistie.
18:21Mais qu'est-ce qu'ils ont fait ? J'ai pu comprendre, comme tous les gabonais,
18:26que c'est le coup d'État, mon Dieu, le meilleur coup d'État au monde.
18:30On n'a même pas tiré une seule cartouche. Il n'y a même pas eu un seul coup de fusil.
18:36Mais, Seigneur, ça veut dire qu'ils n'ont rien fait, ils n'ont tué personne.
18:41Et surtout, nous avons tous été heureux qu'ils aient fait cette action, ce coup d'État,
18:48puisque ce coup d'État a été un élément libérateur.
18:53De quoi doivent-ils avoir peur ? La population est là pour, au contraire, les protéger.
18:59Donc cette disposition me paraît un peu suspecte.
19:03Elle me paraît suspecte, et je crois qu'elle n'a même pas lieu d'être dans une Constitution.
19:08On aurait pu régler ça par une loi ordinaire, simplement.
19:13Très bien. Ce projet aura-t-il un impact sur les droits et libertés des citoyens ?
19:19Quelle disposition inquiète le plus réagir ?
19:24Et le front du nom objectif que vous représentez en matière de liberté publique et de droits fondamentaux ?
19:32Lorsque vous voyez cette concentration de pouvoir, mais imaginez sur les libertés individuelles,
19:38je préfère reprendre l'exposition de Jean-Rémy Yama, qui disait que c'est un président qui l'a envoyé en prison,
19:47c'est un autre président qui l'a libéré.
19:51Mais nous sommes dans la même situation.
19:54Puisqu'il y a cet nombre de personnes, de citoyens, qui étaient en prison,
20:02le président Oulégui les a fait libérés sans décision de justice.
20:08Il les a fait libérés sans décision de justice.
20:11Donc à la limite, c'est donc innocent, alors.
20:18Récemment, il y a eu encore des cas où la justice a voulu mettre la main sur un certain nombre de compatriotes
20:25qui étaient poursuivis pour des cas, notamment des diffamations.
20:29Mais il a fallu un nombre, on ne sait pas qui est venu d'où, pour que ces compatriotes-là ne comparaissent pas devant la justice.
20:38Donc ça veut dire que nous sommes toujours dans la même configuration,
20:41puisque le président de la République, à lui tout seul, il peut même interférer dans les décisions de justice.
20:48Donc les libertés individuelles ne sont pas garanties.
20:53Elles ne sont pas aussi garanties, du moins dans leur applicabilité, par rapport aux dispositions qui sont dans la Constitution.
21:01On nous dit qu'on fait un procès d'intention.
21:03Mais le procès d'intention vient de notre expérience,
21:06vient de l'expérience de notre pays en matière de gouvernance,
21:11en matière de respect des libertés individuelles et du droit de l'homme, tout simplement.
21:17Alors, si cette révision n'est pas adoptée, que propose réagir comme alternative pour reformer la gouvernance au Gabon ?
21:25Quels sont les axes de réforme prioritaires, selon vous, pour une Constitution plus équilibrée et plus inclusive ?
21:34Vous devez déjà observer que, autant la Constitution de 1991,
21:41puis celle qui l'a suivie, c'est-à-dire celle qui a été adoptée après les accords de Paris,
21:50autant ces deux Constitutions ont été adoptées à l'unanimité entre les différents camps, donc la majorité et l'opposition,
21:59autant la Constitution qui fait débat aujourd'hui a conduit à fractionner le peuple gabonais.
22:06Il y a le oui, il y a le non.
22:09Et le débat, il est violent.
22:12Et je dis même que dans les familles, entre les partisans du oui et les partisans du non aussi, les gens sont à côté tirés.
22:21Je ne suis pas, je suis quand même pessimiste sur le fait que le prochain président de la République
22:29va diriger, va gouverner une population qui est complètement divisée,
22:35et ce sera des morceaux qui seront difficiles à recoller.
22:38Parce que la passion avec laquelle cette campagne se fait,
22:43les différences, les divisions qui se sont créées à l'occasion de cette campagne,
22:49je crains qu'elles ne soient, pendant longtemps, irrémédiables.
22:53M. Leïaman observe une certaine vivacité autour de la campagne en faveur du oui,
22:58avec une coordination nationale à la tête de laquelle on a le Premier ministre,
23:02mais aucun déplore qu'il n'y ait pas la même dynamique sur la campagne des partisans du non.
