Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste et député de Seine-et-Marne, était l'invité de BFMTV-RMC ce jeudi.
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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Olivier Faure.
00:04Bonjour Pauline de Manerv.
00:05Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:07Vous êtes le premier secrétaire du Parti Socialiste.
00:09Est-ce que le gouvernement sera tombé avant Noël ?
00:14Mais c'est au gouvernement de répondre à cette question.
00:16Est-ce qu'il est prêt à des concessions ?
00:18Est-ce qu'il est prêt à avancer avec le Parlement ?
00:21Ou est-ce qu'il considère qu'il est là pour appliquer tout son programme et rien que son programme ?
00:26Alors je vais vous reposer la question différemment.
00:28Est-ce que vous souhaitez que le gouvernement soit tombé avant Noël ?
00:32Mais moi je souhaite que le gouvernement de la France
00:35soit conforme à ce que les Français ont adopté au moment de l'élection législative du mois de juillet.
00:42Si vous, vous avez compris parfaitement et que la lecture était limpide.
00:47Mais moi ce que je crois c'est qu'il y a une coalition qui est arrivée en tête,
00:50qui portait un projet et que nous avons aujourd'hui un gouvernement
00:54dont on dit qu'il est soutenu par un socle commun
00:57qui n'est ni un socle ni commun.
00:59Il suffit d'écouter ce matin votre chaîne pour comprendre
01:02qu'il n'y a absolument aucun point de convergence entre les uns et les autres.
01:07On va y revenir, vous parlez sans doute du ministre de l'économie
01:10qui critique en réalité son propre budget dans les pages du Parisien.
01:14Le ministre des transports qui était mon invité sur RMC.
01:17Le ministre de l'économie et des finances.
01:19Et donc on a une forme de couac en stock permanent dans ce gouvernement.
01:23Un couac en stock ?
01:25Non, en fait c'est une expression qui a déjà été utilisée
01:29et donc que je retrouve ce matin parfaitement justifiée.
01:33Avec un gouvernement qui ne sait pas très bien où il va,
01:36qui pourrait en réalité faire le jeu du Parlement.
01:39Je rappelle pour que ceux qui nous écoutent comprennent bien,
01:42la gauche elle a voté le budget.
01:45Ceux qui ont voté contre le budget en première lecture,
01:48c'est à la fois la majorité relative et l'extrême droite.
01:52Oui, mais les choses sont très complexes.
01:54Vous ne pouvez pas dire ça sans expliquer également
01:56que le budget que vous avez en effet voté,
01:58c'était un budget qui avait été largement remanié par vous-même.
02:01C'est-à-dire que ce budget ne correspondait plus au budget initial.
02:04C'est pourquoi le gouvernement ou en tout cas la fragile majorité,
02:09si je puis dire, ou en tout cas ce socle commun
02:12dont vous dites qu'il n'a plus rien de commun,
02:14ne se retrouvait plus dans ce budget.
02:16C'est pour ça qu'ils ne l'ont pas voté.
02:18Mais pardon, mais enfin le Parlement a voté.
02:20On a eu des débats longs,
02:22des débats pendant lesquels d'ailleurs les macronistes ont oublié de venir.
02:26Donc s'ils avaient quelque chose à défendre,
02:28il fallait qu'ils fassent autre chose que de s'absenter.
02:31Et moi ce que je ne comprends pas, c'est que quand on a des gens
02:34qui ne viennent pas dans le débat parlementaire,
02:36qui ensuite se permettent juste de faire la leçon à tous les autres
02:39alors qu'ils ont été eux-mêmes sanctionnés à trois reprises
02:42par les Françaises et les Français,
02:44mais je pense qu'ils ne sont pas qualifiés pour dire aujourd'hui
02:46qui devrait faire avancer le budget.
02:50On va revenir sur plusieurs points de ce que vous dites.
02:52Mais nous avons aujourd'hui en fait un budget qui est possible.
02:55Il est possible de ne pas censurer le gouvernement
02:57à la condition qu'il entende le Parlement.
02:59C'est aussi simple que ça.
03:00En fait vous dites, s'ils demandent à ce que l'on vote sur le budget
03:05tel qu'il a été remanié largement avec les modifications
03:08que le Nouveau Front Populaire a apportées,
03:10alors évidemment vous le voterez, c'est logique,
03:12ce sera votre budget en quelque sorte.
