À Lille, les 55 écoutants de SOS Amitié répondent chaque année à 2000 appels, mais en reçoivent quasiment le double. L'association lance un appel aux bénévoles.
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00:00Bonjour Baudouin Thiberguien, vous êtes le Président de SOS Amitié dans le Nord, toute la journée vos bénévoles
00:05ont au téléphone des personnes qui se sentent seules, qui ont parfois des
00:08envies suicidaires. Cette période où l'hiver approche, elle a un impact sur votre activité ? Vous avez davantage d'appels ?
00:15Effectivement, la période, comment dire, hivernale, les fêtes qui s'approchent aussi, donc
00:22accentue encore ces sentiments de souffrance, de difficultés que rencontrent un certain nombre de nos
00:31comment dire, appelants.
00:34Je crois que c'est important de préciser que nous sommes juste le lendemain
00:39d'une journée qui était en fait la journée nationale de l'écoute.
00:43Journée nationale, effectivement, c'est une nuit déjà opérationnelle depuis une dizaine d'années et je crois que c'est une bonne chose
00:50que cette journée permette, via comment dire, les communiqués de presse, via les
01:00communications.
01:03On va revenir sur l'écoute qui est une qualité essentielle quand on est bénévole chez SOS Amitié, mais pour revenir sur cette période, vous dites
01:11aussi la période des fêtes approche, c'est traditionnellement une période où on se retrouve, où les gens que vous avez au téléphone souffrent de solitude.
01:18C'est d'autant plus important qu'ils puissent avoir quelqu'un à qui parler ?
01:21Oui, tout à fait, tout à fait. Et le constat, comment dire, il est là,
01:27c'est que nous recevons à peu près, pour l'ensemble de SOS Amitié France,
01:31donc 9000 appels, 8 à 9000 appels chaque jour, et que nous ne sommes en mesure d'en traiter,
01:40de répondre simplement à 2000 de ces appels. Alors en fait, si la fédération est intervenue et puis
01:48sollicite les médias pour cette communication...
01:51C'est que vous cherchez des bénévoles, puisqu'effectivement vous ne pouvez pas traiter tous les appels que vous recevez au standard de
01:58SOS Amitié. Vos bénévoles, qu'il faut le préciser, sont formés. Il faut une
02:02formation, justement, on parlait d'écoute, pour apprendre à écouter, surtout quand on entend des choses très dures au téléphone. Vous avez des gens qui
02:09peuvent vous parler de suicide, tout ça, il faut savoir gérer ?
02:11Oui, je crois qu'il faut relativiser, effectivement, le suicide et
02:16évoquer.
02:18C'est un peu la situation extrême.
02:20Nos écoutants, souvent, nous appellent simplement parce qu'ils ressentent une angoisse, parce qu'ils
02:27souffrent de solitude, d'isolement,
02:30et puis tout ce qui est aussi pathologie, qu'elle soit
02:34d'ordre
02:35psychologique, psychiatrique, ou simplement somatique, c'est vrai qu'il y a beaucoup de personnes qui sont en souffrance.
02:41Et donc, il y a un vrai, vrai gros besoin
02:44de pouvoir un peu alléger et soulager leurs maux.
02:48Et vous êtes en capacité de tout pouvoir gérer, parce que j'imagine qu'il y a des aplomb, aussi, qui peuvent vous parler de choses graves, de
02:55violences qu'ils peuvent avoir subies. Dans ces cas-là, vous faites quand même le pont, vous les redirigez vers des services d'urgence où
03:01un bénévole d'SOS Amitié est capable de gérer toute situation. J'imagine qu'il y a des situations où on a besoin
03:05d'autres professionnels qui peuvent intervenir également. Oui, tout à fait, je crois que c'est important de le dire.
03:11Que
03:13nous sommes amenés,
03:15parfois, à appeler, effectivement, les pompiers ou le SAMU,
03:20lorsqu'une
03:22situation vraiment critique l'exige.
03:25Il faut relativiser, en même temps, la grande majorité des appels que nous recevons
03:31sont des appels, effectivement, de souffrance, mais qui peuvent être traités
03:36en
03:39lorsqu'il y a un apaisement suffisant, puis ça devenir. Donc,
03:46il ne faudrait pas que des personnes, comment dire, se limitent dans l'appel de SOS Amitié en disant, ben non, je ne suis pas
03:53suicidaire, je ne mérite pas
03:55d'appeler SOS Amitié. On peut appeler, simplement, parce qu'on se sent seul, un jour, et qu'on a besoin de parler, il y aura toujours quelqu'un de
04:00l'autre bout du fil qui pourra répondre et trouver les mots. Justement, c'est à ça que servent aussi ces formations. Vous apprenez tout ça,
04:06savoir discuter avec des gens qui ressentent un vrai mal-être, et tout ça, vous l'apprenez.
04:11Et je vois que les speakers de France Bleu Nord, là, je voudrais en profiter pour remercier
04:15France Bleu Nord de nous accueillir ce matin, ont une grande, grande capacité
04:20d'élocution, c'est vrai que c'est le métier, et donc, pourraient être tout à fait les bienvenus
04:26pour nous accompagner dans notre mission.
04:29J'ai reçu déjà notre collègue Louis Sfort, on avait son reportage tout à l'heure à 7h.
