Alors que la guerre menace aux portes de l’Europe, Patrick Cohen évoque la mémoire de Jean Jaurès et les résonances de son engagement pour la paix, le socialisme et l'humanisme.
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique avec vous, bonjour Patrick Cohen, alors que la guerre menace aux portes
00:05de l'Europe, vous avez choisi de nous parler de Jaurès et de sa panthéonisation.
00:08Jean Jaurès, 1858-1914, le premier à avoir tenté d'empêcher la guerre et qui en fut
00:13le premier martyre, Jaurès dont on célèbre ces jours-ci les 100 ans de la panthéonisation.
00:18C'était 10 ans après son assassinat, 6 mois après la victoire du cartel des gauches,
00:23le dimanche 23 novembre 1924, socialistes et radicaux au pouvoir voulaient le célébrer
00:28comme le grand unificateur de la gauche, lors d'une fête qui serait celle de la république
00:33militante et triomphante selon le mot de Léon Blum.
00:36Peine perdue, l'idée faisait horreur aux communistes, hérissés par la confiscation
00:41de leur grand homme dans l'Humanité, journal fondé par Jaurès.
00:44Vaillant couturier dénonce alors la cérémonie comme son deuxième assassinat, par des socialistes
00:50qui restituent son corps à son meurtrier, la bourgeoisie, pour s'en servir comme d'une
00:54enseigne lumineuse.
00:56Jaurès, écrit-il, n'appartient pas aux panthéons où sont enterrés les ennemis
01:00du prolétariat, mais à la révolution et le PCF, alors en plein processus de bolchevisation,
01:06d'organiser un cortège parallèle et concurrent jusque devant le temple républicain de la
01:10rue Soufflot, avec des dizaines de milliers de militants.
01:13L'hommage à Jaurès du 23 novembre 1924 fut aussi une grande journée de fracteurs
01:18des gauches.
01:19100 ans après et 110 ans après sa mort, que représente-t-il Jaurès chez les français
01:23d'aujourd'hui ?
01:24Il faut savoir la fondation Jean Jaurès, la bien nommée, avec une enquête d'opinion
01:27et un commentaire de l'historien Gilles Kandar, qui montre que Jaurès est loin d'avoir
01:32été oublié, d'abord sans doute parce que son nom résonne aux quatre coins du
01:36pays, dans les milliers de rues et plus de 400 établissements scolaires qui portent
01:40son nom.
01:41Dans le sondage de l'IFOP, il est identifié par 68% des français comme un responsable
01:46politique, 40 disent aussi « historien et philosophe », 19 « journaliste » et
01:51tout cela est vrai, 54% le situent à gauche et les français le considèrent comme le
01:57deuxième personnage qui incarne le mieux le socialisme, à la lutte avec Léon Blum,
02:02derrière François Mitterrand, sauf chez les sympathisants insoumis, pour qui le meilleur,
02:07c'est Mélenchon.
02:08Enfin, quand on demande quels sont les combats menés par Jaurès, toujours d'actualité,
02:12les personnes interrogées répondent « la défense des travailleurs », 42% c'est
02:16le Jaurès chanté par Jacques Brel ou dans les corons de Pierre Bachelet, « la défense
02:22de la République » arrive très près, 41%, « la laïcité » 31 et « la lutte pour
02:27la paix » 25, l'esprit de Jaurès n'est pas mort.
02:29Mais sur le plan électoral ?
02:30Carmeau, cité minière du Tarn, qui fait partie du mythe jaurécien où il y a tout
02:34juste un siècle, deux rangs de mineurs en tenue de travail encadraient le corbillard
02:38rouge et or jusqu'à la gare d'Albi, Carmeau et la deuxième circonscription qui fut celle
02:44de Jaurès, ont été à deux doigts de basculer à l'extrême droite, comme l'ensemble
02:48du département du Tarn en juillet dernier.
02:51Gauche et LFI et macronistes n'ont pu sauver leurs députés que pour quelques centaines
02:54de voix grâce à des désistements réciproques face à des rennes arrivées en tête dans
03:00les trois circonscriptions.
03:01« C'est encore Jaurès qu'on assassine », a dit la députée LFI après le premier
03:05tour où l'on voit que le souvenir du fondateur de l'UMA ne peut plus suffire à réveiller
03:10la gauche.
03:11C'est la politique de Patrick Cohen, tout de suite le débat éco.