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00:007h46, vous avez la parole ce matin, venez nous dire comment le trafic de drogue pèse sur votre quotidien.
00:06On attend vos témoignages au 04-76-46-45-45 et on en parle avec votre invité Théo.
00:11Oui, Bruno Delescure, bonjour.
00:13Bonjour.
00:13Merci d'être en studio avec nous ce matin, président de l'union de quartier Berria-Saint-Bruno.
00:18Je vous propose d'écouter, pour commencer, des habitants de Saint-Bruno qu'on a entendus ce week-end
00:23à la manifestation qui a rassemblé, je le disais, près de 300 personnes.
00:27Écoutez leur exaspération.
00:29C'est une place qui est gangrénée par le trafic et c'est pas normal parce que c'est une très belle place pour enfants
00:34et nos enfants sont obligés de changer leur trajet pour aller à l'école le matin.
00:39On n'ose plus sortir de chez nous, on demande à nos enfants de ne plus se rendre sur la place,
00:42de contourner la place pour se rendre aux écoles et c'est un quartier qui ne nous appartient plus.
00:47On sent effectivement de l'exaspération chez ces habitants.
00:49Vous avez le sentiment qu'il y a un cap qui s'est passé, une violence supplémentaire là,
00:54depuis la rentrée peut-être, depuis quelques mois ?
00:56Oui, effectivement, il y a un cap qui a été franchi par les fusillades multiples,
01:01par les agressions multiples, par les revolvers sortis en plein espace public.
01:06Oui, c'est clair.
01:07Le Dauphiné libéré d'ailleurs évoque un mouvement de foule samedi après-midi
01:10en parallèle de la manifestation à cause de deux hommes à scooters
01:14dont l'un portait une arme, c'était au niveau de l'arrêt de Trump.
01:17Vous confirmez, c'est ça ?
01:18Oui, non, moi j'ai comme vous lu le Dauphiné libéré
01:23mais par contre ça pose la question de la réponse actuelle des pouvoirs publics.
01:27C'est ça qui a été soulevé par le collectif, dont nous avons soutenu totalement l'appel.
01:32Alors nous ne sommes pas d'accord sur les solutions, sur toutes les solutions en tout cas,
01:35il y en a une sur laquelle nous sommes entièrement d'accord,
01:38c'est le retour de la police de proximité dans les rues et dans l'espace public.
01:41Et que ça fasse l'objet d'une action concertée entre l'État, la préfecture et la municipalité.
01:48On va revenir dans un instant sur les solutions,
01:51en tout cas ce que vous réclamez effectivement aux pouvoirs publics.
01:53Je vous propose d'abord d'aller au Standard de France Bleu Isère pour trouver Jérémy Lenne.
01:58Bonjour Monsieur Lenne.
02:00Bonjour.
02:00Merci d'être en ligne avec nous, vous êtes représentant responsable de FCPE,
02:06donc de l'association de parents d'élèves au collège Fantin-Latour.
02:09Parce que désormais ce trafic pèse aussi sur les enfants et sur les parents d'élèves, expliquez-nous.
02:16Alors en fait le collège est situé juste à proximité, en retrait de la place Saint-Bruno,
02:21mais donc il y a une proximité qui est très importante.
02:24Il y a des élèves qui doivent traverser la place,
02:26soit parce qu'ils y habitent, soit parce qu'ils habitent de l'autre côté de la place par rapport au collège.
02:31Et puis il y a une extension de plus en plus importante, et notamment ces derniers temps,
02:36soit du trafic, de la présence de guetteurs ou autres au-delà de la place,
02:41et puis d'événements qui surviennent au-delà de la place.
02:44On parlait du tram-bay à Saint-Bruno, il y a eu, je crois que c'était samedi,
02:50pas avant-hier mais samedi d'avant, il y a eu un événement dans un parc pour enfants au-delà de la place,
02:56voilà, au parc New York.
02:58Donc en fait, si vous voulez, ce n'est plus seulement le périmètre restreint de la place,
03:03mais c'est aussi des événements qui surviennent à côté.
03:05Et ça c'est nouveau ?
03:06Forcément. Et ça c'est nouveau, ça c'est nouveau.
