Le Premier ministre a appelé une prunicultrice de 59 ans, qui les jours précédents avait témoigné de son mal-être dans les médias. Elle témoigne sur BFMTV.
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00:00Vous êtes installée où ? Et vous produisez quoi ? C'est une toute petite entreprise familiale, n'est-ce pas ?
00:05Une toute petite entreprise familiale, vous êtes dure avec nous.
00:10C'est une belle entreprise familiale fondée par mon grand-père.
00:14On est en Bordogne, du côté de Bergerac.
00:18Je produis des prunes sur à peu près 80 hectares pour faire du pruneau d'Agin.
00:26Des noix, des noisettes et un peu de vignes.
00:30Il y a quatre salariés permanents qui travaillent pour moi, plus moi-même et mon cousin en tant qu'assisté gérant.
00:42Petit, ce n'était pas péjoratif, c'était juste pour situer votre structure.
00:47C'était effectivement très amical.
00:49Et vendredi dernier, vous participez à une émission spéciale consacrée à la crise agricole sur France Bleu.
00:56Le Premier ministre est là, en fait.
00:58Le Premier ministre Michel Barnier est là, sur le plateau de nos confrères.
01:02Et vous évoquez à ce moment-là de l'émission votre succession à la tête de votre entreprise.
01:07On va écouter cet extrait.
01:09J'espérais la petite dernière qu'elle reprenne l'exploitation, mais elle n'a pas envie de reprendre l'exploitation.
01:14Avoir maman travailler 13 heures par jour et être au bord du suicide, ça ne la fait pas rêver.
01:19Il y en a beaucoup comme ça, silencieux, et ils apprennent sur nous à nous dire que ça va s'arrêter.
01:26La misère va s'arrêter et on pourra se reposer.
01:30Je suis très ému en écoutant Stéphane, cette femme qui dit avec ses mots ce qu'elle ressent, le désespoir, la désespérance.
01:37On ne doit pas laisser ces hommes et ces femmes seules, dans leur détresse, dans leur solitude.
01:43Stéphane, le Premier ministre vous a appelé dimanche matin.
01:47Et ça a dû vous surprendre quand vous avez décroché, non ?
01:50Ah oui, vraiment !
01:52Comme je l'ai dit déjà, j'ai vu sur mon téléphone à zéro, je me suis dit « oh zut, c'est encore de la publicité ».
02:00J'ai quand même décroché, j'ai entendu une voix grave qui me disait « bonjour Stéphane, c'est Michel Barnier ».
02:08Je suis restée un peu interloquée.
02:12Il avait dit dans son intervention sur France Bleu qu'il voulait me contacter,
02:21mais je m'étais dit « ça sera son cabinet qui va m'appeler, c'est très bien, c'est le gouvernement et au travail.
02:30On va pouvoir peut-être se faire entendre calmement et essayer de discuter.
02:38Mais là, c'était M. Barnier, donc c'était touchant.
02:43Et puis il affichait une telle proximité, un tel contact,
02:51et il était au courant de tous nos problèmes que ça redonne de l'oxygène et un peu d'envie de se battre.
03:00Mais parce qu'il a été touché, et comme nous tous, par vos mots.
03:03Michel Barnier parle de désespérance quand vous dites que vous êtes au bord du suicide.
03:08Pardon, mais on a envie de pleurer avec vous, on a envie d'être avec vous.
03:12Michel Barnier, il vous a appelé pour vous dire quoi ?
03:18Pour vous dire que vous n'êtes pas seul, qu'on va vous aider ?
03:21Oui, c'est ça, c'est ce qu'il m'a dit.
03:27Effectivement, quand il m'a appelé, j'ai vraiment compris que ce n'était pas juste à moi qu'il s'adressait,
03:38c'était à tout le monde agricole pour expliquer qu'il y a des soutiens qu'on peut avoir.
03:45D'ailleurs, il me les a présentés, il m'a dit que la NSA, les chambres d'agriculture, la préfecture,
03:51sont attentifs à cette détresse, à ce mal-être,
03:57et ont des structures pour l'aide psychologique, le soutien,
04:01pour nous sortir de l'isolement et de notre détresse.
04:08Et en même temps, il a cité plusieurs fois en me disant
04:12« Vous avez besoin de quoi ? De quoi avez-vous besoin ? »
04:17J'étais un peu interloquée parce qu'on a besoin de plein de choses,
04:24mais on sait que les caisses de l'État sont vides, que c'est difficile,
04:27donc on a besoin de trésorerie.
04:30C'est lui-même qui m'a dit qu'il va y avoir en place des prêts bonifiés, des PGE.
04:37C'est les deux grands axes qu'il m'a proposés.
04:42– Est-ce qu'il vous a donné des outils, madame, auxquels vous n'aviez pas pensé ?
04:46Ou des aides que vous n'aviez pas sollicitées ?
04:51– Oui, vous savez, ça fait 7 ans qu'on est en aléa climatique,
04:577 ans qu'on se voit s'effondrer dans le monde agricole,
05:02et quand on a la tête, parce que même si nos exploitations souffrent,
05:06on a énormément de travail, et le travail est le même
05:11que les récoltes soient impactées par les aléas climatiques ou pas,
05:15le travail est le même, donc on a la tête dans nos problèmes,
05:19et je pense que l'isolement de nos fermes fait qu'on n'a pas…
05:25on le voit dans les lettres syndicales, on voit tout ça,
05:29mais on ne pense pas à demander, et puis on ne pense pas que ça peut être très simple.
05:33Par exemple, moi, quand j'ai lancé mon appel,
05:36tous ceux à qui j'ai lancé cet appel ont répondu,
05:39celui qui a répondu le plus vite,
05:41c'est l'association Zéro Civage 24,
05:44qui a répondu très rapidement, avec beaucoup de dynamisme,
05:48et il m'a offert tous les contacts pour parler de tout ça,
05:56pour évoquer tout ça, et c'est vraiment une aide très importante.
06:02– On aimerait pouvoir vous aider, mais voilà, avec nos petits moyens,
06:07on vous a offert la possibilité de nous parler de tout ça,
06:10parce que votre témoignage est aussi le reflet
06:12de ce que vivent beaucoup, beaucoup, beaucoup,
06:14j'ose plus dire de petites exploitations ni de petits artisans…
06:17– Non, des belles fermes !
06:19– De ces belles fermes qui font la France.
06:21Merci infiniment Stéphane d'avoir été en direct avec nous,
06:24et bon courage, évidemment, à vous, à votre famille, à vos salariés.