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Sept familles françaises assignent ce lundi 4 novembre le réseau social TikTok pour « dégradation de l’état de santé de leurs enfants ». Une initiative inédite en Europe. Leur avocate, Me Laure Boutron-Marmion, a répondu aux questions de ELLE.

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Transcription
00:00Les parents sont désemparés.
00:02Pour deux d'entre eux, il y a quand même un deuil impossible à faire.
00:05Le deuil d'un enfant qui part et qui choisit de partir dans sa chambre.
00:10Évidemment, TikTok avait une part de responsabilité dans le passage à l'acte.
00:13Tout démarre il y a trois ans, lorsque les parents de Marie viennent me voir à mon cabinet
00:19puisqu'ils voulaient faire toute la lumière sur ce qui s'était passé pour leur fille Marie,
00:23qui était victime de harcèlement scolaire et qui s'est suicidée.
00:26Et en déroulant la pelote de laine, on s'aperçoit qu'en fait,
00:29Marie avait publié plusieurs vidéos très problématiques,
00:33exprimant de façon très explicite son mal-être
00:36et qui n'avaient absolument pas été censurées par la plateforme.
00:39Si bien que la plateforme lui avait proposé de nombreux contenus du même type
00:44et avait complètement enfermé Marie dans l'idée de se dire que finalement,
00:48le suicide pouvait être une solution à son mal-être.
00:50C'est là qu'il y a un an, on a déposé plainte contre TikTok
00:54pour provocation au suicide et propagande des moyens de se donner la mort.
00:58Sur la plateforme, circulent des contenus qui promeuent, glamourisent même le suicide,
01:05donnent des méthodes aussi, des méthodes médicamenteuses
01:08ou alors comment faire un bon nœud solide pour pouvoir se pendre dans sa chambre.
01:13Donc ce sont des contenus qui aussi proposent des challenges sur la scarification.
01:19Qu'est-ce qu'une cicatrice qui va être une bonne cicatrice,
01:23qui te permet d'entrer dans la communauté de ceux qui s'automutilent comme il le faut ?
01:29Il faut savoir que les plateformes, elles-mêmes d'ailleurs, garantissent la censure de ce type de contenu.
01:36Force est de constater que ce n'est pas le cas en l'espèce.
01:39Ce qu'il se passe aujourd'hui, c'est que ces contenus-là sont évidemment très intéressants
01:45pour le jeune qui va mal et donc du coup, ils restent dessus.
01:49Et la force de l'algorithme fait qu'il est inondé de contenus du même type.
01:55Donc c'est une spirale extrêmement perverse mais qui, en même temps, fait rester le jeune sur la plateforme.
02:00Et la plateforme de réseau social, c'est ce qui l'intéresse.
02:03Un utilisateur qui reste longtemps sur la plateforme fait que la plateforme, du coup, va gagner de l'argent.
02:09J'ai déposé un recours devant le tribunal judiciaire de Créteil au nom de sept familles
02:15qui ont vécu des dégâts incroyables dans leur foyer,
02:19avec des jeunes qui se sont retrouvés complètement aux prises de l'engrenage algorithmique de TikTok,
02:26leur proposant des contenus sur la scarification, le suicide ou les troubles alimentaires.
02:32Et d'ailleurs, deux des familles ont perdu définitivement leur enfant.
02:37Les parents sont désemparés parce que les parents peuvent des choses évidemment, mais ils ne peuvent pas tout.
02:42Les familles concernées par le recours étaient des familles qui surveillaient le temps d'écran de leurs enfants,
02:49n'ont absolument pas abandonné leurs enfants avec leur portable.
02:54Simplement, il est une chose de mettre en place un contrôle parental,
02:58il en est une autre de maîtriser le contenu de ce que regarde votre enfant.
03:02Et ce contenu-là, seule la plateforme de réseau social peut le contrôler.
03:06Aujourd'hui, la force de ce recours, le fait qu'il intéresse beaucoup de monde,
03:10ça aide beaucoup les familles à se dépasser et à se dire que la souffrance de leur enfant ne sera pas vaine.

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