04:32Et puis, on en parlait d'ailleurs, tout à l'heure, avec les équipes France Bleu Nord, il est 7h49, nous sommes en direct avec Baudouin Tibérien,
04:38président de SES Amitié dans le Nord.
04:40On en parlait avec vous, Baudouin Tibérien, parmi les appels que vous recevez, il y a aussi celles et ceux qui pensent fatalement au suicide,
04:46c'est une extrémité,
04:48vous le disiez tout à l'heure, selon les derniers bulletins de Santé publique France, les passages aux urgences ont augmenté
04:54cette année, en septembre 2024, notamment chez les ados et chez les enfants.
04:58Vous le constatez aussi, d'une part, cette hausse des pensées suicidaires et la présence des jeunes aussi au téléphone.
05:06Alors ça, c'était, comment dire, une évolution récente, depuis trois, quatre ans,
05:12probablement un peu en lien aussi avec tous les confinements du Covid.
05:16Mais c'est vrai que c'est les jeunes qui ne représentent encore qu'une
05:22faible part de nos écoutants. La majorité des écoutants ont plus de 25 ans.
05:28Mais il y a quand même, maintenant,
05:315, voire un petit peu plus de nos appelants, qui sont
05:38effectivement des jeunes, des adolescents.
05:40Et quel genre de mal-être est-ce qu'ils expriment au téléphone ? Parce que vous faites le lien également, c'est ce que disent les experts,
05:45ils font le lien effectivement avec la période du coronavirus, les confinements.
05:48Quel genre de mal-être ? Je ne sais pas si vous avez le droit de le dire ici, mais quand ils vous appellent au téléphone,
05:53ils parlent de quoi ?
05:54Ça peut être très divers.
05:57Ce qui est évoqué assez fréquemment, c'est des problèmes de harcèlement pour les enfants
06:04dans le cadre scolaire.
06:06C'est aussi des difficultés dans le cadre de
06:09familiales, comment dire, de difficultés de communication
06:12avec les parents.
06:15Il y a beaucoup de jeunes qui sont effectivement un peu paumés, un peu perdus. La société change, elle change vite.
06:22Et un certain nombre de valeurs qui existaient auparavant ont maintenant disparu.
06:28Donc ça laisse un grand point d'interrogation sur ce que sera leur vie, etc.
06:35Et donc ils ont vraiment besoin de retrouver des repères,
06:39et surtout d'être entendus dans leurs souffrances.
06:41Quand on est une association comme la vôtre, Baudouin-Tiberien, la question de la notoriété
06:45est essentielle. Il faut que ceux qui ont besoin
06:48de vous contacter sachent que vous existez. À ce sujet, SOS Amitié est associée encore aujourd'hui au film
06:55Le Père Noël est une ordure. Est-ce que ça vous assure une certaine notoriété, ce qui vous aide, ce film, finalement, à être connu,
07:00à être un nom que les gens connaissent, et
07:02ce qui fait que vous recevez encore énormément d'appels aujourd'hui ?
07:05Oui, vous faites référence à ce film,
07:08comment dire, donc, il y a plusieurs années.
07:11Oui, qui est sorti, mais qui reste aujourd'hui aussi associé à SOS Amitié.
07:14Qui reste très présent, effectivement, dans l'imaginaire collectif.
07:18Bon, je pense que c'est important de garder le sens de l'humour, effectivement.
07:22Mais au-delà du sens de l'humour, est-ce que la question de la notoriété, ça fait que vous restez une association avec un nom connu ?
07:27Mine de rien, ça vous aide aussi à,
07:29vous disiez tout à l'heure, vous avez besoin de bénévoles, justement, à recruter des bénévoles.
07:33La notoriété, vous savez, c'est ce film, mais c'est aussi le fait que 9000 personnes
07:40appellent, comment dire, chaque jour.
07:42Parce que de nombreux appelants, en fait, appellent peu.
07:48Ça veut dire qu'il y a quand même une part assez importante de...
07:52Alors, apparemment, c'est une bonne chose, oui et non,
07:55parce qu'en même temps, c'est le signe d'une souffrance
07:57qui est quand même latente et qui a besoin de s'exprimer,
08:00de tous les âges.
08:02Comment dire, nous avons aussi beaucoup de personnes âgées,
08:05et l'essentiel, 75% de nos appelants ont entre 25 et 65 ans.
08:11Donc, des personnes qui sont vraiment impliquées,
08:16comment dire, dans une activité professionnelle, dans des relations...
08:19Ils sont insérés socialement, comme on pourrait dire.
08:21En tout cas, vous prenez tous les appels, ou en tout cas ceux que vous pouvez gérer
08:24avec les bénévoles que vous avez aujourd'hui. Voilà pourquoi vous lancez cet appel
08:27à tous ceux qui voudraient éventuellement vous rejoindre.
08:30SOS Amitié qui est un site internet,
08:32sos-amitié.com, avec tous les renseignements pour justement devenir bénévole.
08:36Et je donne également votre numéro de téléphone,
08:38on vous joint par téléphone, 09 72 39 40 50.
08:42Merci beaucoup Baudouin Thibergain d'avoir accepté notre invitation
08:45ce matin sur France Le Nord, président de l'antenne lilloise
08:48dans le nord de l'association SOS Amitié.