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Lundi 25 novembre 2024, SMART TECH reçoit Nicolas Guérin (Président, Fédération Française des Télécoms)

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00:00La Fédération Française des Télécoms propose, recommande certaines actions à mettre en place pour la stratégie numérique de l'Europe.
00:11On en parle tout de suite avec Nicolas Guérin. Bonjour.
00:13Je rappelle que vous êtes le président de la FF Télécom.
00:17Alors, quelles sont les principales recommandations que vous faites pour cette Europe ?
00:21Alors déjà, il faut comprendre que ces recommandations s'appuient sur trois documents.
00:25Un livre blanc édité par Thierry Breton, un rapport de Enrico Letta et un rapport de Mario Draghi
00:31qui recommandent de revoir le cadre réglementaire en Europe des télécommunications, de renforcer un marché unique
00:36et puis de favoriser les investissements.
00:38500 milliards d'investissements ont été réalisés ces dernières années en Europe dans le secteur des télécoms,
00:43dont 114 milliards d'euros en France. Singulièrement, il reste 200 milliards d'euros à investir.
00:49Et donc, notre première recommandation, c'est de permettre effectivement que ces investissements soient reconnus
00:54et qu'ils permettent aux opérateurs d'atteindre un équilibre économique satisfaisant.
00:59Et pour ça, il y a plusieurs choses à mettre en œuvre.
01:02D'abord, il faut rééquilibrer les relations entre les différents acteurs du numérique.
01:06Aujourd'hui, vous avez des opérateurs qui investissent, qui emploient, qui font énormément d'efforts en faveur de l'environnement.
01:13Et puis, vous avez des acteurs de services, des grandes plateformes qui utilisent les réseaux,
01:17mais sans payer l'usage de ces réseaux.
01:19Sans payer, donc, sans compenser, entre guillemets, une partie des investissements qui sont réalisés par les opérateurs.
01:24Donc, la première chose qu'on demande, c'est un rééquilibrage, effectivement, du secteur.
01:28Et je pense qu'on est soutenus par le rapport Draghi et par le rapport l'État.
01:31Un rééquilibrage qui impose à ces acteurs de contribuer aux investissements qui sont nécessaires.
01:36Et c'est d'autant plus important...
01:37Mais pour l'instant, on n'a pas vu du tout de signe de décision,
01:40alors que ça fait quand même des années qu'on en parle, là, de ce partage des coûts sur les infrastructures, notamment en Europe.
01:46Alors, vous avez raison. Le temps européen est malheureusement un peu long.
01:48Là, on a une nouvelle commission qui arrive.
01:50Et on met beaucoup d'espoir dans cette nouvelle commission pour que, justement, elle fasse bouger.
01:54On ne demande pas forcément une législation qui impose une contribution.
01:57Ce qu'on veut, c'est un cadre qui nous permette de discuter avec les grandes plateformes.
02:01Et si on n'arrive pas à discuter, un système d'arbitrage, de règlements différents,
02:05qui permettrait, effectivement, de fixer la rémunération au juste niveau.
02:10Donc, c'est vraiment ce premier objectif qu'on a.
02:12C'est aider, rééquilibrer et reconnaître la valeur des investissements que font les opérateurs partout en Europe et singulièrement en France.
02:20Je vous redis, 114 milliards mis en disant dans les réseaux en France.
02:23Juste pour rester sur cette proposition, pardon de vous couper.
02:27Mais il y a eu d'énormes investissements, vous l'avez dit, en particulier en France, du fait du plan France Strait au débit.
02:33On arrive à la fin. Alors, il reste des difficultés, des complexités dont on a parlé ici aussi.
02:39Mais, disons que ces investissements vont vraiment s'alléger dans les années à venir.
02:44Oui, ils vont s'alléger.
02:45Est-ce que c'est encore pertinent d'appeler, justement, à soutenir cet investissement dans les infrastructures alors qu'on est à la fin du plan France Strait au débit ?
02:52Alors, les investissements sont de différentes natures.
02:54Vous avez, effectivement, la pose de la fibre ou le raccordement des foyers.
02:57Donc, ça, on est en train de terminer le plan.
02:59On a un magnifique plan avec 92% de couverture en matière de fibre du territoire français, ce qui est unique en Europe.
03:05Donc, cette partie-là, elle est faite.
03:07Il reste, effectivement, des investissements à faire.
03:09Souvent, le reste à faire est le plus cher aussi.
03:11Ce sont les derniers mètres à faire.
03:12Et, notamment, il y a un certain nombre d'investissements ou de travaux à faire dans les domaines privés.
03:16Il y a un dispositif qui est prévu en France, qui est inscrit au PLF, puisqu'on parle beaucoup de PLF en ce moment,
03:21qui est inscrit au PLF, qui affecte 16 millions d'euros, effectivement, à l'aide à nos concitoyens pour faire ces derniers mètres.
03:29Mais, ce n'est pas comparable, quand même, avec les 10 ans d'investissement précédents.
03:31Ce n'est pas du tout comparable avec les 10 ans d'investissement.
03:34Chaque année, les débits utilisés à cause de ces services nécessitent des investissements.