03:15Vous savez très bien ce matin,
03:18et tous ceux qui nous écoutent et qui nous regardent le savent,
03:21qu'il n'est pas question pour Michel Barnier
03:23de présenter devant le Parlement
03:25un budget avec lequel il est en désaccord.
03:27Il ne le fera jamais.
03:29Mais alors pourquoi vous nous demandez à nous
03:31d'adopter un budget avec lequel nous sommes en désaccord ?
03:33Ce n'est pas à moi que vous vous adressez, c'est au gouvernement.
03:35Au gouvernement, bien sûr.
03:36Mais enfin, pourquoi est-ce que nous devrions accepter
03:38un budget avec lequel nous sommes en désaccord profond
03:41et que nous, on nous demande de ne pas censurer le gouvernement
03:43parce que nous sommes justement en désaccord ?
03:45Il y a quelque chose qui ne grêle pas.
03:47En fait, si le Premier ministre est conforme
03:50à ce qu'il a déjà dit publiquement,
03:52qu'il était prêt à des compromis,
03:54qu'il était prêt à avancer avec le Parlement,
03:56eh bien qu'il en fasse la démonstration
03:58et qu'il montre qu'il a compris ce que nous disions
04:00et donc, ok, peut-être qu'il ne faut pas prendre 100%
04:03de ce que nous avons voté nous-mêmes.
04:05Mais faire une sorte de compromis ?
04:08Ça supposerait quand même qu'il comprenne
04:10qu'il y a des recettes nouvelles à trouver,
04:12qu'on ne peut pas demander aux Français
04:14d'être ponctionnés comme ils vont l'être.
04:16Sans doute va-t-on parler du Congrès des maires,
04:18mais ce qu'il faut que chacun comprenne,
04:20c'est que ce que nous ne prenons pas,
04:22notamment aux plus riches, aux entreprises,
04:24eh bien on le prend à qui ? On le prend aux Français.
04:26C'est le ticket modérateur qui va augmenter,
04:28donc vous paierez beaucoup plus cher
04:30quand vous irez chez le médecin.
04:31C'est l'assurance chômage que les macronistes
04:34veulent encore réduire et donc ce sont les chômeurs
04:36qui vont pire, les malades, les chômeurs,
04:38les retraités, les Français dans leur ensemble
04:41parce qu'ils veulent augmenter la taxe sur l'électricité.
04:43Voyez bien qu'il y a des choix à faire
04:45et moi je préfère largement faire payer
04:47les grandes entreprises, faire payer les grandes fortunes
04:50plutôt que de faire payer les Français
04:52dans leur immense majorité.
04:53Quand on sait qu'il y a, pendant 7 ans,
04:55les 500 familles les plus riches de France
04:57ont vu leur fortune doubler,
04:59passant de 600 milliards à 1 200 milliards
05:03et on ne peut pas leur prendre 3 ou 4 milliards
05:05à ces pauvres gens.
05:06Non mais de qui se moque-t-on ?
05:07On se moque des Français.
05:08Donc on l'a bien compris,
05:09si le gouvernement revient à son budget initial,
05:11vous voterez la censure.
05:12Mais si le gouvernement revient à son budget initial
05:15et même, en réalité,
05:17alourdit la facture pour les Français
05:18parce que ce que je vois pour l'instant
05:20c'est que les macronistes
05:21et le ministre des Finances lui-même
05:23vient expliquer ce matin dans Le Parisien
05:25qu'il souhaite, en réalité,
05:27faire encore, peser davantage encore
05:32l'effort sur les Français
05:33plus que sur les entreprises,
05:34évidemment c'est de pire en pire.
05:36C'est exactement la même chose que le RN.
05:38Je ne sais pas ce que dit le RN.
05:40Le RN dit exactement ça.
05:41Il dit si on alourdit la facture pour les Français,
05:44si on ne fait rien pour le pouvoir d'achat,
05:47alors nous voterons la censure.
05:48C'est le même argument que vous.
05:49Jordan Bardella le disait lundi soir sur BFMTV,
05:51il le disait hier matin sur RMC,
05:53c'est le même argument.
05:54Mais pardon.
05:55Et c'est la même censure.
05:56Mais non mais attendez,
05:57le RN pour l'instant ce qu'il a fait
05:59c'est qu'il a systématiquement voté
06:01avec la majorité relative.
06:03C'est lui qui a empêché le retour
06:05à un certain nombre d'impôts
06:07et notamment sur la fortune.