23:10Alors comment avez-vous, comment financez-vous votre campagne ?
23:14Est-ce que vous avez le sentiment que des moyens de l'État ont été mobilisés en faveur du oui par le gouvernement ?
23:20Je dois d'abord dire que pour un projet de constitution, et surtout pour un référendum,
23:29il me paraît indécent que le Premier ministre et le gouvernement,
23:37qui organisent en même temps les élections, fassent ouvertement campagne pour le oui.
23:45Il aurait été plus correct que le gouvernement se place dans une position de neutralité.
23:54C'est indécent. Alors le gouvernement, vous savez, il gère l'administration,
23:59il gère le personnel de commandement, il gère les gouverneurs, il gère les préfets, etc.,
24:05les sous-préfets, il gère les délégués spéciaux.
24:08Donc l'implication du gouvernement va conduire ces différents acteurs locaux
24:13à travailler sur le terrain en faveur du oui.
24:18Ce sont des mauvais signes précurseurs de la future gouvernance post-transition qui nous attend.
24:27Là, nous sommes sur le référendum. Lorsqu'il s'agira de l'élection présidentielle,
24:36je crois qu'on n'aurait même plus de gouvernement, on aurait un comité de campagne, tout simplement.
24:42Et c'est vraiment bien dommage pour notre pays.
24:45Et si c'est ça, si nous nous battons aujourd'hui pour cette constitution,
24:49ou bien nous contre cette constitution, c'est parce que nous craignons
24:53que les travers que nous avons dénoncés, qui avaient cours pendant le régime,
25:01pendant le pouvoir déchu, ces travers-là sont en train de se reproduire.
25:06C'est vraiment dommage.
25:08Maintenant, il n'y a plus loin. Il y a une débauche de moyens en faveur du oui.
25:15Vous voyez déjà toute la campagne d'affichage, tous les panneaux qui sont occupés par le camp du oui.
25:22Vous voyez les moyens déployés par le camp du oui.
25:26Je doute, et les gabarits doutent, que ces moyens-là viennent des cotisations des militants anti-gay.
25:35C'est manifestement des moyens dont l'origine ne fait aucun doute.
25:41Bien. Mais ce n'est pas parce que Ali Bongo, Ondimba, a déployé tous les moyens de la République
25:50pendant les élections présidentielles, qu'il a gagné les élections.
25:56Je crois que les gouverneurs ne sont plus dupes.
26:00Et nous, le camp du non, nous avons la force de nos convictions.
26:06Parce qu'il faut dire aussi que dans le camp du oui, il y a majoritairement des personnes
26:15qui ne croient même pas ce qu'ils défendent.
26:19Il y a beaucoup d'opportunisme, nous savons bien.
26:22Il y a beaucoup qui ont des positions, qui espèrent les conserver, et même en avoir davantage.
26:28Il y a d'autres qui n'ont peut-être pas de position aujourd'hui, qui espèrent aussi en avoir.
26:35Donc l'opportunisme est le principal mobile, le principal guide de la majorité des partisans du oui.
26:46Ce n'est pas fondamentalement la conviction.
26:49Or, nous nous sommes animés par la conviction.
26:52Et comme on dit, la foi déplace les montagnes.
26:55Parmi les partisans du oui, il y en a qui soutiennent qu'aucune œuvre humaine n'est pas faite.
27:00Et ils disent que ce projet de constitution, s'il est adopté, il pourra, à plusieurs périodes,
27:09à plusieurs mouvements, être révisé.
27:13Et que les partisans du non lui font un procès d'intention.
27:16Ils sont pessimistes quant à l'esprit d'État qui pourrait être habité par le futur président de la République.
27:25Alors, lorsqu'on met en place une commission constitutionnelle pour rédiger la constitution,
27:37ils étaient, je crois, une trentaine, une quarantaine de personnes.
27:41Ce sont des hauts cadres de la nation.
27:45Ce sont des juristes, des grands, des mignons juristes.
27:49Il y a eu dans cette commission aussi des dignitaires.
27:54Il ne peut en sortir de là qu'une œuvre parfaite.
27:59On ne peut pas mettre autant d'intelligence, autant de sommité, en place pendant un mois pour travailler.