03:09Le fait que ça soit aussi en pleine journée, alors je ne saurais pas dater exactement,
03:13mais on est depuis quelques semaines, quelques mois,
03:15c'est quelque chose qui a pris de l'ampleur, et une fréquence et une régularité qui inquiètent aussi.
03:20Ce n'est plus un épiphénomène une fois par an comme ça,
03:23c'est vraiment quelque chose dont on a l'impression que ça peut se dévenir à n'importe quel moment,
03:27à n'importe quel endroit, et du coup, concerner n'importe qui,
03:31évidemment même des gens qui ne sont pas concernés directement par les événements,
03:34et du coup des enfants, voilà.
03:36On a des établissements scolaires qui sont en perpétuel alerte par rapport à ça,
03:41que ce soit au collège, mais aussi les écoles primaires alentours.
03:44Et voilà, c'est particulièrement inquiétant,
03:47parce qu'on a toujours l'appréhension d'un événement, d'une balle perdue ou quelque chose,
03:52qu'on peut difficilement anticiper en fait.
03:56On comprend votre inquiétude.
03:57Merci beaucoup, Jérémy Lenne, d'avoir été en ligne avec nous ce matin,
04:01représentant donc FCPE au collège Fantin-Latour.
04:04Je reviens vers vous, notre invité, Bruno Delescure,
04:07président de l'union de quartier Saint-Bruno-Berria.
04:09Quand vous entendez effectivement ce trafic qui s'étend et qui touche désormais les enfants,
04:16quel est votre sentiment ?
04:18Le même, que ce soit pour les enfants ou pour les adultes,
04:21c'est le même problème de toute façon.
04:23C'est l'espace public qui devient finalement difficile à pratiquer et à vivre.
04:28Mais moi j'aimerais quand même qu'on tire un peu le bilan d'un an d'action des pouvoirs publics,
04:34qui a consisté à faire...
04:36Il y a eu des réunions avec le procureur de la République notamment.
04:38En fait la stratégie était assez claire,
04:40c'est-à-dire d'abord de la justice et de la police,
04:44c'est-à-dire par des enquêtes,
04:45et ça personne ne dira qu'il ne faut pas le faire.
04:47Et deuxièmement, enfin deuxièmement et troisièmement,
04:50c'est deuxièmement une arrivée massive de policiers à une heure donnée,
04:55dans des cars dans lesquels les CRS restent,
04:57et donc qui est inefficace finalement.
05:00Le deal se passe en continuant de se passer à côté.
05:03Et puis troisièmement, une demande de la part des pouvoirs publics,
05:05que ce soit les habitants eux-mêmes qui culpabilisent les acheteurs.
05:11Cette politique manifestement, elle ne marche pas.
05:14Donc en fait il faut passer à quelque chose qui soit plus efficace,
05:18enfin en tout cas il faut remettre en cause, faire le bilan,
05:20voir combien ça coûte,
05:21et ensuite partir sur une autre politique.
05:24Et donc nous ce qu'on pense en fait à l'union de quartier,
05:27c'est qu'il faut une politique à la fois de prévention,
05:30il faut une politique de santé,
05:32il faut évidemment une politique de police et de justice,
05:34mais il faut aussi une politique sociale.
05:36C'est-à-dire que nous, nous avons invité un sociologue en décembre,
05:39qui nous a clairement décrit la manière dont aux Etats-Unis,
05:42on avait pu résorber, non pas annuler,
05:45les méfaits entre guillemets de la vente de drogue dans un quartier.
05:49Le problème c'est que les pouvoirs publics considèrent en fait en gros
05:53que c'est la consommation qui est le problème,
05:55et force est de constater que la consommation ne fait qu'augmenter.
05:58Donc il faut être lucide là-dessus, il ne faut pas prendre...
06:01C'est pour ça que nous nous demandons,
06:03comme le sénateur qui a fait un rapport
06:06dans une commission d'enquête sénatoriale en mai 2014,
06:11c'est que la question de la légalisation du cannabis pour les majeurs
06:14soit mise sur la table.
06:17Le sénateur en question n'y est pas favorable,
06:19mais il dit qu'il faut qu'il y ait un débat.