06:09Parce qu'il a toujours protégé les puissants.
06:11C'est lui qui a voté contre le budget au final.
06:13Donc qu'il y ait des revirements de la part du RN
06:16parce qu'opportunément,
06:17ils ont un problème maintenant avec la justice
06:19et qu'ils cherchent à faire passer...
06:21C'est pour ça que maintenant
06:22il menace de censurer le gouvernement pour vous ?
06:24Ce que je vois c'est qu'il y a un vrai changement
06:26de cap et de pied pour le RN
06:28et que jusqu'ici ils ont soutenu le gouvernement
06:30et que maintenant que Marine Le Pen
06:32est frappée éventuellement d'une peine d'inégibilité,
06:35alors là on les voit changer de cap
06:37et se mettre sur les clés de la censure.
06:39Moi je n'ai pas changé d'avis depuis le début.
06:41Je défends les Français depuis la première heure.
06:43Et je ne veux pas que ce budget
06:45ce soit un budget qui vienne saigner
06:49les Français, qui vienne saigner les services publics
06:51mais je veux au contraire qu'on puisse
06:53aller prendre l'argent là où il existe
06:55auprès de ceux qui se sont constamment
06:57enrichis à travers toutes les crises.
06:59Olivier Faure, je vous repose la question.
07:01S'il y a 49.3,
07:03il y aura motion de censure
07:05déposée par Vauran,
07:07par un des groupes
07:09constitutifs du Nouveau Front Populaire
07:11et vous voterez,
07:13y compris si le RN dit qu'il vote avec vous.
07:15Vous voterez tous ensemble cette censure.
07:17Ça ne vous pose pas de problème ?
07:19Moi ce que je dis, c'est que je me comporte
07:21par rapport à ce que je crois.
07:23Je n'ai pas besoin de savoir ce que fait le RN ou pas.
07:25Nous avons déjà déposé motion de censure
07:27et nous l'avons déjà votée.
07:29Le RN ne l'a pas votée. Bon, très bien.
07:31Vous resterez cohérent, vous voterez la motion de censure.
07:33Et donc si le gouvernement
07:35passe en force avec un 49.3
07:37alors même qu'il passe
07:39par-dessus tous les votes qui sont intervenus
07:41à l'Assemblée, c'est eux
07:43qui sont dans le déni de démocratie.
07:45Et nous, le seul élément que nous ayons
07:47à notre disposition pour nous faire respecter
07:49et nous faire entendre, c'est de menacer
07:51effectivement la censure. Menacer et la voter.
07:53Menacer et voter. Evidemment, s'il y a un
07:5549.3, il faut quand même...
07:57S'il y a un 49.3, il y aura motion de censure.
07:59Vous avez une coalition qui est arrivée en tête.
08:01Elle n'a pas été appelée au gouvernement.
08:03Vous avez un gouvernement qui vient
08:05alors qu'on a un Premier ministre qui est celui
08:07qui a été le plus sanctionné de toute l'élection
08:09qui maintenant vient nous expliquer que c'est son budget
08:11et il y a son budget. Et attendez,
08:13il y a quand même un moment où il faut arrêter et reprendre
08:15les choses dans l'ordre. Il y a quand même un problème
08:17de démocratie. Et la démocratie,
08:19c'est d'abord de respecter le vote populaire.
08:21Le vote populaire a tranché.
08:23Il y a maintenant des parlementaires qui ont
08:25eux-mêmes voté et qui ont, dans le débat
08:27parlementaire, pas mis d'avancée.
08:29Donc c'est Michel Barnier qui ne vous respecte pas,
08:31qui ne respecte pas le Parlement à vos yeux.
08:33Olivier Faure, si le gouvernement saute
08:35avant Noël, qui pour le remplacer ?
08:37Est-ce que c'est toujours Lucie Castex ?
08:39Mais il faudra que la gauche
08:41soit appelée au gouvernement, point.
08:43Vous avez bien vu que
08:45pendant des mois et des mois, nous avons
08:47cherché à faire rentrer
08:49à Matignon Lucie Castex.
08:51Le Président a décidé autrement. On ne va pas recommencer
08:53maintenant à polémiquer
08:55pendant des heures et des heures. On va attendre
08:57d'abord de savoir s'il y a une censure.
08:59Donc ça n'est plus Lucie Castex, votre candidate ?
09:01Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit qu'il y avait
09:03un devoir pour le chef
09:05de l'État, c'est d'appeler la gauche à gouverner.