03:40Il faut en permanence améliorer vos réseaux, qu'ils soient mobiles ou fixes, pour permettre d'absorber les nouveaux usages.
03:46Vous avez quelque chose qu'on appelle l'IA qui arrive et qui va générer énormément de trafic.
03:52Quand vous vous amusez aujourd'hui à utiliser certains services d'IA sur votre mobile en posant une question X, Y, Z,
03:58tout le monde dit que ça va consommer énormément d'électricité.
04:00Mais, ça va consommer aussi énormément de bandes passantes.
04:02Et ça, il va falloir l'absorber.
04:04Est-ce qu'il est normal que l'écosystème de l'IA aujourd'hui ne contribue pas, demain,
04:09aux investissements qui vont être nécessaires dans les réseaux pour leur permettre de continuer à proposer leurs services ?
04:15Sans réseaux de télécommunication, pas d'intelligence artificielle, pas d'Internet, pas de plateforme, pas de contenu, pas de télévision.
04:23Donc, ce qu'on dit, et je le redis avec force, c'est que tout le monde doit contribuer, on doit répartir la charge.
04:29Pour nous, il n'est pas question que ce soit le consommateur qui paye, au final.
04:32On pourrait augmenter les prix à l'infini, mais on a une chance, en France, c'est d'avoir les prix les plus bas d'Europe.
04:36Qu'est-ce qu'on veut ? Que ces gens qui ont des modèles économiques florissants contribuent raisonnablement.
04:44On parle de faire cher, c'est équitable.
04:47On leur demande une contribution équitable, ou alors, on continue à mettre en danger l'économie des opérateurs,
04:53ou pire, on augmente les tarifs de manière sensible pour que le consommateur paye.
04:58Le choix de l'AFFT est assez clair.
05:00Tout le monde doit contribuer, et les grands acteurs de l'Internet, d'aujourd'hui et de demain, doivent aussi contribuer.
05:07Je vous laisse terminer, mais très rapidement, sur les autres recommandations.
05:10Alors, il y en a énormément, il y a des recommandations...
05:12Principales !
05:13Voilà, je vais y aller très très vite, mais ce qu'on souhaite aussi, c'est une simplification des règles du jeu.
05:18La réglementation de la télécommunication a été instaurée dans les années 90 pour faire face à des sorties de monopoles.
05:24Aujourd'hui, on a des systèmes très concurrentiels, donc on souhaite qu'effectivement, il y ait une simplification des règles...
05:29Supprimer des règles ? Il y a des règles inutiles aujourd'hui ?
05:32Oui, il y a des règles inutiles, c'est supprimer les règles et appliquer les mêmes règles à tous.
05:36Aujourd'hui, si vous regardez l'infrastructure et les services, les règles ne sont pas les mêmes.
05:39Prenons un exemple très concret, vous avez un service Internet qui vous géolocalise,
05:43ce n'est pas la même réglementation qui s'applique à ce service et à l'opérateur qui, lui, géocalise ses clients via le réseau.
05:51Ce qu'on demande, c'est juste aussi une équité, les mêmes règles du jeu pour tous, simplification aussi, supprimer les règles qui ne servent à rien.
05:58Il y a un certain nombre de règles dont on peut se demander si elles sont utiles, ne pas les complexifier.
06:04Là, on a en ce moment un débat sur un projet de loi simplification où on demande à ce que, par exemple,
06:10des choses aussi basiques que les permis de construire, les durées de permis de construire pour les infrastructures ne soient pas rallongées.
06:16Ce genre de choses qui peuvent paraître assez élémentaires, assez simples et qui sont très importantes pour les opérateurs, c'est simplifier leur vie.
06:24La dernière recommandation qu'on fait, qui est plutôt française pour dire les choses, mais je le dis ici aussi, c'est la fiscalité.
06:32Aujourd'hui, vous avez une fiscalité en France qui est sectorielle, comme on dit, ça veut dire qu'elle ne s'applique qu'aux opérateurs de télécommunications.
06:38Elle représente 1,5 milliard d'euros prélevés sur les opérateurs par an.
06:42Alors, on est conscient, la situation budgétaire, des collectivités, de l'Etat ne permettra pas de supprimer cette fiscalité.
06:50Mais ce qu'on demande à minima, c'est qu'elle n'augmente pas de manière exponentielle.
06:53Et peut-être une réallocation, c'est ce que j'entends beaucoup dans le secteur.
06:56Exactement, vous avez raison, c'est une réallocation. Pas forcément aux opérateurs, mais au moins nos concitoyens, au moins aux communes qui ont le plus besoin de besoins numériques.
07:05Merci beaucoup Nicolas Guérin, je sais que vous en avez encore plein sous le pied.
07:08Mais je vous réinviterai, on continuera cette conversation, puisque de toute façon, on attend encore des décisions, bien évidemment.
07:13Je rappelle que vous êtes le président de la Fédération française des télécoms.
07:18C'est l'heure de notre débat, on va parler open source avec un grand projet, en tout cas une grande pétition qui demande un grand projet européen à ce niveau.

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