06:20Et donc effectivement, la question se pose.
06:22Parce que ce qui engendre tout ça,
06:24c'est la puissance financière de tous ces réseaux.
06:27C'est clair, il y a des rivalités effectivement,
06:29des marchés qui attisent, les convoitises.
06:31Et paradoxalement, c'est la mise à bas des réseaux,
06:34c'est-à-dire le travail efficace de la police et de la justice,
06:37qui crée en fait la situation
06:39où les autres réseaux viennent, veulent mettre la main sur le réseau
06:43et commencent à tirer dans tous les sens.
06:45Et donc c'est ça en fait, à un moment donné, il faut se dire
06:47si on produit ça, est-ce que c'est finalement la bonne solution ?
06:50On ouvre le débat ce matin sur France Blizzard,
06:53n'hésitez pas à nous appeler Mathieu.
06:55On pose la question, est-ce que vous constatez
06:56ce trafic de drogue autour de vous ?
06:58Alors même si vous n'habitez pas à Grenoble,
06:59c'est un problème beaucoup plus important dans notre département.
07:02Quel impact ça a sur vous ?
07:03Est-ce que ça vous pousse à changer vos habitudes ?
07:05Et qu'est-ce que ça peut amener au quotidien ?
07:07On a eu un témoignage anonyme, c'est vrai qu'on ne le précise pas,
07:08mais vous n'êtes pas obligé de passer à l'antenne,
07:11on peut changer les prénoms, etc.
07:12qui nous raconte qu'hier matin, une dame qui nous dit sa fille
07:15part au travail à Échirol, donc près d'un point de dîle,
07:17et qu'un homme a menacé son amie avec une arme
07:19et a tiré dans les vitrines.
07:21Donc autre conséquence au quotidien de ce climat.
07:24Donc 04-76-46-45-45, vous nous appelez les 7h53
07:28et on continue de parler de cette situation, Théo.
07:31Et au Standard, nous sommes en ligne avec Akima Nessib, bonjour.
07:34Bonjour.
07:36Merci d'être en ligne avec nous, je précise ancienne élue,
07:39socialiste aussi à Grenoble.
07:41Quand vous voyez ces mobilisations,
07:43notamment ce week-end au niveau de la Place Saint-Bruno,
07:46votre sentiment ?
07:48Alors mon sentiment déjà, dans un premier temps,
07:50je suis habitante en fait sur le quartier,
07:53sur le cours Berria depuis plus d'une vingtaine d'années.
07:57Je suis aux côtés en fait de ce groupe d'habitants mobilisés.
08:01Moi, je me sens complètement désespérée en fait,
08:06la peur aussi de recevoir une balle.
08:09Je suis comme un grouillon d'habitants
08:12dans une stratégie d'évitement de la Place Saint-Bruno.
08:16Moi, ce que je constate,
08:18c'est que notre quartier est gangréné effectivement
08:21depuis de nombreuses années par le trafic.
08:24Nous avons alerté l'union de quartier,
08:27je salue M. Bruno Lescure qui est à l'antenne,
08:31la ville également.
08:33Ce que je perçois,
08:34c'est qu'il y a quand même une perte de l'autorité de l'État.
08:37On dit en pleine journée, en bas de chez moi,
08:40je n'ai pas vu mais les habitants et mes voisins me l'ont dit,
08:43puisqu'ils l'ont vu,
08:45ce jeune en scooter sur les voies du tram avec une arme,
08:48des choses qu'on n'a jamais vues.
08:52Effectivement, même le syndicat du transport MTAG alerte.
08:57Il y a un droit d'alerte ce matin sur l'arrêt de tram Saint-Bruno.
09:00Tout à fait.
09:01Je tiens quand même à les remercier
09:03puisqu'ils sont dans une démarche de soutien à l'égard du collectif.
09:07Moi-même, prenant les transports en commun,
09:10je ne prends plus la ligne A.
09:11Je fais tous mes déplacements en vélo.
09:15On perçoit cette montée de la violence.