09:07Maintenant, on ne va pas passer notre temps à expliquer.
09:09Ensuite, s'il vous appelle, vous n'allez pas lui dire
09:11« Attendez, on a besoin de trois semaines pour se remettre d'accord ».
09:13Il ne s'agit pas de dire qu'on va mettre trois semaines pour se mettre d'accord.
09:15Je dis simplement qu'on ne va pas non plus,
09:17dès à présent, commencer à avoir un nouveau
09:19chapitre sur Lucie Castex
09:21à Matignon, alors même que
09:23nous savons très bien...
09:25Alors même que nous savons très bien...
09:27On n'a pas mis un mois, on a mis 15 jours. Peu importe.
09:29Ressentis un mois. Vous le reconnaîtrez.
09:31Oui, avec un président qui a mis lui-même
09:33plus de deux mois à nommer Michel Barnier.
09:35Donc là-dessus, je crois que si on met
09:37les pendules à l'heure, le Fonds populaire s'est plutôt
09:39bien comporté. Mais donc ce que je vous dis,
09:41c'est qu'on ne va pas... Moi, je ne veux pas
09:43lancer ce matin un débat
09:45sur Lucie Castex, alors même que nous
09:47savons très bien que le chef de l'État, à chaque fois,
09:49a fait ce qu'il voulait. Moi, je dis simplement
09:51qu'il y a une règle qui est la règle républicaine
09:53et qui est d'appeler la coalition qui est
09:55arrivée en tête, et donc il doit appeler le Fonds populaire.
09:57Ce que je comprends malgré tout, Olivier Faure,
09:59ce matin, c'est que Lucie Castex n'est pas
10:01votre candidate automatique.
10:03Lucie Castex, elle-même,
10:05a dit qu'elle restait à la disposition
10:07du chef de l'État et du Fonds populaire,
10:09mais qu'elle ne voulait pas être en permanence
10:11celle qu'on balade, etc.
10:13En fait, la réalité, c'est qu'il faut
10:15que le Fonds populaire soit appelé, et bien sûr
10:17que dans tous les cas de figure, Lucie Castex
10:19jouera un rôle, bien sûr. Elle jouera un rôle,
10:21mais pas forcément comme candidate au poste
10:23de première ministre. Ce sera, on verra en fonction
10:25de ce que le chef de l'État décide,
10:27mais ce que je veux, moi, c'est qu'il y ait demain
10:29un gouvernement du Fonds populaire. On recommence,
10:31quoi. On repart.
10:33Mais non, si le président
10:35de la République appelle Lucie Castex,
10:37il aura ma bénédiction.
10:39Mais vous vous dites, s'il appelle en disant
10:41qui prenez-vous chez vous, là, vous rouvrirez
10:43les négociations, vous rouvrirez les discussions.
10:45Le problème, ce n'est pas ça, c'est qu'il ne dira jamais ça.
10:47C'est toujours lui qui a fait, en fait,
10:49ses propres choix, puisqu'il a
10:51le pouvoir de nommer le premier ministre.
10:53Mais il y a une autre option qui est sur la table,
10:55qui serait d'une
10:57présidentielle anticipée,
10:59si, constatant qu'aucune majorité
11:01n'est capable de se distinguer,
11:03que ce soit au centre
11:05droit ou
11:07du côté de la gauche,
11:09Emmanuel Macron décidait de provoquer
11:11des présidentielles anticipées
11:13en démissionnant.
11:15Alors, est-ce que vous seriez prêt ?
11:17On serait prêt parce que, de toute façon,
11:19il faudra l'être s'il y avait
11:21une présidentielle anticipée, ce que je ne crois pas.
11:23Et je ne suis pas sûr non plus que ce soit
11:25la bonne solution. D'autres chez vous le croient,
11:27Jean-Luc Mélenchon
11:29considère que c'est d'ailleurs une évidence.
11:31Vous aurez noté que je ne suis pas Jean-Luc Mélenchon.
11:33Ah oui, j'ai remarqué.
11:35A chacun dans son point de vue. Moi, ce que je crois,
11:37c'est que nous avons là une opportunité, en réalité.
11:39De cette situation assez paradoxale,
11:41je pense qu'il y a à tirer une opportunité.
11:43Avoir un Parlement qui fonctionne.
