Dans l'Oise, Gwenaëlle Derumeaux explique pourquoi elle se mobilise.
Category
✨
PersonnesTranscription
00:00Donc Gwenaëlle Derumeaux, je suis éleveuse à Ofoix, à côté de Granvier, dans le nord-ouest de l'Ouatta.
00:08Suite à l'appel national, on a décidé de se mobiliser à Beauvais, d'abord en première étape à la DDT,
00:15pour dénoncer toute cette surcharge administrative.
00:19On avait en janvier demandé une simplification, qui aujourd'hui n'est toujours pas arrivée sur les exploitations.
00:25Ensuite, on convergera vers l'OFB, où là on dénoncera toutes les entraves à l'agriculture, toutes ces normes, etc.
00:33Et en plus avec les contrôles qui sont de plus en plus virulents, de plus en plus militants,
00:38et on a vraiment l'impression que c'est de l'anti-agriculture.
00:41Et du coup, pour dénoncer cela, on terminera par la préfecture, où on espère que Mme la Préfète nous recevra.
00:47Oui, exactement. Donc on avait fait la première partie en retournant les panneaux,
00:52ça qui avait commencé l'année dernière, vraiment il y a un an, au mois de novembre.
00:55Et ensuite, pendant dix jours, sur la 16, où on était mobilisés tous les jours pour tenir le campement.
01:06Alors, on ne peut pas dire que pas de résultats, parce qu'il faut aussi être fier du travail qu'on a fait avec la FDSEA,
01:12et les GIA. On a quand même obtenu l'abandon de cette loi qui devait remettre des taxes sur le GNR.
01:22C'était une des raisons pour lesquelles on sortait en janvier.
01:25On a eu aussi l'abandon des jachères. Alors, on sait que ça risque d'être temporaire.
01:32Il faudra encore monter au créneau, et on veut que l'Europe abandonne totalement les jachères.
01:39On veut que l'Europe abandonne totalement ce genre de non-production, on va dire.
01:46Donc là, sur ça, on avait eu des avancées. On a eu aussi quelques petites avancées au fur et à mesure de l'année.
01:52Mais il y a encore tellement de choses à faire qu'il faut continuer à pousser pour réussir à avoir cette simplification
02:01et continuer de produire sur notre territoire.
02:04Mais totalement, nous, on est en élevage laitier polyculture.
02:09Donc, on a à la fois la réglementation pour l'élevage, à la fois la réglementation pour les cultures.
02:15Et aujourd'hui, on est sans cesse... Je dis toujours, si j'avais les moyens, je me paierais une secrétaire.
02:21Parce qu'il y a du boulot à temps plein, et il y a un moment où on ne peut pas tout savoir.
02:25Parce qu'évidemment, on connaît notre métier, mais la réglementation évolue tellement vite
02:30qu'on ne peut pas tout maîtriser et on n'a pas le temps.
02:33Quand vous êtes en plein rush de moissons, de semis, etc., vous n'avez pas le temps de passer trois jours dans le bureau par semaine.
02:39C'est impossible.
02:44Oui, alors, c'est ce que j'expliquais.
02:47C'est qu'aujourd'hui, la filière lait, on sait très bien que ce n'est pas le Mercosur qui va sauver la filière laitière.
02:54Le calcul du prix, de toute façon, il n'est pas forcément que sur les exportations, sur les prix mondiaux, etc.
03:01Il y a aussi ce qui est produit en France et qui est vendu en France qui rentre en compte.
03:05Et il faut aussi penser à tous nos jeunes, nos voisins, etc., qui font de l'élevage à laiton,
03:11qui font de l'élevage de volaille, où là, ils seront beaucoup plus pénalisés.
03:15Et demain, enfin, on ne sait pas ce qu'on fera demain.
03:18Si demain, on continuera le lait, parce que le lait, hors mille prix,
03:21c'est quand même une contrainte au quotidien.
03:24Est-ce que dans 20 ans, je serai encore motivée à faire du lait ?
03:27Et peut-être qu'à ce moment-là, je serai contente de me tourner vers de l'élevage à laiton,
03:31qui est un petit peu plus souple, même s'il y a toujours des contraintes de l'élevage,
03:34ou sur un projet de volaille, etc.
03:36Je pense qu'il faut savoir être solidaire en agricole.
03:39Je pense qu'il y a assez de gens qui opposent les petits des gros, les éleveurs des céréaliers,
03:44qu'il y a un moment où il faut être terre à terre.
03:47On fait tous le même métier, et le soleil a le droit de briller pour tout le monde.
03:54Alors, ça a été un lever à 4h du matin.
03:58C'est assez régulier, mais pour pouvoir être là, finir le boulot à temps.
04:04On est trois sur l'exploitation, donc mon papa et mon petit frère.
04:09Mon petit frère a fait le choix de rester sur l'exploitation pour pouvoir faire la traite ce soir.
04:14On essaie toujours de se relayer pour qu'il y en ait au moins deux qui soient sur les manifs
04:19et que l'autre reste à l'exploitation, parce que sinon, ce serait vraiment compliqué.
04:25On sait que ce n'est pas Mme la Préfète qui va prendre les décisions.
04:29On veut déjà que ça fasse partie du mouvement national,
04:34parce que plus on sera nombreux sur le territoire à bouger, plus j'espère que les lignes bougeront.
04:39On a aussi des dossiers départementaux.
04:41Je pense notamment au paiement des compensations PAC.
04:45Aujourd'hui, il y a encore des agriculteurs qui n'ont eu pas un euro sur l'avance.
04:52Donc ça, on le réclame. Il y a un moment, il va falloir que l'ASP se mette au boulot.
04:55C'est exactement pareil pour les DJIA, c'est exactement pareil pour les PCAE,
05:00anciennement les préades pour les subventions.
05:02On a encore des JIA qui attendent après leur subvention depuis deux ans,
05:06qui sont obligés de faire des courts termes sans arrêt, etc.
05:09Aujourd'hui, c'est des frais sur les exploitations qu'on ne peut pas se permettre.