Séverin Sergent (agriculteur céréalier près de Chartres): "On vous nourrit et on en crève, c'est la vérité"

  • il y a 7 mois
Alors que la colère monte dans le monde agricole, BFMTV propose ce jeudi une émission spéciale LE FORUM BFMTV “Agriculteurs & écologie: la fracture” pour permettre le dialogue entre paysans et écologistes, mais aussi avec des acteurs de la grande distribution et des représentants de la majorité 
Transcript
00:00 Déjà je voulais répondre une chose, on est prêts à descendre à Paris puisque dans mon département on est sur la 11,
00:05 elle va direction Paris, on est les plus prêts et croyez-moi on est prêts.
00:09 - Sur le pacte vert et les pesticides ?
00:11 - Sur le pacte vert, sur les pesticides et tout ce que vous préconisez.
00:13 Moi je voudrais déjà dire deux choses, j'entends ce soir qu'on nous divise entre les agriculteurs biologiques,
00:19 les agriculteurs conventionnels. Moi je travaille à côté d'agriculteurs conventionnels,
00:22 il n'y a aucun problème et à côté d'agriculteurs biologiques, moi je suis en conventionnel,
00:26 ici on a Gris bio et pour autant on se bat pas, on s'entend très bien.
00:30 Moi quand je vois la fracture, non la fracture elle est provoquée parce que certaines personnes ne veulent pas respecter les productions des autres.
00:36 Moi je suis céréalier dans une plaine dans laquelle on ne plantera pas de la vigne,
00:39 dans laquelle on ne viendra pas faire, je ne sais pas, du maraîchage à grande échelle.
00:42 Donc il faut respecter les productions de chacun et les déboucher des productions de chacun.
00:46 L'agriculture biologique, ok, le pacte vert pourquoi pas.
00:49 Je veux dire, quelle est la profession dans le monde qui a connu depuis 40 ans une baisse de son prix de production ?
00:57 On vendait du blé à l'époque 120 francs, 200 euros le quintal, il y a 40 ans.
01:02 On le vend 187 euros aujourd'hui.
01:04 Il était à 300 euros il y a un an, je n'ai pas vu les baisses dans les rayons de supermarché pour les consommateurs.
01:09 Alors que nous on n'est pas payés.
01:11 Voilà et ça c'est un slogan quand ils vous mettent sur des pancartes, on vous nourrit et on en crève, c'est la vérité.
01:16 - Mais est-ce que vous pensez que ces objectifs de réduction des pesticides sont jouables, sont tenables ?
01:21 - Je vais y venir, 25% d'agriculture biologique en céréaliculture alors que chez nous les gens vont en déconversion.
01:26 Monsieur Jadot, dites-le, les gens vendent des céréales en agriculture biologique le même prix que les conventionnels.
01:32 Et en conventionnel, oui oui, mais attendez, mais moi je vais vous répondre, en conventionnel avec des rendements qui sont 6, 7, 8 tonnes,
01:38 ils font 3, 4, 5 tonnes.
01:40 Comment voulez-vous qu'ils gagnent ?
01:41 La différence de charge que n'ont pas ces agriculteurs-là ne leur permet pas de vivre, c'est la vérité.
01:47 Donc il faut arrêter de croire que c'est illusoire dans certains domaines, ce n'est pas possible.
01:51 Il est évident que faire de l'agriculture biologique, quand vous faites un des marchés de niche, quand vous avez des boutiques à la ferme, c'est possible.
01:56 Parce que vous allez directement au consommateur et vous enlevez les intermédiaires.
01:59 Mais il ne faut pas généraliser ce genre de choses à des productions pour lesquelles ce n'est pas forcément possible.
02:05 Le problème c'est qu'on a l'impression que la France c'est une France agricole uniforme.
02:08 Non, en France il y a 150 ou 200 ou 250 agricultures et on doit la respecter.
02:13 Et ce n'est pas parce qu'on ne la respecte pas que vous avez ce cinéma que vous voyez sur les autoroutes et partout.
02:17 On condamne évidemment ce qui s'est passé dans un supermarché,
02:20 mais moi je tiens à dire qu'il y a énormément de mobilisation syndicale sur le terrain, plus de 150 en France aujourd'hui,
02:25 et on ne parle que de celles où il y a un toit qui s'est effondré.
02:27 Moi je pense à tous mes confrères qui ce soir sont sur les autoroutes parce qu'ils n'ont pas envie de crever.

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