11:45Moi, je ne suis pas un forcené
11:47de la Ve République. Je ne pense pas que tout
11:49vienne à chaque fois
11:51du chef de l'État et qu'il y aurait un homme ou une femme
11:53providentielle qui réglerait tout d'un coup
11:55de baguette magique. Je crois au contraire
11:57qu'il faut rentrer dans une démocratie adulte
11:59avec un Parlement qui fonctionne,
12:01qui est écouté.
12:03Et donc, la réalité, c'est que toute la gauche
12:05depuis longtemps, maintenant, parle
12:07en réalité de faire évoluer la Ve République.
12:09D'aller même vers une VIe République.
12:11C'est une République plus parlementaire.
12:13Une République où on écoute le Parlement.
12:15Vous dites, ce n'est pas souhaitable.
12:17C'est-à-dire que vous, aujourd'hui, vous estimez
12:19qu'une présidentielle anticipée,
12:21qui en réalité, quand on discute avec les uns et les autres,
12:23on comprend bien que c'est aussi ce qu'ils ont en tête.
12:25Effectivement, Jean-Luc Mélenchon le dit d'ailleurs de manière tout à fait
12:27ouverte. Il pense que c'est
12:29un des scénarios sur la table et il l'estime
12:31d'ailleurs que c'est un scénario souhaitable.
12:33C'est aussi ce qu'estime en réalité
12:35le RN, même s'il n'appelle pas à la démission
12:37d'Emmanuel Macron. Mais ils disent tout de même
12:39que c'est lui qui a
12:41mis le pays dans cette situation et que c'est donc lui qui doit
12:43en tirer les conséquences. Vous, aujourd'hui,
12:45Olivier Faure, vous estimez que ce ne serait pas souhaitable.
12:47Moi, j'estime que nous avons
12:49une opportunité aujourd'hui, c'est de faire
12:51vivre le parlementarisme.
12:53Et que nous avons une opportunité
12:55de faire en sorte que nous entrions dans une démocratie
12:57adulte, comme dans toutes les démocraties
12:59européennes. Et que c'est une possibilité
13:01de ne pas avoir toujours
13:03ce choix ultime qui devrait dominer
13:05la vie politique française, qui rend
13:07malade la plupart des familles des hommes politiques,
13:09qui ne pensent qu'à une seule chose,
13:11c'est à l'élection présidentielle. Moi, je crois au contraire
13:13qu'il faut faire en sorte de faire vivre
13:15le parlement. Je trouve ça très beau comme idée.
13:17Mais ce n'est pas beau, ça marche. Il y a quand même
13:19un moment où il va falloir être réaliste.
13:21Le réalisme, c'est quoi ? Le réalisme, c'est que vous pensez
13:23sérieusement que quand on aura élu un nouveau
13:25président de la République, il va pouvoir régler tous les problèmes
13:27de la France. Je dis simplement que si on vient des élections
13:29anticipées et qu'elles ont lieu dans
13:31un mois, il vaudrait mieux que vous vous prépariez.
13:33Parce que sinon, vous allez vous retrouver comme le moment
13:35s'y castait, où Jean-Luc Mélenchon, à 8h02,
13:37après l'annonce d'Emmanuel Macron,
13:39va prendre la parole et va
13:41annoncer qu'il est candidat. Et vous, après, vous allez dire
13:43« Ah, vous avez encore diffusé Jean-Luc Mélenchon
13:45un peu trop tôt sur les télés.
13:47Vous ne nous avez pas écouté. »
13:49Mais je ne vois pas très bien à quoi vous faites allusion.
13:51Moi aussi. Je vous l'avais dit plusieurs fois à mon micro.
13:53Vous m'avez souvent dit que le 8h02,
13:55où il disait « Nous avons gagné ». Oui, parce que vous faites toujours
13:57le choix de celui qui fait le buzz.
13:59C'est pas le buzz, c'est juste qu'il sera prêt avant vous.
14:01Et il aura bien raison de s'être préparé avant vous.
14:03Mais ce n'est pas une question d'être prêt.
14:05C'est là, en l'occurrence, quand vous parlez de 21h03,
14:07le 7 juillet, en réalité,
14:09il y a un choix qui est fait à chaque fois par les médias,
14:11de considérer que celui
14:13qui parle le plus haut et le plus fort à gauche
14:15est forcément celui qui doit
14:17dominer la gauche. Moi, ce que je vous dis,
14:19c'est que ce n'est pas le cas aujourd'hui.