09:18Et pour lutter contre le narcotrafic,
09:21effectivement, M. Bruno Lescure l'a dit,
09:23il faut fluidifier les liens entre les services de l'État, la ville,
09:27accorder plus de moyens à la police et la justice.
09:31Mais il y a quand même urgence à agir.
09:33On l'entend, effectivement.
09:35Je suis désolé, je vous coupe un petit peu
09:37parce qu'on arrive au bout de l'interview.
09:39Je voudrais redonner la parole à M. Lescure.
09:41Merci beaucoup à Kimane et Sib
09:43d'avoir été en ligne avec nous ce matin.
09:45Bruno Lescure, président de l'union de quartier Berria-Saint-Bruno.
09:49Quand on entend, effectivement, cette exaspération,
09:52il y a eu quand même des choses qui se sont passées,
09:55vous l'avez dit, il y a eu des réunions avec le procureur de la République,
09:57il y a eu un renforcement tout récent de la police nationale.
10:00Ça, est-ce que ça suffit aujourd'hui ?
10:02En fait, ce qui ne suffit pas,
10:04on a rencontré aussi le directeur de cabinet,
10:07le sous-préfet de la préfecture.
10:10Il y a des échanges ?
10:11Oui, mais il y a le maintien de la stratégie
10:14qui consiste à dire, finalement,
10:17c'est la culpabilisation des consommateurs
10:19qui va résoudre le problème,
10:20puisque c'est ce qui nous a été proposé.
10:22Et ça, en fait,
10:24très sincèrement, tous autour de la table,
10:26on n'y croit pas.
10:27Ce à quoi on croit,
10:28c'est à ce qu'il y ait une police de proximité
10:30qui fasse des rondes
10:32qui soient, en fait, dans l'espace public.
10:34Donc on répond quoi, quand vous demandez ça ?
10:36On ne nous répond pas, en fait, pour tout vous dire.
10:39Donc si, on nous renvoie sur la question
10:42de l'armement ou pas de la police municipale,
10:45mais ce n'est pas la question.
10:46La question, c'est que tant...
10:48C'est pour ça que c'était assez justement dit
10:50dans le tract du collectif,
10:52c'est-à-dire tous les pouvoirs publics,
10:54à la fois l'État, la préfecture, autrement dit,
10:56et puis la municipalité.
10:58Et nous, on rajoute aussi,
11:00dans ce que je vous ai dit tout à l'heure,
11:01c'est-à-dire prévention, santé,
11:03c'est d'autres services de l'État,
11:05et puis aussi social.
11:06C'est-à-dire qu'en fait, à un moment donné,
11:08ça ne se résoudra qu'en allant voir
11:10ceux qui font le chouffle, les dealers eux-mêmes.
11:12Et alors, c'est très compliqué,
11:13parce qu'en fait, les chefs de réseau,
11:17en bons libéraux sauvages qu'ils sont,
11:19ont bien compris, en fait,
11:20qu'il fallait faire venir des gens d'ailleurs
11:22pour pouvoir, en fait,
11:23qu'il n'ait aucune pression,
11:25ni familiale, ni sociale, en fait, localement.
11:28Mais ça n'empêche pas d'essayer de travailler ça.
11:31Et ça, c'est de la responsabilité
11:32de ce que je viens de vous dire,
11:33c'est les compétences et de la métropole,
11:35la santé, et aussi du département.
11:37Donc il faudrait, en fait,
11:38que tous les acteurs publics concernés
11:40se mettent autour de la table.
11:41Et moi, je tiens à dire aussi, quand même,
11:43je vais aller très vite,
11:44je pense que la réfection de la place
11:46n'est pas une solution.
11:47L'exemple de l'ALMA a montré, en fait,
11:50que ça n'aboutit à rien.
11:52La place de l'ALMA a été refaite en 2021
11:54et ça s'est conclu par des tirs en 2024,
11:57dont 13 balles pour une seule et même personne.
12:00Le message est passé.
12:01Merci beaucoup, Vardan, de vous couper.
12:03Merci, Bruno Lescure,
12:04de l'escoeur d'avoir été avec nous ce matin,
12:06président de l'Union de quartier Saint-Bruno-Berria.
12:08Belle journée, merci.
12:09Merci.

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