28:08Il en sort une œuvre imparfaite qui mérite encore d'être améliorée.
28:16Lorsque les constituants de 1991 se sont réunis pour rédiger cette constitution,
28:22mais cette constitution n'a été modifiée que pour des raisons malveillantes,
28:26mais elle est bien rédigée.
28:28Vous voyez bien la cohérence des choses, cette constitution de 1991.
28:33C'était des Gabonais qui l'ont rédigée, ce n'est pas des Français qui l'ont rédigée, c'était des Gabonais.
28:38Pourquoi il y a une telle différence de qualité dans la rédaction entre la constitution de 1991 et celle de 2024 ?
28:51Il y a un problème.
28:53Je dis bien qu'il y a un comité constitutionnel d'une quarantaine de personnes qui s'est réuni.
28:58Ensuite, ce même texte est passé entre à peu près les mains de 150 personnes,
29:08c'est-à-dire les membres de la constituante, les parlementaires.
29:13Ensuite, la dernière étape c'est quoi ?
29:15C'est maintenant les arbitrages qui ont été faits autour du président de la République par les membres du gouvernement.
29:28Pas d'abord le sétéré, les membres du gouvernement, les bureaux de la constituante.
29:35Donc ça fait beaucoup de monde.
29:38Et donc au sorti de là, on a encore un texte provisoire, un texte qu'il faut encore réviser dans deux ou trois ans.
29:48Je pensais qu'après toutes ces étapes, nous devions maintenant avoir un texte parfait.
29:54C'est possible effectivement d'avoir un texte parfait.
29:58La qualification de toute œuvre humaine est imparfaite.
30:05Je dis que c'est une fuite en avant.
30:08C'est plutôt un aveu d'incompétence.
30:11L'Alliance démocratique et solidaire, un parti politique de la diaspora gabonaise,
30:17a récemment adressé une lettre ouverte au président de la transition.
30:22Ce parti politique souligne des erreurs matérielles et des incohérences dans le projet de constitution,
30:27notamment des articles de renvoi qui ne concordent pas
30:31et qui pourraient compromettre l'équilibre institutionnel du pays.
30:35Quel est votre commentaire à ce sujet ?
30:37Est-ce que vous avez eu vent de ces remarques ?
30:39Ou avez-vous aussi remarqué des incongruités de cette nature dans le projet de texte soumis à référendum le 16 prochain ?
30:47Bien évidemment qu'à toutes les étapes, nous avons constaté qu'il y avait des erreurs matérielles,
30:52des erreurs de formulation.
30:54Je me souviens qu'à la constituante, il a fallu, la plupart même, plusieurs amendements portés sur quoi ?
31:00Sur le déplacement d'une virgule ou le remplacement d'une virgule par un point-virgule, etc.
31:07C'était même des exercices maintenant de ponctuation.
31:11Donc ça veut dire que ce texte-là a été rédigé, peut-être aussi sous la précipitation,
31:19sans avoir été passé par la rigueur intellectuelle que ce genre d'exercice-là requiert.
31:28Mais écoutez, même après l'adoption de cette scie, l'huile en porte,
31:34après l'adoption, je crois qu'il y a des services qui vont certainement s'occuper
31:38de corriger les fautes de grammaire et d'orthographe qui peuvent encore subsister dans ce texte.
31:44Très bien. Alors nous arrivons au terme de cette interview.
31:48Pour conclure cet entretien, auriez-vous un message final à adresser aux Gabonaises et aux Gabonais
31:54qui nous ont suivis avant le référendum de ce samedi ?
31:59Le message que j'adresse aux Gabonais, que nous adressons aux Gabonais, c'est de voter non à ce texte.
32:07Sans hésiter. Ce texte est mauvais pour le pays, il est mauvais pour la démocratie,
32:12il constitue et représente un recul démocratique jamais enregistré depuis la conférence nationale.
32:19C'est le message final que nous voulons adresser aux Gabonais.
32:24Et on leur dit, votez non, n'ayez pas peur, il ne se produira rien.
32:28Si le non l'emporte, eh bien nous allons revenir autour de la table de la négociation
32:33pour que nous ayons cette fois-ci une constitution qui soit consensuelle.
32:38Merci M. Jean-Baptiste Ndiaye.
32:40C'est moi.

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