14:21Mais s'il dit « Je suis candidat pour la gauche »,
14:23que direz-vous ? Je dirais qu'il y a
14:25d'autres candidats à gauche et qu'il n'y a pas
14:27de gens qui puissent s'autoproclamer à gauche.
14:29Et moi, ce que je plaide, c'est le fait
14:31que pour la prochaine élection présidentielle,
14:33il y a un choix qui soit collectif et démocratique.
14:35Et que ce ne soit pas X ou Y
14:37qui disent « parce que je le vaux bien ». Non,
14:39personne ne le vaut bien. Ce que je souhaite, moi,
14:41c'est que nous puissions rassembler
14:43les forces de la gauche pour permettre
14:45de donner une chance d'être d'abord au second tour,
14:47puis de l'emporter, ce qui n'est pas encore gagné.
14:49Olivier Faure, dans ce budget
14:51dont on sent bien qu'il évolue
14:53presque heure par heure,
14:55il y a notamment
14:57la question d'une TVA sociale,
14:59il y a la question du moindre remboursement des médicaments
15:01et il y a, on l'a entendu ce matin,
15:03un ministre de l'économie qui, dans le même temps,
15:05dit qu'il y a des impôts qui seraient des impôts
15:07de trop. Qui est-ce que vous écoutez là-dedans
15:09et quelle doit être la priorité ?
15:11Mais d'abord, c'est quand même incroyable.
15:13Ce ministre qui a présenté
15:15lui-même le budget,
15:17qui maintenant vient nous expliquer
15:19qu'il préfère son parti au pays.
15:21Je sais ce qu'il dit dans Le Parisien.
15:23Il dit « moi, je préfère être d'accord avec Gabriel Attal
15:25plutôt qu'avec le Premier ministre,
15:27même en réalité,
15:29en contradiction complète avec ce qui a été
15:31le récit du gouvernement. » Il est en contradiction
15:33avec son propre Premier ministre. Effectivement, il le dit
15:35dans le journal Le Parisien ce matin.
15:37Et quand il dit qu'il y a un impôt de trop,
15:39il parle de qui ? Il parle d'un autre
15:41ministre qui, lui, veut taxer
15:43les entreprises sur la question de la mobilité.
15:45En l'occurrence, le ministre des Transports,
15:47qui donc était l'invité de 7h40 sur RMC
15:49et qui, à mon micro,
15:51a vertement réagi, estimant que le
15:53ministre de l'économie n'avait pas
15:55s'exprimer comme ça hors
15:57des discussions gouvernementales, et qui a
15:59surtout maintenu sur RMC
16:01cette taxe, la taxe sur la
16:03mobilité qu'il va demander aux entreprises,
16:05pour pouvoir payer davantage les questions
16:07de transports en commun, cette taxe qui était
16:09donc ciblée par le ministre de l'économie.
16:11Et donc, à quoi assiste-t-on ? On assiste à un ministre
16:13de l'économie qui censure son Premier ministre
16:15et un ministre des Transports qui censure son
16:17ministre de l'économie. Enfin, franchement,
16:19on est dans une situation assez baroque.
16:21Donc, si ces gens
16:23pouvaient vraiment gouverner, s'ils étaient
16:25vraiment prêts, s'ils étaient avec un
16:27socle commun, ils ne se comporteraient pas comme
16:29ils se comportent aujourd'hui. En réalité, nous sommes
16:31dans une forme de chantier gouvernemental
16:33et moi, ce que je souhaite, c'est de la stabilité.
16:35Je souhaite, au contraire, qu'on puisse avoir
16:37un programme qui permette de dérouler
16:39et de faire en sorte que nous puissions avoir
16:41un pays qui est bien gouverné. On en est loin
16:43aujourd'hui. – Il y a une question qui va se poser très vite,
16:45jeudi prochain, la question de la réforme
16:47ou de l'abrogation de la réforme des retraites.
16:49C'est une niche parlementaire
16:51de vos compagnons de route, le LFI,
16:53qui veulent abroger
16:55la réforme des retraites, ça,
16:57vous êtes d'accord ? – Absolument. – Sauf que
16:59dans ce texte qu'ils proposent
17:01au Parlement, ils vont beaucoup plus loin
17:03que vous, puisqu'ils ne veulent pas juste
17:05abroger la réforme des retraites Macron,
17:07mais également la réforme
17:09des retraites précédentes, c'est-à-dire celle de Marisol Touraine
17:11et de François Hollande. Est-ce que vous mettez
17:13à la poubelle la réforme
17:15que vous-même, le Parti Socialiste, aviez
17:17souhaitée ? – Non.
17:19Qu'est-ce qui va se passer ? Nous allons
17:21nous-mêmes déposer un amendement
17:23qui va supprimer cette partie du
17:25texte que proposent les LFI. Pourquoi ?
17:27Moi, philosophiquement… – Ils sont d'accord ?
17:29– Ils ne sont pas d'accord, puisqu'ils
17:31ont même proposé d'aller jusque-là.
17:33Moi, ce que je dis, simplement… – Vous faites un peu penser
17:35au ministre de l'Économie et au ministre des Transports, vous voyez ou pas ? – Pas du tout.
17:37– Ah bon ? – Non, non, pas du tout.
17:39– Parce que vous allez soutenir une partie, mais
17:41leur couper une autre partie.
17:43– Mais il y a un débat parlementaire, et il est
17:45logique, nous ne sommes pas dans la majorité,
17:47mais il est logique de dire des choses, et je vais vous expliquer pourquoi.
17:49– Allez-y. – Moi, philosophiquement,
17:51je n'ai pas de problème. Si demain, on pouvait
17:53dire que les gens partent
17:55à 60 ans, à 59 ans,
17:57à 55 ans, selon les métiers, etc.,
17:59j'y serais évidemment philosophiquement
18:01favorable. Simplement, nous avons à
18:03abroger la réforme des retraites de Mme Borne.
18:05C'est déjà 15 milliards
18:07d'euros à trouver.
18:09Vous voyez bien la situation dans laquelle nous sommes
18:11et les défis auxquels nous sommes confrontés.
18:13Parce qu'il n'y a pas seulement les retraites,
18:15il y a aussi la transition écologique, il y a aussi
18:17le pouvoir d'achat des Français. Et donc,
18:19moi, ce que je dis, c'est qu'on ne peut pas
18:21tout mettre sur la table comme ça. Et d'ailleurs,
18:23le projet que nous avons voté, signé ensemble
18:25du Nouveau Front Populaire
18:27se limite à dire que nous allons
18:29abroger la réforme Borne,
18:31et que nous verrons ensuite… – Il faut faire un petit coup en douce,
18:33on peut le dire, parce que c'est vrai que dans votre programme commun,
18:35ça n'allait qu'à Borne, ça n'allait pas au-delà,
18:37et après ils ont glissé ça…
18:39– Je me réfère au programme commun que nous avons signé
18:41ensemble, et c'est la raison pour laquelle je suis
18:43fidèle à ce que nous avons dit à nos électrices et nos électeurs.
18:45Et c'est pour ça que je déposerai un amendement
18:47qui permet de dire que nous abrogerons
18:49la réforme Borne, mais que nous n'allons pas
18:51jusqu'à la réforme Touraine, parce que ce serait,
18:53là en réalité, se mettre nous-mêmes en difficulté,
18:55parce que nous n'avons pas les ressources suffisantes
18:57pour y parvenir à ce stade.
18:59Peut-être un jour nous y parviendrons, mais ça supposerait
19:01d'abord d'être au gouvernement, de travailler
19:03à faire rentrer de nouvelles cotisations. – Je remarque au passage
19:05que vous reconnaissez donc
19:07à la réforme des retraites de Mme Borne
19:09une utilité. L'utilité
19:11d'avoir économisé 15 milliards d'euros.
19:13– Mais je n'ai jamais dit le contraire,
19:15je n'ai jamais dit qu'il n'y avait pas de réforme
19:17à produire. J'ai toujours dit que ce n'était pas la bonne
19:19réforme, notamment avec cet âge pivot
19:21qui est un âge qui, en réalité,
19:23conduit des gens qui ont déjà leurs annuités
19:25de cotisation à travailler encore
19:27pour les autres, sans eux-mêmes rien
19:29toucher de cet effort supplémentaire qu'ils ont
19:31à produire. Donc évidemment, c'est une réforme
19:33qui est profondément injuste, et c'est la raison
19:35pour laquelle je souhaite l'abroger. – Nom à la réforme
19:37Borne, mais pour l'instant en tout cas maintenir
19:39la réforme Touraine. Merci Olivier Faure
19:41d'être venu ce matin dans le Face
19:43à Face, vous êtes le premier secrétaire du Parti
19:45Socialiste. Il est 8h52 sur RMC
19:47et BFM TV.